Actualités :: Vie politique au Burkina : rôle et place de la femme dans les élections de (...)

2005, une année charnière marquée par la tenue des élections municipales et présidentielle au Burkina. Des échéances électorales auxquelles toutes les couches sociales et politiques se préparent à prendre part activement.

Cependant la participation da la gent féminine à la vie politique active est en-deçà des attentes, au regard de la démographie burkinabè où les femmes sont estimées à environ 52 % de la population totale. Quels doivent être alors la place et le rôle de la femme dans ces élections de 2005 ? Analyse.

Faire participer davantage les femmes dans le processus démocratique en cours au Burkina, telle est l’ambition de la constitution burkinabè à travers ses dispositions en matière d’égalité entre les sexes. C’est dans ce cadre que le gouvernement a créé en 1997 le département ministériel chargé de la promotion des droits de la femme. Il a quatre grands objectifs à savoir : la lutte contre la pauvreté, le développement des ressources humaines féminines, la promotion des droits fondamentaux de la femme et de la jeune fille et la lutte contre toutes formes de discrimination faite aux femmes et aux filles et enfin le plaidoyer et la mobilisation sociale pour une image positive de la femme.

Toutes ces mesures ont permis de nos jours d’améliorer considérablement la participation de la femme dans l’édification d’un Burkina démocratique et développé. Mais ces stratégies n’ont pas permis d’accroître la participation active de la femme à la vie politique. Elles ont par contre, amélioré leur participation à la vie associative car elles sont nombreuses à jouer le 1er rôle dans les organisations de la société civile.

Historique de la situation politique des femmes

C’est en 1956 que les femmes ont eu accès pour la première fois au suffrage universel dans le cadre de la mise en place de la Loi-cadre. Depuis lors, il fallait attendre les élections législatives de 1977 pour voir la première femme accéder à l’hémicycle.

La participation des femmes burkinabè dans le processus de décision a demeuré marginale jusqu’à l’avènement de la révolution du 4-Août. La révolution de 1983 a en effet essayé de réserver une place de choix aux femmes et elles devaient être associées à tous les niveaux de conception, de décision et d’exécution.

De 1956 à 1991 la situation politique de la femme n’a pas grandement évolué. Avec le processus démocratique enclenché en 1991, la constitution en son article 12 garantit l’égalité homme-femme dans la gestion des affaires de l’Etat. Tous les Burkinabè sont égaux, ont les mêmes droits. Ils sont électeurs et éligibles.

Par ailleurs, les dispositions du code électoral n’ont prévu aucune barrière juridique qui empêche les femmes de militer dans les partis politiques, de voter et d’être élues. Malgré la volonté politique du gouvernement et la détermination des femmes elles-mêmes, un certain nombre de pesanteurs font encore obstacle à leur participation active à la vie politique.

Les obstacles

Trois grands obstacles freinent la participation active des femmes à la vie politique. Il s’agit notamment de :

- l’influence du système électoral sur le recrutement des femmes n’est pas encore perceptible dans le contexte burkinabè. Bien d’autres facteurs (le paiement d’une caution, les liens personnels avec un responsable de parti, le besoin d’attirer l’électorat féminin, etc.) semblent plus déterminants dans la sélection et le positionnement des candidates sur les listes électorales.

Les relations de clientélisme et d’allégeance au sein des partis politiques ainsi que les luttes de pouvoir créent ainsi une instabilité des alliances qui défavorisent les femmes ;

- la culture politique peu ancrée au Burkina ne favorise pas des pratiques de sélection des candidatures conformément à l’esprit démocratique. Une immaturité politique se manifeste alors par le flou qui entoure les critères de sélections des candidats aux postes électifs. Les règles de conduite ne sont ni suffisamment claires ni suffisamment respectées par les leaders politiques pour permettre aux femmes de participer pleinement au jeu démocratique ;

- ces femmes sont rarement initiées au jeu politique pendant leur jeune âge. Les jeunes filles ne sont pas en effet éduquées en général dans ce sens. C’est à l’âge adulte que les femmes commencent à être sollicitées par les partis. Dans bien de cas, elles n’ont aucune expérience requise pour prétendre diriger. Ce manque de culture politique les oblige à se faire parrainer par des leaders politiques pour accéder aux affaires politiques. Ce mode de recrutement des femmes les prive alors d’autonomie et de liberté d’action. De plus les alliances et allégeances aux parrains amènent certaines femmes à faire de la figuration au lieu de leur permettre de se distinguer dans l’action politique en faveur des femmes qui sont plus préoccupées par la préservation de leurs relations. Toute tentative de prise d’autonomie et de toute initiative sont perçues comme des dangers ou des offensives à l’endroit de leurs parrains ou de leurs camarades masculins qui sont alors prêts à les exclure.

Election de 2005 : des défis à relever

Pour ces élections à venir, la mobilisation et l’implication massive des femmes de tout âge dans la politique active serait un atout majeur pour une bonne participation de la majorité de la population. Cette mobilisation des femmes en tant qu’individus ayant des revendications et des motivations spécifiques est nécessaire pour permettre l’émergence de responsables susceptibles d’exprimer les points de vue de la moitié de la population burkinabè jusque-là silencieuse. Par ailleurs, le fait que les candidats soient proposés par des associations et des collectifs de base (dans le cadre des élections municipales) supprimera le sentiment d’insécurité dont elles souffrent actuellement. Car le soutien d’un groupe de référence confère un pouvoir politique.

Au delà de son devoir civique, la femme burkinabè
doit pleinement participer à la politique nationale.

En ourtre de façon continue, la formation des femmes à la responsabilité politique et l’éducation civique des jeunes filles est une gageure pour l’éveil de la conscience citoyenne. En effet, l’éducation civique et l’apprentissage à l’action politique dès le jeune âge doivent contribuer à élever la conscience citoyenne des filles et les amener à s’impliquer à la base des partis politiques afin d’accéder plus tard à des postes de responsabilité dans les états-majors des partis. Enfin, du fait de leur situation socio-économique de pauvreté, les femmes les plus compétences sont écartées des compétitions électorales. Pour parer cela la création d’un fonds spécial qui va appuyer la participation politique des femmes permettra l’émergence des femmes les mieux qualifiées sur la scène politique.

Abou Ouattara
L’Hebdo

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