Actualités :: 8e édition de la journée nationale du paysan à Kaya : Blaise Compaoré face au (...)

Après

N’Dorola dans la province du Kénédougou en décembre 2002, c’est au tour de la ville de Kaya, chef-lieu de la province du

Sanmatenga, d’accueillir le 27 décembre 2003, la 8e édition de la journée nationale du paysan (JNP). Environ 814 producteurs

venus des quatre coins du Burkina Faso s’y étaient rassemblés pour faire le bilan de leurs engagements pris en 2002 et exposer

aux autorités du pays les problèmes du monde rural.

"Relance de la filière des fruits et légumes comme contribution à la

lutte contre la pauvreté au Burkina Faso". Tel a été le thème de la 8e édition de la JNP. Cette journée qui est un moment de

rencontre des autorités de l’Etat avec la base, notamment les producteurs et productrices, a connu une forte mobilisation tant

au niveau du sommet (2/3 des membres du gouvernement) qu’au bas de l’échelle (populations de Kaya et producteurs). Car

l’heure de faire le bilan de la mise en œuvre des engagements pris à N’Dorola et de soumettre au président Blaise Compaoré et

à sa suite les préoccupations du monde rural était venue. C’est le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de

l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Salif Diallo qui a fait le point des réalisations des engagements et exprimé les

contraintes des paysans.

Le secteur agricole

S’agissant du relèvement du niveau de fertilité des sols, 196 000

fosses fumières sur une prévision de 200 000, ont été confectionnées. Le taux de réalisation de cet engagement est de 98% en fin

novembre 2003. Actuellement la production de fumure organique est estimée en moyenne à 800 000 tonnes par an pour la

fertilisation des sols.

En ce qui concerne la production en saison sèche par la petite irrigation villageoise, elle a

atteint 25 235 tonnes dont 24 945 tonnes de maïs et 290 tonnes de niébé. Ce qui a permis d’obtenir une production additionnelle

de céréales équivalant 71% des prix du maïs sur les marchés tout au long de l’année. Des actions pour la production et la

promotion de l’utilisation des semences améliorées ont été également menées après la 7e édition. Ainsi 360 producteurs

semenciers, 17 inspecteurs semenciers et 140 agents d’encadrement ont-il été formés et sensibilisés. Huit (8) fermes

semencières ont été elles-aussi réhabilitées. Sur les treize (13) régions agricoles que compte le Burkina, huit (8) disposent de

quinze (15) groupements de producteurs semenciers qui totalisent 421 membres.

En outre, l’engagement de la Confédération

paysanne du Faso d’œuvrer à la mise en place des chambres régionales d’agriculture en 2003 a été respecté. Le Burkina compte

désormais treize (13) chambres régionales d’agriculture qui ont pour objectif la prise en charge par les producteurs eux-mêmes

de leur devenir. En 2003, la production céréalière a atteint un record de 3 647 000 tonnes avec un excédent de 1 008 600 tonnes.

Cette performance est due entre autres, à l’utilisation des semences améliorées, la production et à l’application de la fumure

organique, la mécanisation agricole et au programme Saaga, à en croire les autorités du département de

l’Agriculture.

Les secteurs des Ressources animales et halieutiques

Des efforts ont été également enregistrés

dans ce domaine. On note la diffusion de plus de 500 animaux de race performante, la mise en place d’un Centre national

d’élevage et d’amélioration génétique, la vaccination de plus de 30% du cheptel contre la péripneumonie contagieuse bovine,

l’appui au développement de l’élevage traditionnel de la volaille.

Pour ce qui est du secteur des Ressources

halieutiques, il ressort que des actions ont été engagées notamment pour la réhabilitation de la station d’alevinage de Bazèga.

Aussi cite-t-on l’identification de six (6) autres stations à travers le pays. Ces stations seront réalisées et de nouvelles

méthodes de pisciculture introduites sont en cours de vulgarisation. Le bilan paraît dans l’ensemble

satisfaisant.

Engagement non réalisé : la relance de la filière fruits et légumes

S’il y a eu beaucoup de

réalisations des engagements pris en 2002 par les producteurs et productrices et le gouvernement, celui concernant la filière

des fruits et légumes n’a pas pu être concrétisé. C’est pourquoi il a été question à cette VIIIe édition de trouver les voies

et moyens de relance de ladite filière. Le Burkina Faso est caractérisé par une grande diversité des productions fruitières. Ces

productions sont estimées à plus de 800 mille tonnes par an.

