Actualités :: Affaire Norbert Zongo et situation politique au Burkina : arguments légers (...)

Alors que le juge d’instruction en charge du dossier sur l’assassinat de notre confrère Norbert Zongo manque de témoins et de preuves tangibles pour conduire ses enquêtes, des révélations de plus en plus tirée par les cheveux sont distillées au compte-gouttes dans certains journaux de la place.

S’y dégage en sourdine une volonté de marketing oppositionnel.

Le FESPACO est un grand rendez-vous où chacun voudrait vendre aux festivaliers ses certitudes circonstanciées. Depuis une décennie, le Burkina Faso offre une image contrastée d’elle-même. Classé par le PNUD dans le dernier carré des pays les moins avancés (PMA), il ne continue pas moins d’offrir l’image d’un Etat stable, d’une économie dont la croissance annuelle (6,2 %) est au-dessus de la moyenne africaine (4,5 %) et d’une démocratie à la fois vivante et apaisée.

Le Burkina, une démocratie ouverte et apaisée

Analysant le paysage politique du Burkina à l’issue du dernier scrutin législatif (5 mai 2002) M. Cyril Goungounga, député de l’ADF/RDA parti d’opposition, a pu écrire : "Ce qui ressort fortement de ces résultats, c’est la grande représentation des partis politiques à l’Assemblée et le repli du parti dominant qui, avec une très courte majorité en matière de nombre de sièges (57), a recueilli moins de la moitié des suffrages exprimés".

17 partis sur la soixantaine que compte le Burkina ont au moins un député à l’Assemblée nationale. Les parlementaires de l’opposition toutes tendances regroupées sont au nombre de 43 députés sur les 111 que compte l’Assemblée nationale. Bien que parti dominant, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui soutient le président Blaise Compaoré n’exerce pas une mainmise totale et exclusive sur l’Etat.

Au contraire, plusieurs réformes qui ont concerné le code électoral, le statut des partis d’opposition, la justice et l’armée ont mis le système burkinabè dans le registre des démocraties ouvertes et pluralistes. Une tradition de dialogue et de tolérance entre partis politiques et les différentes communautés nationales lui permet d’être à la fois concurrentielle et apaisée.

Quelques cas d’insécurité et de meurtres non élucidés

La question de la sécurité des personnes et des biens reste néanmoins posée. Des agressions répétées sur les routes contres des voyageurs sont fréquemment signalées. En outre, plusieurs meurtres crapuleux demeurent inexpliqués et la justice saisie a de la peine à les élucider. La tenue annuelle des assises de la Cour criminelle de Ouagadougou et les verdicts inattendus dans certains dossiers dont elle est saisie donnent à penser que la justice observe une démarche professionnelle prudencielle dans leur traitement.

Pas de précipitations préjudiciables à la manifestation de la vérité. Ce leitmotiv non dit n’est pas pour plaire à tout le monde notamment les milieux proches de l’opposition qui n’hésitent pas à culpabiliser de manière tendancieuse le pouvoir. Les affaires de meurtres pour lesquelles le régime du président Blaise Compaoré est indexé sont ceux de Clément Oumarou Ouédraogo et de Norbert Zongo.

Pour ce dernier cas, la personnalité de la victime, directeur de publication d’un journal privé proche de l’opposition, continue d’entretenir la polémique au risque de brouiller les pistes. A la question de savoir à qui profite le crime ? La rédaction du journal l’Indépendant qu’il a fondé est sans équivoque, c’est le pouvoir en place. Par des méthodes d’investigation très contestables d’un point de vue des procédures judiciaires et de la déontologie de la presse - utilisation de tracts, citations d’informateurs anonymes ou sans visages ni adresses, citations de témoins non contactés mais suivant les "on dit" ou "on a entendu dire", etc, - Nos confrères de l’Indépendant, juges et parties, tente d’accréditer la thèse de la culpabilité de M. François Compaoré, frère cadet du président du Faso.

François Compaoré, l’homme à abattre...

Les dernières "preuves" produites pour consolider cette thèse de la culpabilité de M. François Compaoré sont son voyage "précipité" en France le 13 décembre 1998, jour de l’assassinat de notre confrère et un accident de voiture avec mort d’homme ce même jour aux environs de l’aéroport de Ouagadougou. Des articles de presse ont été en effet produits pour dire qu’après avoir commandité le meurtre de Norbert Zongo, M. François Compaoré s’est empressé de fuir le pays en achetant, à la sauvette, un billet d’Air France à l’aéroport de Ouagadougou pour lui et son épouse. Toujours dans cette "précipitation du fuyart", son chauffeur aurait écrasé un usager de la route.

En fait de "preuves" beaucoup d’allégations mensongères fondées sur un calcul politique. Pour ces cas précis, une copie du coupon de l’agence d’Air France en notre possession indique clairement que M. François Compaoré pour son voyage du 13 décembre, a bénéficié d’un "billet prime" à lui délivrer depuis le 9 décembre. Par ailleurs, son voyage en France était programmé depuis des mois en rapport avec la tenue à Paris des journées économiques du Burkina.

M. François Compaoré qui a effectué ce voyage en compagnie de son épouse qui se rendait en France pour une consultation médicale n’avait donc pas fui avec "toute sa famille" comme certains écrits tentent de le dire.

