Actualités :: La lettre de lé’diteur : Voilà 2005 ! Le temps ne passe jamais

Porter le poids du temps et attendre la faucille de la mort, sans jamais savoir pour quelle raison elle danse en permanence sur ce vaste volcan qu’est la terre, tel est le sort de l’humanité. L’Alpha et l’Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin, c’est en l’occurrence, le Tout-Puissant qui, seul, en connaît les motifs.

L’année 2004 ne nous aura pas apporté davantage d’éclaircissement sur ce drame messianique, loin s’en faut. Elle se retire du temps, plutôt broyée et laminée, à l’image du reflux meurtrier des vagues de l’Océan indien, qui laissent sur les plages des pays du littoral asiatique et africain, un spectacle horripilant de cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants.

Dans notre galaxie, comme la mort est facile ! Bâtir la vie est autrement plus complexe. Mais alors, si la mort est un châtiment , quel mal a donc pu faire la pureté, incarnée par les enfants ? Ainsi, dans le sillage des conflits et des guerres, engendrés par la bêtise et l’imbécilité humaines, surgissent des calamités qui relèvent de l’absurdité cosmique. Il faudrait donc apprendre à s’y faire. Car telle est peut-être la vie. Seule la mort à qui le ciel a confié le renouvellement sacré des choses, permet la paix.

Les humains ont suffisamment fait, à travers les siècles, la preuve honteuse de leur incapacité à vivre en dehors des tumultes et des clameurs stériles, qu’ils qualifient, pour leur consolation, de ferment de l’histoire. Assurément, si comme on le prétend, l’homme est le fleuron de la Création, la lèpre et la peste de la terre c’est aussi lui. Et comme la colère aspire à punir, on a fortement envie de croire que les calamités naturelles (famines, inondations, secousses telluriques, invasions acridiennes, sida, etc.) sont l’expression imparable d’une colère divine. Mais, lorsque nous sommes désarmés et impuissants face aux phénomènes qui échappent à la raison humaine, il n’y a pas d’autre solution que de fuir la métaphysique pour se réfugier dans les chaumières faussement sécurisées de la science.

L’année 2004 s’en est donc allée dans le triste écho des canonnades, rébellions, coups d’Etat, tremblements de terre, inondations, etc. Pendant longtemps encore, beaucoup d’âmes grelotteront des tristes souvenirs de l’année 2004. Les désastres de l’année écoulée se dresseront comme des stigmates dans l’imaginaire des générations montantes. En frappant comme elle l’a fait, cette partie de la terre d’Asie et d’Afrique, l’an 2004 laisse dans nos mémoires un spectacle hallucinant de pantins désarticulés. En Afrique, en Asie, en Europe, notre planète, en 2004, aura connu à des degrés divers, la dynamique de la destruction et de la mort. Mais il est vrai « que tout ce qui est soumis à la loi de l’origine est soumis à la loi de la cessation ». Les hommes, les animaux et les choses qui peuplent l’univers, ne peuvent échapper à cet implacable axiome.

L’année 2005 sera-t-elle plus proche des humains ? Seul le ciel peut, dans son infinie omniscience, répondre à cette question. Avec les limites qui sont les nôtres, nous n’avons pas d’autre alternative que d’espérer et de rêver.

Les dieux ont bien fait de donner en partage à tous, même aux pauvres, la faculté de rêver et de rire aux éclats.
De fait, il n’y a pas de cloisonnement étanche entre les années. Elles sont les prolongements les unes des autres, n’en déplaise à l’esprit humain qui, pour des besoins de repères, a saucissonné le temps. Aussi bien, il faut souhaiter que 2005 naissante ne soit pas déjà marquée au fer rouge de 2004. Il faut l’espérer ardemment pour notre planète bleue en général et pour l’Afrique en particulier, continent de tous les enjeux et de toutes les tentations.

On n’oublie pas en effet que 2005 est le rendez-vous des grandes échéances électorales. Que ce soit au Burkina, en Centrafrique, en Guinée Bissau, en Côte d’Ivoire etc., des citoyens seront appelés devant les urnes pour accomplir le rituel à la fois sacré et ordinaire du vote. Sacré, parce que le vote est l’un des précieux points d’appui de la démocratie. Ordinaire, voire banal, parce que sous nos tristes tropiques, il sert bien souvent de simple passeport pour la mal-gouvernance, l’arbitraire et la tyrannie.

