Actualités :: 2004 au Burkina : Retour sur une année très speed

S’il n’y avait eu cette insupportable flambée des prix, l’année 2004, pour les Burkinabè, serait passée comme une flèche, tant elle fut riche en événements.

Chacun des douze mois de l’année 2004 a été vécu intensément par les Burkinabè. En bien ou mal. Dans la longue chronologie des événements, la retentissante affaire de tentative de putsch marquera encore longtemps les mémoires. Le procès qui en a découlé a vu la condamnation des uns et la relaxe des autres. Pour beaucoup, la tenue même d’un procès, où les accusés ont eu la possibilité de se défendre, est un pas en avant car tranchant avec les périodes d’exception.

La subversion a décidément été un mot très usité en 2004 puisque le président de l’UNDD, Me Hermann Yaméogo, en a fait les frais. Mis en cause dans une sombre affaire de divulgation de fausses informations à de pays étrangers, l’opposant a fait l’objet de critiques très vives de la part des partisans du pouvoir. Son passeport lui fut retiré pendant plusieurs semaines. Si la crise semble s’être tassée, du fait de la modération observée chez les protagonistes de l’affaire Noël Yaméogo, le bras droit de Me Yaméogo, continue lui de croupir en prison.
Cette confrontation a donné lieu à des crispations politiques et à un raidissement de l’opposition regroupé au sein du R16 (désormais "Alternance 2005" en prévision de la présidentielle à venir). Marches et meetings se sont suivis, avec un seul leitmotiv : la dénonciation des ingérences.

Mais le pouvoir est resté imperturbable, jusqu’à ce que la température retombe. Ce fut le cas à la commémoration du sixième anniversaire de l’assassinat du journaliste Zongo où, aux interpellations des uns et des autres, le chef de l’Etat a répliqué qu’il appartenait à la justice de faire son travail. Ce qui, dans un Etat où la séparation des pouvoirs est consacrée, est tout à fait juste. Il faut dire que le pouvoir avait plutôt à dompter se propres démons avec les remous nés au sein du CDP et dans les mairies qu’il dirige. Pour une des rares fois, la discipline de fer qui caractérisait le parti majoritaire a été mise à mal dans certaines localités.

Les consignes de la direction sont bafouées, les responsables contestés. Recoller les morceaux pour attaquer les échéances à venir, telle était la mission première du parti qui a envoyé des émissaires sur l’ensemble du territoire. Ce cafouillage, il faut le noter, a pris naissance en l’absence d’un des hommes forts du parti, Salif Diallo, qui a connu des ennuis de santé et qui fut évacué en France.

Décisions contestées mais légales

Pendant que le parti bouillonnait de l’intérieur, le CDP n’a pas cependant oublié de se prémunir contre toute mauvaise surprise aux élections municipales et législatives. L’opération la plus remarquable fut l’adoption d’une proposition de loi modifiant le Code électoral. Une décision unilatérale décriée par l’opposition et même par une frange de la société civile. Ce nouveau Code traduit l’ambition du CDP de reconquérir le terrain perdu en mettant tous les atouts de son côté. Mais il faut, comme pour la tentative de putsch, souligner le caractère démocratique du processus de révision que personne n’a nié. On a plutôt parlé de consensus brisé, une notion purement politique.

Une diplomatie triomphante

La diplomatie burkinabè, en dépit de déboires avec certains pays de la sous-région, a su se déployer et marquer des points. En abritant le Sommet de l’Union africaine sur l’emploi et celui de la Francophonie, le Burkina a achevé de convaincre la communauté internationale sur sa capacité à organiser n’importe quelle manifestation. Cette vocation de pays de services auquel il aspire, semble lui réussir.

Au-delà donc des résultats de ces deux événements, c’est leur parfaite organisation qui fait d’abord leur succès. Dans un continent en proie à toutes sortes de difficultés, relever un tel challenge est déjà une prouesse. Le succès diplomatique s’est matérialisé aussi par l’admission du Burkina à l’AGOA, un label de qualité que les Etats décernent parci-monieusement aux pays qui ont fait des efforts en matière économique et démocratique. En réussissant cet examen de passage, le Burina s’ouvre des perspectives prometteuses avec les Etats-Unis et les investisseurs désireux de conquérir le marché américain.
Il reste cependant à freiner la vague d’insécurité que connaît le pays et qui a atteint des sommets en 2004.

Les investisseurs, c’est connu, fuient quand l’insécurité s’installe. L’économie burkinabè connaît certes des performances notables (taux de croissance de 6%), mais l’objectif de la lutte contre la pauvreté demeure lointain, avec 46,4% de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté. La bataille pour un mieux-être social des populations doit donc s’intensifier, 2004 ayant été l’année de nombreuses épreuves. Car si les chiffres officiels indiquent un taux d’inflation inférieur à 3%, la réalité quotidienne des Burkinabè est difficile. De nombreuses hausses sont venues grever les budgets des ménages.

L’augmentation de salaires effectuée par le gouvernement en ces derniers jours de 2004 permettra-t-elle aux Burkinabè d’entamer 2005 avec plus d’optimisme ? C’est le voeu que l’on peut formuler, surtout que se profilent à l’horizon de grands enjeux démocratiques, où chaque acteur politique devra rendre compte au peuple de sa gestion des affaires publiques et négocier un nouveau bail de confiance.

Par Mahorou KANAZOE
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