Actualités :: Des fissures dans "Alternance 2005" : Les conséquences d’une incohérence (...)

Alternance 2005 commence à voler en éclats. Le Rassemblement des écologistes du Burkina (RDEB), dont le candidat Ram Ouédroago n’a pas eu l’aval de ce groupement pour aller à la présidentielle de novembre, vient de claquer la porte.

Est-ce là vraiment un acte inattendu quand on sait que l’union n’a jamais été le fort de cette opposition faite de bric et de broc. Les déclarations d’intention sont certes louables, mais résistent-elles aux ambitions d’hommes qui n’auront brillé durant une décennie que par leur propension à la création encore et toujours de nouveaux partis politiques.

On ne reviendra pas sur la réalité aujourd’hui consommée que les prétendus leaders politiques préfèrent diriger des groupements fantômes au lieu de créer de grands ensembles solides et structurés. Chacun préfère gérer un petit cercle de fidèles plutôt que d’avoir affaire à une somme d’intellectuels et de personnalités à même d’apporter un vrai plus au bouillonnement des idées dans le parti. Ram Ouédraogo, justement pour parler de lui, n’a-t-il pas choisi de fuir les Verts du Burkina, lorsque la fronde a commencé à souffler s’en aller créer le RDEB ?

Les partis sankaristes ne sont-ils pas fractionnés au point d’en être à sept se réclamant de l’idéal du président défunt. En dix ans de pratique démocratique dans notre pays, la performance est-elle digne de politiciens sachant ce qu’ils veulent et où ils vont ? C’est dire que les intentions répétées de "Alternance 2005" faisaient doucement sourire. Comment pourrait-elle penser cette alternance que le choix des fameux "trois candidats" allait convenir à tout le monde ? La preuve, de nombreux partis qui signaient ces multiples déclarations ont opté au dernier moment à ne pas présenter de candidats.

Les germes du fruit

Et les exemples patents à ce propos sont le PDP/PS et le FFS qui jusqu’aujourd’hui n’ont pas encore décliné leurs intentions pour la présidentielle à venir dans moins de huit mois. Les choses se précisent donc, mais des partis hier encore ensemble, et clamant tout haut leur volonté de se réunir, n’ont pu arriver à ce consensus devenu un leurre. Le RDEB dans son communiqué annonçant son retrait n’a nulle part donné les motivations de celui-ci. Il se contente de la formule passe-partout de "prendre acte et de tirer toutes les conséquences". On ne bâtit donc pas une union de partis, au substrat idéologique divers, sur les intentions. La logique, du moins monter un attelage qui tienne, aurait consisté à créer deux ou trois groupes ayant des valeurs et conceptions de la société proches les unes des autres.

Il est évident que des sankaristes se disant défenseurs de l’idéologie marxiste pure et dure et des libéraux bon teint du style Hermann Yaméogo ne peuvent ensemble parapher une plate-forme minimale programmatique. Comment vont-ils s’affronter au premier tour, compétition et projets de société différents obligent, pour se retrouver lors d’un éventuel second tour. De quoi vont-ils parler et que vont-ils proposer au peuple ?

Si leur alternance se réalisait, comment vont-ils gouverner quand on voit comment tous ceux qui ont aidé Abdoulaye Wade à parvenir au pouvoir sont à présent hors du navire ? Conséquemment l’union ne peut se concevoir viable que sur des bases idéologiques. Autrement l’alternance est trop courte pour constituer un projet politique, à tout le moins sur le long terme.

Quel intérêt pour l’électeur ?

Ils étaient quatre au départ, à l’arrivée, ils sont toujours quatre. L’opération qui a consisté durant une année à vendre le projet "trois candidats" pour seize partis regroupés au sein de Alternance 2005 n’a en fait été que du marketing politique. Puisqu’au final, l’objectif recherché n’est pas atteint. Hormis la rébellion Ram Ouédraogo, on attend encore la réaction des douze autres partis.

Vont-ils eux présenter des candidats ou choisiront-ils de s’aligner derrière Hermann, Bénéwendé ou Philippe ? Question cornélienne s’il en est, d’autant plus que chacun des trois est issu d’un monde politique différent de celui des autres. Si les partis du groupement politique sont embêtés pour choisir, que dire alors pour l’électeur qui se demande à "quelle sauce il sera mangé" une fois le triomphateur confronté à l ’épreuve du pouvoir ? Le premier tour d’une élection est comme on dit le tour où chacun défend sa chapelle.

A défaut d’avoir opté pour un seul candidat comme au Togo, chacun devrait voler de ses propres ailes. Les alliances du second tour seraient alors plus lisibles et permettre à l’électeur de savoir où il met les pieds. Avec les ténors, PDP/PS, OBU, FFS, ADF/RDA qui ne se sont pas encore prononcés, ténor s’entend de par la présence médiatique de leurs premiers responsables, le nombre de candidats va approcher la dizaine. Vu que parmi les seize de Alternance 2005, plusieurs partis n’ont pas de candidat, le choix des trois ne s’imposait pas vraiment. En tout cas, au final, on peine à en percevoir les dividendes politiques, puisque la division est réelle avant même que l’union ne voit un début d’exécution.

Souleymane KONE
L’Hebdo

Présidentielle 2005 : L’opposition promet l’alternance
Assemblée nationale : Haro sur les députés fantômes
Partis d’opposition : Pour une stratégie concertée de (...)
Procès du 6 avril : les partis poliiques invitent à la (...)
Visite du Président du Faso au Vietnam
Tentative de putsch : Deux procès pour le prix d’un (...)
La classe politique burkinabè a un effectif de (...)
Compte rendu du conseil des ministres du 31 mars (...)
CDP : "Le mode de scrutin actuel favorise l’émiettement (...)
Modification du code électoral : Le mémoire en défense du (...)
Révision du code électoral : Le CDP persiste et (...)
Violences à Abidjan : le Burkina Faso proteste auprès de (...)
Me B. Stanislas Sankara : "Eviter les démocraties (...)
Commission des droits de l’Homme de l’ONU : La touche du (...)
Forum civique national (FNC) :Vers un nouveau contrat (...)
Journée nationale de pardon : L’ADN pour les 11 (...)
Assemblée nationale : quitus au gouvernement pour (...)
Journée nationale de pardon : le bilan, 3 ans après
Réconciliation nationale : Muets comme une tombe de la (...)
Coopération Burkina Mali : Clôture de la grande (...)
Kassoum KAMBOU : Rôle et place du juge dans notre (...)

Pages : 0 | ... | 12075 | 12096 | 12117 | 12138 | 12159 | 12180 | 12201 | 12222 | 12243 | ... | 12474


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés