Actualités :: Inégalités sociales : Le ventre mou du développement à la burkinabè

Les inégalités sociales sont l’un des maillons faibles du processus démocratique burkinabè. Malgré tous les discours lénifiants et toutes les statistiques qui se veulent rassurantes, le constat est que le développement, au Burkina, est tout sauf solidaire. La fracture est telle, aujourd’hui, que l’on se demande si la majorité du peuple n’est pas naufragée, avec cette frustration qu’aucune bouée de sauvetage ne pointe à l’horizon.

Mettons les chiffres de côté. Au Burkina, ils sont trompeurs et ne rendent pas véritablement compte de l’état d’extrême fragilité dans laquelle se trouvent les populations. Il suffit de procéder par empirisme, en regardant autour de soi, pour comprendre l’ampleur du mal.

Tous les segments de la vie sociale sont marqués du sceau d’inégalités flagrantes : accès aux soins de santé, au logement, à l’éducation, à l’administration et même à l’alimentation. Les droits minimaux, pourtant consacrés par la Constitution, sont déniés à la majorité de la population qui ne peut librement et en toute conscience exprimer ses opinions (analphabétisme oblige), qui n’a pas accès à la Justice et qui ne rêve même pas d’un cadre de vie décent (voiries, eau potable, électricité, téléphone, loisirs, etc.) .

Pourtant, ce n’est pas faute, pour les dirigeants , de n’avoir pas expérimenté toutes les recettes économiques, depuis le massacre collectif des PAS jusqu’au suspect Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. Un bilan social désastreux, résultat du cumul d’une décennie de politiques économiques importées et hasardeuses.

Il faut convenir, avec les afro-pessimistes, que le bout du tunnel est encore long. Car les concepts inventés et imposés par les institutions financières internationales sont en eux-mêmes des freins au développement. Pourquoi parler de lutte contre la pauvreté au lieu de lutte pour le développement, qui est une notion plus dynamique et prospective ?

On aurait pu, à la limite, parler de "lutte contre les injustices sociales" que les programmes rencontreraient une plus grande adhésion. Car il ne suffit pas de faire du saupoudrage (ou même de l’humanitaire) à travers des actions dont l’impact est peu durable. Il ne sert à rien de jeter quelques miettes au peuple des démunis. Jusqu’à présent, on ne voit pas comment vont s’agencer les multiples petits projets dans le cadre d’une politique globale et bien pensée de développement.

Pendant ce temps, c’est la fête permanente pour une classe de privilégiés à qui tout est permis : fraudes, détournements, gabegie, pressions diverses. Les populations qui ne sont pas idiotes malgré leur extrême misère, voient bien ces 4X4 rutilantes, ces villas cossues et ces cérémonies somptueuses qui sont l’apanage d’une minorité. Où a-t-elle bien pu acquérir une telle fortune ? Car au même moment, la rengaine est que les caisses de l’Etat sont vides et que la rigueur budgétaire s’impose (aux pauvres bien sûr).

Les inégalités sociales sur fond d’impunité, d’insouciance et d’insolence sont sources de révoltes. Or, visiblement, certains centres de décision, au Burkina, sont en panne d’idées, incapables d’innover et de donner une réponse adéquate à la demande sociale. Usure du pouvoir ou indifférence naïve ? Il faut enfin que les dirigeants regardent la réalité en face. L’image que leur renvoie la Banque mondiale et autres, d’un Burkina en pleine croissance, est trompeuse et ne saurait apaiser les craintes de populations qui sont à la périphérie du processus de développement. Et surtout, cet aveuglement est porteur d’instabilités sociales, comme on le voit aujourd’hui au Niger.

La jonction de la lutte contre la vie chère pourrait d’ailleurs se faire, au niveau des organisations de la société civile de la sous-région, pour aboutir à une coalition. Tolé Sagnon, le secrétaire général de la CGTB, ne se dit-il pas solidaire de l’action du mouvement social nigérien ? Un peuple, aussi pacifique , aussi encaisseur soit-il, peut exploser si on le pousse à bout. La pression sur les épaules de la majorité des Burkinabè est telle qu’il faudra se résoudre à les décharger du fardeau qu’ils trainent comme une croix. Et cela, le prochain locataire de la présidence du Faso, à l’issue du scrutin de novembre prochain, devra en faire une priorité.

Le Pays

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