Actualités :: Journée nationale de Pardon : des paroles aux actes

Le fondement de la Journée nationale de Pardon trouve son accomplissement dans le traitement qui est fait des engagements pris par le président du Faso. Quatre ans après la journée du souvenir et de la promotion des droits humains au Burkina Faso, il était opportun de mesurer l’avancée des engagements pris.

Les Burkinabè sont-ils en mesure de se pardonner ? Peuvent-ils se départir des rancœurs et des a priori pour la cohésion sociale ? Ce sont autant de préoccupations auxquelles les Burkinabè eux-mêmes doivent trouver réponses. Dans le pardon, il y a la reconnaissance des torts, il y a l’aveu et il y a la demande de pardon. C’est la voie choisie par les Burkinabè.

Le président du Faso, Blaise Compaoré a fait le bilan des actions avec toutes les structures impliquées dans la réconciliation nationale.

L’élément important de notre situation qui est la Journée nationale de Pardon, c’est que c’est la nation qui s’est constituée coupable, qui s’est constituée responsable. Chaque Burkinabè, sur les 45 ans écoulés a manqué à l’autre. Même si on n’a pas porté la main sur quelqu’un, on a quand même eu les façons de faire ou du mépris ne fût-ce qu’entre les groupes ethniques, ne fût-ce qu’entre un responsable et des subordonnés. Il y a beaucoup de raisons qui peuvent engendrer la violence.

Tous ces manquements ont été reconnus, c’est cela qui fait la grandeur de ce pays dans cette démarche du pardon. Cette grandeur doit interpeller tout un chacun. Il n’y a pas d’issues sans pardon, sans négociations et respect : négociations pour créer quelque chose de nouveau qui redonne la confiance nationale et qui ré-instaure également la confiance dans les relations entre personnes dans les différents services.

Aujourd’hui, il s’agit plus que jamais pour le peuple burkinabè dans son ensemble, de maintenir la flamme allumée le 30 mars 2001 pour, à terme, extirper des pratiques quotidiennes, la diabolisation de l’autre comme seul moyen pour assouvir les ambitions des uns et des autres. Prenant sur lui la charge de reconnaître toutes les exactions commises au nom de l’Etat et ce depuis les premières années d’indépendance, le président du Faso a humblement demandé pardon à tous ceux et à toutes celles qui en ont été victimes.

Au-delà de cette demande de pardon, le président Blaise Compaoré a pris des engagements pour que plus jamais pareille situation n’arrive encore au Burkina Faso. Ces engagements devaient donc se traduire de façon concrète sur le terrain pour matérialiser la réconciliation des Burkinabè. C’est ce à quoi se sont attelés les hommes et les femmes commis à la tâche ou plutôt à la coordination des actions devant y conduire.

Des actes concrets

Le premier engagement du chef de l’Etat était de prendre des mesures pour le règlement des crimes économiques et de sang. Selon les responsables du comité de suivi, l’analyse permet de noter un bilan satisfaisant et positif en ce sens qu’un travail a été fait à travers l’organisation des assises criminelles qui ont abouti au jugement de plus d’une centaine de dossiers.

Les quatre comités créés en vue de mettre en œuvre ces engagements se sont réunis les 24 et 25 mars 2005 pour faire le bilan à mi-parcours. Le président du comité de gestion du fonds d’indemnisation des personnes victimes de la violence en politique, le pasteur Freeman Compaoré, a fait un bilan chiffré de ses interventions et a indiqué que 496 dossiers de demande d’indemnisation ont été examinés par le conseil des ministres de 2002 à 2005, dont 84 non éligibles. Des dossiers examinés par le comité de gestion avec liquidation de l’indemnité ou rejet, il y a en a eu 720. 549 dossiers portant sur des mesures administratives abusives, des déguerpis de Bilibambili etc, ont été examinés par le comité.

268 personnes ont également été auditionnées et des déplacements ont été effectués sur les lieux tant à Ouagadougou que dans les autres provinces. Les indemnités versées, tous cas confondus, s’élèvent à 6 266 443 295 F CFA.

Là où les choses semblent piétiner, c’est dans la mise en œuvre du 3e engagement qui est l’érection du Monument des martyrs et le Mémorial des héros. Les travaux accusent des retards dans la construction du Mémorial aux héros à Ouaga-2000 et celui aux martyrs à Tampouy. Pour le Mémorial aux héros, l’ouvrage est exécuté physiquement à 75 % d’un coût de un milliard 600 millions de F CFA. Le retard dans son achèvement est lié à la crise ivoirienne.

Quant au Mémorial aux martyrs, son chantier est en phase d’implantation. Le comité technique d’appui au gouvernement quant à lui a visité des familles où on a eu à déplorer des décès pour présenter des condoléances et demander pardon au nom du gouvernement ; identifié les lieux de sépulture du parent décédé ; mené des enquêtes administratives sur les cas de morts suspectes, de tortures, de séquestration, etc.

Quant au Comité d’éthique il a rencontré des personnes ressources, organisé des réunions, rédigé un rapport dans lequel les différents maux qui minent la société burkinabè ont été relevés. On retiendra la corruption, l’impunité, la politisation des structures administratives publiques. Il a été également question de l’élaboration du projet de code d’éthique et de déontologie dans cinq domaines : administration publique, éducation, santé, finance, sécurité.

Le bilan est satisfaisant

Aujourd’hui la mise en œuvre du 4e engagement, la commémoration de la journée du 30 mars s’est traduite par la création du département pour la promotion des droits humains, et l’adoption de la loi relative à la sécurité intérieure. Il est établi que la réconciliation d’un peuple n’a pas de prix ; de ce fait aucun sacrifice n’est de trop. C’est pourquoi la Journée nationale de Pardon doit avoir un sens compris de tous comme un passage obligé vers un cadre d’échange démocratique plus sain.

Malgré quelques petits problèmes rencontrés ça et là, il faut dire que les engagements sont accomplis avec le plus grand sérieux et une volonté réelle de tourner définitivement la page de l’histoire. C’est pourquoi le dialogue et le consensus doivent prévaloir en tout temps dans les prises de décisions pour que la réconciliation dans notre pays soit une réalité, quel que soit le temps que cela pourrait prendre.

Karim KIBSA
L’Hebdo

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