Actualités :: Me Sankara est-il maudit ?

Assurément, cet homme-là a perdu le sens des réalités. Et comme si cela ne suffisait pas le voilà qui nous sort l’artillerie lourde du Sankarisme pur et dur : l’hypertrophie du Moi qui fait d’un simple petit citoyen, le sauveur attendu par le peuple ! Ça c’est du SANKARA tout fait !

Serait-il grisé par les à-côtés de sa mission à Johannesburg que Me B. Stanislas SANKARA ne s’y serait pas pris autrement pour invectiver des Burkinabè dont le tort est de ne pas partager ses opinions par rapport à la JNP.

Prenant prétexte de la célébration du 4e anniversaire de la Journée nationale du Pardon (JNP), il s’en est violemment pris à la IVe République et à de simples citoyens dans un langage particulièrement ordurier et une légèreté dont il est coutumier (dans sa profession comme dans sa vie politique), qui ne peuvent laisser indifférent. Pour qui connaît l’homme, le propos ne surprend guère ni dans la forme, ni dans le fond ; c’est lui-même tout craché.

Notre intention n’est pas de lui dénier le droit d’avoir ses opinions et de les exprimer dans les tons qu’il estime les meilleurs pour se faire entendre, voir ou comprendre ; ni de le raisonner (à son âge on ne change plus) encore moins de lui faire une leçon de morale (il n’y a pas plus hypocrite que le voleur qui crie au voleur) mais de lui faire comprendre qu’on ne peut pas se regarder dans la glace, se décrire à haute voix et exiger de ceux qui vous écoutent de voir dans l’horrible tableau une autre personne que vous-même.

De même, on ne peut pas invoquer la liberté d’expression pour accepter sans réagir des insanités sur l’honneur et la dignité d’hommes et de femmes dont le seul tort est de ne pas avoir les mêmes points de vue que lui. Pour ma part, après avoir lu et relu son laïus, plisser et replisser les paupières pour discerner son sens profond, c’est son image qui reste figée devant moi se précisant d’ailleurs davantage à mesure que se font jour les sous-entendus sordides qu’il a laissés traîner ici et là comme pour signer davantage son propos.

Il y a d’abord cette propension à l’injure facile et à l’anathème, ce recours systématique aux clichés et cette manie de tout ramener au « petit tas de viande » qu’il est et qui se donne des missions messianiques comme ces petits drogués qui se croient au nirvana après avoir un peu trop forcé sur la dose.

Plus que jamais nous revient à l’esprit cette exclamation que son ami, qui le connaît si bien, Me Hermann YAMEOGO, lui lançait « ... pour prétendre être un bon avocat il faut un minimum d’éducation... ». A la vérité, Me YAMEOGO ne croyait pas si bien dire car à l’épreuve des faits cette pique s’est révélée d’une exactitude chirurgicale, tant il est vrai que ce qu’on est obligé de reprocher à Stanislas SANKARA relève beaucoup de cela que d’autre chose.

Sinon comment comprendre qu’il puisse écrire de sang froid, à propos de la JNP que « ...tous ceux qui applaudissent aujourd’hui cette trouvaille machiavélique de Blaise COMPAORE n’aiment ni la vérité, ni la justice. Par conséquent ils n’ont ni toléré ni pardonné, ils ont simplement trouvé la belle occasion pour s’enrichir ou se faire coopter... ». Je vous vois d’ici sursauter et vous demander si c’est bien ce qu’il a écrit. Pas une virgule de plus ou de moins, vous pouvez en être sûrs et d’ailleurs le vérifier dans les quotidiens du lundi dernier.

Ainsi donc selon lui, tous les ayants droit des personnes ayant perdu la vie du fait des violences en politique et toutes les victimes de ces faits qui ont accepté le pardon demandé à l’occasion de la JNP n’ont été guidées que par l’argent ou des avantages matériels quelconques. N’est-ce pas particulièrement injurieux ? Et la gravité de l’injure ne donne t-elle pas droit à s’interroger sur l’éducation de celui qui la profère ?

