Actualités :: Blaise Compaoré et la JNP : "J’ai failli ne pas y croire"

Kaya, place du Haut-commissariat, en ce 27 décembre, Journée
nationale du paysan, le monde rural est à l’honneur. En face de
la tribune officielle, où se sont installés le président du Faso et
les membres du gouvernement, 138 paysans. Ils sont sous les
feux de la rampe car choisis parmi les plus méritants qui
participent au quotidien, et à leur façon, au développement de
l’agriculture.

"Monsieur Claude Ariste, au nom du président du Faso et en
vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous fais Chevalier
de l’Ordre du mérite du développement rural avec agrafe
Agriculture". Cette phrase solennelle, prononcée par le Grand
chancelier de l’Ordre national, a ouvert le bal des décorations.
Parmi les bénéficiaires, des visages connus du monde des
organisations paysannes. Claude Ariste est responsable de
l’Union des fruitiers et maraîchers de Bobo ( UFMB). Paul
Ouédraogo vient de Orodara, producteur de mangues séchées
et membre de la Fédération nationale des organisations
paysannes ( FENOP). Parmi les anonymes, Lankoandé, éleveur
à Fada N’gourma, ou encore Inoussa Tao, maraîcher à Titao. La
nation, reconnaissante, leur a effort une médaille pour la
postérité.

Le président du Faso, comme à l’accoutumée, a
donné des semences améliorées et un peu de sous... 50 000 F.
CFA à chaque participant. Le ministre de la Promotion de la
femme boucle la boucle des décorations ; roulement de
tambour de la Garde nationale. Chaque paysan passe serrer la
main du chef de l’Etat. Un rituel assez long mais qui n’enlève
rien au charme d’une rencontre historique bien qu’éphémère
entre le paysan venu du fin fond du Burkina et le président du
Faso. Une rencontre inespérée. Récipiendaire ou pas, tous les
inscrits ont eu droit à la poignée de main présidentielle avant de
passer à la visite des stands où se côtoyaient les innovations
technologiques des différents instituts nationaux de recherche,
les produits locaux frais et transformés. A côté de ces produits,
les sociétés d’équipements agricoles et une banque , la BACB.

Le grand débat

Plus de deux cents producteurs étaient face au chef de l’Etat. De
18h à 23 h, l’état de l’agriculture a été passé au peigne fin. La
première partie des échanges a tourné autour de la relance du
secteur des fruits et légumes. Le forum tenu la veille dans les
locaux de l’Association pour le développement de la région de
Kaya ( ADRK), a abouti à des conclusions.

Le terminal fruitier qui sera opérationnel en avril 2004 et la
réfection des chambres froides de l’aéroport de Ouagadougou
seront les piliers de la relance de la filière. Ces mesures sont
accueillies avec satisfaction. C’est le signe que le gouvernement
est prêt à soutenir le secteur. Mais ce n’est pas suffisant. L’idée
d’une société d’économie mixte, qui faisait son chemin dans le
milieu, se précise lorsque le chef de l’Etat se prononce
là-dessus. Si telle est la solution, le gouvernement s’y attèlera
pour relancer la filière. Les propositions ne manquent pas :
développer l’esprit coopérative, la sécurisation foncière.
L’agrandissement des périmètres, le désarmement fiscal pour
les intrants et l’équipement agricole, le désenclavement des
sites de production, la chartérisation, la mise en place d’une
agence de promotion des filières liant les questions de
recherche-développement.

Pendant que les paysans égrènent leurs problèmes, les
ministres présents, chacun dans son domaine, prennent des
notes. Le président distribue ensuite la parole. Éclaircissement
par-là, rejet de telle proposition par-ci. Chaque ministre dit ce
qui est passible et ne l’est pas. Le but du jeu, mieux s’informer,
s’expliquer et rechercher ensemble des solutions. Pour le chef
de l’Etat, la journée du paysan est "une occasion de fixer de
nouvelles ambitions". Face aux succès des engagements pris
l’année dernière, le Président constate que " nous progressons
parce que nous écoutons".

En effet, l’opération 200 000 fosses fumières est réalisée à plus
de 90% et la campagne s’est soldée par un excédent céréalier.
Des engagements qui, de l’aveu du président lui-même,
paraissaient hors de portée : " J’ai failli ne pas y croire", a-t-il dit.
Sur cette lancée, les producteurs se sont engagés à nouveau.
Ils promettent un accroissement de 10% de la production des
fruits et les pécheurs, promettent 12 500 tonnes de poissons.
Toujours selon les paysans, il y aura plus de lait et de céréales
la campagne prochaine.

