Actualités :: Parlement- société civile : Concilier légalité et légitimité

C’est une lapalissade que de relever que la société civile a
conquis aujourd’hui une notoriété certaine sur l’échiquier des
relations internationales et conditionne des fois les relations
bilatérales et multilatérales.

Au niveau international, cette
société civile (regroupement d’ONG, d’associations et autres
organisations socio-économiques ou corporatistes) s’est
imposée dans bien des pays, comme un partenaire
incontournable des sociétés politiques en général et des
gouvernants en particulier.

Au Burkina, les institutions de l’Etat semblent avoir pris la
mesure de l’importance de la société civile dans la construction
de l’Etat de droit, la quête du bien-être individuel et collectif.
D’abord, la 9e conférence des ambassadeurs et consuls
généraux, tenue du 27 au 30 novembre dernier, a axé l’essentiel
des débats sur le rôle et la place de cette société civile dans les
relations internationales.

Ensuite, c’était au tour de l’Assemblée
nationale de convier les acteurs de cette société civile à un
forum du 2 au 4 décembre. Phénomène de mode ou prise de
conscience réelle de ce que la société civile est devenue un
acteur privilégié et capable de mobilisations des populations ?
Toujours est-il que le fait d’engager la réflexion est déjà un pas
de franchi, surtout pour l’Assemblée nationale qui, durant les
deux premières législatures, n’a pu se détacher de l’image de
caisse de résonance de l’exécutif que lui collaient la société
civile et l’opposition.

Restée longtemps peu imaginative et
dépourvue d’initiative crédible allant dans le sens de l’intérêt
supérieur de la nation et du peuple, l’Assemblée nationale
semble aujourd’hui sortir de sa torpeur. L’initiative du forum avec
la société civile est donc à saluer à sa juste valeur. Bien sûr, ce
forum se tient sous la houlette du PNUD. Mais c’est un tournant
qui est amorcé vers un parlement plus ouvert aux aspirations
des populations.

En effet, il est un fait que les partis politiques,
toutes obédiences confondues, ont fini par convaincre les
électeurs de leur incapacité à incarner leurs aspirations, si bien
que l’acte électoral s’apparente plus à une formalité qu’à
l’accomplissement d’un devoir citoyen . La société civile est
donc en train de ravir la vedette aux politiciens et s’impose
comme une force de proposition, un contre-pouvoir. De ce fait, il
vaut mieux collaborer avec elle que de la bouder, la mettre à
l’écart des processus de décision.

Qui, mieux que l’Assemblée
nationale qui a vocation de représenter le peuple, est mieux
placé pour tisser avec elle un partenariat constructif, débarrassé
de tout calcul politicien ? Ce partenariat avec les organisations
de la société civile se présente comme une voie royale pour la
représentation nationale en matière d’écoute des populations,
de leurs aspirations.

Mais, étant entendu qu’en politique, pratiquement rien n’est
innocent, il y a lieu d’espérer que ce forum ne soit juste un coup
publicitaire, pour satisfaire les bailleurs et autres partenaires
financiers et techniques internationaux. De même, face à la
montée fulgurante de la société civile, le risque de récupération
politique est grand. Mais il appartient aux animateurs des ONG
et autres associations d’être vigilants et fidèles à leurs
engagements.
Il est évident que le cloisonnement des acteurs politiques en
partis politiques limite la liberté de ton et d’expression lors des
débats à l’hémicycle.

Car une sorte de discipline de parti, pour
ne pas dire une sorte d’omerta, règne au sein des groupes
parlementaires surtout au sein de la majorité, face à certaines
situations sensibles. Aussi, est-il souhaitable que la société
civile fasse, de façon formelle, son entrée à l’hémicycle par le
biais des candidatures indépendantes. Mais, comme on le sait,
cette question est un sujet tabou. Pratiquement toutes les
formations politiques ne veulent pas en entendre parler. Les
candidatures indépendantes, à n’en point douter, fragiliseraient
les partis politiques au sein desquels la transparence et
l’équité, bref la démocratie interne, est loin d’être une vertu
acceptée de tous.

Car un militant, qui se sent bâillonné et qui
jouit d’une popularité dans sa circonscription électorale,
claquerait la porte à son parti si ce dernier venait à désigner des
candidats sans base à sa place. Les politiciens préfèrent
toujours sacrifier l’intérêt général sur l’autel de leurs privilèges
égoïstes. Tout se passe comme dans une ambiance de parti
unique où seul le chef a le pouvoir de désigner qui est digne
d’être candidat.

Mais enfin, et pour revenir à la rencontre entre parlementaires
et société civile pour un dialogue constructif, il faut simplement
espérer que de ce "conclave" sortira une nouvelle forme de
concertations permanentes, qui permettra aux deux parties de
nouer un partenariat porteur d’espoir pour un meilleur
raffermissement du processus démocratique burkinabè. Car,
s’il est vrai que l’Assemblée est garante de la légalité des lois,
ces lois ne sont pas toujours forcément légitimes, surtout dans
un pays où les électeurs sont analphabètes à plus de 60%. Ce
partenariat pourrait donc aider l’Assemblée à concilier
légitimité et légalité.

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