Actualités :: Affaire des 33 : L’avocat, la politique et le droit

Evoquant l’affaire des 33 ex-travailleurs de l’ex-RNTC-X9 qui est toujours pendante devant les juridictions, Maître SANKARA affirme qu’il ne veut pas « politiser » cette affaire, parce que s’il avait « failli, c’est sûr et certain » que « c’était un alibi pour l’arrêter depuis 1998 ».

En clair, cela voudrait dire que c’est tous ceux qui parlent toujours de cette affaire « close » (sic) depuis longtemps qui le font. Et pourtant, et ne lui en déplaise, cette affaire comme certaines autres lui a servi de marche-pied politique, dans son ascension politique tant et si bien qu’elle est en passe d’entonner l’halali pour sa carrière politique. En témoigne la dernière sortie de son camp politique : un aveu et surtout un coup de jarnac. Analyse.

« Je peux être le candidat de l’opposition » pour l’élection présidentielle de 2005. Cette « confession » faite par Maître SANKARA à notre confrère Sidwaya (Sidwaya n°5083, P.VII) est un concentré de l’ambition qui habite un homme d’occuper les plus hautes fonctions dans son pays.

Ambition légitime certes, sauf que dans le cas de ce monsieur, cette ambition l’a poussé à se saisir de toutes les opportunités pour se faire connaître, cela fut-il au détriment des intérêts des autres. Sur l’affaire des 33 par exemple, nous demeurons convaincus que celle-ci n’aurait pas eu lieu, si les 33 travailleurs qui courent toujours après leurs sous, avaient fait leur, « l’orthodoxie syndicale » défendue par Maître SANKARA et qui consiste à chercher coûte que coûte des « noises » au pouvoir de la IVe République, dans le but évident de s’afficher comme un opposant irréductible.

En refusant de grever comme leurs 215 camarades pour réclamer leurs droits d’ancienneté à la SOTRAO qui avait repris la RNTC X9 après sa liquidation, les 33 portaient en effet un coup sérieux à la recherche de dossiers « juteux politiquement » dans laquelle l’avocat s’était lancé depuis l’installation de son cabinet. Un crime de lèse-majesté et une « traîtrise » qui ne pouvaient rester impunis, ce qui vaut à ces « audacieux » travailleurs de « galérer » toujours de nos jours.

Une logique constante

Du reste, Maître SANKARA le laisse explicitement entendre toujours dans l’interview suscitée lorsqu’il dit qu’il a « laissé tomber » l’affaire des 33, parce qu’il ne « pouvait pas » s’occuper de celle-ci en même temps que ce qui lui apparaissait certainement comme « l’affaire du siècle » à savoir celle dite « Norbert ZONGO ». Un aveu de taille que le traitement de cette affaire viendra corroborer, celle-ci étant devenue par la suite « l’icône » brandie par tous les contempteurs d’un régime pressé d’être calife à la place du calife, dussent-ils pour cela, emprunter les raccourcis les plus scabreux.

Des raccourcis qui les avaient pourtant empêché d’avoir gain de cause dans une autre affaire « intéressante », celle dite David OUEDRAOGO, dans laquelle certains serviteurs (?) de la justice avaient été utilisés pour tordre le cou à la loi.

De guerre lasse, cette affaire ayant été proprement jugée et les responsabilités y ayant été établies clairement.
Même si l’affaire X9 et l’affaire David OUEDRAOGO n’ont pas permis d’atteindre le but ultime, il n’empêche qu’elles ont procuré une notoriété certaine à l’avocat SANKARA, présenté depuis, comme le défenseur de la veuve et de l’orphelin, prêt à braver le Léviathan pour atteindre ses objectifs.
C’est ainsi qu’un avocat, nouveau venu dans le landerneau politique, a pu se faire une place au soleil en ayant trois députés lors des élections législatives de 2002.

Depuis, Maître SANKARA trône à l’Assemblée où il n’hésite pas à usiter sa vieille tactique « d’agitation propagande » entre dénonciation de « lois liberticides », stigmatisation des « vieux réflexes gloutons » du parti au pouvoir, le CDP, voire tentative de marche sur les institutions républicaines, en dépit de son statut de représentant du peuple. Une attitude stigmatisée par son propre camp, son « ami » et ancien professeur l’honorable Laurent BADO ayant déclaré que s’il était à la place du Premier ministre sur qui Maître SANKARA et certains députés « bien-pensants » voulaient marcher, il aurait fait « fouetter » (sic) ces impudents marcheurs.

Adepte de la maxime qui veut qu’ « en politique la fin justifie tous les moyens », Maître SANKARA l’est plus que quiconque ici au Faso, lui qui du reste n’a pas hésité à créer son parti politique alors qu’il n’y avait pas de divergence fondamentale ou idéologique entre lui et les autres Sankaristes. Se sentant assez fort pour voler de ses propres ailes après le battage médiatique fait autour de l’affaire Norbert ZONGO, Maître SANKARA a donc laissé en rade d’autres Sankaristes moins situationnistes, pour créer son propre parti, affaiblissant du même coup, l’idéal dont il se réclame.

A contrario, à L’Opinion, nous sommes restés viscéralement attachés à l’application du droit (et rien que) dans le traitement de ces différents dossiers et l’histoire nous a donné raison dans le cadre de l’affaire David OUEDRAOGO. Avec la tournure prise par le jugement de l’affaire de l’ex-RNTC-X9 (Maître SANKARA a été condamné en barre d’appel à payer aux 33 leur dû), elle n’est pas loin là aussi d’accréditer notre position.

Une position que nous avons défendue au détriment du pouvoir dont Maître SANKARA nous suspecte d’être les obligés. En effet, il vous souviendra qu’évoquant cette affaire dans l’une de nos parutions antérieures (L’Opinion N°204, P.9) nous indiquions qu’à « l’heure où la lutte contre l’impunité fait fureur au pays des hommes intègres et où le droit est en train de reconquérir ses lettres de noblesse, une affaire limpide, est en train d’être travestie par un avocat prétendument intègre, aidé d’un quarteron de délégués du personnel adeptes d’un syndicalisme sauvage, tout cela sous le regard atone de l’Autorité ».

C’est dire que nous n’avons épargné personne dans nos écrits, notre souci étant de mettre fin au calvaire des 33 malheureux. A l’analyse et après que la passion soit retombée, tout le monde ne peut pas en dire autant. Pas Maître SANKARA et le délégué du personnel en tout cas, qui doivent « cauchemarder » à l’idée de devoir trouver une cinquantaine de millions à ajouter, au titre des pénalités de retard à la cinquantaine dû aux 33 et qu’ils ont indûment dissipés.

