Les candidats à la présidentielle proposés par les partis politiques de l’opposition se multiplient comme des champignons apportant ainsi un flagrant démenti aux propos des leaders de l’Alternance 2005, qui, la main sur le cœur avait juré de ne désigner tout au plus que trois candidats.
Les observateurs avisés ne sont nullement surpris d’un tel résultat en fin de course tant l’opposition, dans toute sa variante, a pris l’habitude de se renier.
En ces temps de congrès plus ou moins attendus, des noms commencent à être cités comme ceux de virtuels candidats à la charge suprême du Faso. D’ores et déjà Maître Sankara et Ram Ouédraogo sont sur le départ avec la caution de leurs militants. Oubliée donc la promesse faite devant les mêmes militants du parti d’aller à cette présidentielle dans une unité d’action. Cela supposait effectivement la désignation de trois leaders charismatiques pour porter vers la victoire le "projet de société d’Alternance 2000".
Ayant très tôt flairé le piège, l’OBU, l’Opposition burkinabé unie avait tiré la sonnette d’alarme et s’était inquiétée de la faisabilité de ce projet. L’OBU avait donc eu tort d’avoir eu raison trop tôt. En tout cas, les faits sont là aujourd’hui pour apporter un démenti à cette profession de foi de l’Alternance. Ram Ouédraogo, un des ténors de l’Alternance 2005 se considère déjà comme un candidat sérieux, mieux, comme le futur président du Faso.
Au cours du congrès de son parti, le Rassemblement des écologistes du Burkina, le samedi 29 janvier dernier, dans un optimisme sans borne Ram Ouédraogo a déclaré qu’il sera le premier président écologiste du Burkina et cela, dès la présidentielle de 2005. Ne serait-il pas désormais difficile de briser un tel élan ? De même, Bénéwendé Sankara est sur la ligne de départ pour la course au fauteuil présidentiel, lui aussi s’est engagé dans cette compétition avec la bénédiction de ses militants et surtout avec la certitude qu’il est le meilleur cheval de l’opposition.
Au nom de quel principe allez-vous demain demander à ces chefs de partis d’enterrer leurs ambitions pour soutenir d’autres candidats ? Visiblement, l’Alternance 2005, en dépit de sa propagande, n’est que l’ombre d’elle-même. En effet, il n’y a aucun doute que les autres grandes formations de ce regroupement présenteront des candidats dans les semaines ou mois à venir. Hermann Yaméogo, le président de l’UNDD, n’a pas joué les martyrs pour les beaux yeux de l’Alternance 2005.
C’est à coup sûr une approche politique dont il entend récolter les dividendes pour la présidentielle de 2005. De même Norbert Tiendrébeogo ne se verra pas dans une autre position que celle du porte- flambeau de son parti. Philippe Ouédraogo du PAI et le PDP/PS ne sont, semble-t-il, pas prêts à être des marionnettes au service des autres leaders.
Le PDP/PS qui vient de sortir de son congrès qui a vu le renouvellement de ses structures voudrait honorer son "grand leader" Joseph Ki-Zerbo en l’investissant candidat du parti. On est donc déjà bien loin des trois candidats de départ sans que la liste ne soit close. Comme on peut aisément le constater, les partis membres ont eux -même fait le deuil de leur union.
Après les désignations en cascade des candidats, il est maintenant quasi impossible de revenir à la formule des trois candidatures au maximum. Même si par un tour de passe , les partis politiques de l’Alternance s’imposaient des charités au sommet, ces ententes de façade n’obtiendront pas l’adhésion des bases. On cherche vraiment les raisons à cet attachement maladif des opposants réduits à l’émiettement. Ou faut-il percevoir là encore la lutte de clarification et de décantation entre vrais partis de l’Alternance 2005 et formations politiques gâteaux ?
Larba Yaro
L’Hebdo
