Actualités :: Missive à mon oncle

Très cher oncle. Si tu me demandais de caractériser les acteurs de la scène politique burkinabè, je te dirais que ce sont des caïmans d’un même marigot ou des fauves d’une même jungle, chacun aiguisant ses crocs pour croquer un électorat majoritairement analphabète et qui se laisse facilement appâter par des discours démagogiques.

C’est ainsi que tous sans exception, opposants comme partisans du pouvoir, ont devancé l’iguane dans l’eau en allant en campagne avant l’ouverture officielle du scrutin telle que définie par la Constitution et le code électoral. Evidemment, étant donné que ce sont ceux chargés de veiller à l’application de cette discipline qui l’enfreignent, chacun y va de son imagination.

Du côté du pouvoir, on ne rate pas une seule occasion pour mettre à l’actif du parti au pouvoir et de ses satellites, tout acte posé dans le cadre de ses attributions. Quand bien même cet acte entre dans le cadre de la continuité de l’Etat. Un ministre qui pose la première pierre d’un immeuble (qui ne verra peut-être jamais le jour) décrira cela comme un miracle que seul le parti au pouvoir serait capable de réaliser.

Sur un autre chapitre, pouvoir et opposition se rejoignent. Tu sais que chez nous, il existe une structure à l’initiative du chef de l’Etat appelée Engagements nationaux et qui finance des projets dans plusieurs domaines. Nos élus locaux, lorsqu’ils apprennent qu’un projet est retenu pour leur zone d’influence, s’empressent de tenir informées les populations de la localité tout en mettant cela à leur actif.

Ces lèche-vitrines profitent bien entendu de l’ignorance des gens pour se présenter en défenseurs de leurs intérêts. Ils ne se soucient même pas de l’éventualité que le projet soit réorienté vers une autre destination . Dans la foulée, on assiste actuellement à des alliances contre nature auxquelles se livrent les partis politiques et qui laissent parfois rêveurs les citoyens. Tu sais qu’en politique tout est permis, même les mariages incestueux.

En tout cas, au Burkina, en cette période préélectorale, les mariages et les concubinages sont tellement surprenants que les divorces à l’italienne ne surprennent personne. Déjà déboussolés par l’absence de débats d’idées, les citoyens sont scandalisés par les querelles de chiffonniers auxquelles se livrent les hommes politiques et qui ont pour seul leitmotiv le "ôte-toi de là que je m’y mette". C’est en quelque sorte l’alternance (nullement respectée à l’intérieur des partis eux-mêmes) sans alternative.

En effet, demander le départ d’un adversaire politique n’est jamais un programme de société. Sache aussi, cher oncle, que les inscriptions sur les listes électorales ont pris fin hier. Beaucoup d’observateurs disent que les gens ne se sont pas bousculés dans les bureaux d’inscription. Indifférence des populations face à des politiciens qui ont presque occulté leurs préoccupations ou désenchantement parce que tout cela n’est que du déjà vu ?

D’ailleurs, grâce aux moyens modernes de communication, les Burkinabè qui ne sont pas aveugles, disposent d’éléments de comparaison avec ce qui se passe ailleurs. Quand on voit comment l’électorat français malmène actuellement ses hommes politiques à propos du référendum sur la Constitution européenne, l’on se rend compte que là-bas, l’électeur est un dieu parce que faiseur de présidents et de députés.

Fort heureusement, comme dirait l’autre, on peut tromper un peuple plusieurs fois, mais on ne peut le tromper éternellement. Beaucoup ont compris que les périodes électorales sont propices aux revendications et à leur satisfaction. D’où une certaines effervescence dans les milieux syndicaux.

Je termine en te disant que le premier des invités au Tour cycliste du coton est la Côte d’Ivoire et le maillot du meilleur jeune et celui du premier des invités est attribué à un Ivoirien, Issaka Fofana. C’est dire que loin d’avoir filé du mauvais coton, les organisateurs de ce Tour viennent, à leur manière, de renforcer les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire.

Puissent ces relations être aussi solides qu’une étoffe de coton. Sache enfin que le président Blaise Compaoré vient d’acquérir un nouvel avion. Il s’agit d’un Boeing 727/200 dont les ailes portent l’inscription "Pic du Nahouri". En rappel, le Pic du Nahouri est la plus grande hauteur du Burkina. Au temps de la révolution, la plus haute distinction portait le nom "d’Etoile d’or" du Nahouri.

Pô, capitale du Nahouri, était considérée, pour emprunter le langage des révolutionnaires, comme le "foyer incandescent" de cette révolution. Ce qui est sûr, cet appareil semble porter bonheur à Blaise Compaoré puisqu’il vient d’entreprendre un voyage à Rome et qui comporte entre autres, une entrevue avec le nouveau pape. Si mes souvenirs sont exacts, Blaise Compaoré est le premier président africain à être reçu par le nouveau Souverain Pontife depuis son intronisation.

Ton neveu

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