Que le politicien de l’opposition dise que ces personnes ont été à son sens induites en erreur par le pouvoir peut se comprendre, mais qu’il les accuse d’avoir « vendu » leurs morts et leurs douleurs est pour le moins inadmissible et relève beaucoup plus d’un manque d’éducation que d’intelligence ou de la capacité à accepter la différence. Autant le pouvoir a eu l’intelligence de n’avoir cherché à obliger personne à adhérer à la JNP, autant les opposants de celle-ci, surtout des années après, ne devraient pas se permettre de fustiger ceux qui y ont adhéré au point de les injurier aussi bassement.

En vérité, les victimes et leurs ayants droit devraient être tenus à l’écart du débat entre politiciens sur l’opportunité ou non de cette JNP ; ou sur sa justesse ou non, etc. Ils ont déjà trop souffert du fait de la politique pour qu’on en rajoute.

Et cela, on n’a pas besoin de n’être pas forcement un Sankariste pour le comprendre et l’accepter. Entre un Blaise COMPAORE qui a admis le refus de certains hommes politiques et de certaines victimes et ayants droit de victimes, adhérer à la JNP et les a exhortés à ne toutefois pas fermer la porte au pardon et ceux qui insultent bassement ceux qui y ont adhéré on voit qui a le souci du peuple. Parlant justement de ceux qui « ont trouvé la belle occasion pour s’enrichir », au Faso ici, on sait qui s’est le plus enrichi de la mort et des souffrances d’autres Burkinabè ! Me SANKARA combien de millions avez-vous « mangé » dans la mort de David OUEDRAOGO ? Et l’affaire des travailleurs licenciés de l’ex-RAN ; combien en avez vous tiré ?

Et encore cette autre affaire de licenciement de travailleurs avec l’ex-RNTC-X9 ? Pas moins de 35 millions de F CFA. Soit dit en passant et relativement à cette dernière affaire dans laquelle notre cher avocat est condamné pour n’avoir pas près d’une décennie après les faits payé les droits de certains travailleurs à lui remis, n’est-on pas en droit de s’interroger sur la probité de certains magistrats quand on sait qu’en première instance les plaignants ont été condamné pour avoir réclamé leur dû ?

C’est vrai que lorsque la justice est capable de condamner d’innocents citoyens sans défense et sans moyens, qui réclament les droits résultant d’années et d’années de travail à leur avocat qui les a encaissés, « elle ne peut plus sécuriser et mettre en confiance les citoyens et autres investisseurs... » comme l’écrit Me SANKARA. Mais les coupables ne sont ni la IVe République, ni l’appareil judiciaire dans son ensemble comme il l’affirme noyé qu’il est dans ses clichés ; mais bien quelques individus.

La preuve, Me SANKARA lui-même a fini par être rattrapé par la justice et va rendre gorge. Ce faisant, à moins d’une mauvaise foi innommable il est bien placé pour savoir qu’il y a encore des juges sur lesquels il n’a aucune influence et sur lesquels ses injures n’ont aucun effet. Est-ce cela qui le pousse à insulter aussi gratuitement tous les acteurs du système judiciaire qu’il ne craint pourtant pas de devoir rejoindre en « approfondissant la réflexion sur (son) éventuel retour au barreau... ». Le futur avocat Halidou OUEDRAOGO, président du « Pays réel » devrait se le tenir pour dit : l’intrépide Me SANKARA sera prochainement de retour !

Par ailleurs, que penser d’un candidat à l’élection présidentielle qui mène de telles réflexions au lieu de réfléchir sur comment se battre pour gagner les élections et conduire le peuple qu’il prétend vouloir sauver ! N’est-ce pas un aveu d’échec avant même d’avoir livré le combat, ce qui indique bien la nature réelle de l’individu : un minable petit acteur de série noire qui s’amuse à se faire peur. A tout le moins il donne l’impression de n’avoir aucun sens de la mesure et de la logique puisqu’il semble ne pas savoir de quel poste entre Président du Faso, député ou avocat il pourrait le plus « protéger et défendre » le peuple comme il le prétend.

Assurément, cet homme-là a perdu le sens des réalités. Et comme si cela ne suffisait pas le voilà qui nous sort l’artillerie lourde du Sankarisme pur et dur : l’hypertrophie du Moi qui fait d’un simple petit citoyen, le sauveur attendu par le peuple ! Ça c’est du SANKARA tout fait !

Cheick AHMED
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