La toute récente sortie du groupe de partis politiques de l’opposition auquel appartient son UNIR-MS, « Alternance 2005 », n’est-elle pas une autre preuve manifeste de sa volonté de politiser cette affaire ? Jusque-là aucun parti politique ne l’avait évoquée, le pouvoir se gardant bien de le faire pour ne pas prêter le flanc, alors qu’il avait loisir de le faire, Me SANKARA prenant par trop des allures de paragon de vertus pour le fustiger sur tout et rien.

Cette réaction inopportune, pour le moins « tardive » de sa famille politique, en dépit de ses pressants et permanents appels du pied, est la preuve de la bataille qu’il a dû mener pour convaincre ses co-réligionaires de le suivre dans cette affaire où de toute évidence il tient le mauvais rôle. Ainsi, d’une part elle marque de manière ouverte la politisation du dossier pour tenter de noyer le poisson et d’autre part elle fait l’aveu que rares sont ceux qui le croient innocent.

Ainsi donc, ce qui devait apparaître comme un soutien, se présente en réalité doublement comme une preuve accusatrice. De là à penser que certains de ses adversaires à l’intérieur du groupe aient voulu par là l’affaiblir à leur profit, il y a un pas que nous ne franchirons pas, sauf à constater que Me SANKARA a véritablement perdu tous ses repères pour avoir permis cette sortie.

Cela dit, quel que soit le bout par lequel on le prend (politique comme judiciaire) ce dossier n’a rien de bon pour lui. A défaut d’avoir eu l’honnêteté de faire correctement son boulot d’avocat, Me SANKARA aurait dû avoir l’humilité ou le flair politique de trouver un arrangement à l’amiable pour tenter de sauver les apparences. Mais voilà, trop de suffisances et un brin d’amateurisme en politique lui valent aujourd’hui de perdre tout crédit.

D’abord le manteau du défenseur de la veuve et de l’orphelin tombe de lui-même avec toutes les conséquences désastreuses pour une carrière qui ne faisait que commencer que cela ne manquera pas d’avoir, ensuite sur le politique c’est assurément le désastre car que vaudra-t-il encore avec cette casserole aux pieds. Ainsi est pris qui croyait prendre !

Et c’est son « ami » (est-il sûr, celui-là ?) Hermann YAMEOGO qui rit sous cape, lui, qui lui avait déjà dit que pour être un bon avocat il fallait d’abord un minimum d’éducation.o


Et si on déroulait le “film”

Dans l’interview-fleuve qu’il a accordée au quotidien Sidwaya, il y a de cela quelques mois et répondant à une question relative à l’affaire dite des 33 ex-travailleurs de l’ex RNTC X9, Maître Stanislas B. SANKARA qui était l’avocat des travailleurs répondait : « C’est votre confrère Issaka LINGANI de L’Opinion qui sait où se trouve le feuilleton (sic) parce que c’est lui qui tourne son film ».

Puis, il s’épanchera sur les raisons qui selon lui devraient convaincre que cette affaire est bel et bien « liquidée » et que lui Maître SANKARA est l’objet d’une « haine inexpliquée » de la part de votre hebdomadaire, haine qu’il n’est pas loin de mettre sur le compte de « l’acharnement politique » de la part de ses adversaires (entendez les autorités de la IVe République) qui ont donc « instrumentalisé » L’Opinion pour exécuter cette « sale besogne ».

Rien que des arguties déjà entendues et sur lesquelles nous ne nous serions pas étalés outre mesure, si ce n’est que cette désinvolture (le mot est faible) de Maître SANKARA, vise rien moins qu’à mettre un épais écran de fumée sur une affaire dans laquelle sa responsabilité a été clairement établie en barre d’appel (il s’est aussitôt pourvu en cassation) et qui a plongé une quarantaine de familles burkinabè dans la désolation, la détresse et la mort.

Par la faute de ses petits calculs politiciens et de son inconséquence, cette affaire a brisé des carrières, anéanti des projets, hypothéqué des avenirs, coupé le fil de nombreuses vies, traumatisé à jamais des femmes, des hommes et d’innocents enfants... Devant un tel désastre, se taire est coupable et à tout le moins irresponsable ! C’est ce que nous refusons. C’est au nom de cet impératif moral que nous avons décidé de « revisiter » cette affaire avec vous, afin que sans acrimonie criticiste, chacun se fasse une religion.

Devant la montée en puissance de la campagne médiatique de Me SANKARA dont les « amis » sûrs ont pondu une déclaration pour le moins mensongère en sa faveur, cela devenait une nécessité de premier ordre. Nous démontrerons que tout au long de nos articles c’est la recherche de la vérité et rien que cela qui nous a guidé, ce qui ne peut-être dit de notre contempteur qui a voulu faire de cette affaire comme de toutes celles qu’il a eues à traiter et qui ont fait l’objet d’un battage médiatique, un « fonds de commerce politique ».

Enfin, nous donnons la parole aux sacrifiés de son ambition politique à savoir les 33 et leurs familles qui continuent à tirer le diable par la queue, alors que lui roule carrosse et parle au nom des déshérités.
par Alpha YAYA


Me Fahiri SOMDA, avocat des 33 ex-travailleurs
“Il y a eu collusion entre Me SANKARA et les délégués pour retenir les fonds des 33 travailleurs”

Voilà 6 ans que dure le calvaire des 33 ex-travailleurs de la RNTC X9. 6 ans aussi que Me Fahiri SOMDA s’évertue à défendre ses clients, sûr de leurs bons doits. Aujourd’hui, le dossier des 33 travailleurs de la RNTC X9 se trouve dans sa phase d’exécution de l’arrêt rendu le 16 janvier 2004 par la Cour d’appel de Ouagadougou.
Me Fahiri nous fait le point des derniers développements de cette affaire.

A quel stade se trouve aujourd’hui le dossier des 33 ex-travailleurs de X9 que vous avez en charge ?

Me Fahiri (Me F.) : Le dossier des 33 travailleurs de la RNTC X9 se trouve actuellement au stade de l’exécution. La Cour d’appel de Ouagadougou a rendu le 16 janvier 2004 un arrêt condamnant Me SANKARA à payer aux 33 ex-travailleurs de la RNTC X9, 57 026 010 F CFA représentant leurs parts d’indemnités et de droits divers. Cette décision le condamne également à payer les intérêts de retard à compter du 16 septembre 1998 date à laquelle tous les fonds ont été virés dans son compte. Nous avons donc servi le commandement le 23 août 2004. Mais auparavant, lorsque nous avons pu obtenir l’arrêt, j’ai adressé une correspondance à mes confrères qui sont les conseils de Me SANKARA pour leur demander une exécution à l’amiable, ce qui aurait eu pour avantage d’éviter un certain nombre de frais. Je n’ai pas reçu de réponse. J’ai alors fait faire le commandement afin de payer mes clients.

