Actualités :: Tentative présumée de putsch : "Ce n’est pas surprenant"

La tentative présumée de putsch ne finit pas de susciter des réactions. Dans la déclaration ci-après, le Mouvement pour la promotion de la dignité humaine pour le développement (MPDHD) condamne cette tentative de déstabilisation de notre pays tout en attirant l’attention du peuple burkinabè et de ses leaders sur la déperdition de nos valeurs morales et civiques. Toute chose qui ne reflète pas la qualification de "Pays des hommes intègres".

Le 07 octobre 2003, le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Ouagadougou, Abdoulaye Barry, faisait état d’une tentative de putsch. Surprise pour les uns ? Evidence pour les autres ?

En tout cas, les premières réactions et même celle d’après, au sein de la classe politique et de la société civile pouvaient se résumer comme suit : "Nous sommes surpris... c’est impensable... nous condamnons fermement... c’est antidémocratique... il faut que justice soit faite et que les auteurs soient punis à la hauteur de leur acte...".

De telles réactions (unanimes certes) surtout politiques ne constituent aucunement une surprise pour le Mouvement pour la promotion de la dignité humaine pour le développement (MPDHD) basé à Ouahigouya. Ceux qui n’ont jamais œuvré pour la cause de la justice ou même qui ignorent que le Burkina Faso en a besoin, suggèrent du coup "la création" d’une justice (la vraie) pour casser du putschiste.
Cependant, nous n’émettons pas ce point de vue pour le plaisir de quelques politique, militaire ou civil opportunistes mais au nom de la dignité humaine plus que jamais négligée dans notre pays, si elle n’est pas expressément bafouée.

Revenons au putsch. Au nom du droit à tous les Burkinabè et de la démocratie chèrement acquise, le MPDHD condamne fermement cette tentative de déstabilisation si la justice venait à confirmer définitivement les faits. Mais au-delà de toute ces considérations, nous attirons une fois de plus l’attention du peuple burkinabè et de ses leaders sur la déperdition assassine de nos valeurs morales et civiques.

Les Burkinabè doivent savoir que la qualification de "Pays des hommes intègres" ne suffit pas à les distinguer. Ils doivent plus que jamais se ressaisir pour la défense de certaines valeurs humaines, pour ne pas succomber aux tentations de vils moyens d’alternance politique ou de règlements de compte. Un Burkina nouveau, fondé sur des bases d’une solide éthique doit renaître, avons-nous coutume de répéter. C’est au regard de tous ces aspects faisant l’essence de nos actions, que nous n’avons pas voulu nous précipiter sur des déclarations pour la plupart habillées du goût de l’opinion publique.

Le manque de dialogue radicalise

Aujourd’hui, nous souhaitons une issue judiciairement et socialement juste à cette tentative présumée de putsch qui n’est pas en réalité une crise surprise. Bien au contraire, elle apparaît comme une logique dans l’avancement de notre pays, au regard de l’indifférence de ses nombreux gouvernements vis-à-vis des priorités du peuple. Le Burkina Faso a amorcé un processus de démocratisation depuis 1991 sans que s’en suivent des mesures conséquentes dans la gestion des populations. D’aucuns diront : "nous apprenons" mais cela ne peut être toujours la raison pour refuser tout changement. Notre pays est, nous le répétons, un "pays béni" (de pacifisme s’entend) quand bien même nous demeurons constamment derniers au classement annuel du PNUD.

L’expérience ayant montré que nombre de Burkinabè sont toujours restés intègres en dépit de leur misère et ont toujours cru à la démocratie, s’ils ne s’en remettent pas tout simplement à Dieu. L’occasion s’offre une fois de plus aux Burkinabè, toutes classes confondues, de se réunir et de penser aux réels problèmes qui les minent, car au-delà de tout égoïsme, une crise provoquée par l’homme peut et doit être résolue par l’homme.

Malheureusement, le dialogue n’est pas toujours expérimenté au Burkina Faso, ou du moins il est unilatéral. Au mieux, il s’effectue toujours entre une partie et un porte-parole de l’autre partie. Des porte-parole qui ne peuvent en réalité prendre des décisions. Les conséquences d’un tel usage de la communication (car ce n’est plus un dialogue) sont nombreuses. A la fin, cela peut entraîner le radicalisme de la partie qui se sent frustrée.

Consolidons l’acquis des martyrs

Au nom donc de la dignité humaine, le MPDHD interpelle les Burkinabè à se ressaisir de leurs valeurs morales et civiques. Travaillons tous à consolider notre démocratie acquise sur le sacrifice de nos martyrs et qu’au nom de cette même démocratie, le dialogue fleurisse davantage. C’est autour d’un forum national que tous les acteurs du développement (société civile, autorités coutumières, religieuses et politiques) devront se réunir pour poser, discuter et résoudre en frères, la question du droit, celle des valeurs morales et civiques, afin d’éviter à notre pays des événements malheureux comme celui fort heureusement "déjoué" et déclaré le 07 octobre 2003. Il est plus que jamais temps, sinon nous répondrons tous devant l’histoire.

Fait à Ouahigouya, le 24/11/2003

Le président du MPDHD
B. Etienne B. Ouédraogo

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