Actualités :: Mme Salimata Sanou, coordonatrice nationale de l’éducation pour tous : « (...)

Du 13 au 15 juin dernier, s’est tenu à Dakar au Sénégal, un forum régional sur l’Education pour tous (EPT) pour faire un bilan à tiers parcours des engagements pris 5 ans auparavant sur l’universalisation de l’éducation en 2015.

Sidwaya a rencontré Mme Salimata Sanou née Zerbo, la coordinatrice nationale de l’éducation pour tous au Burkina pour échanger sur la situation et les chances de notre pays d’être au rendez-vous de 2015.

(S.) : Quelle était la situation de l’éducation au Burkina avant le sommet de Dakar en 2000 qui a préconisé l’éducation pour tous d’ici à 2015 pour les pays africains ?

Mme Salimata Sanou (S.S.) : Il faut dire qu’au Burkina, l’éducation connaissait assez de problèmes au niveau de l’enseignement de base et du secondaire.

En 2000, notre taux de scolarisation était en-dessous de 40 %. La situation était donc préoccupante malgré l’importance des moyens financiers mobilisées à travers plusieurs initiatives. C’est dans ce contexte qu’il a été adopté en 1999, le Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) qui avait pour ambition de porter le taux de scolarisation de 42,7 % en 2000 à 70 % et celui de l’alphabétisation de 26 % à 40 % en 2009.

S. : Rappelez-nous les engagements qui avaient été pris au forum de Dakar en 2000 ?

S.S. : A Dakar 2000, il était surtout question de faire le point de la conférence mondiale sur l’éducation pour tous tenue en 1990 à Jomtien en Thaïlande. A La conférence de Jomtien, il avait été préconisé l’éducation pour tous en 2000.

La conférence de Dakar en 2000 a fait le constat que l’éducation pour tous ne pouvait pas se réaliser en 2000 dans les pays africains. Il y avait encore beaucoup à faire dans les pays africains et plus particulièrement dans les pays subsahariens.

La rencontre de Dakar avait donc revu l’échéance de 2000 en la ramenant à 2015 pour les pays africains. Un cadre d’action avait alors été élaboré avec six objectifs pour atteindre l’éducation pour tous en 2015. Le premier objectif portait sur la protection et l’éducation de la petite enfance. Le deuxième objectif avait trait à l’enseignement primaire universelle.

Les quatre autres objectifs portaient sur la formation professionnelle, sur l’alphabétisation, sur la parité entre garçons et filles dans le primaire et le secondaire et sur la qualité même de l’éducation.

Pour atteindre ces objectifs, il avait été dit à Dakar que chaque pays devait élaborer un plan d’action national d’éducation pour tous prenant en compte les six objectifs fixés. Ce plan devait donc prendre en compte l’enseignement primaire, secondaire et supérieur.

S. : Où en est-on concrètement avec la mise en œuvre de ces engagements au Burkina Faso ?

S.S. Disons tout de suite que notre pays est un cas particulier. Notre Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) a été élaboré et adopté avant le forum de Dakar. Par conséquent quand il s’est agi après ce forum de Dakar, de faire un plan d’action national Education pour tous, des difficultés sont apparues.

Notre système éducatif qui est géré par plusieurs ministères n’a pas facilité les choses. Nous avons réussi à nous lancer dans l’élaboration d’un plan d’action national avec l’implication de tous les ministères concernés, des partenaires et de la société civile. Un événement va venir retarder les travaux d’élaboration du plan d’action national.

Il s’agit de l’élection du Burkina à l’initiative Fast Track, communément appelée Education pour tous, procédure accélérée (EPT/PA). Le G8 qui s’était rendu compte qu’un certain nombre de pays auraient des difficultés à atteindre la scolarisation primaire universelle, avait lancé cette initiative Fast Track pour leur donner un coup de pouce. Le Burkina qui avait donc été élu à cette initiative devait élaborer un document de requête afin de bénéficier d’un supplément de ressources financières. L’élaboration de ce document de requête qui devait se faire en un temps record a mobilisé prioritairement les ressources et les énergies engagées dans le plan d’action national Education pour tous. Finalement, le plan d’action national s’est retrouvé en veilleuse et jusqu’à nos jours, il est au stade d’avant-projet.

S. : Est-ce le PDDEB et l’initiative Fast Track prennent en compte tous les objectifs de l’éducation pour tous ?

S.S. : Pas du tout. Le PDDEB a été élaboré avant même la tenue du forum de Dakar en 2000. Il ne pouvait donc pas prendre en compte tous les objectifs fixés à Dakar. Ça c’est d’un. De deux, notre système éducatif est géré par trois ministères et chaque département a la lattitude d’élaborer un programme d’action. C’est ce qui a été fait. Le PDDEB a été élaboré par le ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA) et ne prend pas, par exemple, en compte le secondaire.

La formation secondaire par exemple qui relève du secondaire n’est pas prise en compte alors que c’est un volet très important de l’EPT. Il en est de même pour d’autres volets.

S. : Avec de telles réalités, quelles étaient vos attentes au forum-bilan de Dakar 2005 ?

S.S. : Il faut dire que le Burkina Faso n’est pas le seul dans cette situation. Plusieurs pays africains n’ont pas élaboré également de plans d’action EPT.

Quand l’UNESCO a décidé d’organiser le forum, il a pris le soin de voir quels étaient les pays qui connaissaient des difficultés dans la finalisation de leurs plans d’action EPT. L’UNESCO a préconisé qu’une personnalité politiquement bien posée et ayant une responsabilité au niveau du département de l’éducation soit associée au coordonateur national EPT dans la délégation de ces pays.

C’est ainsi qu’au niveau du Burkina, le secrétaire général du ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique a été désigné pour participer avec moi au forum. L’UNESCO entendait ainsi poursuivre le plaidoyer pour la finalisation des plans d’actions EPT dans les pays.

Disons aussi que ce forum de Dakar fait suite à plusieurs autres rencontres. En juin 2004 par exemple, nous étions à Dakar pour voir quels étaient les pays qui avaient des difficultés à mettre en place leur plan d’action. L’UNESCO avait promis de mener des actions en direction des autorités de ces pays. Au Burkina, la réflexion et le processus d’élaboration ont été repris et nous avons espoir que notre pays disposera prochainement d’un plan d’action national EPT.

S. : Que retenez-vous de la rencontre de Dakar ?

S.S. : Le forum a surtout insisté sur la scolarisation primaire universelle et je pense que le Burkina peut être au rendez-vous en 2015. Parce qu’actuellement avec le PDDEB, les taux de scolarisation ont vraiment augmenté.

Nous sommes actuellement à un taux de près de 57 % alors qu’en 2000, ce taux tournait autour de 40 %. Et si le rythme qu’on a avec un gain de 5 points par an se maintient, le Burkina pourrait atteindre les objectifs de la scolarisation universelle d’ici à 2015. Il y a cependant la parité garçons-filles au niveau de l’éducation en 2005 que nous n’avons pas atteint comme beaucoup d’autres pays. Il y a très peu de pays qui ont pu faire cette parité.

Au niveau du primaire, il y a de l’espoir, mais il nous reste beaucoup à faire au secondaire, parce que le taux brut de scolarisation à ce niveau tourne encore autour de 16 %.

Propos recueillis par
Hamado NANA
Sidwaya

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