Actualités :: Paul Kaba Thiéba, ancien Premier ministre : « Je demande aux Burkinabè de me (...)

Arrivé à la tête du tout premier gouvernement du pouvoir Roch Kaboré, le 6 janvier 2016, Paul Kaba Thiéba a quitté la primature le 21 janvier 2019. Pendant trois ans, la gouvernance de l’ancien cadre de la BCEAO n’a pas du tout été un long fleuve tranquille. Six mois après son départ, et avec le recul, comment l’homme vit-il son passage à cette haute fonction de l’Etat, quel regard a-t-il des questions cruciales du pays… ? Paul Kaba Thiéba s’ouvre à l’opinion à travers Lefaso.net. C’est avec le plein de punch, les propos toujours fermes de conviction lorsqu’il s’agit de parler de la vie du pays, que le désormais directeur général de la Caisse des dépôts et consignations nous a reçus à sa résidence en cet après-midi du 18 juillet 2019. Paul Kaba Thiéba, stoïque et sans mots masqués… Interview

Lefaso.net : Vous arrivez à la Primature au lendemain d’évènements d’une insurrection populaire et du putsch de septembre 2015 et jusque-là inconnu du monde politique burkinabè. Comment vous vous êtes retrouvé à ce poste de Premier ministre ?

Paul Kaba Thiéba : C’est vrai, quand je suis arrivé, j’ai entendu demander où il était, il y en a même qui se demandait est-ce que ce monsieur-là est un Burkinabè. C’est vrai que j’ai duré à l’extérieur ; le pays a beaucoup changé (sociologiquement, politique, etc.) et j’ai découvert beaucoup de choses avec beaucoup de plaisir. Le pays avait évolué. Ce n’était pas toujours facile de pouvoir s’adapter à cette évolution. Ça n’a donc pas été du tout facile, quand je suis entré au gouvernement, surtout que je n’étais pas là.

Il y a de nouveaux comportements qui sont apparus, une nouvelle culture, etc. Je prends l’exemple de la presse, quand nous étions jeunes, il n’y avait qu’une seule télévision au Burkina Faso (la télé nationale), jusqu’à ce que je quitte le pays en 1983. À l’époque, il n’y avait qu’une seule radio également (la radio nationale). Mais regardez le paysage médiatique burkinabè aujourd’hui, c’est une révolution. Même au niveau de la presse écrite privée libre, à l’époque, il n’y avait que L’Observateur (devenue aujourd’hui L’Observateur Paalga). C’est pour que, lorsque tu regardes les choses par rapport à ce qu’elles étaient dans les années 80, elles ont véritablement changé. Également, la vitalité de la société civile, qui était quasi-inexistante à l’époque, mais qui est, aujourd’hui, montée en puissance et lutte pour la bonne gouvernance.

Au niveau des syndicats, c’est une continuité parce qu’au Burkina Faso, le mouvement syndical a toujours été extrêmement fort. Le syndicat a toujours été un acteur politique majeur. Je vous cite un exemple : en 1966, le premier changement politique qu’on a connu avec la chute du président Maurice Yaméogo, l’a été à la suite d’une insurrection populaire conduite par les syndicats. Et comme ce n’était pas quelque chose de bien organisé (préparé), ce sont les civils eux-mêmes qui ont demandé aux militaires de prendre le pouvoir.

Le syndicat s’est également opposé aux changements qu’il estimait ne pas être en accord avec l’élan des travailleurs et du peuple. Donc, notre histoire a été ponctuée par le mouvement syndical. La seule période où le mouvement syndical a été affaibli, c’est pendant la Révolution ; après 1983, les choses ont changé. Mais tout de suite, après l’intermède de la Révolution, le mouvement syndical a repris sa place et quand je suis arrivé au gouvernement, j’ai constaté que le syndicat gardait toujours sa forme. On peut avoir des opinions différentes sur le bien-fondé de certaines de ses actions, mais, en tout cas, il y a une vitalité du mouvement syndical et cela se voit dans tous les secteurs de la vie de la nation.

Vous arrivez à la tête du premier gouvernement post-insurrectionnel. Comment ça s’est passé ?

Je dirais vraiment que c’est le destin. Je ne m’attendais pas du tout à jouer, dans ce pays, un rôle politique majeur. Je n’étais pas là. Le président Roch Marc Christian Kaboré a bien voulu me faire appel, je ne pouvais pas refuser, même si je savais que la tâche était lourde, difficile. C’est quelqu’un pour lequel j’ai le plus grand respect.

Travailler à ses côtés est un grand honneur. Je me suis dit que, si je peux lui être utile, être utile à mon pays, je n’hésiterais pas une seule seconde ; parce que le pays a trop fait pour nous (c’est grâce à l’argent public par les écoles publiques que nous avons eu la chance de faire tout ce cursus de formation scolaire et académique). Nous devons donc au pays, également par le travail. Bref, je n’imaginais pas qu’un jour, je pouvais venir au Burkina et entrer dans la politique, entrer dans la vie publique. Je n’y pensais même pas. Je considère donc que c’est un appel de Dieu et le président du Faso a été un instrument de cet appel.

