ActualitésDOSSIERS :: Le Burkina Faso, victime d’une attaque terroriste : Leçons et (...)

Le vendredi 15 janvier 2015 ou vendredi noir, le sol burkinabè vit son attaque terroriste le plus meurtrier et le plus spectaculaire de son histoire. Ces attaques qui surviennent aux lendemains des élections les plus démocratiques et les ouvertes de son histoire, et surtout quelques jours après la mise en marche du nouveau pouvoir avec les organes interpellent plus et poussent à des réactions légitimes du peuple meurtri et endeuillé. Cette solidarité internationale et le deuil national doivent servir d’introspection, de méditation et donner du courage à ce peuple.

Définition

Le terrorisme a toujours eu une définition plurielle et non consensuelle. selon SCHMID (1988), il est « une méthode d’action violente répétée inspirant l’anxiété, employée par des acteurs clandestins individuels, en groupes ou étatiques (semi-) clandestins, pour des raisons idiosyncratiques, criminelles ou politiques, selon laquelle, et par opposition à l’assassinat, les cibles directes de la violence ne sont pas les cibles principales. Les victimes humaines immédiates de la violence sont généralement choisies au hasard (cibles d’occasion) ou sélectivement (cibles représentatives ou symboliques) dans une population cible, et servent de générateurs de message. Les processus de communication basés sur la violence ou la menace entre les (organisations) terroristes, les victimes (potentielles), et les cibles principales sont utilisés pour manipuler la (le public) cible principale, en faisant une cible de la terreur, une cible d’exigences, ou une cible d’attention, selon que l’intimidation, la coercition, ou la propagande est le premier but ».

Ce n’est qu’en 1972 (la résolution 3034-18 décembre 1972), que l’ONU s’intéressera véritablement à la question du terrorisme suite à la prise d’otages aux Jeux Olympiques d’été de Munich. La France, à travers son code pénal (articles 421.1, 421-2, 421-2-1 et la Loi n°96-647 du 22 juillet 1996) appréhende la notion de terrorisme à travers la commission d’une série d’actes (élément matériel) avec des objectifs au-delà politiques (l’élément intentionnel), acception similaire des USA à travers son ‘’Federal criminal code’’ (section 2331 du chapitre 113B de la partie I du titre 18). Nous citons ces deux Etats au regard de la présence de leurs soldats au Burkina Faso avec pour objectif de contribuer à la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.

Objectif : Saper le moral d’un peuple solidaire et enthousiasmé

L’attaque survenue au centre de Ouagadougou, a objectivement atteint certains des objectifs même si les motifs de revendication sont à la fois douteux et illogiques. Le marché central de Ouagadougou, les étalages environnants et les commerces, ont fermé les rideaux. La peur d’être exécutés dans un maquis de la place ou dans l’enceinte d’un hôtel a envahi les habitants des grandes villes. Dans ces circonstances, les activités sont ralenties, les libertés d’aller et venir sont réduites. La psychose s’installe et les autorités publiques sont débordées ou se concentrent sur d’autres objectifs.
Toutefois, le peuple burkinabè dans toutes ses composantes ne doit pas céder à la psychose. Elle doit surmonter cette douleur et renaitre pour la conquête de sa liberté durement acquise, car il serait difficile d’identifier les logiques des attaques terroristes.

Profil, ressources et modes d’actions

‘’ Le phénomène de la « re-naissance » Le phénomène de la « re-naissance » musulmane constitue une des réponses possibles au besoin de recherche identitaire qu’éprouvent certaines personnes parmi les plus vulnérables de notre société, souvent jeunes, issues de l’immigration ou de quartiers défavorisés, au parcours familial ou professionnel heurté. Cherchant à résoudre leurs problèmes personnels, elles se tournent vers l’islamisme radical, qui offre une « solution » idéologique simpliste
et totalisante’’.

Les adeptes du terrorisme sont ainsi des individus dépourvus d’idéal et sans espoir pour des lendemains meilleurs. A ce stade, la conviction finale est la clé du ‘’paradis’’ que leur offre leur maitre spirituel.

Ces individus en manque d’amour et bien-être social sont nourris par une nébuleuse à la manne financière importante. Notre société fournit aux terroristes les moyens de leur lutte : les armes de toutes sortes, les médias et les moyens roulants. Les finances sont fournies par des collectes et de largesses de donateurs choqués par les déviances de notre libertinage. Quoi de plus normal que de contribuer à la moralisation d’une vie publique en panne.

Enfin, ces modes d’action sont les plus simples et spectaculaires : les attaques coordonnées (USA-2001 ; France-2014) ou la technique du loup solitaire (Mohammed Merah en France-2012). Il s’agit d’impacter par une action néfaste et à peine détectable. Il suffit juste de savoir se servir d’une arme à feu ou d’un véhicule pour être envoyé en mission de terrorisme.

Beaucoup de chance pour le Burkina Faso

Le bilan survenu au Burkina Faso aurait pu être plus lourd et même très très lourd. Imaginons, si ces ‘’fous de dieu’’ avaient utilisé des armes de destruction massive ou avait décidé de frapper à des dates plus importantes (la veillée de Noël ou le réveillon du nouvel an ajouté à la défiance manifeste de l’autorité publique constatée à ces dates avec les coups de pétards à n’en point finir) ou à des lieux importants de grands rassemblements (Grand marché ou salles de ciné).

