« Je déclare solennellement qu’à partir de ce jour, quiconque me traitera de vendu, de corrompu, aura à en répondre devant la justice ». Les malhonnêtes, les mauvaises langues sont donc prévenus : gare à celui qui va parler de corruption au sujet de ce que la presse (encore elle !) qualifie de « financements occultes ».
Non, le Professeur n’est pas du tout un vendu. Il a simplement bénéficié de la générosité d’amis soucieux« de construire une opposition forte et constructive », rien à dire. D’ailleurs qui vous a dit que recevoir des largesses de 45 millions de FCFA dans ce Burkina pauvre et sec est un privilège ? Puisque « si je recherchais des privilèges en ce monde, j’aurais eu une place de choix sous la Révolution et sous la IVe République ».
Bado est propre, personne n’en doute. Reste que cet « homme de caractère et d’idéal » a été reçu nuitamment par le président du Faso. Une visite nocturne assortie d’une promesse de « subvention » de 45 millions de FCFA (ce n’est pas donné à tout le monde). Ne vous trompez pas, ce n’est point de « l’enrichissement illicite ou sans cause ».
C’est juste une « aide » pour bâtir « une opposition forte et constructive ». Si vous êtes mal intentionné et que vous cherchez donc des gens qui soupent à la présidence du Faso, allez voir ailleurs. Car recevoir de l’aide de Blaise Compaoré pour construire une opposition forte contre Blaise Compaoré, ce n’est pas « manger chez Blaise », rien à voir. Un véritable cas d’école : aider financièrement vos adversaires pour bien vous combattre ! Sur cette terre, on verra tout.
Et si par un concours de circonstances, la visite des responsables de l’OBU chez le président du Faso a été nocturne, c’est pour que l’information soit connue de tous par souci de transparence parce que certainement on voit mieux la nuit ! Même si, jusqu’à présent, Bado ne dit pas grand chose de la teneur de leurs entretiens avec Blaise Compaoré.
Mais l’homme savait que dans ce pays de savane, il n’y a point de secret qui tienne. Euh ! surtout « que des militaires nous ont vus entrer chez Blaise la nuit ! » et qu’un mauvais gendarme qui ne savait pas garder sa langue dans sa poche, a déclaré dans un kiosque à café « que nous deux (Paré et Bado) avons été reçus par Blaise Compaoré ! »
Donc finalement « comme ce qui est voilé sera un jour dévoilé et ce qui est secret sera un jour publié », il a fallu plus d’un an pour que cette généreuse « subvention » à l’OBU (30 millions encaissés) soit portée à la connaissance du peuple à la faveur de dissensions entre les deux partenaires.
D’ailleurs qu’importe l’origine de cette cagnotte. L’essentiel c’est qu’elle ait servi « judicieusement » à acheter notamment une fourgonnette « France-au revoir » certes pour le parti, mais enregistrée au nom de qui ? Le professeur ne nous le dit pas encore.
Cette subvention vient-elle des cotisations des militants du CDP ou des caisses de l’Etat ? La réponse importe peu. Il paraît que l’argent n’a pas de couleur. Ce qui compte c’est la bonne intention de « nos bienfaiteurs » de l’ombre (on ne connaît pas tous les noms à ce jour en dehors de celui du chef de l’Etat).
Un dernier appel : « vous tous qui constituez l’armée d’élite pour bouter hors du Burkina l’injustice, la corruption, les inégalités, l’enrichissement illicite ou sans cause, les fraudes et les arnaques (...) », ne vous découragez pas et n’écoutez surtout pas les colporteurs qui veulent abaisser le professeur, lui nuire et le détruire...
Car, c’est de notoriété publique, Bado est « droit comme un teck de Pabré » et son honneur, sa dignité, sa droiture morale et intellectuelle « n’ont pas de place au marché de Zabre-Daaga ». Enfin, le professeur nous rappelle bien à propos que le tristement célèbre Néron « disait qu’en politique, plus le mensonge est gros, plus le peuple se laisse facilement convaincre ». Justement, il ne s’agit pas ici de mensonge, ne vous laissez donc pas convaincre.
Bagassy Koura, Journaliste independant (kgermain@voila.fr)
L’Observateur
