Actualités :: Chef de file de l’opposition politique : « Le président Roch Kaboré se lance (...)

Le Chef de file de l’opposition politique au Burkina a tenu un point de presse ce mardi 29 octobre 2019 à son siège, à Ouagadougou. Amadou Diemdioda Dicko, Vice-Président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et Carlos Toé , Président du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR) en étaient les animateurs. Nous vous proposons l’intégralité de la déclaration liminaire lue à cet effet. Parmi les sujets évoqués, la situation sécuritaire, les élections de 2020, le sommet Sotchi et les inaugurations d’infrastructures par le président du Faso. « Ce sont des morceaux de routes », raille l’opposition.

DECLARATION LIMINAIRE

Bonjour, Mesdames et Messieurs les journalistes ! Le Président du Mouvement pour le Changement et la Renaissance (MCR), M. Carlos TOE, et moi, sommes heureux de vous accueillir dans la maison commune de l’Opposition politique ce matin.
Nous proposons d’échanger avec vous sur les points suivants :

- l’An V de l’Insurrection populaire,
- le meeting dit de soutien aux FDS,
- la nécessité de subventionner l’établissement de la CNIB,
- l’inauguration de petites infrastructures par le Président du Faso,
- et le sommet Russie-Afrique.

Nous sommes au 302ème jour du drame de Yirgou. Jusque-là, les familles des victimes attendent que justice soit faite. En ce triste souvenir, l’Opposition condamne à nouveau l’ethnicisme et la stigmatisation des communautés. Il faut tout faire pour éviter d’autres Yirgou. Dans cet ordre d’idées, nous saluons à sa juste valeur, l’arrestation de l’étudiant Aimé NIKIEMA, celui-là même qui avait appelé ouvertement sur Facebook à massacrer les peuls.

Mesdames et Messieurs,

Nous voudrions également commémorer, avec vous, un autre événement important dans la vie de la Nation. Il s’agit de l’Insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. En l’An V de ces événements chargés d’histoire et d’enseignements, nous rendons un vibrant hommage à tous les martyrs tombés, et souhaitons prompt rétablissement à ceux qui vivent avec des blessures physiques et internes.

Avec l’Insurrection populaire, plus rien ne devrait être comme avant. Nous constatons cependant qu’avec l’arrivée au pouvoir du MPP, tout est pire qu’avant. Les leaders du MPP ont utilisé le peuple insurgé pour accéder au pouvoir, et poursuivre le pillage, la division, la vengeance, tout ceci sur fond d’incompétence notoire.

En ce 5ème anniversaire de l’Insurrection, l’Opposition souhaite que justice soit rendue à l’ensemble des victimes sans discrimination aucune, et que le peuple puisse se réconcilier et relever les défis existentiels du moment.

Chers journalistes,

Le défi sécuritaire est de loin le plus préoccupant à l’heure actuelle. Dans plusieurs localités du Burkina, des FDS et des civils sont tués au quotidien, et l’exode continue.
Le samedi dernier, des OSC ont organisé un meeting au Stade Municipal pour « soutenir les FDS et les victimes des attaques terroristes ».

Le soutien à nos FDS est une cause si noble que l’Opposition Politique ne saurait manquer d’accompagner. C’est pourquoi le Chef de File de l’Opposition Politique, lui-même empêché, a dépêché à ce meeting un représentant, en la personne de M. Adama SERE, Président du RDEBF. L’union sacrée pour le soutien aux FDS ne laisse personne indifférent. Aussi a-t-on noté également la présence de respectables hommes de Dieu, des chefs coutumiers et des opérateurs économiques.

Cependant, les moyens déployés lors de ce meeting ainsi que l’aéropage gouvernemental présent en ces lieux laissent penser à une campagne du MPP déguisée en soutien aux FDS.

Au fait, le MPP a honte de son propre logo peu mobilisateur, si bien qu’il est obligé de se cacher derrière des personnalités morales pour battre campagne.
Mais ce qui est choquant, c’est le manque de sincérité envers le peuple. C’est aussi ce courage de se servir de cette « aspiration du peuple à soutenir ses FDS » pour battre campagne et tenter de redorer son blason.

L’Opposition politique a été la première à organiser une activité de soutien à nos FDS, ainsi qu’une collecte de fonds pour l’effort de guerre, le 29septembre 2018. L’Opposition a aussi formulé des recommandations au dialogue politique, en vue de lutter efficacement contre le terrorisme.

Mais qu’il soit bien entendu que nous-nous démarquerons de toute propagande politique sous l’habillage du soutien aux FDS. Nos soldats ne sont pas un fonds de commerce politique.

Nous ne sommes pas des apatrides, bien au contraire. Les apatrides, ce sont ceux qui volent l’argent destiné à équiper nos FDS. L’heure est tellement grave, qu’on ne devrait plus être à ces manœuvres politiciennes.

Au cours de ce meeting, d’aucuns ont émis l’idée de la promotion de l’autodéfense pour contrer les ennemis sans visage. Pour l’Opposition, toute idée allant dans le sens de la lutte contre le terrorisme est à saluer. Il faut cependant que ceux qui portent l’idée puissent éclairer le peuple sur un certain nombre de points :

- Qu’est-ce qui ne va pas dans l’armée, pour que des civils puissent être invités au front ? Des problèmes d’effectifs des troupes ? De matériels ? De renseignement ? De motivation ?

- Qui organisera les civils pour l’autodéfense ?

- Qui fournira les armes (et quels types d’armes) aux civils ? Qui fournira les munitions ? Qui en assurera la maintenance, le suivi et la bonne utilisation ?