Le livre blanc sur le terrorisme (France/Ministère de la sécurité-le livre blanc sur le terrorisme 2006) qui est une stratégie globale élaborée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme détermine les sites importants à protéger contre les attaques terroristes.

Le Burkina Faso devait s’attendre à tout au regard du contexte géographique, sécuritaire

L’émergence du terrorisme mondial touche tous les Etats dans tous les continents : riches et pauvres, grands et petits. Dans ce contexte le Burkina Faso, au cœur de l’Afrique de l’Ouest, ne devrait pas baisser la garde. Les prémices sont venues avec les attaques de Samoroguan (octobre 2015). D’une part, au regard du contexte géographique. Notre pays ne se trouve pas sur la planète Mars encore moins sur la Lune. Les super-puissances comme les USA (2001), Russie (2013), Angleterre (2005) et la France (2014) en occident sont des exemples patents. En Orient et au Moyen-Orient (Liban-1983 ; Yémen-1992 ; Pakistan-1995 et 2002 ; Indonésie-2002 ; Turquie-2003), beaucoup d’Etats ont subi le terrorisme avec des victimes américaines et françaises à majorité. L’Afrique avec la Tunisie(2002), l’Algérie (2013) et le Kenya (2015) est un cas parlant. Et nos voisins immédiats de l’espace CEDEAO (Nigéria, Mali, Niger).

D’autre part, au regard du contexte sécuritaire à un double niveau. Le 1er niveau est constaté depuis la chute en 2014 du régime de Blaise COMPAORE, où ‘’l’immunité terroriste’’ dont jouissait le Burkina a pris fin (cela au regard des liens supposés avec certains groupes pour la libération des otages faisant du Burkina un pays neutre). Au 2nd niveau, avec la cinglante défaite du CND suivie du démantèlement du RSP et les écoutes téléphoniques en rapport avec des attaques terroristes qui seraient attribuées à Guillaume SORO et à l’ancien ministre BASSOLE, devaient réveiller tous les systèmes de renseignement.

Sur ce dernier point, il convient de préciser que si les frontières du Burkina sont poreuses, les contrôles routiers devaient être stricts. En effet, la police, la gendarmerie et la douane devaient unir les forces sur le terrain. Malheureusement, sur les cars de transport en commun étaient perquisitionnés comme il le fallait. Alors qu’on sait la fortune dont dispose les terroristes. Un terroriste n’est pas un indigent (il peut donc se procurer un véhicule de dernière génération) afin d’échapper aux mailles), c’est un ‘’monsieur tout le monde’’ que seuls des signes de radicalisation extérieurs peuvent permettre de détecter.

Mécanismes de luttes contre le terrorisme

La lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine. Les puissances occidentales en ont fait un combat quotidien. Tout d’abord, savoir qui est son ennemi. Savoir de nos jours qui est terroriste relève du miracle. Sa diversification, son mode d’action, et ses différentes organisations ne permettent pas de le cerner (AQMI, EIIL, Boko Haram, Shebbab en version africaine). Malheureusement, même si leurs adeptes se recrutent sur internet et dans les prisons et se radicalisent grâces à des prêches d’imams radicaux en déphasage avec les enseignements du SAINT CORAN, la première des choses est d’éviter de confondre l’Islam au terrorisme. Cette confusion saperait les bases de notre démocratie et de notre ‘’vivre-ensemble’’. Le vocabulaire français a trouvé une expression qui sied : « le terrorisme d’inspiration islamiste (in Le livre blanc sur le terrorisme).

La lutte proprement dite se fera à un triple niveau :

1er niveau : la sensibilisation et la communication publique. La population doit cultiver le réflexe de se mettre à l’abri et non de jouer au détective ou de vouloir être des témoins oculaires ;

2ème niveau : le renforcement des capacités institutionnelles et de la législation. Ce renforcement va se faire au niveau opérationnel à travers la prévention du risque : la surveillance du territoire et des cibles à haut risque doit être accru ; la surveillance des mouvements et des transferts internationaux des fonds et la surveillance des communications électroniques sans, toutefois, porter atteinte au principe sacré de la vie privée ; la détection de tous mouvements et individus suspects. Le second type de renforcement concerne les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité-(administration-personnel-moyens matériels et financiers) voire la création d’une unité d’élite spécialisée dans la lutte contre le terrorisme ;

3ème niveau : la coopération internationale : un seul Etat sera impuissant dans sa lutte. Le partage d’informations et les mutualisations des moyens dans le cadre de la coopération internationale, bilatérale ou dans le cadre des organisations d’intégration s’avère indispensable.

Le Burkina Faso pourra s’inspirer de la politique antiterroriste américaine ou de celle de la France dans sa définition d’une nouvelle politique sécuritaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

SAWADOGO Nomwendé Florentin
Juriste/ Centre d’Etudes et de recherché sur les migrations internationales et le développement (CERMID)
sanoflo@gmail.com
Tel : 78 95 93 82

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