Actualités :: Interdictions des boissons frelatées : « Il faut se battre et non se réfugier (...)

Le ministère du Commerce a informé les producteurs, importateurs, grossistes et détaillants de l’interdiction de la vente de certaines boissons alcoolisées. La même interdiction concerne les emballages plastiques contenant les produits alcoolisés d’une « capacité inférieure à 20 centilitres » sur l’ensemble du territoire national, à compter du 6 septembre 2019. Fervent détracteur depuis plusieurs années des huiles et autres produits nuisibles à la santé, Moussa Zerbo, député à l’Assemblée nationale, membre du l’Union pour le progrès et le changement (UPC), livre son point de vue dans cette interview.

Lefaso.net : Le ministère du Commerce a interdit la vente de certaines boissons alcoolisées. De par le passé, vous étiez monté au créneau contre les huiles frelatées ; quelle est votre réaction ?

Moussa Zerbo : C’est une grande satisfaction pour moi, parce qu’en son temps, on pensait que tout ce qui venait de l’opposition n’était pas bon. Vous savez que le 24 décembre 2018, j’ai fait une descente terrain avec la presse, y compris Lefaso.net. Nous avons fait le tour des différentes unités de production d’huile, et on a constaté de visu les stocks qui s’y trouvaient. J’ai fait beaucoup de plateaux télés et radios pour donner ma lecture.

Mes propositions étaient que l’on puisse un tant soit peu interdire l’importation de ces huiles, des sucres et bien d’autres produits qui venaient concurrencer dangereusement nos produits. Parce que tout ce qui entrait était frauduleux, en plus d’être moins cher. C’est vrai, nous voulons ce qui est moins cher, mais en même temps, ce qui est moins cher, c’est ce qui nous détruit.

Vous voyez aujourd’hui les problèmes cardiovasculaires, d’hypertension artérielle, etc. Tout cela est dû à la consommation d’un certain nombre de produits qui ne sont pas soumis à un contrôle au niveau de nos laboratoires. Donc, je pense que le gouvernement a bien agi. Je dirai que c’est un cri du cœur qui a été entendu.

J’ai dit que ça posait un autre problème qui était le problème du chômage des jeunes ; parce que toutes les usines étaient à l’arrêt, et le personnel était mis en chômage technique. De la phase du chômage technique, on passait directement à ce qu’on appelle le chômage tout court. Ce qui est très dangereux, pendant que nous parlons de création d’emplois. Les emplois ne se créent pas, et les quelques rares emplois qui sont là, si on doit les perdre aussi, il y a vraiment un danger.

Je pense qu’à ce niveau, c’est une décision courageuse qu’il faut saluer à sa juste valeur, venant de la part du gouvernement. C’est une très bonne chose quand bien même il aurait fallu agir sur d’autres plans, parce qu’il y a un autre problème qui s’est créé aujourd’hui.

Lorsque vous entrez en contact avec ces producteurs d’huiles et d’autres produits, vous allez vous rendre compte qu’ils doivent beaucoup aux banques, aux institutions financières. Avec la mévente, ils ont démarré la saison et il se trouve qu’ils n’ont pas pu payer les traites qu’ils devraient payer normalement. Donc, aujourd’hui, il y a des mesures d’accompagnement que le gouvernement devrait prendre, question de pouvoir les aider financièrement les soulager auprès des institutions financières.

C’est l’autre paire de manches. Ensuite, il faut essayer de voir sur le marché et faire en sorte qu’il n’y ait pas d’augmentation de prix. Parce que, ce qui nous revient, il semble qu’il y a certains qui ont commencé à majorer ; je trouve qu’à la limite, c’est un boycott des actions qui ont été entreprises. C’est un boycott de la part de certaines personnes, pour que la population ne puisse pas ressentir ces mesures salvatrices. Je crois que ce n’est pas de nature à faciliter les choses au pays des Hommes intègres.

Spécifiquement, en quoi l’interdiction d’importation des boissons dites « frelatées » est utile ?

Cela est une très bonne chose. Lorsque vous regardez notre société, vous voyez que la question a été débattue plusieurs fois à l’Assemblée nationale où le ministre du Commerce a été interpellé à plusieurs reprises. Lorsque vous allez dans nos villages les plus reculés, remarquez très souvent ; la plupart de nos jeunes sont fanés, parce que ce sont des boissons qui ne sont pas contrôlées et c’est en train de décimer en douce notre population.

Les bras valides sont en train de se laisser aller à ces boissons frelatées. Je pense que c’est une décision courageuse et je pense que c’est une décision à saluer. Même s’il faut une interdiction totale, même pas de mesure transitoire ! Il faut qu’on arrive à interdire tout ce qui est nuisible à la santé de la population burkinabè.

S’il y a consommation de l’alcool, c’est qu’il y a une cause ; comment déraciner cette cause ?

Je pense que la jeunesse est laissée à elle-même. J’ai été accroché par un jeune homme en circulation, lorsque je suis descendu, il puait l’alcool et quand je lui ai demandé la cause, il m’a dit qu’il avait trop de problèmes. Un étudiant qui venait de finir son master en microfinance.

Quand il m’a dit qu’il avait trop de problèmes, j’ai essayé d’échanger avec lui, et il m’a dit qu’il noie ses soucis en buvant. Donc, c’est pour dire que quelque part, c’est le découragement ; ils sont désemparés. Mais ce n’est pas la solution, bien au contraire, on y ajoute d’autres problèmes. Ça ne sert à rien d’aller se saouler la gueule pendant que ça joue sur la santé et expose aussi la santé des autres.

Ce dernier qui m’a accroché, heureusement que c’est par derrière, sinon le pire serait arrivé. Il faut se battre pour sortir de la situation et non se réfugier derrière l’alcool. J’invite la jeunesse à prendre la vie avec beaucoup de courage. Nous savons qu’aujourd’hui il y a beaucoup de difficultés, mais la solution ne se trouve pas dans l’alcool et les boissons frelatées, bien au contraire, ces boissons causent un problème de santé publique.

Interview réalisée par E.K.S.
Lefaso.net

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