Pour lutter contre la morbidité de la
volaille 6 millions de gallinacés seront vaccinés. Mais ce qui
retient l’attention, c’est que les acteurs de la filière fruit et légume
ont décidé de mettre les pieds dans le plat pour relancer une
filière désorganisée depuis le désengagement de l’Etat.
Exportateurs et producteurs se renvoient la balle. Les premiers
reprochent aux seconds de ne pas tenir leurs engagements de
livrer de bons produits à temps, tandis que les seconds
accusent souvent les premiers de disparaître dans la nature
après enlèvement des récoltes. Une crise de confiance réelle
qu’il faudra résorber à travers une restructuration de la filière où
chaque maillon joue son rôle efficacement. Les uns et les
autres se sont quittés accompagnés par un froid sibérien.
Rendez-vous a été pris pour l’année prochaine en décembre ou
 ?


Le président du Faso apprécie

Si nous sommes arrivés à des excédents aujourd’hui, c’est que
ces dernières années, nous avons levé un certain nombre de
contraintes. Nous l’avons fait avec les paysans, en les
écoutant, recevant leurs propositions tout leur faisant des
suggestions. Progressivement le monde paysan est à mesure
de maîtriser son sujet. Le domaine des fruits et légumes est
très intéressant et peut être maîtrisé par les paysans. Pour
créer des revenus supplémentaires et lutter contre la pauvreté.
Ensemble nous allons voir comment lever les contraintes de la
filière et faire sa promotion.

Paul Ouédraogo, récipiendaire

Au-delà de la reconnaissance de l’Etat, je dédie cette médaille
aux organisations paysannes du Kénédougou, de la COPAKE
avec lesquels nous essayons de valoriser la production fruitière
dans notre pays. En tant que représentant d’une organisation
......, nous nous sommes battus sur plusieurs fronts pour faire
connaître le point de vue de nos membres. C’est une marque
de confiance. Avec les coups que j’ai eu à donner et que j’ai
reçus çà et là dans le mouvement paysan, je suis agréablement
surpris de cette distinction.


Les fruits et légumes au Burkina Faso

Le Burkina est caractérisé par une grande variété de fruits. On
retrouve les fruits issus des plantes pérennes (mangues,
agrumes, noix d’acajou, papayes) et ceux issus des plantes
annuelles ou bisannuelles (bananes, fraises melons et
pastèques). Les principales zones de production se situent
dans l’Ouest du Burkina, notamment dans les provinces du
Kénédougou, de la Comoé et de la Léraba.
Au niveau de la production fruitière, celle de la mangue reste la
plus importante. La variété Amélie est de loin la plus importante
avec environ 90% de la production nationale. Cette variété, est
précoce et cela lui permet d’occuper le marché avant les autres
variétés. Autrement, elle présente moins d’avantages compétitifs
que les autres dites colorées Kent et Keitt qui connaissent une
demande croissante.

La mangue représente également le principal fruit d’exportation
avec pour destination principale l’Europe.
La production maraîchère est essentiellement composée de
haricot vert, de tomate, d’oignon, de chou, de laitue, de carotte,
de pomme de terre, de gombo et de piment. Cette production
est réalisée pour la plupart en saison sèche dans les jardins
potagers, les périmètres irrigués et les bas-fonds. Les
estimations font état d’une production de 40 000 tonnes. La
plupart des légumes sont reversés sur les marchés locaux,
avec un fort taux de perte due à la faiblesse des infrastructures
de stockage et de conservation. Le haricot vert, le gombo et le
piment sont exportés vers la sous-région : Ghana, Togo et
Bénin. Le haricot vert reste la principale légumineuse
d’exportation.

Le Conseil national de l’eau installé

En marge de la journée nationale du paysan , le ministre de
l’Agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques a
installé le 26 décembre, le Conseil national de l’eau (CNE).
La CNE est un organe consultatif, compétent pour donner un
avis sur toute question touchant à la ressource eau. Composé
de 64 membres triés sur le volet, le conseil est présidé par
Mamadou Lamine Kouaté, directeur général de l’Office national
de l’eau et de l’assainissement (ONEA). Cette installation
marque une étape importante dans la mise en oeuvre du Plan
d’action pour la gestion intégrée de l’eau (PAGIRE) adopté en
mars dernier. Le CNE fait de la gestion concertée de l’eau son
cheval de bataille. Pays sahélien, la ressource eau est rare. Sa
gestion devient alors stratégique. Sa composition associe l’État,
la société civile, le secteur privé et toutes les autres
composantes de la société. Le CNE se prononce à la demande
du gouvernement sur les projets de loi, les grands projets
d’aménagement ,etc. Il peut également s’auto-saisir le cas
échéant.

Abdoulaye TAO
Le Pays

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