Quand vous avez été nommé, l’opposition vous a perçu comme Premier ministre par défaut, au regard non seulement de la situation socio-politique du pays, mais également de l’actualité qui a entouré la nomination. Quel sentiment cela vous a laissé ?

Il y a deux façons de faire la politique. Le président Roch Marc Christian Kaboré est un homme que je connais bien, c’est un homme d’engagement. Depuis qu’il était jeune, il s’est engagé du côté des plus faibles. Il s’est engagé contre l’injustice, pour l’égalité des droits, la démocratie et le progrès social. Alors, ceux qui considèrent le combat politique comme un engagement, comme un sacerdoce, je considère que le président Kaboré s’est appuyé sur ceux-ci. Et je prétends faire partie de cette catégorie.

Le président Kaboré a une conception de la politique qui consiste à faire changer la vie de ses compatriotes. Exercer des charges publiques, ce n’est pas venir s’asseoir dans des salons feutrés et jouir des attributs d’un pouvoir monarchique. Non ! C’est plutôt apporter l’eau potable à la population, apporter de l’électricité aux Burkinabè qui vivent dans des zones rurales, apporter la santé aux populations qui manquent de moyens, c’est faire en sorte que tout le monde puisse avoir accès à l’éducation.

Ces secteurs sont des lignes de fracture sociale, d’injustice sociale. Si vous voulez apprécier les questions d’égalité de droit et de justice sociale, c’est par là qu’il faut commencer. Je considère que dans notre pays, le sens du combat politique, ce ne peut qu’être orienté vers la réalisation donc de la lutte contre ces types d’injustice. Il y a d’autres idéaux pour lesquels également, je me suis engagé telle que la défense de la démocratie, de la liberté ; parce que, quoi qu’on dise, la démocratie est le moins mauvais des régimes (chacun peut avoir son point de vue, mais c’est le mien).

Quel était votre agenda ?

En venant, je me suis donné une idée de la politique, qui est que l’engagement sur ce plan doit être un sacerdoce, pour changer la vie de ses concitoyens. J’ai accepté travailler aux côtés du président Roch Marc Christian Kaboré, parce que je suis un homme d’engagement et un homme d’honneur. Il n’est pas quelqu’un qui est venu au pouvoir pour s’enrichir. Ça ne l’intéresse pas. Je suis venu pour servir mon pays, pas pour me servir. J’avais déjà une situation confortable ; je ne suis pas riche, mais j’ai le minimum pour vivre.

Donc, ma seule ambition, en venant à la Primature, c’est d’essayer de faire quelque chose pour changer la vie de mes compatriotes. Mais, quand je vois les gens se battre en politique, la question que je me pose, c’est de savoir si vraiment, ils croient en ce pays. Est-ce que si on leur donne le pouvoir aujourd’hui, savent-ils sur quel levier il faut appuyer pour changer la vie des Burkinabè ? Réfléchir de manière structurelle pour changer la vie des Burkinabè ? La question de fond, c’est comment faire en sorte que le Burkina Faso soit sur la trajectoire de croissance forte et durable pour mettre fin à cette grande injustice qu’est la pauvreté (qui se traduit par cette disparité au niveau de l’éducation ; l’ascenseur social, c’est l’éducation qui met tout le monde sur un pied d’égalité, l’enfant du riche et l’enfant du pauvre).

C’est l’éducation qui permet à tout le monde de pouvoir s’insérer dans la société et de pouvoir créer des richesses. Quand vous voyez la situation dans laquelle notre pays se trouve en matière d’éducation, il y a encore de gros efforts à faire. C’est à ces questions que je pense chaque matin, midi et soir. Avant que je ne sois au gouvernement, pendant que j’y étais et après que je n’y sois plus. Comment mettre fin à la pauvreté, lutter contre les inégalités et faire en sorte que mon pays puisse, un jour, être un pays émergent ?

Quand on suit l’exemple des pays qui ont réussi à mettre fin à la pauvreté, dans notre pays aussi, on peut faire la même chose. Mais encore faut-il qu’il y ait un minimum de consensus ; que les Burkinabè acceptent le sacrifice qu’on doit payer pour pouvoir se développer. Il y en a qui pensent que la vie est facile et qu’il suffit de revendiquer et encore revendiquer des droits, sans se préoccuper de savoir que les revendications que l’on fait sont réalistes, sans se préoccuper des questions sécuritaires et de ces millions de Burkinabè qui sont dans les campagnes.

Une trentaine d’années à l’extérieur, lorsque vous veniez pour diriger le gouvernement, quelles étaient vos appréhensions de la société burkinabè par rapport à la réalité que vous avez vécues sur le terrain ?

C’était plus compliqué que je ne le pensais. Quand je venais, j’avoue que je ne savais pas qu’il n’y avait pas une majorité de Burkinabè qui était prête à consentir le sacrifice nécessaire pour faire que le Burkina Faso soit dans une lancée de pays émergent. Je pensais que la majorité des Burkinabè était prête à positionner notre pays sur cette voie du développement. Mais les choses en politique sont beaucoup plus compliquées que cela ; vous avez des intérêts catégoriels dans l’administration, des partis politiques qui sont-là, etc. Bref, je ne veux critiquer personne, mais c’est beaucoup plus compliqué qu’on ne le croit. Il y a encore beaucoup de travail à faire.

Vous est-il arrivé de regretter d’être venu servir le pays, à ce niveau de responsabilité ?

C’est notre pays, on va aller où ? On y est obligé et il faut travailler plus. Il faut respecter tous ces points et travailler, et encore travailler, sans répit. On n’a pas le choix. Il faut y aller, en espérant qu’un jour, nous serons aussi un pays développé. Avec la technologie qui existait déjà en 1969, des gens ont pu aller sur la lune. Regardez le fossé qui existe entre eux et nous aujourd’hui. Quand est-ce que nous allons pouvoir maîtriser les outils nécessaires pour d’abord maîtriser la faim, nous auto-suffire (sur le plan alimentaire), augmenter la productivité agricole, suffisamment ?

Ce qui suppose qu’on change radicalement notre façon de travailler (ça concerne les semences améliorées, la mécanisation agricole, l’utilisation des intrants, la formation des agriculteurs, des éleveurs, la transformation de nos produits, etc.). Ça interroge également notre système d’enseignement ; produit-il une main-d’œuvre suffisamment qualifiée pour le domaine du bâtiment par exemple ? Pourquoi est-on obligé d’aller chercher des techniciens en bâtiment par exemple à l’étranger pour faire des finitions des maisons ? On doit se poser des questions. On est près de 20 millions de Burkinabè, et avec plus de 40 000 jeunes qui ont le Bac, l’an dernier. Alors, comment se fait-il qu’on n’arrive pas à produire des techniciens dans le domaine du bâtiment, de la mécanique, etc.? Faites le tour de Ouagadougou aujourd’hui, combien de garages modernes allez-vous trouver ? Là où il y a un jeune avec du matériel moderne, qui fait le diagnostic, qui fait des pièces détachées, il y en a combien ? À part les garages des grands groupes.

C’est le cas dans le domaine de l’eau, de l’énergie solaire... Il en est de même pour les questions de santé. C’est également le cas dans la lutte contre les pandémies, les grandes maladies. Nous ne sommes pas capables, nous-mêmes, de produire notre propre médicament.

D’où cette vision de transformation structurelle que vous n’avez cessé de prôner durant toute votre direction ?

Le président Roch, c’est justement cela. C’est-à-dire qu’il considère que le Burkina Faso peut être un pays émergent (et je pense la même chose), mais à condition qu’on joue sur ces trois piliers : d’abord, améliorer la gouvernance dans notre pays ; mettre fin à la corruption, jouer sur l’efficacité de l’administration (fonctionnement de l’administration, procédure, la rigueur, etc.) ; ensuite, le capital humain, sans lequel c’est difficile (si vous n’avez pas les hommes qu’il faut, c’est difficile de faire une transformation). C’est pourquoi, la question de l’éducation est centrale. Si on me demandait aujourd’hui : qu’est-ce qu’il faut faire pour développer le Burkina Faso, je dirais l’éducation nationale (l’enseignement supérieur, la formation professionnelle) centrée sur les problématiques que j’ai évoquées. Il faut former des élites.

L’éducation nationale doit permettre d’assurer la promotion de tout le monde. Elle doit également permettre de pouvoir assurer la sélection des meilleurs, pour former des élites, qui vont conduire la vision ensuite. Donc, la santé, l’éducation nationale, c’est vital. Et l’axe numéro 3, enfin, c’est la transformation de l’économie. Effectivement, c’est ce que j’ai dit : il faut rigoureusement changer les techniques de production et faire en sorte qu’on tire de la valeur ajoutée au niveau du secteur primaire pour aller progressivement vers l’industrie à travers la transformation de nos produits (agriculture, élevage), atteindre l’autosuffisance alimentaire, dégager un surplus. Cela va se matérialiser sur le secteur tertiaire (c’est-à-dire les services).

C’est cela la transformation structurelle de l’économie, et c’est l’ambition que nous avons. Pour revenir à une question que vous avez soulevée précédemment, je réalise qu’il faut beaucoup plus de temps. Mais le plus important est de maintenir le cap et le bon chemin ; continuer à travailler dans le même sens.

Le 15 janvier 2016, a lieu l’attentat de Ouagadougou, premier du genre terroriste, quelques jours après votre nomination à la primature. Quelle a été son incidence sur vos responsabilités ?

C’est vrai que c’est une date un peu symbolique pour moi ; parce que, comme vous l’avez dit, ça marque le début des attaques terroristes qui endeuillent notre pays depuis plus de trois ans maintenant. Au début, j’avoue que j’étais choqué par la violence de l’attaque. J’ai été également choqué par la suite des évènements ; puisque j’ai vu que les attaques n’ont pas baissé, au contraire, au fil du temps, ça s’est accentué et se sont étendues à plusieurs zones de notre territoire. C’est une situation inédite de l’histoire de notre pays.

Habituellement, on a eu, dans notre histoire, de petits conflits, mais ça n’a jamais été loin. Mais là, ça a été un conflit d’un genre nouveau, avec notamment un conflit là où on ne connaît pas le but (on ne sait pas pourquoi les gens nous attaquent). Ils nous empêchent de nous occuper de la mise en œuvre des projets prioritaires (la mise en œuvre du programme présidentiel et du PNDES). Avec l’insécurité, ça désorganise complètement notre économie et ça joue sur les investissements et tous les secteurs de l’économie.