Vous étiez récemment devant le président de la Cour de cassation. Pourquoi et que s’est-il passé à ce niveau ?

(Me F.) : Normalement lorsqu’une décision, surtout en matière civile est rendue par la Cour d’appel, cette décision est exécutoire.
Exception faite de trois cas : lorsqu’il s’agit d’immatriculation immobilière, de faux incidents et de l’état des personnes en ce moment, la décision n’est pas exécutoire, jusqu’à ce que la Cour de cassation se prononce. Mais il se trouve que cette disposition de l’article 607 du code de procédure civile a été modifiée par une loi votée par l’Assemblée nationale le 10 septembre 2004, promulguée par décret le 17 septembre 2004 et publiée au journal officiel du Faso le 7 octobre 2004 (si ma mémoire est bonne).

Cette nouvelle loi a étendu les cas d’exception et ce sont ces nouvelles dispositions qui ont permis à Me SANKARA de saisir le premier président de la Cour de cassation, puisqu’il s’était déjà pourvu en cassation en mars 2004, pour lui demander de surseoir à l’exécution de l’arrêt de la Cour d’appel aux motifs que s’il payait l’argent des 33 ex-travailleurs de la RNTC X9, ceux-ci ne pourraient pas lui restituer cet argent si la Cour de cassation venait à lui donner raison.

Donc, c’est à ce motif-là qu’il a demandé le sursis à exécution. Bien nous avons répliqué en développant nos arguments, pour dire que puisqu’il dit que l’argent a été remis aux délégués d’une part et que d’autre part il était assuré au moment des faits, les risques de répétition de ces sommes n’existent pas. Il a la possibilité de s’adresser aux délégués pour se faire rembourser l’argent. Il a aussi la possibilité, s’il estime que les faits commis sont couverts par l’assurance, de saisir sa compagnie d’assurance, pour lui demander de lui payer ses sommes.

Qu’est-ce qui est ressorti de cette instance finalement ?

(Me F.) : Le premier président de la Cour de cassation a rejeté sa demande. Malheureusement au moment où je vous parle, je ne me suis pas encore fait délivrer l’ordonnance de sorte que je ne peux pas m’étendre sur les motifs.
La demande de sursis à exécution a été rejetée. Les délégués sont venus déclarer qu’effectivement il leur aurait remis l’argent ; mais personnellement je suis convaincu que c’est une simple mise en scène ; une collusion entre Me SANKARA et ces délégués.

Au point 5 du protocole d’accord du 12 août 1998 entre le gouvernement du Burkina Faso, la SOTRAO, les travailleurs et Me SANKARA, il est clairement stipulé que les fonds destinés aux 271 travailleurs seraient reversés dans les comptes de Me SANKARA qui sera chargé de les payer. Il a choisi de payer 236 travailleurs qui ont pris part à la grève et de ne pas payer 35 qui n’y ont pas pris part.

Il justifie cela sur le fait que suite à une assemblée générale qu’auraient tenue les travailleurs grévistes, une décision aurait été prise selon laquelle les 35 qui n’ont pas pris part à la grève devaient céder 2 mois de leurs salaires aux délégués pour pouvoir bénéficier de leurs droits. 2 d’entre ceux-ci se sont découragés en cours de route, ont cédé leurs 2 mois de salaires et ont été payés.

Je peux dire que la manière dont les paiements ont été effectués confirme mon point de vue, puisque ce sont des chèques individuels et nominatifs qui ont été signés par Me SANKARA pour chacun des travailleurs payés. Les 238 qui ont été payés l’ont été sur chèque nominatif signé par Me SANKARA et en ce qui concerne les 33, il dit qu’il a remis l’argent aux délégués pour que ceux-ci les paient !

L’organisation du paiement de l’ensemble des travailleurs est une cuisine interne entre Me SANKARA et les délégués. Et par ailleurs, il savait pertinemment que les délégués étaient en conflit ouvert avec les 33 autres travailleurs et se devait donc de ne pas les associer à leur règlement. Pourquoi avoir sciemment remis la part des 33 travailleurs aux délégués, si la remise est avérée, parce que le protocole d’accord signé entre les délégués et Me SANKARA pour dire qu’il leur a remis effectivement des fonds ne me convainc pas. Ensuite, le fait d’avoir fait authentifier ce protocole signé entre lui et les délégués pendant que nous étions en pleine crise, est un fait supplémentaire qui me dit qu’il y a anguille sous roche.

Je suis convaincu qu’il y a eu collusion entre Me SANKARA et les délégués pour retenir les fonds des 33 travailleurs. Deuxièmement, nous avons découvert une lettre datée d’août 1999, donc un an après les paiements, qui fait suite à une assemblée générale que les mêmes travailleurs auraient tenue et qui demande à Me SANKARA de verser à chacun des 236 travailleurs 50 000F CFA et à 100 000 aux ayants droit de 4 d’entre eux qui sont décédés. D’où provient cet argent ? Un calcul rapide permet de chiffrer à 10 250 000 FCFA. Ces 10 250 000 provenaient sans aucun doute des sommes destinées à mes clients les 33 et que Me SANKARA détenait toujours par-devers lui.

Voilà des manœuvres qui me convainquent davantage que c’est une organisation entre Me SANKARA et les délégués pour retenir les sommes destinées à mes clients. C’est donc une vulgaire manœuvre juridique que de se faire dresser des actes prétendument authentiques pour dire que l’argent est entre les mains des délégués ! D’ailleurs l’opposabilité de cet acte notarié se limite entre Me SANKARA et les délégués ; mes clients sont tiers la-dedans.

Il en est de même du protocole d’accord portant clôture définitive du dossier signé entre les délégués et Me SANKARA qui ne peut pas être opposé aux 33 ! C’est encore opposable à Me SANKARA et aux délégués et peut-être à tous ceux qui ont bénéficié du paiement ; mais pas à mes clients puisque le différend qui les oppose était connu bien avant que cet acte portant clôture définitive du dossier ait été fait. Vous avez constaté qu’en réalité, c’est en 2001 que l’acte notarié a été établi tout comme le protocole portant clôture définitive du dossier a été pris pendant que l’affaire était pendante en justice. Une manœuvre a consisté à faire assigner les délégués pour qu’ils soient condamnés et se déclarent insolvables ainsi le dossier serait clôturé. Nous avons perçu cette manœuvre, voilà pourquoi nous avons directement assigné Me SANKARA devant la justice.

Parlant de procédure, Me SANKARA et ses « amis » s’insurgent que vous l’ayez assigné plutôt que son assureur. Que répondez-vous à cette critique ?