- Comment éviter les germes d’une guerre civile, tout en tirant au maximum les bénéfices de cette autodéfense ?

- Une fois les terroristes affaiblis, comment s’assurer le désarmement des civils ?

- Quelles sont les menaces et opportunités pour l’Etat ?

C’est à la lumière des réponses apportées à ces questions que toute appréciation pourrait être faite. Dans tous les cas, l’Opposition estime que l’avis technique des Forces de défense et de sécurité est important pour le murissement de cette idée. L’Opposition estime également que c’est avant tout le rôle de l’Etat de protéger ses citoyens, leurs biens, et l’intégrité du territoire. M. Roch Marc Christian KABORE, en prêtant serment, a juré de protéger les Burkinabè. S’il se trouve incapable aujourd’hui de le faire, c’est à lui de l’annoncer solennellement aux Burkinabè, et non à d’autres personnes de le faire à sa place.

Mesdames et Messieurs,

Le terrorisme auquel notre pays fait face depuis quatre ans requiert que l’Etat travaille à immatriculer tous les citoyens burkinabè. La CNIB est le document d’identification le plus important, attestant de la nationalité burkinabè.

Cependant, selon les chiffres fournis par le Directeur général de l’Office nationale d’identification (ONI), Monsieur Aristide BERE, à la date du 31 août 2019, 10 millions et demi de cartes d’identité ont été produites et, parmi ces cartes, 8 millions et demi sont effectivement actives. Il précise que le taux de possession de la CNIB est bon dans seulement 15 provinces et insuffisant dans les 30 autres.

Pour que le maximum de Burkinabè puisse obtenir ce précieux sésame, l’Opposition propose que le prix soit ramené de 2.500 F à un 500 F, grâce à une subvention publique. Dans ce sens, le Chef de file de l’Opposition a adressé une lettre au Président du Faso le 23 octobre passé. Par ailleurs, l’Opposition politique, à travers son Chef de file, a entrepris de requérir l’avis de certains partenaires au développement sur la question, et de tester auprès d’eux l’idée d’un soutien spécial à notre pays pour lui permettre de procéder à la délivrance de CNIB à grande échelle, et à un prix fortement subventionné.

Les réactions suscitées par la proposition encouragent le CFOP à suggérer au Gouvernement d’initier d’urgence un projet d’envergure, et d’organiser une table-ronde pour solliciter l’appui de nos partenaires.

En 2010 déjà, alors que le pays n’était pas confronté au terrorisme, la CNIB était à ce prix subventionné de 500 francs CFA.

Aujourd’hui, la précarité des citoyens s’est aggravée avec l’insécurité chronique et son corollaire de déplacements massifs de populations.

Ici et là, on constate des initiatives privées de subvention des CNIB. Ces initiatives, portées le plus souvent par des politiciens à l’approche des échéances électorales, ne sont qu’une forme de corruption électorale. Ce type d’initiatives est loin d’ailleurs de combler le besoin en CNIB de toute la population.

Chers amis journalistes,

Le 03 octobre dernier, le Président Roch Marc Christian Kaboré est allé lancer les travaux d’aménagement et de bitumage de la route de Sapaga-Pouytenga-Kalwartenga, dans la province du Kouritenga. Cette route est longue de seulement 22 kilomètres.

Plus tôt, le 20 septembre dernier, le Chef de l’Etat inaugurait lui-même la route de l’Institut des sciences de santé de l’université Nazi BONI de Bobo-Dioulasso, distante de seulement 4 kilomètres.

Non content de réchauffer les projets de Blaise COMPAORE pour se les réattribuer, le Président KABORE se lance maintenant dans les inaugurations de morceaux de routes. Là où un Haut-commissaire ou un Gouverneur étaient suffisamment compétents pour inaugurer ces mini-infrastructures, c’est le Président du Faso himself qui y va, avec escorte, fanfares et gardes. Cela s’explique : il n’y a rien à montrer aux Burkinabè comme bilan, à part ces courtes routes.

Chers amis de la presse,

Les 23 et 24 octobre derniers se tenait le tout premier sommet Russie-Afrique, avec pour principal objectif de marquer officiellement le retour de Moscou sur le continent africain.

Une quarantaine de chefs d’État africains ont fait le déplacement dans la station balnéaire de Sotchi pour ledit sommet. Cette rencontre internationale vient s’ajouter à tant d’autres, dont Afrique-France, Chine-Afrique, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), le sommet Etats-Unis-Afrique, etc.
L’Opposition politique se réjouit de la diversité de partenariats qui s’offre à l’Afrique. Les pays africains peuvent librement nouer de riches partenariats en matière de commerce, d’économie, d’armement, de culture, etc.

Toutefois, il faut déplorer la forme dans laquelle se tiennent tous ces sommets. Une seule puissance convoque tous les pays africains dans une de ses villes, pour parler de sa vision de l’Afrique et lui faire des offres. C’est l’inverse qui aurait dû se passer.
L’Afrique doit prendre conscience de son poids et de ses potentialités, en cessant de courir derrière le monde. C’est aux puissances de venir à Addis-Abeba, à Ouagadougou ou à Nairobi, pour rencontrer les pays africains. Il appartient aussi à l’Afrique d’aller à l’offensive du reste du monde, de proposer ses solutions, de vendre ses inventions, sa culture, ses langues, ses goûts et ses valeurs au reste de la planète.

Du reste, aucun des pays organisateurs de sommets ne s’est développé en comptant sur les autres ou en s’appuyant sur la philosophie des autres. Tous se sont basés sur leurs potentialités propres, et sur leurs cultures.

Mesdames et Messieurs les journalistes, merci pour votre constante attention

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