Le président du
Faso, Blaise Compaoré, a séjourné du 20 au 22 décembre dernier, à Tripoli, dans la Jamahiria arabe libyenne socialiste. Pendant
les trois jours, les présidents Compaoré et Kadhafi ont passé en revue les relations bilatérales et les questions liées aux
relations internationales.
C’est autour de 16 heures 30 TU (18h30 heure libyenne) que le président Blaise Compaoré,
accompagné d’une forte délégation, a été accueilli sur le tamarc de l’aéroport international de Tripoli sous la pluie. Après
des échanges protocolaires avec les officiels libyens et l’ambassadeur du Burkina en Libye, Youssouf Sangaré, Blaise Compaoré
et ses hôtes se sont rendus à Darha, dans la résidence du guide de la Jamahiria arabe libyenne. C’est un cordon sécuritaire qui
a accompagné le président Blaise Compaoré tout au long du trajet et jusque dans la résidence du guide. Comme à l’accoutumée,
c’est dans une tente installée dans l’enceinte du palais que Blaise Compaoré a eu des échanges d’environ une trentaine de
minutes avec son homologue libyen.
A l’issue de ces échanges où rien n’a filtré, le président du Faso a rejoint son
hôtel El Khaber situé en plein cœur de Tripoli. Les échanges "croustillants" entre les parties libyenne et burkinabè ont
commencé dans la matinée du dimanche 21 décembre et se sont achevés très tard dans la nuit. La partie burkinabè était dirigée
par les ministres Salif Diallo de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques et Jean Baptiste Compaoré,
des Finances et du Budget. Ces deux membres du gouvernement étaient appuyés par la directrice de la dette publique, Lucie
Kompaoré et l’ambassadeur du Burkina à Tripoli. Les travaux se sont tenus à huis clos dans l’enceinte du ministère libyen
chargé des Finances.
Aucun message n’a filtré de cette entrevue au niveau ministériel. Mais la partie burkinabè de
retour dans son hôtel d’accueil, a passé une nuit blanche pour, semble-t-il, ficeler des termes d’accord. Certains membres de
la délégation présidentielle sont restés en contact avec Ouagadougou pour le réajustement des termes de ces accords non encore
élucidés. Des indiscrétions font état de la volonté du Burkina, de contracter des prêts relatifs à la création d’une banque et
des réalisations d’infrastructures de transport.
D’ailleurs, le président du Faso a dit que cette rencontre était une
occasion pour évaluer la coopération bilatérale notamment en ce qui concerne la réalisation d’un certain nombre
d’infrastructures dont un complexe hôtelier, la nouvelle banque d’investissement, de commerce de la CENSAD.
Nul doute
que les concertations entre Libyens et Burkinabè avaient pour but de finaliser des termes de projets longtemps concoctés et qui
sont maintenant en phase de réalisation. Même si le concret tarde à venir, la délégation burkinabè se dit satisfaite des
résultats des échanges.
Des accords de principe acquis...
La nouvelle banque d’investissement, de commerce devra
connaître son démarrage en 2004 avec un capital de 250 millions de dollars. Les membres fondateurs dont le Burkina Faso doivent
avoir 5% des actions. La banque de la CENSAD aura son siège en Libye. Le président Blaise Compaoré s’est attelé au cours de son
séjour libyen, à accorder les violons avec le guide sur cette question économique. Un second tête-à-tête a eu lieu dans le
palais de Darha entre les deux hommes d’Etat, dimanche dans la soirée. Pendant environ une trentaine de minutes, Blaise
Compaoré et Mouammar Kadhafi ont pu écouter les résultats des travaux ministériels. A l’issue de cette entrevue, le guide de la
Jamahiria arabe libyenne a offert un dîner au président du Faso et à sa délégation. D’autres invités du guide dont Jean Pierre
Bemba du RCD N’Goma, le président ukrainien ont pris part à ce sympathique dîner agrémenté par des prestations de troupes
musicales libyennes.
Auparavant, le chef de l’Etat, à son hôtel El Khaber Hôtel, a reçu en audience des personnalités
libyennes et des représentants de la communauté burkinabè.
Des sources dignes de foi ont laissé entendre que le colonel
Mouammar Kadhafi gratifiera le président du Faso d’un autre avion. Cet appareil arrivera dans la capitale burkinabè début
janvier 2004. Quant à Faso airways, le patron qui était du voyage doit se frotter les mains, car son appareil qui était en
réparation depuis plus d’un mois en Libye, sera entièrement rénové. On estime à plus d’un milliard de nos francs, la somme à
injecter dans la réparation de cet appareil.
