Actualités :: Djibril Bassolet, ministre de la Sécurité : "Si j’en avais la possibilité, (...)

Cela fait maintenant un peu plus de quatre ans que Djibril Bassolet a la lourde charge du département de la Sécurité de notre pays. Peut-être de par sa formation d’officier de gendarmerie, l’homme est d’un genre réservé, plutôt calme.

Et pourtant, cela ne l’empêche nullement d’avoir à l’occasion le verbe haut et le sens de la répartie.Rien d’étonnant que celui qui passe pour être à l’heure actuelle l’un des Burkinabè les mieux informés soit bien discret.

C’est cet homme (sauf erreur ou omission) qui, après le colonel Nézien Badembié, a eu à occuper successivement les prestigieux postes de patron de la gendarmerie et de ministre de la Sécurité de notre pays, que nous avons rencontré le mercredi 12 janvier dernier à son bureau. Volubile à souhait et ne faisant pas dans la langue de bois, il nous a parlé :

- de la stratégie adoptée pour mieux sécuriser nos routes, nos villages et nos villes ;
- d’Hermann Yaméogo, à propos de qui il persiste et signe ;
- de l’affaire Norbert Zongo et bien d’autres sujets aussi intéressants. Entretien.

Comment la famille Bassolet a-t-elle fêté la Nativité, quand on sait que deux religions y cohabitent ?

• Cela n’est pas propre à la famille Bassolet. Je pense qu’il y a beaucoup de familles au Burkina Faso qui sont mixtes. Et je dois dire que déjà mon père et ma mère étaient de religions différentes, car mon père était musulman et ma mère catholique. Donc on essaie de tenir compte de la confession religieuse de tout le monde. Le 24 (décembre), la tradition chez nous est de faire un dîner ensemble en famille avec tous les enfants. Ça s’est très bien passé, surtout dans le calme, c’est l’essentiel.

Et la Saint-Sylvestre ?

• Là, on a réveillonné avec des amis. Mais la particularité cette année est que je suis rentré très tôt, c’est-à-dire aux environs de 1 heure et demie. En général, on se laissait aller jusqu’à 5h, 6h, mais quelquefois on a envie d’être très lucide, parce que dans le domaine de la sécurité il y a des informations quelquefois alarmantes qui exigent qu’on soit disponible et attentif.

Qu’est-ce qu’il y avait d’alarmant ce 31 décembre 2004 ?

• Des coups de fils malveillants et persistants faisant écho d’attentats ciblés contre des personnalités. Bluff ou réalité ? Quoi qu’il en fût, il nous fallait être sur nos gardes pour parer à toute éventualité.

L’année 2004 vient de se terminer. Nostalgie, regrets ou soulagement pour le ministre Djibril Bassolet ?

• Le temps avance de manière inexorable. Il n’y a pas de nostalgie à avoir, nous avons rempli l’année écoulée du mieux de nos possibilités. Tout ce qu’on peut demander est que l’année 2005, qui vient de commencer, soit meilleure. On a eu des acquis, des motifs de satisfaction, mais des choses aussi qui n’ont pas très bien marché au cours de l’année 2004 ; on espère simplement en tirer le plus grand profit, le plus grand avantage pour l’année 2005.

Plus que les autres années, dit-on, vous avez été beaucoup éprouvé en 2004, fort regain du banditisme de grand chemin oblige. Est-ce exact ?

• C’est vrai. Disons que nous avons assisté effectivement à une hausse de la criminalité. Après les premières vagues de grandes opérations de lutte contre le banditisme, nous avions connu une certaine accalmie. Mais cette accalmie n’a été que de très courte durée, je dois l’avouer. Et très vite, les attaques se sont multipliées.

Il faut dire que le fonctionnement ordinaire des structures de police et de gendarmerie dans nos différentes provinces n’arrive plus à contenir la poussée de la criminalité dans son développement ; ce qui nous a amené à recourir à des interventions ponctuelles, généralement organisées à partir de Ouagadougou.

