Actualités :: Exclusion des 500 élèves-policiers : les syndicats protestent

Le vendredi 18 février 2005, à l’instar des travailleurs des différents secteurs d’activités du pays, des policiers et élèves policiers ont organisé une manifestation de rue pacifique.

Cette manifestation avait pour objet de faire part aux autorités des conditions de vie, d’étude et de travail extrêmement difficiles des travailleurs et des élèves de la police. Les revendications avancées portent essentiellement sur les indemnités de risque, les indemnités de garde, la dotation en tenues et en armes et la construction d’un internat à l’école nationale de police. La justesse des revendications est évidente.

Par exemple, l’indemnité de garde servie aux agents de la police est de 300 F au lieu de 1 000 F comme promis, ce qui est déjà dérisoire. L’indemnité de risque supprimée par le CNR n’a toujours pas été rétablie alors que la plupart des secteurs d’activités ont recouvré leurs indemnités, suite au protocole d’accord gouvernement/syndicats de 1991.

En réponse à cette interpellation contre la misère et les risques auxquels ils sont exposés les autorités de la IVe République, par un arrêté du ministre de la Sécurité, ont durement réprimé cette manifestation à travers les mesures suivantes :

- la radiation de 500 élèves - policiers ;

- l’interpellation, (selon des informations livrées par les journaux de la place), d’une quinzaine de policiers dont cinq sont encore détenus dans les locaux de la police.

En la matière, il nous revient en mémoire le cas des militaires qui, en juillet 1999, avaient, eux aussi, organisé une marche pour exiger le paiement de leur dû. Non seulement aucune sanction n’avait été prononcée contre eux, mais mieux, ils avaient été rapidement satisfaits. Il y a là manifestement deux poids, deux mesures.

Déjà en janvier 2005, ce sont 200 élèves - professeurs de la première promotion de l’Institut des Sciences (IDS) qui sont renvoyés et leur institut dissous par arrêté du ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique.

Nous croyons savoir que le recrutement des 200 élèves/professeurs, tout comme la création même de l’Institut des Sciences, répondent au souci de faire face à un déficit crucial en professeurs, notamment de mathématiques, de sciences physiques et de sciences de la vie et de la terre. Pour mémoire, le déficit en professeurs pour l’année 2004 - 2005 s’élève à 1 300.

En considérant la situation d’ensemble au plan social dans le pays, il ressort une réalité indiscutable qui est celle de conditions de vie et de travail très difficiles du monde du travail, tous secteurs confondus. En témoignent les grandes mobilisations populaires de protestation à l’exemple de celles de décembre 2004 et de février 2005.

Ainsi, par ces deux actes, ce sont quelque sept cents (700) jeunes qui se retrouvent dans la rue. Pourtant en organisant en septembre 2004, le Sommet des chefs d’Etat africains sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté, le pouvoir de la IVe République s’engageait à promouvoir l’emploi, celui des jeunes notamment et à lutter contre la pauvreté. En renvoyant sept cents jeunes dans la rue dont cinq cents recevaient une formation à l’école nationale de la police, c’est, d’une certaine manière, alimenter davantage le phénomène de l’insécurité généralisée que subissent durement les populations burkinabè. Quel paradoxe !

Et déjà, certaines administrations des écoles professionnelles, exhibent les sanctions prises contre les professeurs et les élèves policiers pour intimider les élèves et tentent de les dissuader d’engager des luttes revendicatives.

Les centrales syndicales et les syndicats autonomes du Burkina Faso sont persuadés que la voie de la répression choisie par le gouvernement, n’est ni une bonne, ni une juste solution aux problèmes qui sont soulevés dans les revendications des élèves/professeurs et des élèves/policiers.

Les centrales syndicales et syndicats autonomes de notre pays, interpellent par conséquent les autorités de la IVe République afin qu’elles prennent toute la mesure de la situation et reconsidèrent les différentes sanctions prises, notamment les décisions de renvoi des 500 élèves-policiers, des 200 élèves-professeurs et de dissolution de l’Institut des Sciences. Il leur appartient d’examiner sérieusement les préoccupations posées dans le cadre d’un dialogue social fructueux et de leur trouver des solutions acceptables et durables, en prenant en compte le fait que de bonnes conditions de formation sont profitables, non pas seulement aux formés, mais aussi aux formateurs et à la nation entière.

Pour leur part, les organisations syndicales signataires de la présente, expriment leur entière disponibilité à engager avec les autorités compétentes une concertation en vue de trouver des solutions satisfaisantes aux dossiers sus-évoqués.

Ont signé :

Pour les Centrales syndicales :

CGT-B : Tolé SAGNON, Secrétaire Général

FO/UNSL : Joseph TIENDREBEOGO, Secrétaire Général

CNTB : Laurent OUEDRAOGO, Secrétaire Général

ONSL : Abdoulaye YRA : Secrétaire Général,

CSB : Jean Mathias LILIOU, Secrétaire Général

USTB : Mamadou NAMA, Secrétaire Général

Pour les syndicats autonomes :

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