Le voyage du président Blaise Compaoré s’est achevé sur une note d’espoir,
au plan du renforcement des liens de coopération et d’amitié entre les deux pays. En prélude aux grands événements à venir,
dans le domaine de l’emploi, de l’agriculture, de la défense, de l’eau, les deux chefs d’Etat ont balisé le terrain en
procédant à des échanges de vue. Blaise Compaoré s’est particulièrement réjoui de la volonté du pouvoir libyen à renouer les
liens avec les puissances étrangères.
Emmanuel BOUDA
Envoyé spécial à Tripoli
Blaise
Compaoré apprécie son séjour libyen
Pendant ces trois jours de visite d’amitié et de travail en Libye, Blaise
Compaoré a eu un carnet d’activités très chargé. Dans cette interview qu’il nous a accordé à la fin du voyage, il revient sur
les temps forts de son séjour en terre libyenne.
Sidwaya : Excellence, vous avez séjourné du 20 au 22 décembre en Libye.
De quoi a-t-il été question ?
Cette visite s’inscrit dans le cadre des traditions de concertation que nous avons avec la
Libye au plus haut niveau, lorsqu’il s’agit de questions essentiellement continentales. Nous avons des grandes rencontres au
niveau du continent africain, sur l’agriculture, l’eau, la défense... sur l’emploi en Afrique. C’est sur ces questions que
nous avons voulu avec le président Kadhafi avoir des échanges sur la manière de conduire ces grandes discussions qui sont d’une
préoccupation pour le continent africain.
Nous avons aussi profité de cette occasion pour évaluer la coopération
bilatérale notamment, en ce qui concerne la réalisation d’un certain nombre d’infrastructures dont le complexe hôtelier, les
infrastructures routières. En début d’année 2004, nous verrons le démarrage des activités de la nouvelle banque
d’investissement, de commerce de la CENSAD. Tout cela pour souligner la qualité et l’excellence des relations entre nos deux
pays.
S. : Au plan international, le guide libyen a dit qu’il était ouvert à une venue des inspecteurs en désarmement
dans son pays. Quel est exactement sa position ?
B.C. : Nous avons surtout saluer la disponibilité de la Libye à
s’inscrire dans la mouvance internationale surtout à l’égard des réalités pour la Libye qui sont d’abord la Méditerranée. Il
faut créer un environnement de bon voisinage avec tous les pays de la Méditerranée. La Libye, en raison de son implication de
plus en plus grande dans les affaires africaines, dans la construction de l’unité du continent, mais aussi de ses capacités à
contribuer pour la paix et la sécurité internationale, nous nous sommes réjouis de voir qu’il y a des pas significatifs qui
sont faits, et reconnus par des grands pays du monde. Pour nous qui suivions la politique étrangère de la Libye depuis un
certain temps, ces résultats ne nous étonnent pas. De par le passé, le pays a eu des positions sur les faits comme l’apartheid,
la lutte anti-coloniale qui n’ont pas été convenables pour certains pays.
Il reste que depuis ces dernières années,
c’est un pays qui fait beaucoup d’efforts pour consolider l’amitié, la paix entre des nations.
Nous saluons la
disponibilité de la Libye et des grands pays à l’associer de plus en plus dans le traitement des questions
internationales.
S. : Vous avez parrainé les négociations entre les protagonistes tchadiens. Cependant, l’aile dure de
la rébellion a refusé ces accords. Est-ce que ce sujet a été abordé avec la Libye qui a de bons rapports avec ce pays
?
Nous en avons parlé, surtout pour avoir le soutien de la Libye, pour la mise en œuvre de ces accords dont la signature
a été réalisée à Ouagadougou. Une des dispositions indique que le Burkina Faso, pays médiateur doit être saisi lorsqu’il y aura
des difficultés d’application de cet accord. Au regard de la position géographique de la Libye et de ses liens avec le Tchad,
nous avons sollicité son concours pour que progressivement on amène toutes les parties à s’associer dans la mise en œuvre de
cet accord.
Propos recueillis par
Emmanuel BOUDA à Tripoli
Environ 400 Burkinabè en
Libye
La Libye est un centre de convergence pour les populations de pays sahéliens comme le Burkina. Les bassins
agricoles de Bengazi et autres régions agricoles accueillent nos compatriotes. On compte environ 400 Burkinabè disséminés en
Libye à la recherche de l’eldorado. Malheureusement, ceux que nous avons rencontré à Tripoli ont la nostalgie de la patrie. Les
conditions d’adaptation seraient difficiles. A en croire Sékou Ouédraogo du Bureau de la communauté burkinabè, il est difficile
de se déplacer d’une région à une autre tellement le racket policier est très intense.
Il serait difficile d’obtenir
des sous et pouvoir repartir avec cet argent dans son pays. Le constat dans cette partie de l’Afrique est que les "sales
boulots" sont réservés aux Nègres.
E.B.
Sidwaya
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