Mais c’est une évolution normale je veux dire. Le Burkina Faso se porte bien. Il y a une forte croissance économique, une intense activité socio-économique ; il est normal que des citoyens veuillent s’enrichir en empruntant des raccourcis. Nous devons maintenant tout mettre en œuvre pour que notre dispositif soit le plus dissuasif et le plus efficace possible dans la protection des personnes et de leurs biens.

Nous venons d’adopter ce matin en Conseil des ministres (NDLR : l’entretien a eu lieu le mercredi 12 janvier dernier, en fin d’après-midi) le plan de mise en œuvre de la police de proximité ; nous allons, dans les jours à venir, mettre en place les structures y relatives et donner les moyens aux structures de police et de gendarmerie pour aller le plus près possible des populations, être à leur écoute et surtout solliciter leur mobilisation et leur contribution pour un peu combler les déficits que nous connaissons en matière de sécurité.

Malgré les moyens logistiques que vous avez reçus cette année, aujourd’hui on se sent beaucoup plus en insécurité qu’hier !

• L’apport en logistique est appréciable, mais ne suffit pas pour combler les attentes, parce que le dispositif de sécurité est bien plus important et nécessite beaucoup plus de moyens que ceux qu’on a reçus de manière ponctuelle.

Il y a un gros effort qui a été fait, il nous faut le maintenir sur une longue durée, pour un objectif d’environ 5 ans afin que partout dans toutes les régions, les provinces, les structures chargées de la sécurité aient leurs propres moyens d’intervention et d’organisation de leur sécurité. C’est comme cela que le territoire sera efficacement surveillé et protégé.

Donc, ce qui est fait est bien, mais ce n’est pas suffisant. Il faut continuer ces efforts, et le gouvernement en est parfaitement conscient.

Si la délinquance était jusque-là le seul fait des civils, on remarque que de plus en plus des hommes de tenue entrent dans la danse. Pire, s’ils n’opèrent pas eux-mêmes, ils mettent les armes que la nation leur a confiées en location. On ne sait vraiment plus à quel sain se vouer.

• N’exagérons rien. Vous faites sans doute allusion à l’affaire de Kaya. Mais cette affaire est, je crois, un cas isolé.

Les forces de défense et de sécurité ont pris des dispositions internes pour que la gestion des armes et des munitions soit exempte de tout reproche, surtout pour qu’il n’y ait pas de subtilisation ou de complicité agissante entre les forces de l’ordre et certains bandits.

Nous sommes entourés de conflits actuels ou éteints qui provoquent une sorte de circulation anarchique d’armes et de munitions de guerre. Prenez le cas de la région du Sahel, où on a souvent des attaques armées qui sont le fait de bandes armées d’anciens combattants touaregs.

Ce conflit est réglé par les différents accords de paix conclus au Mali et au Niger, mais il subsiste ce qu’on a toujours appelé une insécurité résiduelle, qui est entretenue par des anciens combattants démobilisés. Il y en a qui n’arrivent pas à se reconvertir et qui s’adonnent aux actes de banditisme, aux vols de véhicules, etc.

Nous avons un autre conflit à côté, qui a pris de l’importance. Et probablement les répercussions sur la sécurité publique sont à venir, puisque nous nous acheminons, je l’espère, vers la résolution de la crise ivoirienne, et que nous connaîtrons bientôt une DDR : démobilisaton, désarmement, réintégration.

En général, la totalité de l’armement n’est jamais vraiment remise. Il se trouve toujours une partie de cet armement qui disparaît dans la nature et qui fait l’objet de trafic.

Et c’est ce trafic-là qui renforce, augmente la criminalité. Je pense qu’une bonne partie de l’armement qui est utilisé par les bandits vient de ce trafic environnant. Bien entendu nous faisons en sorte que de nos casernes ne sortent l’armement et les munitions pour alimenter les bandits, parce que ce serait alors gravissime si cette complicité était avérée et surtout généralisée, comme vous venez de le dire.

Pandore à la tête du département de la Sécurité, comment travaillez-vous avec la police, car non seulement vous n’êtes pas de la même école, mais aussi vous n’avez ni les mêmes moyens, ni les mêmes méthodes ?

• Si, ce sont les mêmes méthodes. En fait, il faut dire que nous avons une police d’Etat, qui est composée de la police nationale et de la gendarmerie, qui fonctionne dans un Etat de droit, donc a priori ce sont exactement les mêmes méthodes républicaines de l’agent de la force publique vis-à-vis de l’usager.

Il peut se faire que pour des questions de formation - parce que les gendarmes ont une formation militaire, c’est une question d’organisation - on ait parfois l’apparence d’une certaine inefficacité, mais dans tous les cas, en tant que ministre chargé de la Sécurité donc en charge de la police nationale, je m’emploierai à améliorer la formation de la police, à faire en sorte que nous ayons une police nationale efficace, bien organisée, disciplinée qui pourra assurer la protection des biens et des personnes dans un Etat de droit, comme il se doit.

On dit qu’il vaut mieux toujours prévenir que guérir. Pourquoi préférez-vous toujours laisser les bandits agir avant de réagir ?

• Ah non ! Si nous avions la possibilité de les neutraliser avant qu’ils n’agissent, nous l’aurions fait, surtout qu’à chaque fois que des attaques sont perpétrées, les forces de sécurité et le département en charge de la Sécurité le ressentent comme un échec.

En outre, c’est la crédibilité du Burkina Faso qui en souffre, donc nous avons tout intérêt à faire de la prévention. C’est l’objet d’ailleurs de la police de proximité.

Nous allons organiser, rationnaliser la prévention et faire en sorte qu’avec le concours des populations, tous les villages, tous les secteurs du Burkina Faso soient quadrillés, surveillés et qu’on laisse très peu d’espace aux bandits, qui commencent à attaquer maintenant de jour comme de nuit, un peu partout sur le territoire national.

L’assassinat de Tidiane Bibagui Paré dans son bureau et en plein jour reste gravé dans les mémoires. Vos fins limiers ont-ils enfin découvert les traces du tueur ?

• Des comptes rendus m’ont été faits. Jusqu’à présent, la police judiciaire n’a pas réussi à mettre la main sur l’auteur. Bien entendu, dans le cadre de ses investigations, elle a effleuré plusieurs pistes, qui ont même conduit à des vérifications, des interpellations, mais la preuve formelle n’a pas encore été établie quant à l’implication de tel ou tel individu. Les enquêtes continuent et je pense que des crimes comme celui-là, qui semblent avoir été prémédités et même organisés sont difficiles à élucider.

Ce qui est important de mon point de vue, c’est qu’il ne soit même plus possible de commettre des crimes en des lieux publics. C’est là tout l’objectif de la sécurité préventive, qui consiste à faire en sorte que nos espaces publics soient des espaces sûrs. Cet assassinat est un cas malheureux qui n’a pas encore été élucidé, mais je ne désespère pas que les recherches aboutiront.

Nous vivons ces jours-ci le printemps des nouveaux riches au Pays des hommes intègres. Villas cossues, grosses cylindrées inondent Ouagadougou, la capitale d’un pays classé pourtant avant-dernier dans le rapport sur le développement humain durable. N’y a-t-il pas un certain contraste, monsieur le ministre ?

• D’abord ces villas et ces grosses cylindrées dont vous parlez ont été honnêtement acquises par des privés, par leur travail, grâce à la prospérité de leurs activités. Je ne crois pas que ce soit un mal en soi, même si à côté je reconnais qu’il y a une certaine forme de pauvreté.

Le rôle de l’Etat, en réalité, est de faire en sorte qu’il y ait une meilleure redistribution des fruits de la croissance dans un pays, en établissant des règles, en faisant en sorte que les plus démunis puissent bénéficier du minimum.

Mais, il ne serait pas juste, je crois, de mettre des freins ou des barrières à ceux qui ont la possibilité de créer de la richesse par leur travail honnête, de créer aussi des emplois qui vont soulager certains citoyens de leurs besoins essentiels. Je pense que ces villas et ces voitures traduisent une bonne santé économique, un progrès.

Il nous appartient, pour revenir au domaine qui m’est propre, de créer l’espace propice à ceux qui veulent travailler, sans qu’il n’y ait aucune forme de menace contre leurs activités.