Ça distrait les Burkinabè des préoccupations prioritaires que nous avons et ça distrait également les ressources prioritaires que nous devons allouer au PNDES et au programme présidentiel. C’est une situation que personne ne pouvait prévoir et qui continue à endeuiller notre pays, malheureusement. Mais Dieu merci, depuis quelques mois, je pense quand même qu’il y a un sursaut (même si on déplore malheureusement encore des morts). Nous sommes sur la bonne voie pour continuer à inverser la situation, si Dieu le veut.

La gestion de la question sécuritaire par le président Kaboré avait fait l’objet de nombreuses critiques et vous avez pointé des accointances entre des dignitaires de l’ancien régime et ces groupes terroristes. Aujourd’hui, faites-vous la même observation ?

Nous disons simplement que depuis janvier 2016, notre pays fait l’objet d’attaques par des terroristes, dont nous ne connaissons pas les origines. Quand nous sommes dans une guerre normale, en général, ce sont des armées qui s’affrontent. Et même si c’était des mouvements qui avaient des revendications précises, on pouvait comprendre. Mais là, on ne sait pas (on ne sait même pas pourquoi nous sommes attaqués). Des jeunes Burkinabè sont fauchés tous les jours, des vies humaines enlevées tous les jours. Il y a donc une guerre qui nous est imposée, sans qu’on ne sache qui est derrière.

C’est vrai que le contexte sous-régional dans lequel nous vivons, profite également à ce genre de situations, mais pour le cas spécifique de notre pays, l’histoire nous le dira. Mais en tout cas, pour l’instant, on n’a pas l’origine de ces attaques (comme je l’ai dit, il ne s’agit pas d’un conflit conventionnel). Mais notre devoir, c’est d’assurer la sécurité des Burkinabè et de tous ceux qui vivent au Burkina, assurer la défense nationale. Et je crois que le président Roch Marc Christian Kaboré, qui est le chef suprême des armées, assume avec beaucoup d’efficacité, ses responsabilités sur cette question. Il est vrai que c’est un aspect sur lequel on ne communique pas beaucoup, compte-tenu de la sensibilité du sujet, mais ayant eu le privilège de travailler à ses côtés, je peux vous assurer que j’ai rarement vu un homme d’État qui consacre tant de temps, d’énergie à la sécurité nationale.

Vous qui avez passé trois ans à la primature, qu’est-ce qui ne marche pas dans les sérails sécuritaires burkinabè ?

La situation de notre appareil sécuritaire ne peut pas être dissociée de notre histoire récente. Or, notre histoire récente a été marquée par les 27 ans de pouvoir de l’ancien président et également par la période révolutionnaire, qui ont affecté nos Forces de défense et de sécurité. Pendant la présidence de l’ancien chef d’État, tout le monde savait et a vu ce qui s’est passé ici avec la désorganisation des FDS et le rôle prépondérant que jouaient certaines unités par rapport au commandement classique de l’armée.

Tout cela n’est certainement pas neutre sur la situation que nous vivons. Tout cela a pu avoir des conséquences sur l’efficacité et la capacité de nos FDS à s’adapter à la menace qui nous est imposée (en termes de matériel, de préparation, d’entraînement, de savoir-faire…). Je veux simplement dire qu’il faut analyser cette question au regard de notre histoire et de l’instrumentalisation de l’armée au cours de notre histoire récente.

Vous aviez annoncé la mise en place d’un code d’éthique et de bonne conduite aux membres de votre gouvernement pour une gouvernance vertueuse. Finalement, qu’en a-t-il été ?

Nous avons essayé, au cours de notre passage au gouvernement, de donner l’exemple, en matière d’éthique et de bonne gouvernance. Je pense qu’il y a eu des progrès, puisque nous avons par exemple une justice qui est indépendante pour travailler, des institutions qui œuvrent dans la lutte contre la corruption (et qui font bien leur travail) et le gouvernement qui a œuvré à une conception démocratique du pouvoir. Les ministres ont, au sein du gouvernement, compris que le temps n’était pas au gaspillage.

Contrairement à ce que les gens pensaient, les conditions de vie des ministres, leur traitement, les avantages auxquels ils ont droit, par rapport à ce que je vois ailleurs, c’est en tout cas un strict minimum. Les frais de mission des ministres sont tellement bas qu’arrivés à l’étranger, ils ne peuvent même pas loger dans les mêmes hôtels que leurs collègues ministres, lorsqu’il y a une conférence internationale. Ce qui pose souvent le problème de représentativité de notre pays dans les rencontres internationales. Contrairement à ce que certains pensent, nous avons fait avancer les choses en matière d’éthique, de bonne gouvernance. Peut-être que ce n’est pas suffisant, je peux le concéder. Mais, la réalité est que cette question d’éthique et de bonne gouvernance est un long combat et je pense que nous sommes sur la bonne voie.

Dans cet environnement socio-sécuritaire instable, vous avez lancé le PNDES et vous en aviez fait même « votre boussole », disiez-vous en 2018. Quelle était votre vision ?

