Actualités :: De l’Assemblée au Barreau : Un citoyen analyse la décision de Me (...)

L’auteur de cet article réagit à l’écrit de Me Sankara, paru dans notre édition du 11 avril, et dans lequel l’avocat n’écartait pas la possibilité de quitter l’Assemblée nationale pour reprendre la robe noire.

"Va-t-il oser le pas ?" C’est la question que je me suis posée après avoir lu l’adresse au peuple de Me Bénéwendé Sankara parue dans "Le Pays" du 11 avril, ainsi que dans l’Observateur paalga et dans Sidwaya du lendemain. Sans renoncer à sa prometteuse et déjà riche carrière politique, le président de l’UNIR/MS n’exclut pas pour lui la possibilité de reporter sa robe d’avocat, dans l’intérêt du peuple.

Si cette éventualité devait survenir avant 2007, cela impliquerait pour Me Sankara un renoncement à son mandat de député, un départ de l’Assemblée nationale. Et c’est pour cela que je m’interroge.

L’expérience démocratique du Burkina a montré, jusque-là, qu’être député pouvait être une fin en soi. Ils sont nombreux à avoir vu en leur entrée à l’hémicycle le bout du tunnel, la fin de la galère. De la P50 ou de la brinquebalante 205, ils sont passés aux voitures futuristes, les "4x4 derniers cris". Ceux qui s’étaient rangés à l’idée de finir leurs jours en location sont devenus des propriétaires immobiliers.

Les illustrations sont légion. La quasi-totalité de nos députés reste grincheuse en raison de nombreuses sollicitudes dont ils se disent être l’objet. Mais à en juger par leur train de vie, on peut affirmer que c’est quand même bon d’être député !

Alors, Me Sankara va-t-il oser ? Va-t-il oser renoncer aux privilèges et aux honneurs dévolus aux députés ? Si Me Sankara devait renouer avec ses activités d’avocat, le peuple qui l’a envoyé à l’Assemblée le saluera, pour son acte de courage qui frise la témérité. Redevenir avocat, c’est perdre sa précieuse immunité parlementaire. Pour lui et sa famille, c’est renouer avec les nuits blanches faites d’angoisses.

Nous avons toujours en mémoire les rondes nocturnes et fréquentes d’hommes en tenue et parfois cagoulés autour de son domicile. Pour l’avocat, c’est aussi renouer avec les honoraires impayés quand ceux-ci sont dus par l’Etat. Que de peines en perspective ! Même s’il faut, en tant que démocrate, espérer que ces pratiques sont d’une époque révolue.

"Tout dépend de Dieu"

A l’opposé, le retour de Me Sankara au barreau redonnera espoir, et même vie, à une partie non négligeable de Burkinabè. L’opinion n’a pas oublié les services rendus à la Justice et à la Nation par cet avocat qui acceptait des dossiers que certains de ses confrères évitaient, par crainte (fondée ou non) du courroux des tenants du pouvoir de la IVe République.

Avec le recul, on peut réaliser que des entreprises comme la SOREMIB, FASO FANI ou X9 auraient pu être démantelées, les travailleurs jetés dans la rue et sans que rien ne se passe. Heureusement, l’avocat des causes perdues était là pour gagner ses procès.

Me Sankara de retour dans son cabinet perdra sans doute toutes les bonnes choses qui font courir tant de monde vers l’Assemblée nationale. Me Sankara de retour dans son cabinet, c’est le peuple qui gagne. Il est loisible de constater que depuis qu’il a quitté les tribunaux, les dossiers chauds, notamment ceux opposant les travailleurs spoliés à l’Etat se font rares devant les juridictions nationales. Comme si le gouvernement avait renoncé à ses choix en matière économique et par conséquent résolu l’essentiel des problèmes du monde du travail !

Me Bénéwendé, ainsi que le dit votre prénom, "tout dépend de Dieu". Je prie le Tout-puissant qu’il vous donne la force et le courage de trouver le moyen d’être l’avocat des pauvres, l’avocat des gens d’en bas, devant les tribunaux. En attendant que vous accédiez aux fonctions de président du Faso pour insuffler une dynamique autre à la Justice au pays des Hommes intègres, mon voeu pressant est de vous revoir au prétoire. Puisse cela être également votre souhait de l’heure".

François de Sales Compaoré
Militant du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, secteur 17 de Ouagadougou

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