Mais voir des gens parader avec des voitures rutilantes aux côtés d’autres gens qui ne peuvent même pas s’offrir un repas par jour, n’est-ce pas gênant ?

Cela est-il propre au Burkina ? Comme mon oncle me le disait chaque fois, regardez les cinq doigts de votre main, ils ne sont pas d’égale longueur, ils sont pourtant tous utiles. Il serait illusoire de penser aussi que tous les Burkinabè vont vivre exactement au même niveau de richesse. Ce qu’il faut, c’est que les disparités ne soient pas structurelles et criardes.

Il faudrait faire en sorte que ceux qui peuvent travailler pour gagner honnêtement leur vie le fassent, et j’insiste là-dessus, il ne s’agit pas de piller les richesses de l’Etat ; il s’agit de travailler et de réellement profiter du fruit de son labeur.

Pour ceux qui peuvent le faire, créons plutôt des cadres pour les encourager à le faire, en espérant que, ce faisant, ils pourront, par leurs activités, créer des emplois, des conditions pour que d’autres Burkinabè puissent en profiter. L’essentiel est de donner les mêmes droits et les mêmes chances à toutes les filles et à tous les fils du pays.

Le mot en vogue dans la cité ces dernières années, c’est l’impunité. Qu’en savez-vous et qu’en dites-vous ?

• Vous savez, quelquefois ce terme me fait peur, parce qu’il nous renvoie à une histoire récente. Et il a été surtout, je crois, instrumentalisé. Dans cette impunité, les plus forts ne sont jamais inquiétés, ils font ce qu’ils veulent.

J’aimerais qu’au sujet de ce concept, on aille sur des cas concrets : il s’est passé tel événement, le ou les auteurs ont été identifiés et l’Etat les a protégés ou les a soustraits à la justice. Ça serait peut-être plus concret. Pour rester dans les généralités, je pense que dans l’Etat de droit, surtout si on veut affirmer certains principes, il est bon que tous les citoyens soient traités avec égalité.

Une fois encore vous avez été mis au devant de la scène par le truchement du différend qui oppose la Mauritanie au Burkina Faso. Où en êtes-vous aujourd’hui avec les différentes accusations et les démentis qui tardent à convaincre ?

• On a démenti toutes ces accusations à plusieurs reprises. Je l’ai personnellement fait, le département des Affaires étrangères a contesté dans le cadre diplomatique. Nous attendons maintenant que la Commission de l’Union africaine, que nous avons saisie, mette en place la structure qui va faire la lumière sur cette affaire.

Le procès s’est ouvert en Mauritanie, et il n’a pas été établi que le Burkina a été impliqué dans cette affaire. Les personnes dont on disait qu’elles étaient en formation au Burkina dans les camps de Solenzo, se sont retrouvées comme par enchantement en Mauritanie. Jusqu’à l’heure où je vous parle, je n’ai pas reçu le moindre indice de preuve que le Burkina a été impliqué dans cette affaire.

En tant que ministre de la Sécurité, avez-vous les preuves formelles de la complicité de Me Hermann Yaméogo avec "l’ennemi" ?

• Si vous parlez de l’affaire Hermann Yaméogo en liaison avec l’affaire mauritanienne, je dirais tout simplement qu’elle suit son cours. Les services de sécurité de l’Etat ont établi des connexions évidentes entre Me Hermann Yaméogo et ces puissances étrangères, au moment où elles formulaient des accusations contre le Burkina.

L’un de nos objectifs était déjà de démontrer à ces puissances étrangères que nous étions au courant de ce qui se tramait ; ensuite de montrer aux yeux de l’opinion internationale que les accusations étaient sans fondements et étaient le fruit d’une machination. Maintenant, l’affaire est pendante devant la justice. On laissera la justice suivre son cours.

Est-ce que vous avez vraiment des preuves que Me Hermann a été en Mauritanie ?

• Pensez-vous qu’Hermann va vous dire qu’il a été en Mauritanie ?

Mais si vous aviez exhibé des preuves en béton, vous l’auriez désarmé...

• Mon intention n’est même pas là. Il est libre de s’exprimer comme il l’entend. Mon intention est de dire aux autorités mauritaniennes que nous savons que Hermann était en Mauritanie. Voilà tout ! Pour nous, cela est très important. Ce n’est pas un bras de fer entre Hermann et nous.

On s’était laissé dire que l’affaire confinait à un règlement de comptes, à une affaire d’individus !

• Pas du tout, ce n’est pas une affaire d’individus. Le rôle du département chargé de la Sécurité, c’est, de manière préventive, de protéger le Burkina contre ce genre de machination.

Et comme je vous l’ai dit, la fameuse réunion de Conakry à laquelle Me Hermann Yaméogo a participé en venant de Nouakchott, justement, a planifié un certain nombre d’actions contre le Burkina. Et l’une d’elles était la fameuse offensive que la Côte d’Ivoire a lancée sur les rebelles début novembre. Il devrait s’en suivre un certain nombre d’actes. Tout ceci a été mis au point à la fameuse réunion de Conakry.

Je ne peux pas inventer ce que je dis et je n’ai aucun intérêt à mentir sur qui que ce soit. C’est suffisamment grave pour que j’affirme des choses sans fondements. Ces affirmations sont fondées sur des éléments sûrs que nous n’allons pas systématiquement étaler sur la place publique.

Vous me demandez de vous donner des preuves, il y a beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages à vouloir brandir des preuves ; sans compter que vous n’en serez pas plus convaincu.

Si le patron de l’UNDD est libre de tout mouvement, tel n’est pas le cas de ses compagnons Noël Yaméogo, Louis Nama, Mathieu N’Do, qui font des va-et-vient à la Sûreté. Où se trouverait l’os ?

• S’ils font des va-et-vient, c’est probablement qu’ils ont posé des actes qui appellent des explications. Il y a beaucoup d’activisme dans ce parti, puisque ce sont les membres d’un même parti. Nous n’avons pas pour intention de les discréditer ou de les affaiblir comme eux voudraient bien le faire croire.

Je ne crois pas qu’il soit judicieux pour des services chargés de la Sûreté de l’Etat de rentrer dans ce jeu politicien. Notre objectif est de protéger même ces gens-là contre leurs propres méfaits. Vous savez, il y a un certain aventurisme auquel les gens se livrent pour des raisons diverses. Et quand les conséquences surviennent, généralement ils ne sont pas là.

Prenez le cas de Kabré Issouf de l’UNDD, qui est parti au congrès des Patriotes, avec Blé Goudé, où il s’est présenté comme le représentant de la jeunesse du Burkina. C’est un militant de l’UNDD, envoyé par Me Hermann Yaméogo.

C’est dans la suite logique de ce qui a été fait au mois d’août par Me Hermann Yaméogo. Et dans la suite logique de ses connexions avec des puissances, contre le Burkina Faso. Mais a-t-il été interpellé ?

Tant qu’il n’y a pas une menace directe, tant que les éléments d’informations que nous recevons ne constituent pas un danger, les services n’indiquent personne.

Je crois que si chacun disciplinait son comportement, il n’y aurait aucune raison d’inquiéter, d’interpeller qui que ce soit, parce que ça ne fait plaisir à personne de restreindre la liberté d’aller et de venir des citoyens.

Dans ce cas précis, nous sommes obligé de regarder de très près, de suivre, car mieux vaut prévenir que guérir. Nous ne sommes pas à l’abri d’activités subversives, orchestrées par des gens qui, pour une raison ou pour une autre, veulent emprunter cette voie de la déstabilisation. C’est normal qu’ils soient surveillés.

En tout cas, on vous attribue la paternité du divorce intervenu entre Hermann et Salvador Yaméogo, son frère. Que dites-vous pour votre défense ?

• Ecoutez, quand Salvador est rentré au Burkina Faso pour militer dans le parti de son frère, est-ce que c’était avec mon avis ? Lorsqu’il a pris sur lui la décision de quitter le parti de son grand frère parce qu’il y avait un certain nombre de comportements qui ne cadraient pas avec sa vision des choses, pourquoi allez-vous y trouver la main de Bassolet ?