La vision, c’est de dire que : je crois que le Burkina Faso peut être un pays émergent. Je crois qu’on peut mettre fin à la pauvreté, dans toutes ses formes. Je crois qu’on peut mettre fin aux injustices et inégalités au Burkina Faso. Et pour ça, le PNDES a été conçu en mettant l’accent sur les trois piliers (la gouvernance, le capital humain et la transformation structurelle de l’économie). Cette vision est de dire qu’on peut mettre le Burkina Faso sur une trajectoire de croissance forte ; une croissance durable pour lutter contre la pauvreté, en mettant en œuvre le PNDES. La vision que nous avons, c’est de réaliser un taux de croissance (le PIB, la richesse nationale) qui serait entre 8 et 10% par an. C’est ce que nous voulons. Vous savez, on a un taux de population burkinabè qui croît, à peu près, de 3,1% chaque année.

Si vous avez un taux de croissance de Produit intérieur brut (PIB) qui n’est pas significativement supérieur à la croissance démographique, l’impact sur le revenu par habitant est très faible. Si vous regardez, historiquement, le PIB depuis 1975 jusqu’à des années récentes, la moyenne est autour de 5 et 5,5%. Si vous regardez l’impact sur le revenu par tête d’habitant, ce n’est pas suffisamment fort pour avoir un impact conséquent dans la lutte contre la pauvreté ; c’est ça la question. C’est pourquoi, l’idée du président Roch Marc Christian Kaboré, et de mon gouvernement, était de dire qu’il faut augmenter le potentiel de croissance ; inventer le potentiel de croissance, c’est donc jouer sur les facteurs, sur le capital des travailleurs. Le travail, c’est essentiellement l’aptitude, la capacité technique d’amener les Burkinabè à exercer différents métiers et à créer les richesses. C’est cela la question.

Au cœur du PNDES, il y a la question du capital humain, qui est l’axe numéro 2. Il faut faire en sorte que les gens se portent bien à travers la politique de la santé. Donc, la vision est qu’il ne faut pas qu’il y ait un Burkinabè à plus de cinq kilomètres, loin d’un centre de santé. La vision du président est que nos structures de gouvernement soient fonctionnelles, équipées. C’est dans ce sens qu’on met en place la gratuité de soins pour les femmes enceintes et des enfants âgés de moins de cinq ans.

À côté de cela, il y a tout l’enjeu qui concerne l’ensemble de l’éducation nationale et la formation professionnelle, pour faire en sorte que le capital humain que nous avons puisse nous permettre de réaliser nos ambitions économiques ; parce que, si vous avez une jeunesse, même si elle est nombreuse, mais qu’elle ne produit pas, ou si elle ne produit pas assez, vous n’allez jamais être développé. Voilà pourquoi, la question de l’éducation professionnelle et de la formation est centrale, et c’est cela qui est au cœur du PNDES. Il y a également l’axe de la gouvernance ; il faut faire en sorte qu’on lutte contre le gaspillage dans notre administration, qu’on y mette fin.

Quand vous observez ce qui se passe dans notre administration, c’est comme s’il y a une sorte de consensus, une sorte de résignation dans l’évolution du gaspillage. Il faut qu’on ait le courage de dire que ça ne doit pas continuer comme ainsi. Aucun pays ne peut vivre au-dessus de ses moyens. Il faut que les dépenses courantes évoluent proportionnellement à nos ressources. Il faut qu’on ait également le courage de dire que nous préférons affecter l’essentiel des ressources pour préparer des lendemains meilleurs, investir dans la formation de nos jeunes, dans l’éducation, la santé, les infrastructures, l’électricité, l’eau politique, les logements, plutôt que de faire autre chose. C’est à ce prix-là qu’on peut développer un pays.

Mais, une société qui choisit de privilégier l’instant actuel, ça peut poser des difficultés. C’est pourquoi, les axes 1 et 2 (du PNDES) sont complémentaires. L’axe 3 découle de l’axe 2, à partir du moment où nous avons investi dans l’éducation et la formation, vous allez voir que les jeunes qui sortent du système éducatif, ce sont eux qui vont s’investir dans la création des richesses, à travers les Petites et moyennes entreprises et Petites et moyennes industries (PME/PMI), dans l’agriculture et l’élevage qui vont cesser d’être traditionnels, pour être modernisés. Jusqu’à présent, si les gens continuent de travailler de manière traditionnelle, les rendements seront toujours bas.

Une fois que les rendements sont augmentés par l’utilisation de la technologie, on atteint l’autosuffisance alimentaire, et nous sommes à l’abri des famines et les excédents sont utilisés dans les transformations agricoles pour poser les bases de l’industrialisation de notre pays. Les produits de notre élevage peuvent, en ce moment, alimenter les autres pays et ce sera la même chose avec la tomate, les oignons, les noix de cajou, le sésame, etc., qui sont susceptibles d’améliorer notre chaîne de valeurs et nos richesses.

La vision du PNDES est de dire que la pauvreté n’est pas une fatalité, qu’on peut mettre le Burkina Faso sur un chantier soutenu pendant plusieurs années, afin de mettre fin à la pauvreté, si on a une politique économique rigoureuse avec une vision claire. Ce qui est important en économie, c’est de savoir où on va, comment faire, par quel levier soutenir le pays. C’est cela qui est important. Tous ceux qui prétendent qu’ils veulent faire ceci ou cela, la question centrale est de savoir comment ils comptent développer le Burkina Faso. Comment ? C’est cela qui doit nous préoccuper. Prendre le pouvoir, c’est bien. Mais, comment procéder pour développer le pays ? Le PNDES, qui est la traduction du programme présidentiel, est, me semble-t-il, le meilleur modèle que je connaisse pour sortir notre pays de la pauvreté. On arrive à le mettre en œuvre de manière soutenue, durable ; parce que le choix est clair.

De Ouagadougou à Paris, en passant par Abidjan, des promesses ont été faites. Au lendemain de votre départ de la primature, pouvez-vous nous faire le bilan ?

Quand nous sommes allés à Paris et avec les partenaires techniques et financiers, nous avions discuté du PNDES, les gens ont pensé que nous sommes revenus avec des valises d’argent. Les gens pensaient que les comptes en banque étaient remplis au fur et à mesure et qu’on allait les distribuer. Le Sénégal a fait son plan de Sénégal émergent, la Côte d’Ivoire a fait son plan. Le processus est le suivant : vous venez, vous exposez vos idées, voilà les investissements structurants que nous comptons mettre en œuvre, voilà ce que nous avons identifié au niveau des financements et voilà la part du budget de l’État. Les partenaires techniques et financiers décident de prendre tels aspects de la politique de l’eau potable, de santé, l’agriculture, etc. C’est ainsi que ça se passe. C’est ce qui se vit tous les jours avec le PNDES.

Nous avons les chiffres de la réalisation du PNDES ; chaque fois, je fais le point au secrétariat permanent du PNDES (où est-ce que nous en sommes en matière de réalisations des objectifs du PNDES). Vous savez que ceux qui ne sont pas économistes, ils ont l’impression que ce sont des valises d’argent qu’on allait voir circuler dans les rues. Mais ce n’est pas comme cela. Ce sont des engagements qu’on prend et les partenaires regardent la cohérence des plans pour savoir s’ils sont réalistes, afin de les financer. Je fais toujours les points sur la réalisation des routes, des ponts, des barrages, etc. Beaucoup de choses du PNDES qui ont été faites. Je connais les chiffres quelles que soient les zones. Je n’ai aucun état d’âme par rapport à cela. Les gens croient qu’ils vont coincer le Premier ministre Kaba Thiéba, en disant : vous avez pris des engagements et vous ne les avez pas honorés. Mais, c’est une mauvaise lecture des affaires économiques.

Le PNDES se fixait pour objectif de transformer structurellement l’économie burkinabè afin de lutter plus durablement contre la pauvreté qui touche 40% de la population. Quelle impression avez-vous après trois ans de sa mise en œuvre ?

Globalement, je suis impressionné par la capacité de résilience des Burkinabè. Il n’y a pas un mois qu’on n’a pas pu payer les salaires des fonctionnaires, dans un contexte où au cours des années 2017 et 2018, on assistait à des grèves de 40 jours, 30 jours. Comment la banque de l’État peut fermer pendant 30, 40 jours ? Dans quel pays allez-vous voir cela ? Si ce n’est pas chez nous ? Que ceux qui sont chargés de recouvrer les impôts pour permettre à l’État de fonctionner arrêtent de travailler ! Si ce n’est pas chez nous.

Mais comme nous sommes dans un pays démocratique, on accepte. Ce que les gens doivent comprendre, est que les gouvernants passent, mais le Faso demeure. Les sacrifices que nous devrons consentir pour que notre pays se développe, si nous ne le faisons pas, notre pays ne va jamais être développé. C’est malheureux de le dire, mais c’est comme cela. Le développement, ce n’est pas un hasard. Les pays qui se sont développés, il y a eu un effort quelque part ; des enjeux essentiels, un consensus politique.

Tout le monde a compris qu’il faut se centrer sur les priorités ; ces priorités qui sont les développements, tout le monde a compris à base de cela qu’il y a un certain nombre de choses à faire pendant plusieurs années. On déroule sur la base de consensus sur lequel on peut travailler. C’est ainsi qu’on atteint le résultat. Mais s’il n’y a pas ce consensus, c’est difficile de faire quelque chose ; chacun va continuer de revendiquer de son coté, mais il sera difficile de conduire la dynamique qu’il convient pour changer la vie des Burkinabè radicalement. Et cela me rend triste.

Que répondrez-vous finalement aux citoyens burkinabè qui pensent que cet argent n’est pas dévolu qu’aux projets de développement prévus par le PNDES ? Ils pensent que tout est fait pour préparer la réélection.

Comment voulez-vous qu’on comprenne cela. Même les partenaires techniques et financiers n’accepteraient pas qu’on prenne des financements affectés à des politiques sectorielles pour financer des élections. Ils n’accepteront jamais cela. La mise en œuvre du PNDES est un partenariat entre nous et les partenaires techniques et financiers. On s’était mis à table pour évaluer l’état des performances et de mobilisation des ressources. On se parle franchement et personne n’acceptera que des financements alloués au PNDES dans le cadre de la santé, l’assainissement, l’eau etc., soient utilisés pour faire autre chose.

Il faut que les gens comprennent que le gouvernement du Burkina Faso est un gouvernement responsable, qui fait le mieux pour ses citoyens. Pour avoir été aux côtés du président du Faso, je sais comment les gens travaillent dans le gouvernement. Vous avez dans le gouvernement, des femmes et des hommes qui ne dorment pas. Matin, midi et soir, ils travaillent pour le Burkina Faso. Mais malheureusement, tout le monde ne peut pas le savoir. Le commun des gens pense que quand on est dans le gouvernement, ce sont les facilités. Il faut regarder le président du Faso, son engagement en politique, il y a un certain nombre de valeurs qui sous-tendent cela.

La conception de la politique, que nous avons, est fondée sur la sobriété, une certaine culture de résultats. La finalité pour moi n’est pas être au gouvernement, mais d’obtenir des résultats et de changer la vie des Burkinabè. Je sais que nous sommes un pays pauvre ; c’est ce qui me préoccupe. Comment mettre fin à cela ? Je continue de méditer, je continue de chercher. Il faut avoir une approche pédagogique, continuer à travailler. Cela viendra un jour. Ce n’est pas simple. Changer l’histoire d’un pays, combattre la pauvreté, c’est faisable. Plusieurs pays ont réussi à le faire (le Japon, la Corée du Sud, etc.).

Mais, il y a eu un consensus politique, une volonté politique forte à avoir. On peut renverser l’équation historique par un consensus politique fort, un travail acharné des populations. Il faut que les jeunes de mon pays comprennent que des gens viendront développer notre pays. Ils doivent cesser de croire que le développement viendra d’ailleurs. Les jeunes doivent avoir de l’ambition. La pauvreté n’est pas une fatalité, nous aussi, on peut se développer, c’est le travail acharné, c’est cela le prix. J’ai toujours dit qu’il n’y a pas de petit travail, si on te dit de balayer la rue, il faut bien balayer. Il faut toujours faire bien son travail. On ne doit pas perdre de vue, la valeur du travail bien fait. Il ne faut pas croire que la vie est facile, qu’il suffit de devenir un fonctionnaire, pour devenir riche, ça ne marche pas.

Vous aviez déclaré vouloir « faire en sorte que tous les fruits de la croissance soient au service de la lutte contre les inégalités, pour la réduction de la fracture sociale ». Pensez-vous que le gouvernement actuel travaille dans ce sens ?

La gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants âgés de moins de cinq ans. La santé est un secteur très important et cela a été un exemple salué à l’étranger. C’est l’un des engagements du président du Faso contre la fracture sociale, contre les inégalités en matière de santé. On est allé plus loin que ça : la construction des CSPS, leur équipement, la construction des CHU, etc. C’était les clés de l’engagement du président du Faso, qu’on ne voit pas, mais que le gouvernement a mené pendant mon passage au gouvernement. Nous considérons que c’était la plus grande injustice de notre société. Nous le faisons, parce que nous pensons que c’est la clé du développement.

Nous allons commencer à implémenter l’assurance maladie universelle, et si le président du Faso est élu en 2020 (et pense que ça sera le cas), ce sera l’un des plus grands chantiers à mener. Ce qui nous différencie, notre engagement en politique des autres, c’est que nous sommes du côté de la lutte contre la pauvreté, contre l’injustice. Nous sommes du côté de la création des richesses ; non pour enrichir les plus riches, mais pour enrichir les pauvres. On croit que, plus le revenu des pauvres augmente, plus le revenu de toute la nation augmente. Ce qui va permettre à un plus grand nombre de Burkinabè de vivre décemment. C’est le sens de notre engagement en politique.

Pensez-vous que Christophe Dabiré, votre successeur, est l’homme de la situation ?

Bien sûr ! C’est la même chose, c’est la même politique, c’est le président du Faso qui est à la tête. Ils font le même travail, je le vois. C’est l’engagement du président du Faso, c’est le PNDES qui est toujours en œuvre.

Votre gouvernance n’a pas été du tout un long fleuve tranquille. D’aucuns estiment que vous avez été ‘‘fouetté’’ par les membres de votre propre famille politique. Comment expliquez-vous cela ?

Cela ne me préoccupe pas. Je vous ai dit que mon engagement en politique, c’est de servir mon pays. Le reste, ça ne m’intéresse pas. Il faut que les gens comprennent que si le président t’appelle pour servir ton pays, tu viens, tu fais ce que tu as à faire et tu pars. C’est cela qui compte. Les questions de personnes ne m’intéressent pas. Je ne pense pas à cela. La question est celle de la continuité de la politique. Le président du Faso peut faire des réaménagements pour conduire sa vision. J’étais à la BCEAO et c’est grâce à Dieu et au président du Faso que je suis venu servir mon pays. Les questions de postes, je n’y pense pas. C’est juste servir mon pays.

Vous étiez pressenti à la BCEAO au lendemain de votre départ de la primature. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

J’ai été à la BCEAO par la grâce de Dieu. J’avais quitté le Burkina Faso en 1983, pour me rendre en France. J’ai travaillé là-bas, ensuite, j’ai fait un doctorat en économie. Je me suis spécialisé pour, par la suite, me retrouver à la BCEAO. J’ai eu la chance de gravir tous les échelons à la BCEAO. Maintenant que j’approche l’âge de la retraite, le président du Faso m’a donné la chance de servir mon pays et je le remercie. Ma conception de la politique est de servir mon pays et de me rendre utile aux gens.

Le défi de la lutte contre la pauvreté reste immense au Burkina, quels sont les conseils que vous avez donnés à votre successeur ?

Le Premier ministre actuel, c’est quelqu’un de compétent et il n’a pas besoin de mes conseils. Mais s’il demande mon avis, je le lui donne.

De la primature à la direction d’une caisse. Que se cache-t-il derrière une telle nomination ?

Il y a une continuité dans ma façon de voir la politique. Le président du Faso m’avait consulté bien avant la formation du nouveau gouvernement. Il m’avait donné l’opportunité d’échanger avec lui sur les réformes essentielles à mettre en œuvre pour relever les secteurs bancaires, afin d’améliorer l’efficacité de notre système bancaire. On a échangé sur ce point, il m’a donné des instructions avant la formation du gouvernement Dabiré. Et parmi les réformes, il y avait la création de la Caisse des dépôts et consignations. Ce n’est pas un hasard.

L’idée, c’est de dire aujourd’hui, les ressources des fonds de retraites, notamment de la CARFO, les cotisations des retraités et des fonctionnaires, et de la CNSS sont déposées dans des banques privées, y compris des ressources déposées sur les livrets des comptes d’épargne de La Poste Burkina Faso. Ces ressources sont déposées dans des banques commerciales, qui utilisent cet argent pour gagner de l’argent sous forme de prêts et se font des intérêts. L’idée, c’est de dire pourquoi ne pas centraliser cette épargne institutionnelle pour l’intérêt général ? Au lieu de laisser cet argent dans des banques commerciales, pourquoi ne pas centraliser cet argent dans une institution de l’État à caractère spécial, dont le rôle sera d’utiliser cet argent rationnellement pour financer le développement du Burkina Faso ?

Ce n’est pas compliqué, il y a une cohérence dans ma démarche et celle du président du Faso. Si cette institution prend son essor, vous allez voir. Ces ressources seront déposées, parce que c’est l’épargne populaire, cette institution va les gérer avec la garantie, la caution de l’État. C’est important que toutes ces ressources-là soient gérées sous la foi publique ; ces ressources seront utilisées pour financer l’intérêt général, à savoir les collectivités territoriales (communes, régions).

L’un des objectifs de la Caisse de dépôts et consignations va être de financer les équipements, les écoles, les universités, les centres de formation professionnelle, des abattoirs frigorifiques des communes. Cela permettra de mettre fin aux inégalités entre les communes, en respectant les règles des finances. La deuxième mission sera de financer les PMI et PME, afin de permettre aux jeunes talentueux de construire leurs entreprises, en leur accordant des prêts, afin de créer des richesses, diversifier notre économie et mettre fin au fonctionnariat. La troisième mission sera le secteur des logements ; il faut des logements sociaux. La caisse va financer les logements sociaux et permettre aux Burkinabè de s’offrir des maisons. Notre vision n’est donc pas une question de titre, d’honneur et de position, mais plutôt un engagement politique autrement.

Durant votre passage à la primature, pensez-vous avoir bénéficié du soutien des médias ?

Je ne peux pas juger. Je sais que les médias font leur travail, nous sommes en démocratie. Je suis fier de notre presse. Depuis mon retour au pays, j’ai vu une presse indépendante. Je ne veux pas qu’on parle bien de moi, cela ne m’intéresse pas. Si j’ai bien fait mon travail, c’est cela l’essentiel, le reste, l’histoire jugera.

Que souhaiteriez-vous que les Burkinabè retiennent de Paul Kaba Thiéba ?

Je ne savais pas que j’allais avoir l’opportunité de servir mon pays à ce niveau de responsabilité. C’est l’appel de Dieu et je remercie le président du Faso. Servir son pays est une œuvre de longue haleine. J’ai essayé de servir mon pays, pour le peu que je peux. Je n’ai certainement pas été parfait. Là, je demande aux Burkinabè de me pardonner, ce n’est pas que je n’avais pas la volonté, mais les difficultés étaient là, avec toutes les contraintes, la situation sociale, la situation sécuritaire qui font qu’on ne pouvait pas embrasser toutes les marches de manœuvres qu’on avait avant.

Sans cela, on aurait pu mieux faire. Honnêtement, je pense avoir servi mon pays ; est-ce que nous avons réussi ou pas ? Je pense que beaucoup de choses restent à faire. Ma conviction, mon souhait, c’est que les jeunes burkinabè comprennent qu’on ne peut pas bâtir une nation sans sacrifices. C’est un engagement collectif pour combattre la pauvreté, il faut un consensus collectif. Il faut de grandes ambitions dans plusieurs domaines. Nous avons une jeunesse courageuse, une jeunesse qui a versé son sang pour plus de liberté, une jeunesse qui veut travailler et qui attend une formation et une éducation. Je crois que cette jeunesse peut développer le Faso, j’ai été honoré d’avoir apporté ma contribution à cette œuvre. Je remercie le président du Faso, c’était vraiment exaltant, j’ai beaucoup aimé et c’est mieux que tout, les autres feront le reste…

Interview réalisée par :
Edouard K. Samboé
Oumar L. Ouédraogo
Mariam Sagnon (stagiaire)

Lefaso.net

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