Cependant la filière des fruits et légumes connaît

aujourd’hui de nombreuses difficultés dont les effets sont fortement ressentis. En 1996, la production était estimée à 85 mille

tonnes pour la mangue, 70 mille tonnes d’agrumes et 10 mille tonnes de bananes. En 2000, ces quantités ont grandement baissé.

On a enregistré pour les mangues entre 35 000 et 40 000 tonnes, les agrumes estimées 24 000 à 30 000 tonnes et les bananes

évaluées entre 70 mille et 80 mille tonnes. La part du marché a chuté pour près de 58,7%, les mangueraies sont vieilles et de

moindre qualité. Un programme de réhabilitation des vergers a été initié et mis en œuvre avec la première phase dans les

provinces de la Comoé, la Léraba, du Kénédougou. Cette phase concerne 24 290 ha. Le programme s’étendra par la suite sur le

reste du territoire national.

La situation de chute libre concerne aussi la production maraîchère. S’agissant du haricot

vert, sa production et sa commercialisation ont connu un recul important. Les exportations de ce produit ont baissé de 66,6%. En

somme, la contribution de la filière des fruits et légumes au produit intérieur brut (PIB) est passée de 4,5% en 1997 à 2,9% à

l’heure actuelle. D’où la nécessité de la relance de la filière.

Actions entreprises et recommandations du

forum

"La relance de la filière des fruits et légumes constitue une priorité nationale ; c’est pourquoi des actions ont

été entreprises en vue de la sortir de la léthargie dans laquelle elle est plongée", déclare le ministre Salif Diallo. Il

s’agit entre autre de la construction d’un terminal fruitier qui sera opérationnel au plus tard en avril 2004.

La

capacité de conditionnement de ce terminal est de 4000 tonnes de mangues, 1500 tonnes de melons, 2000 tonnes de tomates et de

1000 tonnes de haricot vert par an.

La réhabilitation des chambres froides qui seront fonctionnelles en mars 2004, la

réalisation de marchés de gros par la réhabilitation des aires de vente, l’élaboration des termes de références d’une étude de

faisabilité pour la création d’une société mixte de promotion de ladite filière ; telles sont les actions

entreprises.

Pour donner force à ces actions et trouver des solutions concrètes et définitives aux problèmes de la

filière, un forum des producteurs a été organisé le 26 décembre 2003 (veille de la JNP). Forum au cours duquel le premier

responsable du département de l’Agriculture a précisé qu’il s’agissait de faire des propositions concrètes et non "des

propositions généralistes et généralisantes". Au terme de ce forum, les producteurs ont élaboré six principales recommandations

portées à la connaissance du chef de l’Etat. Ce sont : la création d’un fonds de garantie par l’Etat, la mise en place d’un

mécanisme de suivi-évaluation des activités de la filière, l’élaboration et l’adoption de cahiers des charges à l’attention

des différents acteurs, la création de petites unités de transformation, la création d’un cadre de concertation

interprofessionnel fonctionnel et enfin la mise en place d’une société d’économie mixte qui est une association entre l’Etat

et les acteurs privés du secteur.

Des efforts récompensés

La JNP, cadre d’échanges entre les politiques, les

paysans et autres partenaires agricoles est aussi un moment d’encouragement des braves producteurs pour leur ardeur au travail.

Ainsi, 138 producteurs ont-ils été distingués à cette 8e édition. 82 ont été faits chevaliers de l’Ordre du mérite du

développement rural avec agrafe agriculture. Le secteur de l’élevage arrive en seconde position avec 53 récipiendaires, les

secteurs de l’environnement et de la pêche suivent avec respectivement 2 et 1 récipiendaires.

En plus de ces

distinctions, ce sont des attestations et des semences améliorées qui ont été remises aux producteurs. Le président Compaoré a

également offert à chaque producteur la somme de cinquante mille (50 000) francs CFA. Les paysans ont à leur tour fait hommage

aux autorités du Burkina en leur offrant ce dont ils disposaient. Le chef de l’Etat a reçu un cheval, un sac en cuir, les

présidents de l’Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel ont aussi été gratifiés de sacs en cuir. Ce sont là une

expression de reconnaissance du monde rural envers les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) définis par la

Constitution du Burkina Faso.

Visite de stands d’expositions et de réalisations maraîchères

Les autorités ont

visité des expositions de produits agricoles et maraîchers. Des expositions qui ont révélé des richesses immenses et des

avancées significatives dans l’invention des techniques agricoles. Des encouragements ont été adressés aux différents exposants

par les autorités.

L’après-midi du 27 décembre a permis aux premiers responsables du Burkina Faso de voir de visu les

réalisations maraîchères au bord du Lac Dem situé à 15 km de la ville de Kaya. Une superficie de 15 hectares est exploitée par

près de 800 maraîchers dont 600 femmes. A travers quatre stations de production, le chef de l’Etat et sa suite ont pu visiter

le développement d’un certain nombre de thèmes à savoir la Gestion intégrée de la production et des déprédateurs (GIPD),

l’utilisation de moyens d’exhaure et de techniques d’irrigation et enfin des techniques de production de la fumure organique.

Les exploitants ont profité de cette visite pour leur exposer leurs contraintes qui sont entre autres l’ensablement du lac,

l’insuffisance de parcelles aménagées, les difficultés d’accès aux intrants et au matériel agricole, la méconnaissance des

normes de qualité des produits agricoles, les difficultés d’accès au crédit. Des difficultés que les uns et les autres ont

enregistrées, peut-être qu’elles seront résorbées dans les mois à venir.

Le face-à-face

Le président Compaoré, le

chef du gouvernement, Ernest Paramanga Yonli, les ministres et les autres partenaires (banquiers, SOPROFA, INERA) étaient face

aux producteurs dans la soirée de cette JNP. C’est une tribune qui a été offerte au monde rural pour l’expression de ses

contraintes majeures et de prendre des réels engagements pour l’année 2004.

De la production agricole à la

transformation des produits et leur commercialisation, ce sont plusieurs sollicitations qui ont été formulées à l’endroit des

autorités et des autres acteurs du secteur. Le président Blaise Compaoré qui dirigeait les échanges entre les parties a invité

les paysans à exposer toutes leurs difficultés. C’est ainsi que des problèmes comme la sécurisation foncière, la formation des

producteurs, la vulgarisation des méthodes agricoles, la réhabilitation de l’aéroport de Bobo-Dioulasso, la levée des barrières

policières, les pistes rurales, le désarmement fiscal sur les intrants agricoles ont été relevés par les producteurs. Les

ministres de l’Agriculture, des Ressources animales, des Finances, de l’Economie, de la Recherche scientifique et même le

Premier ministre ont été invités à prendre la parole pour répondre aux problèmes exposés par les paysans. Les banquiers en

l’occurrence les agents de la Banque agricole et commerciale du Burkina (BACB) et les structures œuvrant dans le domaine

agricole ont aussi été invités à prendre la parole devant les paysans. Toutes les filières des départements de l’Agriculture,

des Ressources animales et de l’Environnement ont pu pendant près de 4 heures s’exprimer librement à cette tribune. Une

tribune que le chef de l’Etat a jugée très utile pour fédérer les idées.

Les nouveaux engagements pour 2004

La

Confédération paysanne du Faso dont François Traoré est le président a pris un certain nombre d’engagements auprès des

autorités burkinabè. Parmi ces nombreux engagements, on peut citer l’accroissement à 10% du taux de production de la filière

des fruits et légumes, la production de 12 500 tonnes de poissons en 2004, la vaccination de 6 millions de volailles, la

production d’un (1) million de bottes de foin, la valorisation des produits locaux, l’augmentation de la production céréalière

avec la réalisation de nouvelles fosses fumières, la réduction du taux de superficies consumées par les feux de brousse de

30%.

Le président Compaoré a invité les ministres et les autres partenaires des producteurs à œuvrer à la résolution des

préoccupations soulevées à cette 8e édition. Il a par ailleurs félicité les autorités du Sanmatenga et de Kaya en particulier

pour l’organisation et la mobilisation constatées à cette JNP. Blaise Compaoré a enfin pris l’engagement d’œuvrer à la

consolidation des propositions faites et promis en 2004 la mise en place d’une structure d’économie mixte sollicitée par les

producteurs.

Enok KINDO
Sidwaya

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