Pour l’accident attribué au chauffeur de M. Compaoré François "perturbé par la fuite de son patron suite au meurtre de Norbert Zongo", une simple vérification à la police et auprès des compagnies d’assurance, nous a révélé que le seul accident enregistré ce 13/12/1998 aux environs de l’aéroport a eu lieu à 00 heure 07 minutes. Les infractions relevées :

Primo, homicide involontaire et vitesse excessive l’ont été contre M. Kiénou Seydou, conducteur du véhicule de marque Peugeot 605 immatriculé 11 L 5138 BF, appartenant à la société MABUCIG.

Secondo, imprudence contre M. Kenetta Awusu, la victime décédée. Cet accident a fait l’objet du procès-verbal n°1446 du 13/12/1998 et transmis au parquet le 24/12/1998 et à la société d’assurance FONCIAS (AGF) le 29/12/1998.

On le voit bien, M. Kiénou Seydou n’est pas le chauffeur de M. François Compaoré et la voiture qu’il conduisait n’appartenait pas à M. François Compaoré mais à la MABUCIG.

Pour tout dire c’est le véhicule de fonction du directeur de la MABUCIG qui a fait l’accident. Il nous revient au contraire que M. François Compaoré a instruit son chauffeur de conduire le chauffeur du véhicule (Peugeot 605) accidenté auprès des services de police pour aider les agents commis à la constatation des accidents à faire diligence.

Des curieux sur les lieux de l’accident ou au commissariat central de police ont pu apercevoir le véhicule de M. François Compaoré sur les lieux du sinistre et en déduire que c’est le chauffeur de ce dernier qui est l’auteur de l’accident.

Sans vérification sérieuse aucune, cet accident est devenu une preuve irréfutable de l’implication du frère cadet du président dans le meurtre de Norbert Zongo. Pris de panique alors, il aurait voulu fuir et son chauffeur dans la précipitation aurait tué dans un accident sur le square Yennenga /aéroport de Ouagadougou, un usager de la route.

Avec de telle légèreté dans les investigations beaucoup de thèses très répandues sur le drame de Sapouy vantées comme vérités d’évangile ne sont que des tuyaux politiciens mal agencés au service d’un marketing politique malhabile.

C’est dans ce registre tout aussi indécent qu’il faut classer les confidences d’un certain Bétéo Nébié, “oncle” d’un militaire Naon Babou arrêté et condamné en avril dernier pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Tout se passe comme si ceux qui ont un grief quelconque contre le pouvoir actuel trouve dans l’énigme non résolue du meurtre de notre confrère, une mine inépuisable de récriminations et d’indexations surtout... surtout quand des milliers de festivaliers sont présents à Ouagadougou.

Djibril TOURE


Pourquoi il faut relaxer Marcel Kafando ?

Seul inculpé dans le dossier Norbert Zongo, l’adjudant Marcel Kafando est malade depuis plusieurs années. Il se déplace en tricycle pour handicapés et communique difficilement. Néanmoins à chaque fois qu’il a pu s’exprimer il continue de clamer son innocence dans l’assassinat de Norbert Zongo.

De fait son inculpation est dûe à des contradictions sur son emploi de temps de ce dimanche 13 décembre 1998 où Norbert Zongo a été tué. En effet, il avait déclaré que ce 13 décembre, il était à Ouagadougou en compagnie d’un ami dans un restaurant (14 heures) quand Norbert Zongo se faisait assassiner à 100 km de là. Cet ami, Yaméogo Racine, pense plutôt que c’est le 14 décembre qu’il a rencontré Marcel Kafando au restaurant.

Pour le juge d’instruction, il y aurait donc un "trou" dans le programme de la soirée de Marcel Kafando. Et pourtant aucune confrontation n’a eu lieu entre Racine Yaméogo et Marcel Kafando devant le juge d’instruction. Elle aurait permis, cette confrontation, de savoir qui des deux se trompe de date à propos du restaurant. Du reste, Marcel Kafando dispose d’un argument en béton.

En tant que chef de la sécurité rapprochée du président du Faso, le 14 décembre, l’heure à laquelle (14 heures), Racine Yaméogo affirme l’avoir vu au restaurant, il était à l’aéroport de Ouagadougou dans l’attente du retour du chef de l’Etat du Soudan annoncé pour 15 heures. On imagine mal un chef de la sécurité rapprochée, qui à 1 heure du retour du président d’un voyage et dans une atmosphère sociale qui était celle de décembre 1998 au Burkina, traîner dans un restaurant au lieu d’organiser le dispositif de sécurité pour l’atterrissage de l’avion présidentiel.

C’est impensable et un tel écart de conduite de la part de Marcel Kafando aurait fait l’objet d’un vigoureux rappel à l’ordre. On en déduit que ce 14 décembre à 14 heures, il n’était pas dans un restaurant mais à son poste à l’aéroport. Par contre le 13 décembre à la même heure, présent à Ouagadougou, rien ne l’empêchait de flâner dans un bar ou un restaurant, le président du Faso étant absent encore pour une journée. Alors M. le juge d’instruction à quand la confrontation entre Marcel Kafando et son contradicteur ?

D.T.

L’HEbdo

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