Puissent les gouvernants africains comprendre pour toujours, qu’on peut tromper le peuple mais pas la vérité, que l’autorité vraie et saine procède du sens de la responsabilité et que la liberté ne meurt jamais. Nicholas Machiavel n’a pas tort, qui disait : "Il est nécessaire à un prince d’avoir l’amitié de son peuple, faute de quoi il sera sans remède dans l’adversité".

Des dirigeants de par le monde, qui ont débarrassé les planches du pouvoir de façon inélégante, résumaient bien souvent la politique à la nécessité pour les obscurs coquins d’en bas, de souffrir, pour que les obscurs coquins d’en haut soient bien assis. Une telle conception du pouvoir, qui n’intègre ni le ciel ni les hommes, mène à des impasses mortelles. On l’a vu dans les dictatures de l’Amérique latine, de l’Asie, des Balkans et d’Afrique.

Puissent les dirigeants de notre continent, faire résolument l’option d’une gouvernance éclairée, citoyenne et responsable et se convaincre qu’un dirigeant adoubé et adulé par son peuple, doit vivre debout et mourir debout.
Puissent aussi nos dirigeants africains, friands des manipulations constitutionnelles, reposer leur praxis politique sur le postulat selon lequel, le pouvoir illimité corrompt aussi bien ceux qui y sont soumis que ceux qui le détiennent. Puissent-ils enfin comprendre que c’est dans la pensée unique, l’uniformité, que réside la mort. "La vie, c’est la diversité".

On notera cependant avec beaucoup d’espoir des frémissements de retour à la paix dans certaines contrées de notre continent. Au Sénégal, l’Abbé Diamacoune Senghor, figure historique de la résistance casamançaise, vient de signer le 30 décembre dernier des accords de paix avec Abdoulaye Wade. Au dernier jour de 2004, un traité du même type semblait bien se profiler à l’horizon, relativement au conflit soudanais. Que 2005 veuille bien confirmer et consolider tous ces prémices de paix.

Au Burkina, pays des hommes intégreurs plutôt qu’intègres (en raison notamment de l’aptitude du Burkinabé à s’intégrer à autrui et à intégrer autrui à lui-même, quelle que soit l’étape d’agonie de notre morale), l’année 2004 aura été celle d’une vie sociale apaisée, marquée cependant par d’éphémères escarmouches politiques autour du code électoral, autour de l’éventualité de la candidature de Blaise Compaoré à l’élection présidentielle de 2005.

L’année 2004 aura été aussi estampillée du maléfique sceau d’une invasion acridienne aux effets cependant limités.
On n’oubliera pas non plus que c’est en 2004 que le Burkina a organisé coup sur coup et avec un succès difficilement déniable, deux grands sommets : celui sur l’emploi et celui sur la francophonie dont les enjeux politiques et diplomatiques paraissent évidents. Enfin, 2004 aura été pour le Faso, l’année du retentissant procès d’une tentative de coup d’Etat. Les historiens nous diront plus tard si le caractère public de ce déballage fut un exercice réussi de démocratie.

La crise ivoirienne qui, diplomatiquement, gênait le Burkina aux entournures, a pris dans le courant de novembre 2004, un virage franco-ivoirien qui n’a probablement pas déplu aux sphères dirigeantes de notre pays. Au-delà de cette péripétie aventureuse qui a déchaîné des passions destructives à Abidjan, il faut espérer que Laurent Gbagbo et les Forces nouvelles comprennent que les guerres n’apportent jamais de solutions correctes et définitives aux problèmes des nations.

Enfin, ramenant la réflexion à notre ego professionnel, nous voudrions que l’année 2005 donne plus de chair à notre métier en suscitant l’avènement d’une convention collective applicable à tous les acteurs de la profession. Sans être une panacée absolue à nos problèmes, elle pourrait en limiter les effets en délimitant le champ des droits et des devoirs. Les premiers sans les seconds, (et vice-versa) engendrent l’anarchie. Or la grande majorité des acteurs de la profession savent aujourd’hui que rien ne pose autant d’obligations à l’homme que la liberté, celle de la presse en l’occurrence.

En cette aube de 2005, les dirigeants africains, dans leur ensemble, doivent comprendre que, par une vaste action synergique reposant sur le consensus de leur peuple, ils peuvent briser les barreaux rouillés des ghettos de la misère et du sous-développement. Ils ont si peu de temps pour bâtir l’avenir de leur peuple ! Car le temps ne passe jamais ; ce sont les humains qui passent, fugitifs entre les deux pôles de l’éternité immobile.

Bonne et heureuse année à tous les bipèdes pensants de la Terre !

Le Directeur de Publication,
Directeur Général des Editions "Le Pays",
Boureima Jérémie SIGUE

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