Actualités :: Situation nationale : « Le terrorisme, c’est une culture et il faut d’abord (...)

C’est dans les locaux de son nouveau siège national, sis quartier petit Paris de Ouagadougou, que les dirigeants du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir) ont fait face à la presse dans la matinée de ce mardi, 15 octobre 2019. A l’ordre du jour, l’actualité nationale et la vie du parti.

C’est dans un style direct, c’est-à-dire à bâtons rompus, que se sont déroulés les échanges entre la direction politique du parti, avec à sa tête, le président par intérim, Simon Compaoré, principal intervenant, et les journalistes. Néanmoins, c’est avec intention braquée sur la situation sécuritaire que Simon Compaoré a planté le décor. « La situation sécuritaire est restée la préoccupation essentielle de l’heure », dit-il. Moment propice pour lui de féliciter le gouvernement pour les efforts qui sont faits pour doter les Forces de défense et de sécurité en matériels et adresser à ces dernières, les reconnaissances pour le sacrifice suprême.

« Mais, disons que ce sont des éléments de la vie. Il faut simplement prendre de la hauteur par rapport à toutes ces difficultés que nous rencontrons aujourd’hui et qui vont nous permettre de nous affranchir de tous ce qui nous empêche (ou peut nous empêcher aujourd’hui) d’accomplir nos obligations vis-à-vis des populations et d’être au rendez-vous du devoir de redevabilité que nous aurons très bientôt », dit-il, ouvrant la porte aux préoccupations des journalistes.

Ainsi, le sujet sur le terrorisme, et ses implications, a occupé une partie importante des échanges. Et dans ce chapitre, le porte-parole du MPP, Bindi Ouoba, « trouve dommage qu’il y ait des compatriotes » qui soient contents, quand le gouvernement est en difficulté par rapport à la lutte contre le terrorisme. Sur cette question de sécurité, le député requiert une « bonne lecture ».

« Il faut que nous ayons une bonne lecture de ce phénomène. Dans la réalité, le terrorisme (il faut l’accepter), c’est une culture. C’est un phénomène nouveau et contemporain, comme l’ont été l’esclavage, la colonisation dans le temps. Aujourd’hui, c’est le terrorisme et tous les pays le vivent. C’est une culture, parce que quand vous voyez quelqu’un qui se fait exploser avec une ceinture de bombes, ce sont des valeurs qu’ils défendent, même si elles sont négatives. C’est une culture et il faut d’abord l’accepter ; parce que si on ne l’accepte pas, on ne pourra pas lutter contre », avance M. Ouoba, pour qui, la lutte contre le phénomène doit se faire à travers deux axes. Empêcher que cette culture imprègne la société et mener une lutte active à travers l’organisation des populations, explicite-t-il.

« Pourquoi dans notre pays, c’est arrivé ? On peut se poser la question. C’est arrivé parce que dans les autres pays aussi, c’est arrivé. C’est aussi simple », affirme le porte-parole du parti, ajoutant que les terroristes ont agi au moment où l’Etat était en réorganisation. Pour Bindi Ouoba, ce n’est pas parce que c’est le MPP qui est au pouvoir que le pays vit cette épreuve. « Et ceux qui le font-là ne viennent pas d’ailleurs, ce sont nos propres frères. C’est parce qu’ils ont adhéré à cette culture-là que nous connaissons aujourd’hui ces problèmes », ausculte le porte-parole du MPP.

« En temps de guerre, il y a des écarts qui sont condamnables »

La fronde sociale, avec ses grèves et mouvements d’humeur, a également occupé une bonne portion du temps d’échanges. Le président par intérim du MPP, Simon Compaoré, regrette que pendant que les terroristes se déploient dans des zones pour terroriser des populations, il y ait des organisations syndicales « ou dites comme telles », qui tiennent des grèves, des manifestations, des mouvements d’humeur, des sit-in, etc.

« Toute chose qui laisse à penser si nous-mêmes, nous sommes conscients que nous sommes dans une situation sécuritaire difficile qui commande qu’on fasse la distinction entre ce qui peut s’appeler l’accessoire et ce qui est aujourd’hui principal. Et ça fait mal, quand on regarde notre situation. Voilà des gens qui doivent se tenir la main pour affronter le danger principal (qui est le terrorisme), mais qui, au lieu de cela, se permettent de poser des actions qui renforcent l’action des terroristes (qu’on le veuille ou non) et qui fragilisent notre capacité à agir conséquemment contre le terrorisme et de poursuivre les actions de développement au bénéfice de nos populations des villes et des campagnes », argue M. Compaoré, pour qui cette question mérite d’être débattue.

« En tant de paix, il y a des écarts qu’on peut se permettre. Mais en temps de guerre, il y a des écarts qui sont condamnables. J’allais même dire mortels », convainc le premier responsable du parti au pouvoir.

Subséquemment à ce point, l’ancien maire de Ouagadougou, par le truchement également d’une question, s’est prononcé sur l’interdiction des marches par le maire de Ouagadougou à des organisations. « Vous posez une question à quelqu’un qui est tout à fait à l’aise pour vous répondre. Vous parlez du maire. Oui, moi aussi j’ai été maire et j’ai aussi eu, à des moments donnés, à prendre des décisions », ressasse l’ancien maire, relevant que la gestion à l’échelle de l’Etat ou des collectivités implique l’obligation de tenir compte du contexte.

