Les derniers éléments politiques qui ont enregistré des congrès et des conférences de presse donnent aussi l’occasion aux observateurs de la chose politique de s’exprimer. Ainsi, sur le comportement de certains leaders de partis, nos lecteurs sont critiques entre eux-mêmes, à l’instar de Mahamoudou Zongo qui réagit à un écrit de Vincent Yaméogo.
"Un chat est un chat !", avait dit feu le président Thomas Sankara. "La Haute Volta est un pays de savane où tout le monde se voit !", avait dit un de ses illustres prédécesseurs à la tête de ce pays devenu Burkina Faso, autrement dit « Pays des hommes intègres ». Ceci pour dire que le tronc d’arbre a beau séjourné dans l’eau, il ne saurait devenir un caïman. De quoi s’agit-il ?
Je prends la plume pour réagir à la sortie honteuse d’un prétendu laudateur de Hermann Yaméogo (si ce n’est lui-même), qui prétend donner des leçons de morale et d’éthique politiques, en prenant comme exemple le pire des hommes politiques que notre pays ait connu depuis ces vingt (20) dernières années. M. Vincent Yaméogo (tiens !), dans une déclaration parue dans l’Observateur paalga du mercredi 06 juillet 2005, ne tarit pas d’éloges pour son idole visionnaire, tout en fustigeant très sévèrement Gilbert Ouédraogo et l’ADF/RDA, ainsi que l’OBU, avant de remettre en cause la probité de partis tels que le PDP/PS, le FFS et le RDEB.
Pour ce qui est de Gilbert Ouédraogo et de l’ADF/RDA, l’ensemble de l’opinion est unanime à condamner son récent soutien à la candidature de Blaise Compaoré, alors même qu’il se réclamait Chef de file de l’opposition, et que son parti avait une belle partition à jouer pour la réalisation de l’alternance tant souhaitée. En ce qui concerne le cas de l’OBU, l’on tombe tout simplement à la renverse devant un comportement aussi dégradant et irresponsable de prétendus opposants qui se targuaient de faire tout dans la transparence et l’intégrité. Je conviens avec monsieur Vincent Yaméogo que là les masques sont vraiment tombés !
Mais il y a longtemps que tous les masques d’un monsieur comme Hermann Yaméogo sont tombés, et ses gesticulations actuelles au sein de l’opposition ne sauraient guère tromper que ceux qui refusent de réfléchir et de voir. Notre peuple n’a tout de même pas oublié la haute trahison de Hermann sous la CFD ; encore moins la récente forfaiture de ce monsieur sous le Collectif. Et que dire de ses multiples participations aux gouvernements successifs de Blaise Compaoré ? De même nous retenons encore que c’est pour récupérer les biens de son père que Hermann Yaméogo a « lutté » et trahi à plusieurs reprises, mais pas pour le peuple et le pays. Pourquoi se battrait-il subitement et maintenant pour le pays et pour la démocratie, qu’il a toujours royalement ignorés, préférant être la seconde épouse de Blaise Compaoré ?
Qui nous dit qu’il ne sera pas le premier à trahir encore le peuple et l’opposition en cas de second tour où il ne serait pas présent ? Il est tellement habitué aux fauteuils moelleux des cabinets ministériels et aux « feuilles » qui les accompagnent ! Quant au deuxième candidat d’Alternance 2005, Philippe Ouédraogo, il n’est opposant que parce que Blaise Compaoré l’a écarté du plat de soupe : l’opposition politique crédible n’est pas synonyme d’esprit revanchard... Je n’en dirai pas plus ! Bénéwendé Sankara, lui, pense déjà qu’il est le plus grand opposant, alors qu’il est le dernier venu en politique, où l’apprentissage est long, très long : il devrait réfléchir davantage. D’ailleurs, la rumeur de ses accointances avec le pouvoir court le pays, et il ne serait pas étonnant qu’il se retrouve dans la même situation que Laurent Bado et Emile Paré très bientôt.
Il y a des modèles de vertu De la remise en cause de partis tels que le PDP/PS, le FFS et le RDEB, que vous dire, monsieur Yaméogo, sinon que c’est votre droit absolu ! Cependant, si Ram Ouédraogo du RDEB a déjà pactisé avec ce diable de Blaise Compaoré et son CDP, comme d’ailleurs Hermann, Philippe, Laurent et Emile (et peut-être beaucoup d’autres encore), vous semblez aller trop vite en besogne en ce qui concerne le doute à peine voilé que vous émettez sur le professeur Ali Lankoandé (digne successeur du Pr Joseph Ki-Zerbo) du PDP/PS et Norbert Tiendrebéogo du FFS.
Même si on n’aime pas le lièvre, il faut lui reconnaître sa pointe de vitesse exceptionnelle ! Nous n’avons jamais entendu citer le nom du PDP/PS dans les sales affaires de corruption de la classe politique, et nous espérons que cela ne va pas commencer maintenant.
Norbert Tiendrebéogo a lui même révélé lors du procès sur le prétendu coup d’Etat dans lequel on l’avait inculpé comment il avait reçu des propositions de soutien d’un émissaire du Chef de l’Etat et comment il avait, avec dignité, refusé l’offre. Et pourtant tout le monde sait que son parti est l’un des plus démunis du pays.
Ce que Norbert Tiendrebéogo a refusé, d’autres comme Laurent Bado et Emile Paré l’ont accepté, et l’on en constate aujourd’hui les conséquences désastreuses. A mon humble avis, monsieur Vincent Yaméogo, ce sont des partis comme le PDP/PS et le FFS que vous auriez dû prendre en exemple.
A l’heure où la morale agonise dans la classe politique, ce sont les Ali Lankoandé et les Norbert Tiendrebéogo que vous devriez montrer au peuple et surtout à la jeunesse comme des modèles de vertu.
Toute autre démarche est tout simplement partisane et donc douteuse. Pour terminer, il serait bienséant que vous arrêtiez de nous faire croire qu’en dehors des candidats d’Alternance 2005, il n’y a point d’espoir d’alternance au soir du 13 novembre 2005.
C’est avec toutes les forces de l’opposition que cette alternance sera possible, et non pas dans les querelles mesquines et les soupçons que vous et vos semblables entretenez : vous n’aidez pas ainsi l’opposition, vous n’aidez pas ainsi le peuple burkinabè.
Zongo Mahamoudou
L’Observateur Paalga
