Actualités :: Situation nationale : Pour un désarmement politique et social

Noël Yaméogo, membre du bureau politique de l’UNDD (Union nationale pour la démocratie et le développement), vient d’être libéré après près de cinq mois de détention à la Sûreté nationale. Il était accusé d’avoir fourni aux autorités ivoiriennes des "informations compromettantes" pour la sûreté de l’Etat.

Noël Yaméogo a été placé en liberté provisoire. Comme il fallait s’y attendre, au-delà des arguments juridiques qui avaient motivé sa détention, le dossier de l’intéressé, en son temps, n’avait pas échappé au principe des vases communicants en prenant une tournure politique. Cela n’avait donc rien d’étonnant en cette période de fièvre préélectorale où l’on se fait peu de cadeaux et où les accusations mutuelles, fondées ou infondées, et les coups bas sont parfois de bonne guerre.

Autant de comportements qui, d’un côté comme de l’autre, occultent les vrais défis intérieurs et extérieurs (ils sont nombreux) auxquels le pays doit faire face. A cela, il convient d’ajouter une fronde syndicale dont l’ampleur, même si elle a été diversement appréciée selon chaque camp, ne peut occulter la réalité du malaise socio-économique qui règne dans notre pays.

Quoi qu’on dise, l’appel des syndicats semble avoir trouvé un écho favorable auprès de tous les secteurs d’activité, parce qu’il a touché un sujet hautement sensible comme la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs qui fond comme neige au soleil. On sait que les récentes augmentations de salaires décidées par le gouvernement n’ont pas désarmé la détermination des travailleurs à monter la garde et à maintenir la pression.

Les autorités ont-elles finalement pris l’exacte mesure du sentiment de désarroi des salariés et compris qu’il est périlleux de vouloir gérer simultanément fronde sociale et fronde politique et que les deux peuvent finir par se transformer en une sorte de mouvement d’ensemble explosif ?

La perspective d’un tel ras-le-bol généralisé est déjà perceptible car l’opposition, dans une sorte de communion et d’union sacrée, même si elle est parfois contre nature et de circonstance, ne rate jamais l’occasion de récupérer à son profit, ce qu’elle appelle un certain "acharnement" contre elle.

De son côté, le pouvoir, à qui revient, tout compte fait, la plus grande responsabilité de calmer le jeu, devrait se débarrasser de la peur de voir l’opposition arriver aux affaires et éviter d’édicter à la hâte des décisions épidermiques. C’est vrai que l’opposition, parfois, n’a pas toujours su développer des thèmes mobilisateurs auprès de l’opinion. Dans sa stratégie d’accession au pouvoir d’Etat, elle s’est toujours accrochée à la rhétorique de l’alternance. Un tel raccourci politique qui ne s’accompagne pas de l’exigence d’une alternative, relève de l’inconséquence.

L’alternance systématique, "le ôte-toi que je m’y mette", ne saurait constituer un programme politique et un projet de société pour un parti politique. De leur côté, les pouvoirs publics n’ont pas toujours su assumer leurs responsabilités. Ils ont parfois adopté des positions figées en restant allergiques à tout dialogue avec l’opposition. Comme si l’existence de cette dernière sur l’échiquier politique ne participait pas du renforcement de la démocratie.

lors qu’idéalement, dans une démocratie digne de ce nom, les pouvoirs publics devraient sortir du carcan du parti politique qui les a propulsés au pouvoir pour s’ouvrir aux autres dans un dialogue constructif. Or, les dirigeants burkinabè ont tendance à s’enfermer dans une espèce de camp retranché. Une attitude qui désoriente l’opinion publique qui ne se retrouve plus dans ce manichéisme politique où chaque chapelle se réclame du clan des bons.

Dans ce contexte, il revient au chef de l’Etat, président de tous les Burkinabè, de se départir des pesanteurs politiciennes des partis qui le soutiennent et des opportunistes de tous bords qui créent des associations fantômes, pour s’ouvrir à toutes les composantes de notre société. Blaise Compaoré n’a-t-il pas bâti sa campagne autour du "programme de développement solidaire" ?

Au moment où le chef de l’Etat envisage une série de rencontres avec tous les corps constitués, il pourrait en même temps inscrire à son carnet de rendez-vous des échanges avec tous les Burkinabè, y compris les responsables des partis politiques, quelles que soient leur appartenance idéologique, politique (s’il y en a encore dans ce pays) et leur vision du devenir du Burkina. Une telle rencontre serait l’occasion d’exorciser des malentendus qui n’en valaient peut-être pas la peine, de mettre balle à terre, et de lever des équivoques sur certains soupçons. L’arbre à palabres, cette forme élaborée de débats démocratiques qui avait fait ses preuves en son temps en Afrique, mérite d’être réhabilité.

C’est peut-être l’absence de ce dialogue permanent pour crever ensemble l’abcès qui amène certains partis d’opposition à l’étroit, de nouer des rapports jugés coupables.

Le Pays

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