Actualités :: Dramane Yaméogo, ambassadeur du Burkina au Nigeria, ancien procureur du Faso (...)

A la faveur de la quatrième session ordinaire de l’Union africaine (les 30 et 31 janvier dernier) à Abuja, "Sidwaya plus" a rencontré SEM Dramane Yaméogo ambassadeur du Burkina Yaméogo ambassadeur du Burkina au Nigeria. Notre entretien a concerné les relations entre le Burkina et le Nigeria. Mais également la question Norbert Zongo. M. Yaméogo au temps fort de cette crise étant le procureur du Faso.

Sidwaya (S.) : Excellence, présentez-vous aux lecteurs ?

Dramane Yaméogo (D.Y.) : Je suis ambassadeur du Burkina Faso au Nigeria. J’ai pris fonction dans ce pays en mai 2003. Ma juridiction couvre sept pays (Nigeria, Tchad, Guinée Equatoriale, Gabon, Congo, Sao Tome et Principe) et la CEDEAO. J’essaie d’assumer au mieux mes fonctions de représentant du chef de l’Etat.

S. : Avez-vous déjà présenté vos lettres de créance dans tous ces pays ?

D.Y. : Non. J’ai présenté mes lettres de créance seulement au Nigeria, en Guinée Equatoriale et auprès de la CEDEAO.

S. : combien Sont-ils les Burkinabè du Nigeria ?

D.Y. Sur la base des recensements, la communauté burkinabè vivant au Nigeria est relativement forte. Le nombre enregistré au niveau de notre ambassade n’excède pas 5 000 personnes. La majorité est essentiellement installée à Lagos. Il y en a bien sûr, à Abuja la capitale , dans les Etats du Nord notamment dans la ville de Maïdigouri. D’une manière générale, la communauté est dispersée dans tous les Etats.

S. En général, dans quel secteur sont-ils ?

D.Y. : Le secteur informel. Certains sont également dans le commerce. D’autres exercent dans les travaux domestiques, le bâtiment. Il y a des particuliers. Bien sûr, d’autres enfin travaillent dans les organisations internationales. Nous avons une communauté au niveau de la CEDEAO et d’autres organisations internationales présentes au Nigeria.

S. : Comment sont-ils organisés ?

D.Y. : A Lagos, il existe une organisation des ressortissants du Burkina Faso. Indépendamment de celle-ci, il n’ y a pas une autre organisation en tant que telle. Ils sont organisés autour donc de cette organisation.

Elle ne fonctionnait pas normalement. Mais, elle vient d’être remise sur pied récemment avec l’élection d’un nouveau bureau.

S. : Quels sont les problèmes des Burkinabè que vous gérez ?

D.Y. : A partir du moment que l’on vit loin de son pays d’origine, on peut faire l’objet de brimades. Ce sont ces situations que nous gérons. Lorsque le traitement que l’on vous inflige n’est pas conforme aux conventions internationales ou qu’il y a des pratiques en violation des accords bilatéraux et multilatéraux portant préjudice à nos ressortissants, si nous sommes saisi, nous œuvrons à ce que le préjudice subi soit réparé.

S. : Peut-on avoir un exemple précis de problème auquel vous avez eu à faire face ?

D.Y. : Quel type d’exemple ? L’ambassade ne gère pas que les cas d’interpellations à la police ou les services de l’immigration . Nous menons beaucoup d’activités, à savoir défendre les intérêts et sauvegarder l’image du pays, répercuter des informations au niveau de la centrale... Donc, voyez, il y a d’autres enjeux hautement plus stratégiques.

Mais, lorsque ces cas se présentent, nous avons le devoir de les gérer convenablement et de protéger notre ressortissant.

S. : Est-ce qu’il vous parvient des cas où les compatriotes ne disposent pas de documents administratifs ?

D.Y. : Ces cas sont fréquents. Mais, lorsque les intéressés font recours aux services de l’ambassade, nous avons le devoir de vérifier s’ils remplissent les conditions d’obtention de ces pièces d’Etat civil. Alors le service consulaire fait ce qu’il faut pour les munir de ces documents.

S. : Comment appréciez-vous les relations entre le Nigeria et le Burkina Faso ?

D.Y. : Les relations entre les deux pays sont au beau fixe eu égard aux contacts fréquents que les chefs d’Etats de nos deux pays ont régulièrement. Ces relations se portent très bien.

S. : Comment avez-vous ce Sommet auquel vous avez sans doute pris part ? NDLR : l’interview s’est déroulé le 31 janvier à Abuja.

