Actualités :: L’UNDD à Djibril Bassolet : "Votre tuyau était crevé"

Comme il fallait s’y attendre, l’entretien que le ministre de la Sécurité, Djibril Bassolet, nous a accordé (cf. l’Observateur paalga du mercredi 19-01-05) provoque des vagues. Voici la réaction de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) qui se défend d’être un bastion de la subversion.

Dans une interview publiée par l’Observateur Paalga N° 6314 du 19 au 20 janvier 2005, Djibril Bassolet, le tout puissant ministre de la Sécurité de la IVe République a fini par trahir une mission qui lui a été confiée depuis plusieurs mois déjà : en finir avec l’UNDD.

En effet, de ses déclarations fracassantes à la presse de septembre 2004, dans lesquelles il affirmait, la main sur le cœur, que son action ne visait aucunement l’UNDD, à l’aveu paru dans l’édition sus-citée de l’Observateur Paalga, Monsieur Bassolet a fini par lâcher le morceau. Le sentiment d’échec et la rancœur qui en découlent ont fini par avoir raison de son subconscient.

Cela prouve au moins une chose : que l’UNDD dérange et que sa création-surprise en juillet 2003, en lieu et place d’un procès que tout le monde savait perdu d’avance, s’est révélé un échec pour ceux qui avaient ainsi planifié la fin politique de Hermann Yaméogo.

Djibril Bassolet est l’un des piliers-maîtres du Régime Compaoré. En affirmant que « si j’en avais la possibilité l’UNDD n’existerait même pas » il fait l’aveu de l’échec d’un dessein que lui et ceux pour qui il travaille n’ont pu réaliser : empêcher l’UNDD d’exister.

Le Bureau exécutif national de l’UNDD voudrait rappeler à monsieur Bassolet, trois choses :
- 1) L’UNDD n’est pas un bastion de la subversion. L’UNDD est une association, créée conformément aux lois de la République, qui regroupe des milliers de Burkinabè dont Me Hermann Yaméogo. Cela veut dire que l’UNDD n’est pas Hermann Yaméogo et que Hermann Yaméogo à lui seul n’est pas l’UNDD, pas plus que le Burkina Faso ne saurait se résumer à Blaise Compaoré.

Hermann Yaméogo demeure un citoyen, homme politique, un élu de la République qui pose des actes selon ses convictions politiques. Ces actes, il les pose en connaissance des lois de son pays et non sur la base des humeurs et des amitiés de ses dirigeants. C’est pourquoi, monsieur Bassolet, si vous avez personnellement des comptes à régler avec Hermann ou si on vous a chargé de le faire avec lui, faites-le néanmoins en toute légalité et en toute loyauté, conformément aux lois de la République, mais de grâce, laissez l’UNDD et son Président tranquilles !

- 2) L’UNDD est un parti politique qui, dès sa création et tirant leçon de l’histoire, s’est donné pour mission de lutter pour l’ancrage d’une démocratie véritable au Burkina Faso ; une démocratie garante des libertés individuelles et collectives, et promotrice d’une politique de paix, aussi bien à l’intérieur de nos frontières qu’avec tous les Etats voisins, pour la constitution d’une Nation unie et solidaire, cadre d’épanouissement de tout Burkinabè.

Cette vision est partagée par l’ensemble des militants du parti. Vous savez du reste, monsieur le ministre, où sont les subversifs ; il vous suffit d’accepter d’ouvrir l’œil. C’est donc là-bas que vous devriez aller les chercher et non à l’UNDD !

- 3) Djibril Bassolet n’est pas la République. En voulant « liquider l’UNDD », monsieur le ministre, vous faites sans conteste votre travail de premier gendarme du Régime qui vous emploie mais pas celui de la République qui, elle, est régie par des lois dont celles qui fondent les libertés d’association et d’expression auxquelles vous êtes en réalité si allergique.

Ce sont les propos et les attitudes des gens comme vous qui fondent l’observateur averti de notre pays, 14 ans après l’adoption de la Constitution du 2 juin 1991, dans sa conviction que le Régime qui nous gouverne n’est rien d’autre qu’un régime militariste, vivant dans la peur et incapable d’instaurer une vraie démocratie dans notre pays. Vous ne faites pas honneur à votre fonction de ministre d’une République, même celle dans laquelle nous vivons, parce qu’elle veut au moins s’en donner les apparences !

Monsieur le ministre,

Vous ne pouvez pas vous sauver la face à si peu de frais. Dans vos accusations contre Hermann Yaméogo, vous faites une reculade qui confirme le montage d’Etat de septembre 2004, dont vous avez été le maître d’œuvre. Rappelez-vous en effet que, le 14 octobre 2004, 16 partis de l’opposition avaient démasqué et dénoncé le faux dont vous et vos Services aviez usé pour tenter de crédibiliser ce montage d’Etat à l’encontre de Me Hermann Yaméogo. Ces partis vous avaient mis au défi de prouver l’authenticité des « pièces à charge » que vous ventiliez de façon insidieuse au travers d’une certaine presse, au moment même où une instruction, censée rester secrète, était en cours.

Aujourd’hui, non seulement vous avouez publiquement ne pas être en mesure d’apporter les preuves de vos accusations, parce que vous savez que tout cela est sorti de votre imagination, mais vous voulez sauver la face à peu de frais en servant un autre scénario digne de votre fertile imagination.

Vous aimez en effet tant le sensationnel dans le détail de vos scenarii, que vous aviez même, courant octobre 2004, eu l’imprudence de dire publiquement à des députés de l’opposition comment vos Services ont infiltré la présidence mauritanienne et la présidence de Côte d’Ivoire, au point de vous « filer » à tout instant les détails sur tous ceux qui étaient reçus en ces lieux et même de vous informer des plans d’assassinat d’Hermann Yaméogo échafaudés par les milieux proches de la présidence ivoirienne !

Monsieur le ministre,

Vous savez très bien, et nous aussi à l’UNDD, quelle a été la source maîtresse de vos informations. Vous avez crié trop tôt sur les toits avant de vous rendre compte que votre tuyau-maître, si sûr, était en réalité crevé. Il fallait bien que quelqu’un paye et vous n’avez fait que votre travail. Pour le reste, vous venez de révéler à l’opinion, ce qu’est la suite de votre mission et ce que du reste nous aussi nous savions : liquider l’UNDD.

C’est pourquoi le Bureau exécutif national de l’UNDD prend acte de votre déclaration. Devant l’histoire, et nous prenons le peuple burkinabè ainsi que l’opinion internationale à témoin, l’UNDD vous donne rendez-vous ; car l’UNDD vous survivra, simplement parce qu’elle résulte de la volonté de milliers de Burkinabè comme vous et non de la vôtre.

Ouagadougou, le 22 janiver 2005

Le Bureau exécutif national

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