Si j’avais la possibilité de faire partir Salvador de l’UNDD, je l’aurais fait, parce que pour moi, démanteler un parti comme celui-là, qui constitue un peu un bastion de la subversion et qui va s’allier à des puissances contre son pays, si j’avais la possibilité, dis-je, ce parti n’existerait même pas. Ce n’est pas débaucher un ou deux cadres qui serait mon objectif.

Ce que je veux dire, c’est que les gens sont libres de constituer des partis, de les quitter, de s’allier à qui ils veulent. Dans ces cas, l’objectif poursuivi par un parti, qui est la conquête du pouvoir, se fait de la manière la plus pacifique qui soit.

Pour tout vous dire, je connais Hermann Yaméogo très bien et je connais Salvador pour avoir travaillé avec lui dans le gouvernement. Ils ne se ressemblent pas assez pour s’assembler éternellement dans un même parti politique.

Depuis lors, vous n’avez plus rencontré Hermann ?

• En fait déjà à son retour de son périple, nous nous sommes rencontrés ici (au ministère de la Sécurité) avant de rencontrer la presse.

C’était alors une rencontre exceptionnelle ?

• Nous avons voyagé ensemble, de retour de Paris. Il n’y a vraiment aucune espèce d’animosité dans nos rapports. Je le rencontrerais encore aujourd’hui, comme vous et moi, il n’y a vraiment aucun problème. On se salue, on cause, pourquoi voulez-vous qu’il y ait de l’animosité ?

Il est dans un axe que je trouve compromettant pour lui-même. J’ai dit à Hermann :"Ecoute, ce que tu es en train de faire est dangereux pour toi, même politiquement", parce qu’aujourd’hui, aller faire la bise sur la bouche des dirigeants du FPI, qui font les pires vacheries aux Burkinabè, n’est pas une bonne chose à faire pour un leader politique burkinabè.

Je n’ai rien contre son épanouissement politique, je me dis qu’il obtiendra ce qu’il aura mérité en terme de sanctions de l’opinion nationale. Mais dès qu’il a des comportements qui entravent la paix et la stabilité de son pays, même s’il était mon frère, je ferais mon boulot. Et en plus, je le ferais avec la conscience que je le protège lui-même. C’est parce que le Burkina est paisible, tranquille qu’il y a ce jeu démocratique qui garantit des espaces de liberté lui permettant de voyager, d’aller et de venir. Protégeons ce qui est essentiel : la paix et la stabilité de notre pays.

L’Observateur Paalga

Burkina/Affaire « audit de l’Assemblée nationale » : Les (...)
Burkina : L’Assemblée législative de transition renouvelle (...)
Hommage à Sanné Mohamed Topan, « homme intègre » et « (...)
Politique internationale : Guillaume Soro reçu par le (...)
Burkina/ Côte d’Ivoire : Guillaume Kigbafori Soro va (...)
Burkina/Politique : L’ancien ministre et ancien (...)
Burkina : Les « Exilés forcés du MPSR2 » dénoncent une (...)
An 1 de l’ALT : "Nous devons constamment nous rappeler (...)
Table ronde des acteurs de la société civile sur la (...)
Burkina Faso : Ablassé Ouédraogo "ne se sent nullement (...)
Burkina/réquisitions de citoyens : Le Mouvement BUTS (...)
Burkina Faso : Le gouvernement retire les permis (...)
Situation nationale : « On vous dit d’aller défendre (...)
Burkina / Requisition de voix discordantes : Le Front (...)
Burkina : Tais-toi ou tu vas au front, est-il un moyen (...)
Burkina : « Où se trouve la cherté de la vie ? Celui qui (...)
Burkina : « Les libertés individuelles ne priment pas sur (...)
Burkina / An 9 de l’insurrection populaire : Le (...)
Burkina / An 9 de l’insurrection populaire : « Je refuse (...)
Blessés de l’insurrection populaire de 2014 : « Nous (...)
Gaoua : Le collectif des organisations démocratiques (...)

Pages : 0 | ... | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | 189 | 210 | ... | 12495



LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés