Actualités :: Laya Sawadogo : "Personne n’est contre l’idée d’une police de sécurité sur le (...)

Professeur Laya Sawadogo Comment réinstaurer la tranquillité sur le campus universitaire de Ouagadougou ? C’est la grande équation à laquelle le Professeur Laya Sawadogo, ministre en charge de l’Enseignement secondaire et supérieur, s’active à trouver une solution.

Et la mise sur pied d’une police universitaire vise à prévenir le désordre de toute nature et l’insécurité grandissante à l’université de Ouagadougou.
Quand bien même ce projet ne semble pas trouver un échos favorable auprès des principaux bénéficiaires que sont les étudiants à travers leurs syndicats. Dans cet entretien accordé à Sidwaya, Laya Sawadogo défend mordicus son projet de police universitaire, parle de son rôle, ainsi que ses attributions une fois qu’elle sera mise en place. Connu pour son franc-parler, le ministre Sawadogo évoque sans détour la dissolution de l’IDS et ce qu’il entend faire pour parer aux déficit exacerbé d’enseignants dans les lycées et collèges du Burkina.

Sidwaya : (S.) : L’ANEB vient de manifester pour protester contre l’instauration d’une police universitaire. Mettrez-vous en place cette structure contre la volonté des bénéficiaires ?

Laya Sawadogo (Pr. L.S.) : Personne n’est plus fort que l’Etat. Il faut se souvenir de cela. Qui est concerné ? Est-ce la nation ou est-ce une partie de celle-ci ? La réglementation en la matière concerne toute la nation. Les problèmes de sécurité ne sont pas sectoriels mais ils sont globaux. Le campus de Zogona ou de Bobo et d’ailleurs, peut être l’objet de difficultés de gestion en matière de sécurité. En 2004, il y a eu un crime sur le campus de Zogona. Il n’y a pas mal de cas de vol, d’agression sur ce campus. Nous disons qu’il faut réglementer la sécurité sur les campus burkinabè, afin qu’il ne s’y mène pas des activités, au mépris de la loi. Dans le monde, existe-t-il une université qui n’a pas de système de sécurité ? Je demande qu’on me dise dans quelle université, a-t-on constaté qu’il n’y a aucune machine de sécurité garante de la stabilité des uns et des autres.

L’orsqu’il y a trois ans, nous avons envisagé cette police universitaire à travers la révision des franchises universitaires, ce fut à un moment où l’insécurité était plafonnante sur le campus ouagalais. J’ai dit en son temps que nous n’allons pas mettre en place cette police sans des discussions entre partenaires de l’Université de Ouagadougou. D’où j’ai demandé à l’Université de Ouagadougou de financer une sortie d’étude par les étudiants eux-mêmes dans les universités de la sous-région. Cela a été fait. Des groupes d’étudiants sont allés visiter ces différentes universités au regard de leur systèmes de sécurité. De retour, ils devront élaborer des propositions qui définiront la nature du système sécuritaire à mettre en place. Personne n’est en réalité contre le fait qu’il faut de la sécurité sur le campus. Pas seulement là-bas ; même au plan national, l’opinion publique s’émeut face aux agressions qui se passent ici ou là.

S. : Quelles seront les missions essentielles de cette police pour l’intérêt général et quelles seront ses attitudes face aux franchises universitaires ?

Pr. L.S. : Il faut d’abord définir les franchises universitaires. Les zones franches ne sont pas des zones interdites à la société. Elle le sont parce qu’une réglementation consensuelle permet aux uns et aux autres de travailler dans la sérénité. C’est cela le fondement des franchises. Mais elles ne signifient pas un endroit où chacun fait ce qu’il veut. La zone est franche à cause justement de la réglementation dont elle fait l’objet, par rapport aux autres zones. La police universitaire sera intégrée dans le contexte des franchises universitaires. Elle sera sur le campus pour prévenir en premier lieu les actions d’insécurité. Notre effort est orienté (concentré) sur la prévention. Nous souhaitons qu’il n’y ait pas répression dans ses actes de tous les jours. Celle-ci intervient par la nécessité lorsque rien n’a pu empêcher un acte de désordre public. En ce moment, il est normal de ramener la paix, car ce n’est pas parce que je n’ai pas pu prévoir qu’il y aura ceci, que, si ceci est, je dois croiser les bras. Quand l’imprévisible survient, j’ai l’obligation de corriger cela selon son importance. La police universitaire sera là pour prévenir le désordre de tous genres.

