Actualités :: Christian Bouda dit Naaba Kiiba II : chef de canton et député

23e chef du canton de Manga (aussi appelé Silgtenga ou « la contrée de l’aigle »), fondé vers le 15e siècle par Naaba Karkui, successeur de son père Naaba Bâongho (1), il a été intronisé le 18 février 1992. Naaba Kiiba II, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est aussi député, il est à son 2e mandat.

Et en tant qu’élu, il répond à l’hémicycle de son nom à l’état civil, Christian Gustave Bouda. Le 17 janvier dernier, à la faveur d’une cérémonie de remise d’un forage à Manga, il nous a accordé un entretien. Avec lui, dans son palais, nous avons parlé bien sûr de problèmes politiques, mais également de sorcellerie, dont on accable souvent les habitants de cette partie du Burkina, réputée pour ses « SONABEL sans poteau ». Ancien joueur des Jaune et Vert, nous n’avons pas non plus occulté les questions liées au sport.

Pouvez-vous nous dire, Naaba Kiiba II, quelle est l’ambiance qui règne au sein du CDP Manga ?

• Tout va bien à mon avis. Sur les 15 conseillers municipaux que compte la commune, le CDP en a 13 et l’UNDD et l’ADF/RDA, un conseiller chacun . Quant aux législatives passées, sur quatre postes à pourvoir au niveau de la région, le CDP s’en est sorti avec deux députés et ses adversaires que sont le PDP/PS et l’ADF/RDA se sont partagés les deux autres.

Je pense quand même que c’est un résultat qui est assez honorable si on tient compte de la physionomie générale des élections législatives de 2002, qui ont vu l’arrivée à l’Assemblée nationale de nombreux opposants.

Compte tenu des multiples charges que vous assumez, vous avez souvent été en butte à des critiques plus ou moins justifiées. Comment l’homme politique et le responsable coutumier, que vous êtes, réagit face à des attaques qui parfois sont personnelles ?

• Comme vous l’avez dit vous-même, les critiques et les attaques sont inévitables. Dans le monde politique, comme partout ailleurs, il y a toutes sortes de gens. Il y en a dont les observations critiques sont constructives et utiles ; il y en a d’autres qui ragent de vous voir là où vous êtes, parfois parce qu’ils s’imaginent que vous leur avez subtilisé leur place, et pris ainsi le pain qu’ils voyaient à portée de main.

Mais le responsable coutumier que je suis sait que quand vous êtes dans une certaine position, vous devez accepter de servir d’exutoire à tout le monde, même à ceux qui sont aigris. Vous devez savoir encaisser, sans toujours rendre coup pour coup.

Peut-être s’en trouve-t-il pour penser qu’il s’agit d’une preuve de faiblesse. Mais il faut savoir se consacrer à l’action, au travail, essayer de bien faire et laisser dire. Il y a des gens qui pensent montrer qu’ils ont de la valeur en essayant de montrer que les autres n’en ont pas, qui pensent pouvoir s’élever en rabaissant les autres. Ils ont le droit d’exister. J’essaie de suivre mon chemin, en pensant que mon action est le meilleur des démentis.

A l’inverse, le fait que certains ne sachent que critiquer et ne font montre d’aucune autre qualité est ce qui va sûrement les discréditer. Je ne me laisse pas affecter et paralyser par les attaques surtout quand elles sont personnelles. Par ma position, je suis au service de tant de gens que s’intéresser à ce genre de critiques est un luxe que je ne peux me permettre.

Quels rapports entretenez-vous avec Jean-Claude Bouda et Zéphirin Diabré ?

• Eh bien Jean-Claude Bouda, comme son nom l’indique, c’est mon frère ; nous entretenons donc des relations fraternelles au sens propre. Nous sommes également de la même famille politique.

Mais si je comprends bien la question, c’est comme s’il y avait un conflit entre nous ; non il n’en est rien, c’est mon frère et nous discutons en famille. Nous pouvons ne pas avoir les mêmes points de vue sur certaines questions certes, mais ce n’est pas pour autant que nous allons nous chamailler et briser la famille.

Je crois que si malgré nos divergences nous sommes tous au CDP, c’est qu’il y a un dénominateur commun. De toutes les façons, comme disent nos grands-parents : « On peut avoir un ancien ami, mais pas d’ancien parent ». Je crois que les gens parlent souvent de ce qu’ils ne savent pas. C’est mon frère et rien ne va nous diviser.

Zéphirin Diabré est un frère et un ami politique de la province. Nous avons travaillé ensemble à un moment donné. Il a été appelé à d’autres fonctions, incompatibles avec l’activité politique ; alors je crois que nous continuons le chemin sans lui parce qu’officiellement il n’est pas habilité, eu égard à son statut actuel, à jouer un rôle politique. On a eu des relations conviviales à un moment donné. Il n’est plus dans l’arène politique, mais nous, nous continuons le travail.

Nos deux familles se connaissent bien. Mais lui et moi ne nous voyons pas régulièrement comme dans le passé. S’il y a un problème, peut-être lui, pourra vous le dire. Depuis un certain temps, je n’ai pas de ses nouvelles.

Entre l’écharpe et le bonnet, lequel vous rapporte le plus en terme de gain ?

• Je crois qu’il faut voir les choses en terme de charges et non de gain. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’y a pas d’incompatibilité. C’est la même mission, puisque dans tous les cas il s’agit de manager les hommes et de contribuer au développement du pays.

Mais où vous sentez-vous réellement mieux ?

• Ce sont les mêmes problèmes à tous les niveaux. Vous avez des charges, des devoirs et des obligations à respecter, que ce soit sur le plan coutumier ou politique ; c’est à vous de savoir manager. Mais avec le temps, sur tous les deux plans, vous vous sentez comme un poisson dans l’eau.

Il y a des difficultés qu’on apprend à surmonter et c’est cela aussi la vie : assumer des responsabilités, mais aussi résoudre les problèmes auxquels vous êtes confronté et tirer les leçons de vos échecs pour mieux préparer l’avenir. Vous êtes chef coutumier, député à l’Assemblée nationale et 1er adjoint du maire de la commune de Manga ; soit un cumul de trois pouvoirs. N’est-ce pas trop pour une seule personne ?

• Ma responsabilité de chef coutumier est un héritage lié à ma filiation.

Mon père, comme vous le savez, a occupé des responsabilités politiques coutumières. Vous êtes d’accord avec moi que quand on hérite de quelque chose, on en prend l’actif et le passif. Alors j’ai tout hérité de mon père. Seulement, il ne faudrait pas faire d’amalgame entre les trois pouvoirs que vous venez de citer.

L’accession au trône se fait par élection certes, mais elle obéit à des règles propres à la tradition, contrairement aux postes de député et de conseiller municipal, qui sont soumis au suffrage universel. Et pour tout vous dire, ma qualité de 1er adjoint du maire, à mon avis, représente un avantage pour la commune du fait que je suis également à l’Assemblée nationale.

En Europe par exemple, on parle souvent de députés-maires. Parce que l’on sait que ces députés-là ont une position qui rapporte plus à la commune. Alors, je ne vois pas du tout d’incompatibilité. Pour être maire, il faut avoir été élu. C’est dire que je ne me suis pas imposé au poste de 1er adjoint du maire ; ce sont les conseillers qui en ont décidé ainsi.

L’Observateur

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