Habitués à boycotter les scrutins sous des prétextes divers, les "boycotteurs" d’hier affirment qu’ils participeront aux élections de 2005. A quelques mois des scrutins, il faut néanmoins prendre ces déclarations avec des pincettes. L’habitude étant une seconde nature, rien ne dit que cette opposition tiendra parole.
L’an 2005 sera pour notre pays une année de challenges démocratiques. Pour cause, les élections municipales et présidentielle sont prévues pour s’y tenir. Pour l’heure, les états-majors des partis politiques sont en ébullition et chacun ficelle sa stratégie, cherche ses moyens pour aller "à la pêche" des voix.
Dans l’opposition, tout se précise et les probables candidats surtout pour la présidentielle se signalent par des déclarations et des probables investitures. Tout porte à croire qu’à ces scrutins, il n’y aura pas d’abonné absent puisque dans les rangs des "grands boycotteurs" que sont les acteurs de la COB (Concertation de l’opposition Burkinabé) ou du G 14, "on" va aux élections qu’ils soient à l’hémicycle ou pas. S’ils tiennent parole et participent effectivement aux élections, c’est notre processus démocratique qui en sort grandi, quoique leurs boycott antérieur n’ait empêché en rien l’avancée du Burkina, encore moins la régularité des scrutins.
Si d’aventure nos chers opposants revenaient sur leurs déclarations de non boycott, cela ne fera que confirmer leur immaturité politique et jeter définitivement le discrédit sur des leaders qui en avaient bien suffisamment. "Vous savez qu’en 1991, nous avons boycotté la présidentielle, en 1998 également, mais en 2005, nous ne la boycotterons pas", a lancé fièrement Philippe Ouédraogo président du groupe parlementaire Justice et démocratie lors d’une conférence de presse. Comme si boycotter avait de quoi enorgueillir un homme politique digne de ce nom. Si cette déclaration s’avérait exacte, il est clair aujourd’hui que nos opposants sont résolus à travailler dans le sens de l’avancée de la démocratie et celui du pays en particulier. Ces élections qui s’annoncent seront donc forts enrichissantes, puisque tout porte à croire que c’est la première fois, dans notre pays depuis 1991 qu’il y aura des scrutins sans boycott, où tous les partis, surtout ceux de l’opposition se résolvent à participer, ce qui présage des campagnes riches. A les suivre donc, toutes les conditions sont réunies pour que les scrutins se déroulent dans les normes. C’est tant mieux pour notre jeune démocratie, c’est tant mieux pour le pays des Hommes intègres qui avance, malgré les mauvaises langues, malgré le boycott.
Enfin ils ont compris !
Le Burkina doit se féliciter du réveil quoique tardif mais salutaire de ces hommes politiques de l’opposition qui faisaient des pieds et des mains pour vilipender le pays et l’empêcher d’avancer.
Aujourd’hui, ils comprennent et ce après plus d’une décennie de démocratie que même sans eux les Burkinabè qui aiment leur pays travailleront à le hisser sur les sentiers du développement et de la démocratie. Fallait-il tous ce temps pour que les "boycotteurs" comprennent enfin que leurs actions n’empêcheront pas le pays d’avancer ?
Ce qui est sûr, s’ils tiennent parole, et participent aux scrutins de 2005, ils n’en sortiront que grandis. Mais si à la dernière minute ils trouvent des subterfuges pour se débiner, le peuple les jugera, l’histoire aussi. Gageons donc que cette fois-ci ils iront jusqu’au bout de leurs déclarations.
Jules Robert Ilboudo
L’Hebdo
