Actualités :: FRADES au CSI : Les opinions d’un citoyen

Dans une lettre ouverte adressée au président du Conseil supérieur et de l’information (CSI) et publiée par l’Observateur paalga n°6332 du mardi 15 février 2005, Fraternité pour le développement économique et social (FRADES) relève ses préoccupations quant à l’équilibre de l’information.

Nous ne sommes ni un agent du CSI encore moins le président de cette honorable institution. Ce qui fait qu’a priori intervenir dans ce débat peut apparaître comme un acte qui consiste à "acheter" une bagarre qui n’est pas nôtre.

Cependant nous nous sommes laissé convaincre par un certain nombre de raisons qui sont les suivantes :
Le fait de consigner les réflexions de FRADES dans une lettre ouverte les classe dans le domaine public.

Toute chose qui fait que chaque citoyen peut les apprécier à sa manière oralement ou par écrit, et partager ainsi ses pensées avec ses concitoyens.

Le président du FRADES, depuis qu’il était simple fonctionnaire jusqu’à sa position actuelle de député en passant par son passage à la tête de l’Ecole nationale des ressources financières (ENAREF) et du ministère chargé des Relations avec le Parlement, a toujours fait preuve d’esprit d’ouverture, même si ses adversaires estiment que cette ouverture n’est que de façade. Qu’à cela ne tienne, le fait est là qu’il est de ceux-là qui sont disposés au débat démocratique.

Dans les lignes qui suivent, nous n’émettrons que des impressions et des opinons. De "opinari" en latin qui signifie "émettre une opinion".

L’opinion est juste un avis, un jugement porté sur un sujet qui ne relève pas forcément d’une connaissance rationnelle vérifiable et dépend donc du système de valeurs en fonction duquel on se prononce et naturellement de notre propre psychologie. Malgré ces infirmités de l’opinion, son expression est encouragée en démocratie en ce que son extériorisation permet aux citoyens de se connaître mutuellement, de se tolérer, de s’enrichir intellectuellement des autres.

Enfin, ce n’est pas sur le terrain journalistique que nous allons mener notre réflexion. Bien qu’ayant quelques connaissances générales sur le sujet, nous pensons qu’il appartient au CSI de répondre aux préoccupations légitimes de FRADES avant qu’éventuellement d’autres institutions et/ou citoyens se prononcent sur la question.

En somme, émettre une opinion fait partie de nos droits, mais nous serions reconnaissant aux lecteurs de bien vouloir nous pardonner d’éventuels propos irrespectueux ou impertinents.

Quelques interrogations d’ordre épistémologique

D’emblée, convenons-en : dans une lettre (même ouverte), tous les éléments concernant une étude comme celle menée par FRADES ne peuvent figurer. C’est une circonstance atténuante qu’il convient d’intégrer dans l’appréciation du travail effectué.

Cependant, cela ne peut pas nous dissuader de regretter que du point de vue épistémologique la lettre ouverte ait été muette sur certains aspects (très importants à notre sens). Avant d’en venir au fait, précisons que par épistémologie nous entendons l’analyse ou l’étude des processus généraux de la connaissance.

Elle est donc synonyme de "théorie de la connaissance" (ou gnoséologie). Cette acception usitée chez les Anglosaxons rejoint celle de l’école française (en certains points) pour laquelle l’épistémologie est l’analyse de l’"esprit scientifique" : études des méthodes, des crises, de l’histoire des sciences contemporaines. Dans le cas d’espèce, les interrogations d’ordre épistémologique sont les suivantes :

Quels sont les médias qui ont été concernés par l’étude ? Sont-ce tous les médias écrits ou a-t-il été procédé au choix d’un échantillon ?

Dans cette dernière hypothèse quels sont les journaux qui en font partie et sur quelles bases ont-ils été retenus ?

Quelle est la fourchette de temps concernée par l’étude ?

Nous serons désagréablement surpris si les réponses à ces questions ne figuraient pas dans l’étude. Autrement dit nous supposons que l’étude a pris en compte ces paramètres, mais FRADES n’ayant pas eu la présence d’esprit de les consigner dans la lettre ouverte, cela limite la compréhension de ladite lettre et l’appropriation par les lecteurs des arguments de FRADES.

De notre point de vue, il aurait fallu joindre à chaque copie de la lettre adressée aux organes de presse un exemplaire de l’étude ou à tout le moins un résumé de ladite étude contenant les éléments dont nous parlons. Si cela n’a pas été fait, il n’est pas tard puisqu’une cérémonie de restitution de l’étude peut encore être organisée. L’echo dont se feront les médias contribuera, à n’en pas douter, à mieux faire connaître son contenu.

Quant au fond de l’étude, quelques hypothèses

Selon l’étude de FRADES "l’opposition écope de soixante-cinq pour cent et la majorité, qui gouverne, de trente-cinq pour cent des critiques".

La précision de la fourchette de temps dont nous parlions tantôt nous aurait permis de juger avec moins de risque erreur avec la possibilité pour les incrédules de vérifier. Ne disposant pas de cet élément par exemple, il n’est pas possible de comparer les programmes d’activités du pouvoir et de l’opposition et de tenter une explication plausible du phénomène.

A observer empiriquement les agendas du pouvoir et de l’opposition, nous avons l’impression que :

depuis que la lutte contre l’impunité n’est plus aussi intense qu’en 1998, 1999 et 2000, l’opposition n’est plus très percutante ;

il faut des causes nationales (qui dépassent les empoignades propres à l’arène politique) pour que l’opposition, en collaboration avec d’autres organisations, puisse mobiliser les citoyens ;

les deux précédents constats permettent à l’opposition de dépasser ses problèmes internes (à elle-même et au sein des partis qui la composent) et de poser des actes d’une noblesse infinie ;

A défaut de griefs mobilisateurs contre le régime de Blaise Compaoré, l’opposition se retourne contre elle-même et aussi ses partis membres pris individuellement. Bien sûr, on accusera le pouvoir d’être à la base de ces querelles qui débouchent généralement sur des scissions.

Dans l’absolu les accusations contre le pouvoir sont fausses même si dans le relatif cela est vrai. Un autre argument est que si ce dernier peut corrompre et diviser, c’est que du côté de l’opposition, il y en a qui prêtent le flanc ;
depuis la grave crise consécutive à l’assassinat de Norbert Zongo, le pouvoir a quelque peu redoré son blason, marque des points sur le terrain de la construction du pays et convainc de plus en plus au plan diplomatique. Vous conviendrez alors avec nous que les critiques le concernant baissent d’intensité.

Tandis que vis-à-vis de l’opposition, elles augmentent du fait des querelles intestines et des inconduites de certains de ses leaders.

Ce sont là des impressions que nous avons et qui n’ont pas la prétention d’égaler l’étude de FRADES. Par ailleurs, ces impressions ne sous-entendent aucune justification du comportement des journaux. C’est seulement à titre de tentative d’explication.

Comme FRADES, nous pensons qu’une politique de rééquilibrage de cet état des choses est impérative. Mais pour cela, la contribution des partis politiques de l’opposition, à travers des actes concrets (assainissement des relations inter et intrapartis, activités originales...), pourrait aider les journaux.

Sinon quelle que soit la bonne volonté de ces organes de presse, ils ne pourront rien y changer, car ils n’inventent rien : leurs articles (d’information ou de commentaires) s’inspirent de la vie de la cité. Dans cette optique, peut-être, FRADES pourrait mener une étude sur l’état actuel de l’opposition, ses rapports avec le pouvoir, les médias... de sorte à contribuer à un enracinement plus profond au sein de l’électorat.

Z.K.
L’Observateur

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