S. : Est-ce que l’université de Bobo et l’ENSK seront concernées par cette police universitaire ?

Pr. L.S. : Probablement. Si elles ont des cités universitaires et un campus organisés, nécessairement elle va s’étendre à ces universités. C’est l’ensemble des universités qui seront concernées par cette police.

S. : Qu’est-ce qu’exactement la police universitaire ? Quel statut auront ces policiers et qui va les recruter ?

Pr. L.S. : Ils ne sont pas des policiers de la police nationale. C’est un personnel que nous allons recruter en collaboration avec le ministère de la sécurité. Ils seront formés au maniement des armes et aux techniques de maintien de l’ordre par les institutions de police. Il leur faut une formation morale, psychologique, technique et physique pour qu’ils sachent ce qu’est la police de sécurité. Nous n’avons pas encore défini s’ils seront des agents de mon département ou du ministère de la sécurité. Nous choisirons la forme la plus acceptable.

Ce ne sont pas des agents secrets. Leur rôle consistera à la prévention et au contrôle des différents mouvements sur le campus au regard de la sécurité.

S. : L’enseignement secondaire est marqué par un déficit exacerbé d’enseignants de mathématiques et de sciences physiques à l’heure où vous avez fermé l’Institut des sciences (IDS). Quelle mesure nouvelle, envisagez-vous pour résorber cette situation ou est-ce que vous prévoyez ouvrir l’institut incessamment ?

Pr. L.S. : L’institut des sciences (IDS) est dissous. C’est la première fois que je tiens un propos concernant la dissolution de l’IDS à un journaliste. De tous ceux qui ont parlé ou écrit dans les journaux, personne n’est venu ici au ministère pour savoir de quoi il s’agissait exactement. Chacun s’est occupé de ce qu’il veut comme information, là où il voulait l’avoir. Cela n’engage qu’eux.

Le gouvernement a pris l’initiative de s’affronter frontalement aux problèmes de déficit d’enseignants en priorité dans les disciplines scientifiques. Nous avons convenu d’ouvrir un établissement. Nous avons déterminé le budget subséquent et les formes que cela devrait prendre. En 2004, nous avons informé les lycéens de l’ouverture d’un établissement de formation de professeur de CEG. Il m’avait été reproché à l’époque de vouloir limiter le concours à une catégorie de bacheliers, c’est-à-dire ceux du BAC 2004. Je savais pourquoi un tel choix, mais on m’avait dit, ce n’est pas démocratique.

Le concours a réuni près de 80 % des candidats qui avaient le BAC 2001 à 2004, donc des anciens étudiants aguerris aux luttes de contestation sur le campus. Chasser le naturel, il revient au galop... J’avais indiqué que nous leur donnions un pécule de 25 000 FCFA avec le logement, le repas et le déplacement gratuits. Ils sont exemptés d’achat de manuels scolaires. Tout cela pour réunir le maximum de conditions favorables pour une formation professionnelle de qualité.

Selon les règles de l’Etat, 54 000 F CFA, sont perçus par des professionnels recrutés à partir du DEUG ou de la Licence. J’ai donc apporté l’information exacte. Les textes de l’Etat sont clairs, les bacheliers en formation selon l’arrêté du ministre des Finances, ont un pécule de 31 000 FCFA par mois. Nous leur avons dit que l’IDS est un établissement spécifique puisqu’eux-mêmes gagnent plus que leurs collègues des autres écoles de formation. Malgré notre volonté d’information juste et de dialogue, ils sont allés dans la nature depuis le 17 décembre 2004, ils n’ont cessé de s’agiter.

Le 19 du même mois, j’ai fait dire à ceux qui ne voulaient pas des conditions suscitées, qu’il était temps qu’ils se retirent de manière à garantir la présence des autres au sein de l’établissement. Il ont accepté individuellement de revenir poursuivre leur formation à l’institut et ils ont perçu leur pécule de 25 000 FCFA. Nous les avons alors réintégrés au sein de l’établissement. Aussitôt revenus des congés en janvier 2005, ils partent à nouveau dans la rue. J’ai encore été patient. Nous avons fait des tribulations impossibles jusqu’au 13 janvier date butoir où j’avais l’obligation de trouver une solution à cette situation.

Jusqu’à cette date il n’y a eu aucun médiateur qui est venu les conseiller, ou me voir personnellement ; aucun intervenant n’est venu s’inquiéter, alors j’ai pris une décision claire supprimant l’établissement. C’est le pouvoir régalien de l’Etat qui s’est exprimé à travers cela, afin que l’ordre public soit sauvegardé. D’autant plus que les élèves professeurs ne veulent pas étudier selon les conditions définies à la création de l’établissement.

Le budget de l’IDS était prévu autour de 260 millions. Il dépassait de 5 ou 6 fois chaque budget d’UFR. Aucune UFR de l’université de Ouagadougou avec ses 1 000 ou 1500 étudiants n’a 50 millions de budget annuel. Je me suis battu pour que cette établissement de 200 étudiants ait un budget fonctionnel d’une telle ampleur. Tant, il nous tenait à cœur d’avoir un instrument de formation professionnelle correct. Hélas...

S. : Que deviendra ce budget maintenant que l’IDS est dissous ?

Pr. L.S. : Il revient au Premier ministre d’instruire le ministre des Finances pour qu’il le dispatche ailleurs..

S. : Et le problème du manque d’enseignants, comment allez-vous le résoudre ?

Pr. L.S. : L’Etat ne renonce pas à sa volonté de trouver la solution au manque d’enseignants. Maintenant que l’IDS est dissous, nous sommes en train de faire des simulations pour avoir un nouvel établissement.

Notre ambition actuelle est donc de trouver un nouvel établissement. Les textes sont pratiquement prêts, il ne nous reste plus que la critique du ministère des Finances et de la Fonction publique pour que mon département valide ses textes et les soumettre au conseil des ministres. Nous ouvrirons un établissement autonome, à personnalité morale ayant toutes ses structures et son corps enseignant. Ce sera soit une IPTE soit un EPE soit encore un EPA. En principe, si tout se déroule normalement comme c’est le cas maintenant, d’ici le mois d’avril, nous devrions débuter une campagne d’information dans les lycées et collèges pour ouvrir le concours aux seuls bacheliers 2005. Que cela soit clair, nous ne prendrons pas de bacheliers 2004. Nous pensons que cet établissement va s’ouvrir d’ici septembre 2005.

S. : A la veille de la rentrée du 3e trimestre de l’année scolaire et académique, quel bilan à mi-parcours tirez-vous ?

Pr. L.S. : Tout s’est passé à peu près bien. L’université, un milieu scolaire où ça ne bouge pas n’est somme toute pas un monde scolaire normal. Nous avons constaté la jeunesse et son tempérament. Il y a eu quelques agissements à l’université de Ouagadougou, de Bobo-Dioulasso. Dans les lycées et collèges, fort heureusement, nous n’avons pas connu de difficultés majeures sauf des cadrages mineurs à revoir dans les relations élèves-professeurs, APE-direction...

Globalement le premier et le deuxième trimestre se sont déroulés à la satisfaction générale. La plupart des examens ont eu lieu ainsi que les contrôles de partiels à l’université. Je dois dire que l’année est satisfaisante. Si l’on va dans cette direction, avec ce rythme, nous arriverons à la fin de l’année avec des résultats meilleurs.