(Me F.) : Je suis un procédurier en justice. J’ai pratiqué le droit assez longtemps pour me laisser prendre dans un piège aussi simpliste ! J’ai pu percevoir un stratagème qui a été mis en place pour bloquer mes clients dans une procédure dans laquelle nous n’aurions pas pu nous en sortir. Si une décision était rendue et que l’autorité de la chose jugée était acquise, mes clients ne seraient plus à mesure d’actionner quelque action que ce soit, pour rentrer dans leurs droits. Cela saute aux yeux.

L’élément central est que c’est la responsabilité de Me SANKARA qui était engagée. Par ailleurs je pouvais même aller au pénal, mais ce n’est pas une condamnation pénale qui m’intéressait. Le pénal suppose que des poursuites peuvent conduire à une condamnation pénale de Me SANKARA mais je n’ai pas voulu ça, c’est sa responsabilité civile que j’ai engagée pour pouvoir entrer en possession des droits de mes clients. C’est cela mon unique objectif.

Pour revenir à la rencontre que vous avez eue avec le président de la Cour de cassation, et après cette décision, concrètement peut-on dire que vos clients peuvent enfin espérer voir le bout du tunnel ?

(Me F.) : Non, nous sommes toujours dans la phase de l’exécution. Les comptes de Me SANKARA ont été saisis. Malheureusement il n’y a pas grand-chose, car il s’est bien organisé pour qu’il n’y ait pas d’argent dans les comptes. Mais nous allons exécuter la décision jusqu’au bout, l’affaire est encore pendante devant la Cour de cassation.

Parlant d’exécution, selon certaines informations, votre huissier a eu des difficultés pour servir le commandement à Me SANKARA. Qu’en est-il et en avez vous parlé ?

Me F. : En effet, l’huissier a eu des difficultés pour servir le commandement à Me SANKARA et il m’en a parlé, la difficulté était liée au fait que ce dernier n’était pas là au moment où il devait servir le commandement car il était en Afrique du Sud en tant que membre du parlement panafricain. Ensuite il a été difficile de lui servir le commandement quand bien même il était enfin là. Ça ce sont les difficultés concrètes, l’huissier avait quelques inquiétudes par rapport à sa carrière.

En effet, il craignait qu’après avoir exécuté cet arrêt d’être marginalisé, qu’aucun avocat ne lui confie encore de dossier à traiter ... Il m’en avait parlé, mais moi je lui ai dit qu’il a été mandaté pour faire un travail, il faut le faire ; s’il y a des difficultés, il sait à qui se référer. C’est après cela justement qu’il s’est mis à exécuter. Il m’est revenu que quand il partait voir Me SANKARA, celui-ci lui remettait des extraits de la loi portant organisation de la profession d’avocat pour dire que tel ou tel article a été violé, etc... ces extraits d’articles de lois ne constituent pas une décision de justice qui peut bloquer l’exécution d’un décision rendue par la Cour d’appel.

Tout dernièrement il lui a remis le projet de règlement intérieur du parlement panafricain pour parler de l’immunité diplomatique, ensuite des extraits de textes qui parlent de l’immunité diplomatique pour prétendre que son domicile est inviolable et que l’huissier n’a pas à s’y rendre pour faire quelque saisie que ce soit !
Toutes ces tergiversations ne sont pas des décisions. Jusqu’à ce qu’une décision contraire annule l’arrêt de la Cour d’appel, ce qui ne me paraît pas plausible, on ne peut pas ne pas exécuter.

Si l’on vous suit bien, Me SANKARA refuse d’exécuter la loi. Etes-vous néanmoins confiant quant au recouvrement des biens de vos clients ?

Me F. : Tant qu’il a des biens, nous, nous allons les saisir jusqu’à ce qu’il y ait remboursement total de la somme due à mes clientes assorties des intérêts de retard, des frais et des dépenses qui ont été engagés dans le cadre de la procédure. Sur ce point, je puis vous assurer que nous exercerons notre droit sans acrimonie mais sans état d’âme d’autant qu’il s’agit de rendre justice à des enfants, des femmes et des hommes qui ont été spoliés.

De manière récurrente, Me SANKARA vous accuse de politiser l’affaire. Que répondez-vous à ces accusations ?

Me F. : J’ai toujours dit que je n’ai jamais politisé cette affaire. Aujourd’hui, Me SANKARA est président d’un parti politique dénommé UNIR/MS qu’il a créé. Au moment de l’affaire, il n’était pas leader d’un parti politique. Quand je l’ai assigné devant la justice non plus. Moi non plus je n’étais pas secrétaire national de l’ADF/RDA. En son temps, il avait laissé entendre que c’était Me Hermann YAMEOGO qui m’avait incité à l’assigner en justice pour lui créer des difficultés. Aujourd’hui qu’elle est la situation ? Pourquoi ameuter la classe politique pour une affaire purement judiciaire ?

Me SANKARA sait que lorsqu’une décision de justice est rendue et revêtue de la formule exécutoire, le bénéficiaire de la décision lorsqu’il éprouve une difficulté à l’exécuter, saisit le parquet général. C’est le parquet dans son ensemble qui suit le travail des huissiers. Les difficultés éprouvées en matière d’exécution de décision de justice sont déférées d’abord devant le procureur général qui peut instruire les procureurs de faire leur travail.

Tout citoyen qui bénéficie d’une décision de justice devenue exécutoire, lorsqu’il éprouve une difficulté se réfère au procureur général. Les huissiers le savent. Le président de la Chambre des huissiers le sait. Et Me SANKARA, le sait. C’est dans ce cadre que mes clients ont été obligés de manifester leur mécontentement par rapport à la manière dont l’exécution de la décision se faisait.

C’est régulier, Me SANKARA le sait ! Il est avocat, il sait que c’est comme ça que ça se passe. Qu’il aille faire écrire ou endosser du n’importe quoi à des leaders politiques n’est pas de ma responsabilité et ne saurait me faire dévier de mes obligations vis-à-vis du droit et de mes clients en particulier.

Lui-même a fait exécuter des décisions de justice, et en tant que bénéficiaire d’une décision de justice s’il éprouve des difficultés, c’est par cette voie qu’il va passer pour obtenir gain de cause. Notre affaire n’a rien de politique. Est-ce que les 33 ont besoin de passer par ce biais pour avoir leur argent ? Si eux-mêmes constataient que je ne faisais pas le travail, et qu’au lieu de m’occuper de leur dossier pour qu’il aboutisse je faisais plutôt de la politique, ils allaient me dessaisir depuis longtemps. Arrêtons donc d’amuser la galerie !o

par Interview réalisée par Cheik Ahmed
Retranscription Frédéric ILBOUDO


A propos d’acharnement

Après que nous nous soyons auto-saisi de l’affaire des 33 malheureuses victimes de ce que nous avions appelé une « arnaque grandeur-nature » ce au nom du sacro-saint principe « d’assistance à personne en danger », Maître Stanislas B. SANKARA, l’un des protagonistes de celle-ci a parlé « d’acharnement » d’adversaires politiques visant à le « détruire ». Après avoir invoqué par ailleurs les motifs qui nous guident, il conviendrait de faire un état des propos tenus par Maître SANKARA dans la presse pour savoir qui, de nous ou de lui s’acharne sur l’autre.

