Actualités :: Dr Adama Coulibaly, président de l’APP/Burkindi : « On ne peut pas rester (...)

L’actualité nationale, marquée surtout par la dégradation du contexte sécuritaire, et ces dernières heures par la décision au premier degré du procès du putsch manqué, retient l’attention de l’Alternance patriotique panafricaine/Burkindi (APP/Burkindi) par une conférence de presse animée ce mardi, 2 septembre 2019 à son siège national à Ouagadougou.

Au lendemain du verdict du procès du putsch manqué (procès qui a duré plus de 18 mois), les responsables de l’APP/ Burkindi ne pouvaient passer sous silence cette actualité dont la portée teinte désormais la vie du Burkina. Et ce, après avoir campé le décor par une pensée pieuse et leur solidarité aux Forces de défense et de sécurité dans la rude épreuve de lutte contre l’hydre terroriste.

« Notre justice apporte un motif d’espérer à travers le verdict du procès du putsch de septembre 2015, et l’examen du dossier du charbon fin par le Procureur du Faso, en dépit de l’opposition et des agitations du gouvernement. C’est le lieu de féliciter notre justice dans son ensemble pour avoir conduit ce procès jusqu’à son terme et pour avoir programmé en octobre prochain le procès du dernier gouvernement de Blaise Compaoré. Il convient également de saluer le courage des juges intègres et de tous les acteurs judiciaires patriotes qui œuvrent à l’émergence d’une justice indépendante, gage de paix sociale et de réconciliation », apprécie à travers la déclaration liminaire, le président du parti, Dr Adama Coulibaly.

Il salue la conduite à terme du procès et invite chaque Burkinabè à accepter le verdict. « Il fut un temps où les gens étaient, pour un simple soupçon, exécutés. (…). Nous n’avons pas à juger de la sévérité ou de la clémence des peines », commente le président Coulibaly, recommandant de faire confiance à la justice, accompagner les magistrats intègres à poursuivre leur élan pour le bien de tous et éviter les velléités de vengeance.

Le parti exhorte la justice à poursuivre la dynamique avec les dossiers pendants de crimes graves, à l’exemple des dossiers Dabo Boukary, Thomas Sankara, David Ouédraogo, Norbert Zongo, juge Nébié, insurrection populaire …
Pour les dirigeants de l’APP/Burkindi, c’est la question même de la gouvernance qui se pose avec acuité. Ce d’autant que le peuple avait espéré mieux avec la mobilisation générale qui a abouti à l’insurrection populaire et mis ensuite en déroute le putsch de septembre 2015, soutiennent-ils.

« Nous subissons une déliquescence avancée du fonctionnement de l’État, induite par la mal gouvernance et la corruption. L’affaire du charbon fin à elle seule a fini de démontrer le danger qui pèse sur les ressources naturelles et minières de notre pays qui malheureusement servirait des économies parallèles plutôt qu’une redistribution au profit des populations. Il est tout aussi inacceptable que des entreprises minières refusent de reverser les Fonds de développement, un droit absolu de nos populations. Ces derniers temps, des révélations de détournements ont été faites dans la presse. Il est alors à craindre le risque de l’organisation de fuites massives de capitaux de notre pays », fustigent les conférenciers. « On connaît les salaires des ministres, mais comment se fait-il qu’ils fassent partie des plus riches du pays ? », soulèvent-ils.

« De nombreux dossiers, non moins préoccupants, sont pointés par les enquêtes de l’ASCE/LC (Autorité supérieure de contrôle d’État et de Lutte contre la corruption) et classés dans les tiroirs du pouvoir MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir) qui, par ailleurs, ne respecte ni ses engagements électoraux, ni ses engagements avec les organisations de travailleurs. Il en découle naturellement une aggravation de l’incivisme et l’apparition d’un phénomène nouveau, le sabotage insidieux du travail. Cette situation déplorable cause des dommages importants au pays, notamment une dégradation ravageuse des activités de service comme des activités créatrices de richesse nationale et à nos populations vulnérables qui peinent à bénéficier des services courants », déplorent Dr Coulibaly et ses camarades. Ils invitent donc le gouvernement à « se ressaisir » pour plus de responsabilité, de cohérence et de service à la nation, ou à se démettre, s’il en est incapable.

