Actualités :: Report des élections municipales : Chaque chose en son temps

Au Burkina, aucune décision ne peut être prise par le gouvernement sans que certains ne se lancent dans des débats stériles ou ne voient le "diable politique" derrière cette décision. On ne peut que comprendre ceux qui dans la presse ou au détour d’une causerie s’offusquent pour ne pas dire plus de la décision du gouvernement de reporter les élections municipales.

Seulement, à les lire ou à les écouter, on se rend vite compte que, adeptes de la pensée unique, ils n’ont pas pris le temps de mesurer l’importance de ce que sont les élections municipales. Ces élections comme on le sait, ne s’organisent pas parce qu’il faut les organiser - Organiser de telles élections nécessite sur toute la ligne, une préparation minutieuse.

M. Moussa Michel Tapsoba, président de la CENI.

Ce que les adeptes de la pensée unique savent très bien. Si on devait organiser les élections municipales parce qu’il faut simplement les organiser, ceux qui "s’agitent" aujourd’hui ou qui écrivent sans vraiment prendre la mesure des risques, seront les mêmes, les premiers à crier au fiasco, à l’inorganisation et même à la fraude.

Convaincu de cela et pour plusieurs raisons objectives, le gouvernement a donc décidé d’organiser les élections municipales après la présidentielle de novembre 2005.

Rien ne sert de courir...

Pour l’élection présidentielle, la date est connue : 13 novembre 2005. Il en est de même de celles de l’ouverture et de la clôture de la campagne présidentielle ; fixées respectivement le 23 octobre et le 12 novembre 2005. En rappel, c’est le 15 novembre 1998 que le président du Faso avait été élu pour un mandat de 7 ans.

Le délai constitutionnel sera donc bel et bien respecté, car on imagine mal que l’élection présidentielle ne se tienne pas en cette année 2005. Par contre ce qui fait l’objet de dissertation voire "d’agitation" dans la presse, c’est le report des municipales, après la présidentielle. Il convient de rappeler à certains que ce n’est pas la première fois dans notre pays que des élections municipales sont reportées. Que ces derniers n’oublient pas les élections de 2000. Ce n’est donc pas le report de quelques mois qui peut constituer un problème, surtout qu’il permet à la CENI et au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation de peaufiner ce qui doit l’être pour un bon déroulement de ce scrutin. En effet, il est important de savoir que de la délimitation des communes rurales au fonctionnement effectif des gouvernorats en passant par tous les mécanismes qui accompagnent la régionalisation et la décentralisation, toute la chaîne doit être bien huilées pour permettre à chacun de jouer pleinement son rôle. Par exemple, ce n’est seulement pas la délimitation qui confère à une commune un "statut de commune rurale". "L’érection" d’une commune rurale s’accompagne nécessairement de moyens tant matériels, humains que financiers. Il en est de même du gouvernorat, ce qui n’est pas le cas. C’est dire que si la CENI a avancé largement de l’argent qui n’a pas été débloqué à temps, elle sait aussi que les problèmes vont au-delà de l’argent pour englober toutes les questions liées à l’organisation et au fonctionnement des communes rurales singulièrement.

Les élections municipales à venir concerneront non seulement les 49 communes urbaines actuelles, mais aussi toutes les communes rurales consacrées par le nouveau code des collectivités territoriales. Ce qui montre l’immensité de la tâche et des moyens à mettre en œuvre .

Le gouvernement le sait bien. La précipitation, les tâtonnements n’auront pas de place. C’est pourquoi, pour ces municipales, il ne sert à rien de se précipiter, il faut aller à point.

Il est donc préférable de continuer le travail, mettre les petits plats dans les grands afin que les municipales à venir, les communes rurales ne soient pas une déception pour tous ceux qui fondent leurs espoirs sur la décentralisation.

Il ne faudrait surtout pas se laisser "berner" par ceux qui sont aujourd’hui contre le report des élections municipales, car si la machine se grippe, ce sont les mêmes qui riront sous cape et rempliront les colonnes des journaux de leurs récriminations.

Eviter le préjudice à la démocratie

A l’analyse, les partis politiques devraient féliciter le gouvernement pour le temps qu’il leur donne avec ce report des municipales. Ce report en principe devrait être mis à profit pour s’organiser et trouver les moyens pour le combat.

Qu’on ne se voile pas la face, si les deux scrutins devraient avoir lieu en 2005, ce ne serait pas évident que certains partis puissent participer comme il se doit. On sait ce que valent certains partis. Un scrutin, ce n’est pas les déclarations et les conférences de presse.

Participer à un scrutin municipal et présidentiel va au delà des déclarations et conférences de presse pour englober toute une stratégie, des moyens matériels, humains et financiers. Or, ils ne sont pas nombreux les partis politiques burkinabè qui peuvent répondre à ces "exigences essentielles".

C’est pourquoi, le report des municipales ne doit pas être vu comme "le casus belli" du gouvernement bien au contraire.

Il traduit la volonté du gouvernement de ne rien faire au hasard qui puisse porter préjudice non seulement à la démocratie mais aussi à la décentralisation.

Voir les choses autrement, c’est faire preuve de Nanisme politique, car organiser des élections, c’est loin d’être assis entre quatre murs et écrire ou dire ce qu’on veut.

Fort donc de ce qui précède, on peut comprendre et accepter que la décision du gouvernement de reporter les élections municipales, est le fruit d’une vision prospective qui tranche avec celle de ceux qui ne veulent pas voir plus loin que le bout de leur nez.

Ne dit-on pas que gouverner, c’est prévoir ? Et que chaque chose en sont temps !

Idrissa Kaboré
L’Opinion

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