Actualités :: Elections présidentielle et municpales 2005 : les deux fausses notes à (...)

Si l’événement marquant à l’échelle nationale aura été, en 2004, la tenue du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie, 2005, dont nous vivons l’aube, verra se dérouler les élections présidentielle et municipales au Pays des hommes intègres. La nation désignera alors ceux qu’elle estime à même de la conduire vers un avenir resplendissant.

En attendant ces échéances électorales, qui se dérouleront en décembre, le débat sur l’éligibilité de Blaise Compaoré à la candidature à la magistrature suprême semble baisser d’intensité (pour le moment ?). Cela signifie-t-il que ceux qui en faisaient leur cheval de bataille ont été convaincus par l’argumentaire de ceux qui souhaitent voir Blaise Compaoré "tribelotter" ?.

Loin s’en faut ! Sont-ils fatigués pour avoir lancé le sprint trop tôt ?. Pas certain !. Baignent-ils toujours dans les derniers effets de l’ambiance des fêtes d’année et de nouvel an ?. Apparemment.

Cependant, il serait candide et naïf pour le pouvoir de penser que l’opposition a décidé de désarmer sur le sujet même si elle marque une pause. Une telle hypothèse, quand bien même elle fait, ne serait-ce qu’en apparence, l’affaire du pouvoir, ne contribue pas au renforcement de la culture politique du peuple citoyen.

Effectivement, les éclairages que le débat aurait pu apporter à l’électorat potentiel ou réel auraient manqué. Fort heureusement, des signes assez tangibles font croire qu’il n’en est pas ainsi, et que quand bien même le débat ne connaît pas la même ampleur dans les colonnes et sur ondes des médias, les villes et les campagnes bruissent du fait des pas de personnalités allées à la recherche du soutien des électeurs.

Certes, cela n’est pas à assimiler ou à confondre avec la question de l’éligibilité ou de l’inéligibilité (c’est selon) de Blaise Compaoré à la magistrature suprême, mais ce n’en est pas moins important.

Effectivement, il faudra à ceux qui vont à la pêche aux voix, pour eux-mêmes ou pour leurs candidats, expliquer et convaincre leurs interlocuteurs de la pertinence de leurs programmes. Un tel exercice ne peut être que bénéfique pour la démocratie.

Il faut seulement souhaiter que les choses se passent dans le fair-play, le respect de l’autre, la transparence et l’équité. Malheureusement, les signaux perceptibles à ce jour ne sont pas de nature à rassurer nombre de Burkinabè. Et pour cause ?

D’abord, l’affaire Hermann Yaméogo (relative aux conséquences négatives sur le Burkina, de ses accointances supposées ou réelles avec K. Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, Lansana Conté de Guinée et Maouiya Ould Sid Ahmed Taya de Mauritanie) n’a pas encore connu son épilogue. Autrement dit son immunité parlementaire sera-t-elle levée ? Soit, son passeport diplomatique lui a été remis.

Mais les charges et/ou les soupçons qui pèsent sur lui sont-ils caducs pour autant ? Pas si sûr, car de la même manière qu’elle a fait officiellement l’objet d’accusation, de la même manière, si c’était le cas, l’affaire devrait, d’une façon ou d’une autre, être déclarée close. Parallélisme des formes oblige.

Selon certaines sources, il semble que plus les jours passent, plus on s’aperçoit que bien des accusations portées contre Hermann Yaméogo ne sont pas fondées. Ce qui donne l’impression que l’on a proféré lesdites accusations avant de procéder à des enquêtes plus poussées, si bien sûr les rumeurs dont Ouagadougou a le secret étaient avérées.

A n’en pas douter, Hermann Yaméogo n’est pas cet homme politique dont les maladresses sont des exceptions dans sa lutte pour la conquête du pouvoir. Pour nombre d’observateurs politiques (et naturellement pour ses adversaires politiques) la fin justifie les moyens, surtout en politique, aux yeux du fils du premier président de notre pays.

Et croyez-nous, ils ne manquent pas d’arguments. Cela étant, ce ne serait pas du tout offrir une prime à l’impunité que de clore ce dossier qui, bien que son traitement judiciaire puisse être pertinent, ne ferait qu’empoisonner le climat politique du Faso et les rapports de celui-ci avec les pays concernés.

Par ailleurs, si les personnalités sont avant tout des citoyens et donc pas au-dessus de la loi, il reste que dans des cas comme celui d’Hermann Yaméogo, il faut intégrer le paramètre politique dans la recherche des solutions. Le recours systématique à la justice peut biaiser, surtout si, comme on le susurre, les choses ne sont pas aussi évidentes qu’on l’avait cru au départ.

Ensuite, il y a ce qu’on risque de qualifier bientôt d’affaire Bénéwendé Stanislas Sankara. Des informations émanant de son entourage font état de la saisie de ses comptes bancaires par les autorités compétentes.

Ainsi, ses comptes personnels et ceux de son cabinet ne seraient plus accessibles, ni à lui-même, ni à ses associés, ni à sa famille. La raison invoquée ? : l’affaire des droits des trente-trois ex-travailleurs de l’ex-X9-SOTRACO. Dans les rangs de l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS), on ne voit que la main du pouvoir dans cette affaire.

De même, l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) de Gilbert Ouédraogo, chef de file de l’opposition, soit dit en passant, prétend que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) aurait été instrumentalisée pour timorer certains leaders de l’opposition, dont Bénéwendé Stanislas Sankara. Le chef de l’ADF/RDA serait un conseiller très écouté des premiers responsables des ministères de la Justice et de la Sécurité.

Par ailleurs, Bénéwendé S. Sankara ne serait pas à sa première expérience malheureuse sur le plan financier à cause du pouvoir. A la veille des élections législatives de 2002, l’Etat aurait suspendu, pour des raisons qui, selon l’intéressé, ne tiennent pas la route, le paiement de 60 millions de francs CFA à son cabinet dans le cadre de l’affaire David Ouédraogo.

Cette suspension, qui aurait du reste été levée au lendemain du scrutin, s’expliquerait par le fait que beaucoup de dignitaires actuels de la IVe République craignaient que les 60 millions de francs CFA ne fussent utilisés pour leur donner le pion lors des consultations électorales législatives.

Aujourd’hui, avec les élections présidentielle et municipales qui poignent à l’horizon, de tels démêlés sont évidemment encore interprétés comme de manœuvres visant à handicaper l’action de l’UNIR/MS.

Tout cela n’est ,pour l’instant, que rumeurs et par conséquent non fiables. Mais si elles devraient s’avérer, il faut déplorer le fait que les conséquences de ces actions iront ternir le déroulement des compétitions. Cependant, il faut espérer que l’intermédiation entreprise, dit-on, par le bâtonnier des avocats, soit fructueuse.

Non pas nécessairement en blanchissant Me Bénéwendé Stanislas Sankara, mais en permettant aux deux parties de gérer à l’amiable leur différend à travers un modus vivendi acceptable. Il n’y a point de différend sans solution, si tant est que le souci des parties concernées est d’en trouver une.

Dans cette logique, l’affaire Hermann Yaméogo et ce qu’on dit devoir arriver à Bénéwendé Stanislas Sankara pourraient constituer deux fausses notes dans la course à la magistrature suprême et au gouvernement de nos villes. Puissent donc le bon sens et la tolérance ramener les uns et les autres à de meilleurs sentiments les uns envers les autres.

Zoodnoma Kafando
L’Observateur

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