S. : Combien d’élèves, combien d’étudiants, quel est le programme d’examen scolaire envisagé pour le reste de cette année et pour les années à venir ?

Pr. L.S. : Sans être des fakirs, nous pensons que le baccalauréat depuis qu’il a été mis en place (nouvelle mouture) permet d’obtenir entre 6 000 et 6 500 bacheliers. Peut-être cette année avec le calme renforcé, nous aurons la chance d’aller à plus de 7 000 nouveaux étudiants. Chaque fois que le calme est de mise, généralement les résultats sont à la hausse. Pour cette année, il y a 2 ou 3% de plus aux effectifs des 50 000-60 000 candidats. Si nous atteignons 30-35% de réussite au BAC, ce ne serait pas mauvais. Le budget 2004 n’a pas permis de construire plus de 2 établissements. Or à l’heure actuelle, nos programmes sont largement en deçà des attentes. Le chef de l’Etat a instruit qu’il faut au minimum un collège par département. Sur les 350 départements aujourd’hui à peine 241 en sont dotés. Nous sommes très loin d’avoir réalisé notre contrat. Mais là aussi ce sont des difficultés de cadrage macro-économique qui gouvernent ces priorités. Il n’y a pas à avoir froid aux yeux, il n’y a qu’à observer la réalité du pays. Des difficultés d’effectifs existent dans les lycées et collèges. En plus du déficit d’enseignants se posent beaucoup de problèmes au niveau de l’encadrement dans ces établissements.

S. : Justement , au titre de ces difficultés, certains fondateurs d’établissements secondaires arrêtent l’année scolaire avant terme. Les élèves se retrouvent ainsi dans la rue sans avoir reçu les enseignements nécessaires, surtout quand ils sont en classe d’examens comme c’est le cas du collège St Bernard de Kokologho qui n’a que 3 bâtiments pour 4 classes. Comment gérez-vous ces cas d’établissements secondaires privés ?

Pr. L.S. : Je n’ai pas reçu le rapport exact concernant ce collège du département de Kokologho... Pendant longtemps, les établissements privés ont été gérés de façon laxiste. Il n’y avait pas de repères d’obligation stricte à respecter par rapport aux besoins de l’Etat. La société à économie informelle commande ces actions. Parce que l’informelle n’est pas seulement à Rood-Wooko ou autour, mais elle est dans notre esprit et dans tous les champs d’activités.

Beaucoup d’établissements privés se sont retrouvés dans cette situation. Cette année, nous avons pu fort heureusement définir un cahier des charges de l’enseignement privé. Pour l’instant, nous avons certainement des brebis galeuses qui n’arrivent pas à s’y cadrer. Il faut éviter là aussi la répression tout azimut. Il faut prendre le temps pour comprendre ces situations. Très probablement au premier contrôle de la mise en œuvre des cahiers des charges vers le mois de mai-juin, nous allons regarder quels sont les établissements traînants. En ce moment, nous envisageons leur dissolution. Depuis que nous avons trouvé la voie de la dissolution chaque fois qu’il sera nécessaire nous le ferons et nous recommencerons une autre chose. Je ne souhaite pas avoir à fermer un établissement privé compte tenu de la demande éducative, mais lorsque la qualité de l’enseignement n’y est pas et que les enseignants ne sont pas payés, à telle enseigne qu’on soit obligé de le refermer au mois de février-mars, ce n’est pas la peine de laisser ouvrir de tels établissements. Au mois de mai, j’aurai le rapport de la situation des établissements privés à l’aube de l’application de la convention avec ces derniers. Nous verrons à partir de ce moment, les actions à entreprendre par le gouvernement au regard de cette situation préoccupante. Il est souhaitable que les élèves, les enseignants, les APE, puissent chaque fois mesurer ce qui est leur intérêt. L’intérêt à travailler dans le calme, commande à chacun de ne voir dans la réglementation que la sauvegarde de l’essentiel.

El Hadj Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)
- Nadoun S. COULIBALY (coulibalynadoun2002@yahoo.fr)
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