L’Observateur-Dimanche, Le Pays, Bendré, Sidwaya, même des journaux aujourd’hui « morts »... presque tous les canards honorables et les autres de ce pays ont servi de tribune à Maître SANKARA pour nous injurier proprement et nous livrer à la vindicte populaire. Pour l’essentiel, on retiendra que notre directeur de publication est une « marionnette » manipulée par des « puissances de l’ombre » qui ont trouvé dans L’Opinion l’instrument idéal de cette tentative de « mise à mort » politique et professionnelle de Maître SANKARA.

Une « marionnette » qui anime un « média de la haine » (sic) et qui « tourne un film » (sa dernière trouvaille pour banaliser une affaire éminemment sociale) avec de « mauvais acteurs » (ses journalistes) et des « traitres » et syndicalistes « jaunes » (ses 33victimes). Au-delà de l’injure gratuite, on perçoit la volonté de Maître SANKARA de faire de nous des pestiférés dangereux pour la paix sociale qu’il convient « d’anéantir » avant que leur « venin » ne se répande dans la société.
Ainsi résumé, c’est le sort des animateurs de la tristement célèbre radio mille collines que Maître SANKARA veut nous faire subir, parce que nous avons eu l’outrecuidance de parler d’une affaire embarrassante pour lui à tous points de vue.

Prendre exemple sur les autres

En réponse à ce fatras d’arguments fallacieux et tendancieux notre réponse a toujours été guidée par l’esprit de cette phrase extraite d’un de nos éditoriaux relatifs à cette affaire (L’Opinion n°207, p.8) à savoir que « c’est vrai que la passion et certaines contingences matérielles et psychologiques peuvent faire perdre les repères pour peu qu’on se trouve à court d’arguments ».

Tout juste avions-nous ajouté « qu’ils (Me SANKARA et les délégués des travailleurs) n’ont pas le monopole de l’injure et que nous pouvons tous nous y essayer même si le jeu n’en vaut pas la chandelle ». En effet, pour peu que Maître SANKARA n’eût pas commis cette faute professionnelle que nous ne nous serions pas intéressés à lui, notre journal ayant la prétention de traiter de questions autrement plus sérieuses, ce qui ne manque pas dans un pays où tout ou presque reste à faire, et où les médias doivent avoir un rôle d’éveil et de conscientisation en suscitant la réflexion.

Maître SANKARA qui crie au loup, devait plutôt prendre exemple sur certains responsables de ce pays qui ont été proprement vilipendés dans certaines affaires (David OUEDRAOGO par exemple) et qui ont attendu patiemment que la justice fasse son œuvre et le verdict rendu dans l’affaire suscitée et sur l’état de notre justice (dite aux « ordres ») même si à cette occasion, cette justice lui a mis pleines les poches. En homme de droit qu’il est (qui plus est), il devrait savoir attendre que celle-ci fasse son œuvre, au lieu de faire le tour des médias pour nous vilipender. A l’analyse c’est plutôt sur nous que l’on s’est acharné ainsi que sur d’innocentes personnes soupçonnées « d’acharnement » avec nous.

Pour autant nous restons attachée à notre ligne de conduite qui est de faire triompher la justice dans cette affaire. Aucune injure encore moins tentative d’intimidation ne nous fera déroger de cette règle. C’est dans cette optique que nous avions interpellé l’Etat burkinabè (censé être notre « protégé » selon Maître SANKARA) pour sa passivité dans le règlement diligent de cette affaire.

Mieux, nous avons pris le risque incalculable de nous mettre la justice elle aussi à dos, en critiquant ses lenteurs et certaines de ses décisions dans cette affaire des 33. Qui d’autre l’a fait ? Personne, en dehors de Sidwaya qui pourtant « appartient » à l’Etat. Pour le reste, et dans bien de cas, on nous a infligé des volées de verges avec une délectation perfide.
Nous sommes néanmoins restés stoïques refusant de nous laisser divertir.

En fait, c’est le problème des 33 et rien que lui qui nous intéresse au nom de l’impératif moral qui nous oblige à dénoncer les injustices surtout quand elles peuvent porter atteinte à l’ordre social. Tout le reste n’est que subterfuges et écran de fumée. C’est dire que rien de ce qui se trame contre nous dans cette affaire ne nous surprendra !

Nous suivons et nous faisons fort de pouvoir aviser chaque fois que de besoin.
A bon droit et ce ne serait que de la légitime défense !
A bon entendeur...

Par Alpha YAYA


La parole aux victimes

En rencontrant ces 5 victimes de l’affaire des 33, notre intention n’est pas de les présenter à l’opinion nationale comme des souffreteux, des miséreux, etc., mais pour ce qu’ils sont des Burkinabè victimes de la machination d’un individu. Malgré leurs difficultés, ils continuent de se battre. Ils ont accepté s’exprimer pour mieux situer l’opinion sur leur « affaire », évoquer leurs conditions de vie, mais surtout signifier une fois de plus ce qu’ils attendent de Maître SANKARA. Ces 5 personnes tout comme l’ensemble de 33 ont foi en la Justice de leur pays et croient fermement que tôt ou tard Maître SANKARA leur paiera ce à quoi ils ont droit.

Ousseni OUEDRAOGO (O.O) : « Maître SANKARA nous a dit d’aller en grève... ».

J’étais chauffeur à X9 et je suis l’un des premiers chauffeurs car j’ai été embauché le 24 juin 1984. En somme, j’ai été le doyen de la boîte jusqu’à sa privatisation. C’est ainsi qu’on a été repris à la SOTRAO, repreneur de X9. Mais il faut souligner que notre ancien employeur, X9, ne nous avait pas payé nos droits. Engagés par la SOTRAO nous n’avons pas conservé notre ancienneté et nous ne sommes pas traités de la même façon.

Il nous fallait donc poursuivre X9 pour recouvrir nos droits. C’est ainsi que nous avons pris comme conseil Maître SANKARA pour qu’il nous aide à recouvrer ces droits. Alors, Maître SANKARA nous a dit d’aller en grève pour faire pression afin d’obtenir dans un meilleur délai nos droits.

En son temps, et étant le doyen, je leur ai déconseillé d’aller en grève car ce n’était pas une bonne chose et cela pouvait nous coûter cher. Pour moi non seulement nous n’étions pas en situation de force pour aller en grève, mais en plus la grève allait porter préjudice à la nouvelle société, la SOTRAO alors qu’elle n’était pas fautive. Mais ils ne m’ont pas écouté, ils ont maintenu la grève et ce qui devait arriver arriva : les licenciements.

Il faut rappeler également qu’en ce moment, j’étais en congé mais je participais aux activités du groupe, c’est donc normalement que j’ai repris le travail après mon congé avec ceux qui avaient refusé d’aller en grève. Malgré tout on était solidaire de ceux qui ont été licenciés par la SOTRAO. La pression a été maintenue sur X9 jusqu’à ce qu’on obtienne satisfaction.

C’est quand nous pensions être au bout de nos efforts et pensions pouvoir jouir de nos droits qu’on nous a fait comprendre (les délégués et Maître SANKARA) que deux mois de salaire seront retenus sur notre dû pour refus d’aller en grève. Ce que nous avons refusé parce que cette mesure ne se justifiait pas du tout. Si dans le principe nous étions d’accord pour contribuer aux efforts, la cession de deux (02) mois de salaire nous paraissait excessive. C’est ce refus qui fait qu’aujourd’hui nous poursuivons toujours nos droits.

Cela fait six (06) ans que vous poursuivez vos droits qui tardent à vous être payés. De quoi est fait votre quotidien durant ces six ans ?

(O.O) : Aujourd’hui, je ne vis que de ma pension de militaire en attendant que Maître SANKARA daigne bien respecter la décision de Justice et me payer mes droits qu’il détient par devers lui depuis 6 ans. Vu mon âge assez avancé, il est difficile pour moi de trouver un emploi. J’entretiens donc ma famille avec ma pension de militaire en attendant le paiement de mes droits.

Qu’attendez-vous de Maître SANKARA ?

O.O : Je voudrais simplement dire à Maître SANKARA de se rappeler de ce qu’il a dit de par le passé. Je lui demande de se rappeler de ce qu’il nous a dit quand nous (les 33) nous étions allés le voir. Il nous a textuellement dit ceci : « l’argent est disponible ! C’est votre argent. Si vous vous accordez avec les délégués, je vous donnerai votre argent ». N’est-ce pas ce qu’il nous a dit ? La Justice ne nous a pas donné raison parce qu’elle nous aime, mais parce qu’elle a dit la loi. Que Maître SANKARA respecte la Justice, la loi et me rende mes droits qu’il a en poche depuis six (06) ans. Ce n’est pas plus compliqué que cela ! On nous accuse de politiser l’affaire ! Regardez-moi ! Pensez-vous que j’ai l’air d’un politicien ou de vouloir m’amuser avec mes droits ? Soyons sérieux ! Qu’il nous paie nos droits et il ne nous verra plus sur sa route !

Mme SAWADOGO née POUYA Angèle
« Maître SANKARA m’a fait un chèque... »

J’étais au guichet de X9 à Bobo. Nous, particulièrement ceux de Bobo, nous avons appris la grève, le jour même de son déclenchement. Une lettre est venue de Ouagadougou par la compagnie de transport SOGEBAF le 21 avril nous demandant d’aller en grève le même jour. Nous nous sommes donc réunis et avons essayé de manifester mais notre chef d’agence nous a conseillé de surseoir à la grève car elle serait illégale vu que nous ne respections pas le délai de préavis. On a donc suivi son conseil et on n’est pas allé en grève.

C’est à la suite de cela que nous avons appris que nos collègues de Ouagadougou qui sont allés en grève ont été licenciés et deux de nos collègues de Bobo l’ont été pour ces mêmes faits. Après le versement de nos droits par X9, à notre conseil Maître SANKARA, je suis venue à Ouagadougou pour connaître le montant de la somme à laquelle j’ai droit et c’est là qu’un délégué m’a signalé que n’ayant pas participé à la grève, je ne pouvais pas être renseignée.

Après cela, les délégués nous ont fait savoir que deux (02) mois de salaire seront retenus sur les avoirs de ceux qui ne sont pas allés en grève. Au départ nous étions contre, mais après réflexion et concertation, nous avons accepté de céder les deux mois de salaire pour n’en bénéficier que de dix (10). Là encore, ils ont refusé de nous satisfaire et ont posé de nouvelles conditions.

Nous avons donc décidé, nous de Bobo, de rencontrer Maître SANKARA ; ce que nous avons fait à deux reprises. Le premier jour il nous a montré les montants de nos dûs dans son bureau. Ce jour-là il nous a dit que c’est juste un malentendu entre nos collègues de Ouagadougou et nous et qu’il allait régler cela. Comme il n’y avait toujours pas de suite, nous avons encore fait une délégation et nous sommes venus voir une fois de plus Maître SANKARA.

Moi j’ai vu mon montant et j’avais droit à plus d’un million trois cent mille (1 300 000) F CFA. Mais il faut signaler qu’avant même que je ne voie mon montant, j’ai eu un problème de famille : j’ai perdu mon papa et un collègue, paix à son âme, est intervenu auprès de Maître SANKARA qui m’a donné un chèque de deux cent cinquante mille (250 000) F CFA. Je me disais que tout était clair et que j’aurais mes droits sans problème.

C’est alors avec stupéfaction que j’entends Maître SANKARA dire qu’il ne nous devait pas et que c’était aux délégués de nous payer. Si c’était vraiment aux délégués de nous payer, ce n’était donc pas à lui de me donner le chèque de 250 000 F CFA. Si vraiment Maître SANKARA ne me devait pas, pourquoi m’a-t-il fait ce chèque de 250 000 F CFA ? Je ne comprends pas.

Six (06) ans après, comment vivez-vous votre situation, comment vivez-vous cette injustice ?

S/P.A : Je suis restée à la SOTRAO jusqu’à ce que cet employeur aussi nous vide. Mon mari qui est à SITARAIL ne travaille plus et comme nous avons des enfants à charge et que certains doivent faire la terminale cette année, je me demande comment je vais arriver à gérer tout cela. Nous vivons de surcroît en location. C’est vous dire que ce n’est pas du tout facile.

Qu’attendez-vous de la Justice et particulièrement de Maître SANKARA ?

S/P.A : La Justice a fait son travail. Seulement, je pensais qu’avec la décision de Justice, Maître SANKARA allait s’exécuter et nous payer nos droits Maître SANKARA nous a fait savoir qu’il était l’avocat des veuves, des orphelins et des pauvres ; j’avais placé une grande confiance en cet homme, mais aujourd’hui je me rends compte qu’il ne mérite pas cette confiance. Il n’y a pas plus pauvre que moi ; Je ne travaille pas, mon mari ne travaille pas, nous ne savons pas où habiter et derrière nous, il y a nos enfants. Je lui demande, tout simplement de faire grâce et me payer mes droits.