De l’avis des responsables de l’APP/Burkindi, le Burkina a besoin d’une « rupture vraie », un « changement radical » de gouvernance porté par des patriotes sincères, éclairés et déterminés, en lieu et place de réajustements qui visent à « maintenir les privilèges indus des mêmes acteurs politiques qui ont confisqué le pouvoir » depuis bientôt quatre décennies. Le parti dit constater avec ‘’amertume’’ que malgré les discours, il n’y a pas de réduction du train de vie de l’État.

« On ne peut pas rester spécialiste de la critique pendant qu’il y a des gens qui détruisent ce pays », s’élève Adama Coulibaly, pour qui il faut au Burkina, des patriotes, déterminés, engagés et qui vont se mettre au service des populations et non se servir. C’est en cela que l’APP/Burkindi se dit solidaire de toutes les luttes visant l’élargissement des espaces de liberté et pour une rupture totale dans la méthode de gouvernance. Il salue donc, et au passage, la mobilisation (meeting) d’organisations syndicales et de la société civile du 31 août 2019 à laquelle auraient pris part des militants de son parti.

Le ministère de tutelle et l’équipement des Forces de défense et de sécurité

Sur le point relatif à l’insécurité et son cortège de conséquences (nombreux morts, fermeture d’écoles, plus de 270 mille déplacés internes…), l’équipe dirigeante du parti s’est interrogé sur la volonté et la capacité du gouvernement à faire face au défi. Elle estime d’ailleurs à ce sujet que le gouvernement se trompe clairement de priorité face à une situation sécuritaire de plus en plus critique.

« Les premiers points de la synthèse du dialogue politique, véritable conclave entre la Mouvance présidentielle et le CFOP (l’opposition), concernent les questions liées aux élections de 2020, reléguant la question sécuritaire au second plan. Après avoir organisé plusieurs sessions de travail sur la sécurité (Assises nationales sur la sécurité, rapport spécial avec propositions de l’Assemblée nationale sur la question sécuritaire), le gouvernement a mis en place une commission de réflexion de 100 jours dont les conclusions sont toujours attendues », relèvent les interlocuteurs, retenant que malgré toutes ces initiatives, la multiplication et la similarité des attaques questionnent sur les moyens mis à la disposition des Forces de défense et de sécurité.

« Le contrôleur général de l’État a, récemment, pointé l’inadéquation des commandes de matériels militaires dont des armes. Face à de telles allégations graves, nous attendons que les premiers responsables du ministère de la Défense s’expliquent devant l’opinion nationale. C’est aussi le lieu de rappeler que les députés ont le devoir d’interpeller le gouvernement devant la représentation nationale afin d’éclairer l’ensemble du peuple sur ce qui est fait des dernières augmentations d’allocations budgétaires. Pour éviter le malaise au sein des unités à l’exemple des récents évènements du camp Guillaume Ouédraogo et surtout encourager nos troupes au front, l’exécutif actuel doit apporter des éclaircissements sur les dispositions de prise en charge des blessés et des ayants droits de nos compatriotes tombés sur les théâtres d’opération conformément à la loi sur les pupilles de la nation », appuient-ils.

En dépit de tout ce diagnostic à charge, les dirigeants de l’APP/Burkindi ont présenté des propositions, avec pour suggestions de miser sur des solutions et forces internes. Faire une réforme profonde de la sécurité́ et de l’armée par le renforcement substantiel de toutes les capacités des Forces de défense et de sécurité et la création de forces populaires adaptées au défi sécuritaire actuel. Dans le même volet, le parti appelle les populations des villes et des campagnes à se départir de la peur pour s’organiser avec les Forces de défense et de sécurité via des formes d’organisations adaptées au contexte.

L’APP/Burkindi invite ensuite à la création d’un forum technique national incluant les Burkinabè ayant déjà travaillé dans des contextes sécuritaires difficiles. Aussi propose-t-il la prise en charge effective et gratuite, par l’État et ses partenaires, des personnes déplacées et des populations hôtes ainsi que les familles des Forces de défense et de sécurité tombées. A cela, s’ajoute la mise en place d’un mécanisme de communication, de formation et d’actions en direction des communautés, afin d’éviter les divisions ethno-religieuses orchestrées par des réseaux terroristes.

Le parti propose, enfin, la constitution d’une plateforme de la classe politique pour réfléchir sur la reconstitution de l’unité́ d’action patriotique et la libération nationale.

Portée sur les fonts baptismaux le 2 juin 2018, l’APP/Burkindi se présente, selon ses responsables, comme une alternative politique innovante bâtie sur un socle qui repose sur des valeurs traditionnelles burkinabè, africaines et des forces fondamentales de gauche.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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