Actualités :: Assises criminelles, rencontres avec le président du Faso : Sortir de (...)

"Dura lex, sed lex", auraient dit les Latins suite aux deux peines de mort et autres emprisonnements fermes ou avec sursis prononcés par les assises criminelles qui se tiennent actuellement à Ouagadougou. En effet, dure est la loi, mais c’est la loi.

En attendant les probables interjections en appel et au cas échéant la grâce présidentielle, la loi s’appliquera et dans toute sa rigueur, on l’espère, sans distinction de race, de religion et encore moins de classe sociale à tout citoyen burkinabè fautif.

On espère également que la Chambre criminelle s’interdira le vilain luxe de se livrer à de la mascarade judiciaire et ne se contentera point de s’attaquer au menu fretin. Ainsi la justice obéirait à la balance équitable qui la symbolise. C’est le souhait de tous les justiciables et sans doute aussi de ceux qui rendent la justice. "Nul n’est au-dessus de la loi", dit-on. Et là s’arrête la quête de l’idéal car la réalité est toute autre et un peu désolante, notamment dans les pays africains.

Si sous d’autres cieux ce sont pour la plupart du temps, les erreurs judiciaires qui sont constatées et décriées, en Afrique, ce sont surtout la lenteur, la corruption, le favoritisme, les interférences politiques, etc, qui constituent les plaies, impansables est-on tenté de dire, de la justice. A cela il faudrait ajouter, avec de plus en plus de réserves, le manque de moyen de nos appareils judiciaires.

Le Burkina n’échappe pas aux dures conséquences des lacunes de la justice. Dans cet océan de difficultés, les assises de la Chambre criminelle seront-elles en mesure d’assainir un peu plus la vie sociale ? Les peines infligées aux hors-la-loi doivent pouvoir faire de ceux-ci des contre-exemples. Sans les mettre au ban de la communauté, mais en oeuvrant au contraire pour leur réinsertion, on ne peut tout de même pas s’empêcher de s’interroger sur certains points. La justice burkinabè se donne-t-elle réellement les moyens de faire l’unanimité ?

Elle a un défi à relever et tous les acteurs de cette justice semblent en avoir conscience. Toutefois, beaucoup de pesanteurs dont celles sus-citées leur rendent la tâche pas du tout aisée. Avec l’aide de l’Union européenne, les responsables de la justice burkinabè ont engagé des réformes heureuses pour les justiciables. Le véritable problème qui se pose aujourd’hui est inéluctablement l’indépendance des juges. L’indépendance. Le mot est lâché.

A l’instant de la liberté qui est d’ailleurs son synonyme presque parfait, l’indépendance, loin d’être chose définitivement acquise, se conquiert au quotidien. Ce combat de tous les jours doit servir de tremplin au juge afin qu’il échappe aux pressions des sphères économiques, sociales et surtout politiques, comme c’est actuellement le cas au Burkina où le 3e pouvoir est tiraillé entre le pouvoir et l’opposition.

Et avec la tenue des assises criminelles, on sacrifie au rituel et on attend encore l’année prochaine pour extirper quelques dossiers de la montagne himalayenne d’affaires qui se seraient entassées au cours de l’année. Quelques jours d’assises sont-ils en mesure de régler le problème ? Où trouver les moyens pour rendre à l’institution judiciaire la fluidité dont elle a besoin pour gérer les dossiers de façon régulière et efficace ?

La durée des assises que nous, qui avons l’excuse d’être des néophytes, qualifions de courte ne peut-elle être allongée ? Resurgira l’éternelle question des moyens financiers. Or, pour avoir un véritable Etat de droit et une démocratie plus ou moins fonctionnelle, il faut s’en donner les moyens. Seule une volonté politique forte peut conduire à cette étape cruciale pour le développement de tout pays.

Il y a cependant des lueurs d’espoir qu’on ne saurait occulter. La récente initiative du Président du Faso de rencontrer les corps constitués pour discuter de ce qui va et ce qui ne va pas sous le chaud soleil du Faso est de ces lueurs. Blaise Compaoré s’engage ainsi à travers ces face-à-face à mieux s’imprégner du quotidien de ses compatriotes.

S’il y a de la sincérité dans les débats, et surtout dans la manière dont les problèmes sont posés on débouchera certainement sur de bonnes résolutions. Lors de ces "arbres à palabres" avec le Chef, les représentants des démembrements socio-professionnels et les autorités doivent pouvoir s’attaquer aux véritables maux de la société si la franchise, demandée par le chef de l’Etat est de mise.

Les sujets qui fâchent ne doivent point constituer des tabous et ces rencontres ne doivent pas non plus être prises en otage par les courtisans qui entendent à tout prix faire croire au roi que le peuple est content, alors que tout va mal. Le "tout va bien" dans le meilleur des Burkina possibles, ne sera que propos hypocrites, fallacieux et aux conséquences catastrophiques à terme, dans ces cadres de discussion qui ont fait leur preuve d’efficacité sous d’autres cieux.

Pour le Burkina qui se trouve à la croisée des chemins, tous les choix des politiques doivent tenir compte des réalités et de la justice sociale. Ainsi, on pourra dire, contrairement à l’autre, qu’étant au bord du goufre, nous avons fait un grand pas en arrière.

Le Pays

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