Mme KABORE Thérèse :
« Maître SANKARA a failli ; qu’il le reconnaisse humblement... »

Receveur à l’ex-X9 au moment de la grève, j’ai été affectée au niveau du contrôle interne.

Comment vivez-vous cette injustice six (06) ans après ?
K.T : Je la vis difficilement car j’ai de grandes charges familiales. C’est vrai que mon mari travaille mais cela n’est pas suffisant car deux bras supportent mieux un poids qu’un seul. Le peu que je gagnais, je jonglais avec ça et j’assurais la charge des cinq (05) enfants que ma sœur m’a laissés après son décès.

Après quinze (15) ans de service, j’attendais mes droits pour essayer de développer une activité qui m’aiderait, mais hélas, Maître SANKARA en a décidé autrement. Je sais que depuis six (06) ans si j’avais perçu mes droits qui s’élèvent à plus d’un million deux cent cinquante mille (1 250 000) F CFA, certaines difficultés que j’ai vécues ou que je vis aujourd’hui auraient été surmontées.

Qu’attendez-vous de Maître SANKARA et de la Justice ?

K.T :La Justice a rendu sa décision, mais je ne sais pas si Maître SANKARA, qui est un homme de loi, est au-dessus de la loi. Je suis troublée quand je l’entends remettre en cause la décision judiciaire.

Etant un homme de droit, la transparence et l’honnêteté devaient être ses atouts. Nul n’est infaillible ici bas ; Maître SANKARA a failli ; qu’il le reconnaisse humblement et me paie mes droits car je sais qu’il n’est pas à 1 250 000 F CFA près. Aujourd’hui avec le recul, je pense que Maître SANKARA nous a utilisés pour parvenir à ses fins ; il a exploité notre détresse, notre faiblesse ; il nous a manipulés dans cette affaire car personne, aucun des travailleurs ne voulait d’un licenciement. Tout ce que nous voulions, c’est recouvrer nos droits à X9 ; c’est lui qui nous a encouragé à aller en grève à la SOTRAO. Aujourd’hui nous sommes licenciés parce que nous avons suivi son conseil.

Il nous a trahis, nous avons eu recours à lui et il a abusé de la confiance de tous les travailleurs, même de ceux qui ne sont pas allés en grève. Maître SANKARA est un homme que je respecte, que je respectais, mais il m’a déçu, il m’a beaucoup déçu. Tout ce que j’attends de lui c’est qu’il me rende justice comme la Justice de mon pays l’a fait, qu’il me paie mes droits. Dans quelques jours c’est la rentrée scolaire, et il y a beaucoup à faire, je sais que pour lui cela n’est pas un souci mais si vraiment il est l’avocat des veuves et des orphelins comme il le dit, il y en a combien parmi nous qui sont décédés ? Qu’il nous paie nos droits.

M. Abdoulaye DOMBA : « Qui a signé les 600 autres chèques...? »

J’étais chargé de contrôle à l’agence de Bobo de l’ex-X9. Cela fait six (06) ans que nous vivons une situation difficile, mais pour moi, le problème n’est pas à ce niveau. Qu’on vive bien ou que l’on vive mal, nos droits sont nos droits et même si j’étais milliardaire aujourd’hui ce qui me revient de droit, on doit me le payer ; même si c’est 100 F CFA ou jusqu’à ce que moi-même j’y renonce.

Qu’attendez-vous de la Justice et particulièrement de Maître SANKARA ?

A.D : Je pense que la Justice a fait son travail, mais je souffre de la malhonnêteté de Maître SANKARA. Parce que, premièrement, il nous a envoyé des correspondances pour nous dire que l’argent est viré et de prendre attache avec les délégués pour les différentes modalités de paiement. On arrive, les délégués rentrent se concerter avec Maître SANKARA puis ressortent nous dire qu’ils vont retenir sur nos droits, deux (02) mois de salaire. Sur quelle base leur avons-nous demandé ?

Que c’est la décision de l’Assemblée générale dont nous n’avons d’ailleurs pas été informés de la tenue. L’affaire a traîné jusqu’à ce que nous allions au ministère de l’Emploi. Ce qui m’a choqué ce jour-là, c’est que devant le directeur de l’Emploi et son assistant, les délégués nous ont dit de passer le lundi toucher nos sous puisque nous étions à vendredi. Le lundi, on arrive et c’est un autre langage qu’on nous tient. Ils sont rentrés voir Maître SANKARA qui dit de ne pas nous payer.

Autres mensonges : on dit que les 33 ont barré la route pour que les autres travailleurs ne puissent pas passer. Mais c’est faux, la majorité de ceux qui sont frappés par cette injustice sont des travailleurs qui étaient à Bobo ! Sur les 33 travailleurs, nous étions 22 à travailler à Bobo ; seuls les onze (11) étaient à Ouagadougou. Comment voulez-vous que ces onze (11) personnes empêchent plus de deux cents personnes d’entrer dans l’entreprise ?
On lui demande de payer nos droits et il parle de politisation de l’affaire. Est-ce qu’il est normal ?

L’affaire a commencé avant qu’il ne crée son parti. Aujourd’hui il dit que lui il a remis l’argent aux délégués, mais qui signait les chèques ? C’est sa signature. Si Maître SANKARA est courageux et honnête, qu’il nous dise sur les 600 chèques qu’il a faits et dont il a envoyé correspondance au ministre feu Elie SARRE, qui a signé ? C’est sur quelle base il a remis nos droits aux délégués, s’il a remis les chèques individuellement aux autres travailleurs ?

A-t-il remis un chèque global de 52 millions ou a-t-il remis des chèques individuels ? Et à quel délégué précisément a-t-il remis le chèque ? Qu’il nous le fasse savoir. S’il a détourné nos sous, qu’il les ramène car dans tous les cas, Justice ou pas et là je l’ai toujours dit, il va payer. Il me doit plus de 2 millions de F CFA qui sont le fruit de mon travail, et il va me les payer. C’est aussi simple que cela.

M. Issaka ZONGO
« Entre lui et nous, qui est le politicien ? »

J’étais le chef d’atelier à l’ex X9 et Directeur technique au moment des grèves du 21 et 22 avril.
Six (06) ans après, quelle est votre situation aujourd’hui ?
I.Z : J’ai appris à me battre et depuis 1998 que je suis parti de la SOTRAO, je me suis battu pour m’insérer dans la société tout en espérant un jour recouvrir mes droits après 11 années de service.