« Vous ne pouvez pas me dire ce qui s’est passé la nuit et ce qui est en train de se passer maintenant. Mais il y a des services, dont la mission c’est de faire en sorte qu’on puisse savoir ce qui se passe à l’instant T. Donc, ceux qui gèrent, leur supériorité est qu’ils détiennent des informations que vous n’avez pas quelquefois.

Donc, une capacité de faire une analyse de la situation à un moment T et de dire que telle activité est dangereuse ; elle peut entraîner ceci ou cela. Donc, quelquefois, il faut admettre que l’autorité, parce qu’elle est à même de se faire une idée de la situation, en vienne à prendre des mesures. Et c’est ainsi sous tous les cieux, ce n’est pas propre au Burkina. Et même si ceux qui pensent qu’il y a restriction se retrouvent un jour au pouvoir, je crois que ce sera la même chose qu’ils vont faire ; parce que c’est la real politik qui commande qu’on agisse de cette façon-là », souligne-t-il.

« Vous n’avez pas laissé certaines choses se passer et dire après que je savais qu’il pouvait y avoir des risques…. Non, vous assumez. Quand on est responsable, on assume. C’est pourquoi les responsables qui prennent les décisions sont parfois incompris, mais c’est comme cela qu’on gère la cité. Vous voyez que le fait d’avoir empêché la marche, personne n’en est mort ! Avez-vous entendu que parce qu’il n’y a pas eu la marche-là quelqu’un est mort ou une structure a disparu du paysage politique, social, etc. ? Ils n’ont pas pu marcher, ils ont fait autre chose. Ainsi va la vie. Donc, j’allais dire no comment. Même demain, si le maire décidait qu’il en soit ainsi, ça le sera. Etant donné aussi que notre pays est un pays de droit, ceux qui estiment qu’il y a un abus d’autorité peuvent faire prévaloir leur prétention auprès des structures qu’ils connaissent très bien. Mais on va travailler à ne pas se faire peur, surtout dans la situation présente ; personne n’a intérêt à faire peur à l’autre (il déplore que certains propos tendent à défier les décisions de l’Etat, ndlr) », s’est appesanti Simon Compaoré.

Les journées anti-impérialistes, telles que perçues par Simon Compaoré

Les 11 et 12 octobre 2019 à Ouagadougou, plusieurs organisations de la société civile et syndicats ont tenu les quatrièmes journées anti-impérialistes. Par cette initiative, les organisateurs entendent maintenir le cap de la dénonciation et demander le départ des forces étrangères des pays africains, notamment du Burkina Faso.

« Sur la question, nous allons faire court : il va falloir que ceux qui parlent ainsi nous disent, il y a combien de bases militaires au Burkina, qu’est-ce qu’elles font et qui amènent aujourd’hui à ce que l’on dise que notre avenir sécuritaire est en péril (ou que les richesses du Burkina sont en péril) », rétorque l’ancien ministre de la Sécurité, Simon Compaoré.

Puis, il poursuit : « Ceux qui tiennent ces propos-là, ça me fait sourire ; parce que ça me rappelle d’autres temps où nous aussi, nous étions de la danse, on a mené des luttes anti-impérialistes, dans des cadres bien précis. Mais concernant notre situation actuelle, il y a comme un amalgame et une volonté d’amener le peuple sur des chemins qui ne sont pas le sien. Aujourd’hui, ce qui intéresse le Burkinabè lambda, c’est de voir comment notre pays, nos autorités, organisent la résistance face à cette nouvelle donne, le terrorisme, et comment nous arrivons à conjuguer avec l’appui des amis de l’extérieur, pour atteindre les objectifs qui sont les nôtres à savoir défendre le territoire, assurer la sécurité aux citoyens et sauvegarder leurs biens. L’anti-impérialisme-là se trouve à quel niveau ? ».

Pour lui donc, ce n’est pas parce que l’Etat a eu à, à un moment donné, demander l’intervention extérieure dans un domaine bien précis qu’il faut parler d’impérialisme. Simon Compaoré indique également que le Burkina est dans une phase de réorganisation de son armée ; une réalité qui, à son avis, doit être prise en compte dans les analyses de chacun.

« On n’a pas honte de dire que dans tel secteur, nous avons des insuffisances qu’on peut combler avec l’appui de tel ou tel partenaire. Pourvu que nous ayons à l’esprit que la victoire-là est entre nos mains ; nous sommes les artisans de notre propre victoire. Ce qui vient du dehors-là, c’est un appoint. Mais la force principale, c’est nous. D’où la nécessité pour les populations de mieux s’organiser autour des Forces de défense et de sécurité », explique Simon Compaoré, qui pense de ce fait que ces journées anti-impérialistes auraient pu réfléchir sur comment amener les populations à s’organiser pour prendre en main leur propre destin. « Le reste, c’est du fantasme, du m’as-tu vu, du One man show », qualifie Simon Compaoré, observant plus loin : « Et quand vous faites le recollement ; des gens qui disent qu’il faut renvoyer les bases impérialistes, et les terroristes qui embouchent la même trompette ; ce sont des bizarreries. C’est no comment. A chacun de faire son analyse ».


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Le premier responsable du parti au pouvoir soutient que le Burkina est un pays indépendant, libre de composer avec celui qui est à même d’apporter une contribution à la lutte contre le phénomène terroriste. « Que ce soit bien compris. Nous sommes au pouvoir, nous gérons et nous allons nous assumer. A l’heure de la redevabilité, on verra si c’est nous qui avons raison ou ce sont les autres. En attendant, nous sommes sur le terrain, nous pouvons dire simplement : en avant, avançons ! », signe Simon Compaoré, principal animateur à ce petit déjeuner de presse.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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