D.Y. : Je pense que c’est avant tout un succès à partir du moment où les chefs d’Etat se sont donné pour objectif essentiel de parvenir à des résolutions de nature à renforcer l’Union africaine. Nous pensons que c’est un pas en avant qui est fait. Cela participe du renforcement des acquis de l’Union. Nous voyons qu’à Abuja, beaucoup de décisions ont été prises de façon consensuelle. Tout ceci concourt à renforcer le poids du continent sur l’échiquier international. Je crois que c’est dans l’intérêt de tous les Etats. Je pense d’ailleurs que dans les discussions, cela est bien perçu. Car, l’Union est la seule alternative pour l’Afrique si elle veut peser sur la scène internationale. Parce que les Etats pris individuellement quelles que soient leurs forces, ne peuvent pas peser autant que tous les Africains organisés au sein de l’Union africaine. C’est cet esprit qui anime la conférence . Je pense qu’ à la fin, on aura fait un pas de plus.

S. : Quelles sont vos ambitions pour les Burkinabè vivant au Nigeria ?

D.Y. : Nous dévoilerons nos projets à la presse au moment opportun. Je puis dire d’ores et déjà que ce qui se profile à l’horizon, est probablement la visite que les opérateurs économiques nigérians effectueront au Burkina Faso dans le souci de nouer des contacts.

S. Quels sont les secteurs de coopération entre nos deux pays ?

D.Y. : Notre coopération avec le Nigeria est quelque peu spécifique. Parce que jusqu’à présent, il n’ y a pas eu de commissions mixtes entre les deux pays pour cataloguer ces secteurs de coopération. Mais, la coopération existe en matière commerciale, de formation notamment au plan militaire. Disons qu’elle n’a pas été formalisée dans le cadre des commissions mixtes.

S. : Vous êtes magistrat de formtion. Aujourd’hui, vous êtes diplomate. Comment s’est faite la transition ? Difficilement, aisément ?

D.Y. : Il est vrai que je suis magistrat de formation. Présentement, j’assume les fonctions d’ambassadeur en république fédérale de Nigeria. Je considère que j’y suis en mission. De ce point de vue, je mettrais tous les moyens pour donner satisfaction, pour mériter la confiance du chef de l’Etat. Le jugement en ce moment appartient aux hautes autorités qui ont placé leur confiance en moi. Je fais tout pour m’acquitter honorablement de mes fonctions d’ambassadeur. C’est aussi une occasion pour moi d’apprendre chaque jour.

S. : Magistrat, procureur du Faso, vous avez géré de grands dossiers. Avec le recul, comment voyez-vous ces dossiers ?

D.Y. : Je pense avoir toujours accompli mon devoir. J’ai toujours travaillé dans le respect de la règle de droit et rien d’autre. C’est mon seul repère. Je ne me suis jamais écarté du respect de la déontologie du métier.

S. Votre magistère a coïncidé avec l’affaire Norbert Zongo. Pensez-vous qu’elle vous a propulsé dans votre carrière ou est-ce que c’est plutôt le contraire ?

D.Y. : Je crois que la question n’est pas à poser. Je considère qu’une affaire aussi grave que celle-ci ne puisse être un tremplin pour quoi que ce soit. Non ! Non ! La question ne mérite pas d’être posée. Ou alors, c’est la façon de la poser. Elle ne cadre pas. La qustioin aurait dû être posée autrement. Pour nous, toute affaire criminelle avec mort d’homme constitue une affaire grave. Encore plus cette affaire Norbert Zongo qui a mobilisé beaucoup de passion au début et qui continue de mobiliser. En toute logique, personne ne peut s’appuyer sur une affaire aussi grave pour gravir les échelons ou le contraire.

S. : Comment avez-vous vécu et conduit l’affaire Norbert Zongo ?

D.Y. : Dans la sérénité totale. Parce que mes repères sont les règles de droit. Etre procureur est une fonction où on ne fait pas ce qu’on veut. On travaille en fonction des règles qui gouvernent la matière, tout cela est réglé en fonction de la nature de l’affaire. Les dates à prendre sont reglées par le Droit.

La règle de droit, le code pénal, le code de procédure pénale déterminent de façon précise, la conduite du procureur du Faso comme c’est le cas du juge d’instruction ou la conduite d’un président du tribunal. Si on respecte la règle de droit, on est en harmonie avec soi-même.

S : Selon vous, qu’est-ce qu’une justice aux ordres ?

D.Y : Une justice aux ordres est une justice qui fonctionne malheureusement aux ordres. C’est-à-dire qui ne fonctionne pas avec le reflet de la règle de droit. On vous dit faites ceci, faites cela ! Je puis affirmer que ce sont des opinions. Nous sommes en démocratie. On peut estimer que la presse fait son travail sous ordres. Ou qu’elle travaille pour un camp donné. Chacun a la liberté d’apporter un jugement en fonction de ses propres convictions.

Je ne suis pas du tout choqué lorsqu’une personne juge mon corps (la justice). Mais je réaffirme n’avoir jamais travaillé sous ordres. J’ai toujours travaillé en tant que procureur en toute indépendance. Seule la règle de droit est notre canal. On ne peut y sortir au-delà ni pour faire plaisir à quelqu’un ni pour faire du tort à quelqu’un. Personnellement, je n’ai pas travaillé sous ordres ou sous les instructions de qui que ce soit.

Jean philippe TOUGMA (jphilt@hotmail.com)
Sidwaya

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