A vrai dire, je comptais sur mes droits comme beaucoup d’entre nous pour pouvoir mener une activité personnelle mais c’est avec amertume que je constate que je vis aujourd’hui sans mes droits puisque bloqués par Maître SANKARA. Ce n’est pas pour autant que j’ai baissé les bras ; j’ai continué à me battre et je continuerai à me battre. Aujourd’hui je me suis installé à mon propre compte et j’ai un atelier où je fais l’entretien des véhicules automobiles.

Qu’attendez-vous de la Justice et particulièrement de Maître SANKARA ?

I.Z : Nous sommes aujourd’hui en train d’attendre que Maître SANKARA exécute l’arrêt rendu et nous paye nos droits. J’ai foi en la Justice de mon pays et je sais que cette décision de Justice sera exécutée. A Maître SANKARA, je ne peux que demander de se soumettre à la Justice parce que, il a beau chercher des portes de sorties, tôt ou tard, la vérité finira par triompher.

Malgré tout ce que Maître SANKARA a eu à raconter sur les antennes de radios, dans les journaux, les Burkinabè ne sont pas dupes et les quelquefois que certains organes de presse ont bien voulu nous accorder la parole, nous avons pu apporter des éléments qui forgeront les Burkinabè dans leur jugement, dans leur façon de voir cette affaire et même s’ils ne disent rien, ils savent faire la part des choses.

Tout le monde sait d’entre lui et nous qui est le politicien, qui a intérêt à politiser l’affaire et qui la politise ! Il faut qu’il cesse de prendre les gens pour des niais. Si nous étions utilisés par le pouvoir pensez-vous que nous serions dans la misère où nous sommes ? Au moins nous aurions monnayé cette instrumentalisation ! Lui seul a intérêt à politiser l’affaire afin de faire pression sur les magistrats et les obliger à ne pas dire le droit et il a failli réussir dans sa manœuvre.

Qu’il nous paie nos droits et il verra si nous parlerons encore de lui ! Ce n’est pas plus compliqué que cela ! Par ailleurs, il ne trompe que ceux qui le veulent car nous savons qu’il n’a pas la conscience tranquille, ni vis-à-vis de nous les 33, ni vis-à-vis des collègues délégués qu’il a instrumentalisés.

Maître SANKARA a donc intérêt à se rallier à la vérité pour pouvoir vivre le reste de sa vie sans remords, sans poids sur la conscience, car nous savons qu’aujourd’hui, il n’a pas le sommeil léger parce qu’il a arnaqué de pauvres travailleurs licenciés. Tant qu’il ne nous paiera pas nos droits, Maître SANKARA ne sera jamais en paix avec lui-même..

Propos recueillis par
ILBOUDO Frédéric


“Alternance 2005” :
De l’anti-démocratisme primaire

Alors que l’on croyait l’affaire des 33 ex-travailleurs de l’ex-RNTC-X9 claire comme de l’eau de roche (lire par ailleurs) voilà qu’une « déclaration sur les tracasseries à l’encontre de Me Bénéwendé S. SANKARA » signée de Alternance 2005, vient nous rappeler qu’ici au Faso, il y a de véritables prédateurs de la liberté et des droits humains qui se cachent sous le manteau politique.

Preuve de la mauvaise foi manifeste d’Alternance 2005 et de la pauvreté des arguments dont elle disposait pour sa « défense » en faveur de Me SANKARA, c’est que ladite déclaration commence par les sempiternelles récriminations contre les « privatisations sauvages » (sic) survenues au Burkina Faso, pour se poursuivre par des lieux communs sur le syndicalisme « jaune » et se terminer par des appels à l’union et à l’unité d’actions lors des élections en 2005. Nulle part, il est démontré que Maître SANKARA n’a pas trempé ses moustaches dans la soupe des 33, la déclaration se contentant de dire que cette affaire est close au niveau du cabinet SANKARA depuis 2000.

Comment peut-elle être close alors que 33 personnes à qui l’Etat a versé des droits, n’ont jusque-là pas reçu un seul kopek. Alternance 2005, souligne que Maître SANKARA a reversé leur part aux délégués provinciaux qui l’ont « commis ». A ce niveau déjà on sent l’arnaque, car, il n’appartenait pas aux délégués du personnel de payer leurs camarades, cette tâche étant dévolue à l’avocat ainsi que le stipule le point 5 du protocole signé entre l’Etat et les travailleurs. D’où vient que Maître SANKARA qui a payé lui-même les autres travailleurs, s’en remette aux délégués du personnel pour les 33 ?

Politique quand tu nous tiens !

En réalité, lorsqu’il « s’auto-commettait » dans cette affaire, ainsi du reste que dans bien d’autres (affaire David OUEDRAOGO) Maître SANKARA spéculait déjà sur les intérêts qu’il pourrait y récolter dans sa future carrière politique. En punissant les travailleurs « jaunes » par le biais de la rétention, voire de la dissipation de leurs droits en complicité avec les délégués du personnel, Maître SANKARA se posait déjà en redresseur de torts et en pourfendeur des iniquités de la IVe République. Dans sa fougue et sa quête de reconnaissance, il a oublié qu’aussi « jaunes » fussent-ils, les 33 ex-travailleurs de l’ex-RNTC X9 n’en étaient pas moins des citoyens jouissant de droits et de devoirs comme les autres.

Que par messianisme ou par charlatanisme politique on veuille leur dénier ces droits ne peut-être que condamnable, ce que la justice a fait. C’est ce tort réparé que des politiciens ont l’outrecuidance et la malhonnêteté de traiter de « tracasseries » étalant du même coup aux yeux de tous leur nature profonde. Et, comme ils le disent, « les signes ne trompent pas, et les desseins sont manifestes ». Il faut couvrir un camarade malhonnête coûte que coûte, afin que sa juste condamnation n’éclabousse toute l’opposition. Autrement, l’affaire est trop limpide pour que l’on épilogue outre mesure là-dessus.

Eux-mêmes l’ont prouvé en demandant aux 33 d’ester en justice contre l’assureur de Me SANKARA plutôt que contre ce dernier. Le fameux problème de savoir qui du contenu ou du contenant est le plus important se trouve remis au goût du jour. Peu nous chante cette querelle de forme, le fond en l’occurrence la dissipation des sous des 33 nous paraissant plus important.

Or, et n’en déplaise à Alternance 2005, celle dissipation est le fait de Me SANKARA et de ses acolytes délégués du personnel. Que les fautifs réparent donc leur faute comme le leur demande la justice. Quant aux anti-démocrates, ils devront se chercher d’autres thèmes de campagne.

Par Alpha YAYA

L’Hebdo

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