Actualités :: Regard sur la justice burkinabè : Le combat contre l’impunité

Dans de nombreux pays, les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale, restent impunis. Les victimes n’osent pas parler ; les auteurs ne sont pas recherchés ou sont introuvables ; les autorités n’ont pas la volonté ou sont incapables d’assurer la justice.

L’impunité engendre des conséquences désastreuses : elle permet aux auteurs de croire qu’ils échappent aux conséquences de leurs actes, elle ignore la détresse des victimes et elle perpétue les crimes.

L’impunité affaiblit aussi les institutions des Etats, elle nie les valeurs humaines et avilit l’ensemble de l’humanité.

Connaître la vérité sur le sort des victimes et sur l’histoire de son pays est un droit pour les citoyens et un devoir pour l’Etat : le droit international fait obligation aux Etats qui ont ratifié les principaux textes protecteurs des droits de l’Homme, d’enquêter sur les violations de ces droits. La recherche de la vérité le plus complète possible sur les violations de ces droits orchestrées par l’Etat est l’objectif principal de ceux qui se battent contre l’impunité. Ils estiment que le gouvernement d’un pays a le devoir sacré de faire établir cette vérité ; ils sont convaincus qu’un pays ne peut se construire - ou se reconstruire sur le mensonge.

L’importance des témoignages

Le droit à la vérité et le droit de savoir ne sont pas des droits strictement individuels, ils forment un droit collectif qui s’intègre dans un devoir de mémoire, dont chacun, à son niveau, a la charge. En condamnant les pratiques criminelles de l’histoire et en y opposant le respect de la vie, de la liberté et de l’homme, on peut espérer éviter la répétition des atrocités. Dans un premier temps, la quête de la vérité commence souvent par le recueil de témoignages des victimes directes, de leur famille ou des responsables des crimes. Elle se poursuit généralement par des enquêtes plus systématiques et enfin, par la rédaction et la diffusion de rapports permettant de rétablir publiquement la vérité aux yeux de l’opinion.

Si le travail de mémoire n’a certes pas ouvert les portes des tribunaux, mais a permis de prendre le chemin d’une autre justice, morale celle-là. Malgré ce que d’aucuns craignaient, l’éclatement de la vérité n’a pas ravivé les conflits ni fait naître des idées de vengeance. Bien au contraire, la recherche de la vérité par l’appel à témoigner a été dans certains cas, l’occasion d’une réconciliation.

L’importance des procès

Si l’établissement des faits en vue de la recherche de la vérité est un début indispensable, l’objectif poursuivi par de nombreux acteurs de la lutte contre l’impunité est la sanction juridique des personnes mises en cause.

Un procès, même symbolique, est l’occasion de faire ressortir pleinement et publiquement la vérité. Il permet aux victimes d’être reconnues en tant que telles et de rendre inacceptables le sentiment et la volonté d’impunité des bourreaux.

Beaucoup de spécialistes estiment en effet que la sanction est moins importante en soi que le rituel et la symbolique du procès.

Après cela, repérer est un devoir vis-à-vis des victimes. Le devoir de réparation est d’ailleurs présent dans de nombreux textes de droit. Raison pour laquelle, l’Etat a obligation légale de prendre des mesures suffisants pour prévenir les atteintes aux droits de l’Homme et d’utiliser les moyens dont il dispose pour enquêter sérieusement sur les violations commises par des personnes relevant de sa juridiction, identifier les responsables, prononcer des peines appropriées et veiller à ce que la victime bénéficie d’une réparation adéquate.

Les réparations collectives sont surtout symboliques et morales. Elles prennent la forme d’une reconnaissance publique par les autorités des crimes commis, par des événements, des ouvrages commémoratifs, "baptême" de rue en mémoire du passé, des déclarations officielles de "repentance" réhabilitant les victimes... Toutes ces réparations, aussi symboliques soient-elles, contribuent à également un travail de reconstruction démocratique et de pacification nationale.

Sortir de la fatalité de la répétition

Une fois la vérité sortie de l’ombre, le plus important est sa reconnaissance officielle qui, au-delà de l’importance politique du geste, remplit un rôle psychologique irremplaçable. Ne pas reconnaître les crimes du passé revient à nier les victimes et leurs héritiers comme sujets, à les déposséder une seconde fois de leur humanité.

D’une façon plus générale, les témoignages font partie d’un processus d’enquête dont le souci principal est d’établir la vérité pour parer à tout risque de négationnisme. Les leçons du passé peuvent être l’un des facteurs permettant de mettre un terme à la "compulsion de répétition", le fait de répéter au lieu de se souvenir-l’action se substitue au souvenir et prend sa place. Le fait de mettre en avant le souvenir, de faire un véritable travail de mémoire, reste le seul moyen susceptible de désamorcer ce processus de répétition.

Ibrahiman SAKANDE (E-mail : ibra-sak@caramail.com)
(Avec la collaboration du REJIJ et du PADEG)
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