Actualités :: Vie politique nationale : Le MPP, un parti condamné à des tares congénitales (...)

« Si les gens critiquent aujourd’hui le MPP, c’est parce que nous-mêmes avons prêté le flanc. (…). Le problème, c’est nous-mêmes et il faut qu’on corrige cela. C’est nous-mêmes qui donnons des fouets à l’opposition pour nous mâter, c’est mauvais ! S’il y a un problème entre nous, qu’on s’asseye, on se dit les vérités ; si des larmes doivent couler qu’elles coulent, si on doit se serrer des cols qu’il en soit ainsi… et on ressort publiquement plus soudés en disant : vive le MPP ! », s’était lâché avec verve, le deuxième secrétaire adjoint au secrétariat exécutif du MPP, Alassane Bala Sakandé.

C’était le 11 novembre 2017, lors d’une assemblée générale que le tout nouveau président de l’Assemblée nationale tenait avec les militants de la province du Kadiogo (d’où il est élu). Ce jour-là, et alors que l’actualité était cristallisée par cette affaire dite de « visite armée de Simon Compaoré aux domiciles de députés dissidents UPC », Alassane Bala Sakandé n’était pas passé par quatre chemins pour interpeller les siens sur ces incohérences internes qui risquent de coûter de la quinine au parti. Il avait également bien précisé (en filigrane) que 2020 ne sera acquis que lorsque le parti présentera un bilan satisfaisant et ce, dans la cohésion. Six mois après cette sortie qui a, en son temps, fait des grincements de dents dans les rangs, l’on peut dire que cette interpellation mérite bien d’être actualisée à tous les échelons du « parti du soleil levant ».

Pourtant, s’il y a bien un parti politique sur l’échiquier national qui devrait être riche de son passé et de son vécu, à même de s’en inspirer, c’est bien le Mouvement pour le peuple et le progrès (MPP), parti au pouvoir. De l’origine de sa création à l’épisode noir des municipales de mai 2016, ces crises de clans au sein de certains conseils municipaux (Saponé est une illustration parfaite)…, sont entre autres éléments qui devraient servir à éviter certaines pertes d’énergies, le seul combat qui vaille étant celui de la mobilisation pour la mise en œuvre effective du programme de son candidat, Roch Kaboré.

Et comme si les combats internes ne suffisaient pas, c’est maintenant sur la place publique (réseaux sociaux et autres espaces publics) et par des canaux de l’incivisme, que les « camarades » ont décidé de transporter ce qui est sensé se régler en « famille politique ». Ce qui n’est certainement pas à déplaire à ses adversaires politiques qui trouvent en cette situation, des arguments en leur faveur.
La dernière actualité vient de Bobo-Dioulasso, province du Houet, où la direction politique nationale du parti avait rendez-vous ce dimanche, 8 avril dans le cadre du renouvellement de la structure provinciale du parti. Une mission qui a été conduite par le 3ème vice-président chargé des relations extérieures, Issa Dominique Konaté, coordonnateur régional des Hauts-Bassins (dont relève le Houet). Mais, cette rencontre a tourné au vinaigre ; des militants ayant empêché le choix du secrétaire général adjoint (l’on apprend de sources internes que l’occupation du poste de secrétaire général adjoint est encadrée par des directives du parti dans le souci de prendre en compte des réalités locales…).

Selon des explications d’un interlocuteur de la structure locale du parti, ce qui s’est passé le dimanche n’est simplement qu’un acte du secrétaire général adjoint sortant qui, ayant eu vent qu’il ne sera pas reconduit, a organisé cette "descente musclée’’ pour donner l’allure que celui qui est pressenti pour prendre sa place est impopulaire et que la base n’est pas d’accord avec lui. « Il (secrétaire général adjoint sortant, ndlr) est allé convoyer des jeunes, je ne dirais même pas des militants, il y en a qui étaient même ivres, pour venir s’en prendre à la délégation du parti. Il a également mobilisé un groupe de femmes, qui ont dit après qu’on leur a dit qu’il s’agissait d’aller parler de questions de lotissements. Sinon, il n’y a rien d’autres, aucune liste n’a voulu être imposée de Ouagadougou ; c’est simplement l’œuvre de quelqu’un qui a peur de perdre son poste. Et comme l’objectif, c’est de donner l’impression à l’opinion que ça ne va pas à Bobo, ils ont tout de suite commencé à faire du tapage sur les réseaux sociaux pour donner de l’ampleur à leur acte, sinon, rien d’autre », relate ce responsable qui était sur les lieux, contacté dans la soirée de lundi, 9 avril.

Pour cette autre source locale également, cette « situation était prévisible ». « C’est un vieux problème qui est en train de s’éclater aujourd’hui. Je sais que quand le président du Faso est venu pour la SNC, il a échangé à huis-clos (je n’y étais pas personnellement) sur cette question avec des militants. Avant lui, le Premier ministre en a fait de même lors de son séjour pour l’ouverture de la SNC », croit savoir ce cadre du parti, également contacté dans la soirée de lundi. Dans ses propos, ce dernier soulève plusieurs réalités auxquelles fait face son parti à Bobo-Dioulasso. « En réalité, il n’y a pas de leader politique qui fait le poids à Bobo-Dioulasso. Prenez l’organe dirigeant du parti (bureau exécutif national, ndlr), vous constaterez que le maire de la commune de Bobo-Dioulasso, censé être un pivot, par exemple, ne figure nulle part. Donc, il n’a aucun poids politique ! En plus de cela, il n’y a pas d’entente entre lui (maire de Bobo, ndlr) et certains maires d’arrondissement (à noter que le parti a raflé tous les arrondissements) », fait observer la source.

Elle poursuit en expliquant que « c’est maintenant tout est en train de se mettre en place, les gens sont en train de se construire un leadership. Mais c’est difficile, il n’y a pas quelqu’un à mesure de débourser conséquemment d’argent pour faire fonctionner efficacement le parti. En plus de cela, dans le renouvellement des structures, certains gens pensent qu’il suffit de connaître quelqu’un en haut pour être imposé à la base comme responsable. Ça ne marche plus ainsi. Il faut d’abord prouver à la base, s’y faire accepter avant de prétendre être responsabilisé. Mais certains veulent faire le processus inverse ; au lieu de commencer par la base pour monter, ils veulent se faire imposer par le haut. Aussi, avec la situation…,les récompenses et nominations de personnes qui ne méritent pas, beaucoup de militants sont déçus, frustrés, à telle enseigne qu’ils ne veulent plus mouiller le maillot, alors que les ténors du CDP comme les Salia Sanou (ancien responsable du CDP dans cette capitale économique, ancien maire de la commune de Bobo, ndlr) sont en train de revenir en force sur le terrain », présente notre source.

Sur cet incident de dimanche, une plainte aurait été déposée la même nuit à une brigade de Bobo-Dioulasso pour situer les responsabilités.

Avec ces épisodes hideux qui se succèdent, et qui ne sont certainement pas de nature à assurer un accompagnement serein et conséquent de la mise en œuvre du programme de son candidat-élu, Roch Kaboré, le MPP ne donne-t-il pas raison à ceux qui, dès sa naissance, ont vu en ce parti, un panier à crabes ?

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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