Actualités :: Laurent Gbagbo : "En tout cas, j’ai déjeûné avec Blaise"

Annoncée depuis quelques jours sous la forme dubitative, la visite du président Laurent Gbagbo a effectivement eu lieu hier mercredi 26 novembre 2003 au Burkina, précisément à Bobo-Dioulasso.
Un séjour de 3 heures qui permettra peut-être de dégeler l’axe Abidjan-Ouaga,s particulièrement glacial depuis le début de la crise ivoirienne.

Lafiabougou, mercredi 26 novembre 2003, 11 h 20 mn : l’avion présidentiel ivoirien (Gruman 4) dont le ronflement se faisait entendre depuis une dizaine de minutes environ sur la piste d’atterrissage s’immobilise enfin sur le tarmac de l’aéroport international de Bobo-Dioulasso. A son bord, Laurent Koudou Gbagbo dont l’arrivée au Burkina, annoncée quelques jours plutôt, semblait toujours relever d’une chimère pour les plus sceptiques. "Tant qu’on ne la pas vu, il ne faut être sûr de rien", entendait-on dire.

Il est pourtant arrivé, l’enfant de Mama, accompagné dans son déplacement par une forte délégation dont le ministre chargés de la Réconciliation nationale, M. Danon Djédjé, ainsi que celui chargé des Nouvelles Technologies, de l’Information et des Télécommunications, M. Ahmed Bagayoko.

Une atmosphère détendue

Accueilli à sa descente d’avion par son homologue Blaise Compaoré, le chef de l’Etat ivoirien, après les honneurs militaires et l’exécution de l’Abidjanaise et du Dytanié, rejoindra le salon d’honneur sur le tapis rouge déroulé pour la circonstance. A vu d’œil, l’atmosphère semblait très décontractée entre les deux chefs d’Etat qui se rencontraient pour la nième fois dans le cadre de cette crise ivoirienne.

Mais depuis le déclenchement de ladite crise, c’est la toute première fois qu’une telle rencontre au sommet a lieu chez l’un des deux frères ennemis, en l’occurrence au Burkina, accusé comme on le sait par les autorités ivoiriennes d’être de connivence avec les rebelles. Depuis, les relations entre les deux pays étaient devenues des plus exécrables.

Et malgré les multiples actions bilatérales ou multilatérales (différents sommets, visites à différents niveaux d’émissaires à Abidjan et à Ouaga, ouverture de la frontière terrestre) visant au rapprochement entre les deux pays, on a toujours assisté à un semblant de décrispation entre la Côte d’Ivoire et le Burkina. Cette visite du président Gbagbo hier à Bobo-Dioulasso constitue à n’en pas douter un signal fort dans le sens de la reprise effective des liens d’amitié et de coopération entre les deux pays.

Pouvait-il d’ailleurs en être autrement pour la Côte d’Ivoire qui, depuis 14 mois, est à la recherche d’une introuvable paix et qui se doit désormais de composer avec ses voisins immédiats auxquels semblait pourtant tourner le dos ? Cette rencontre du 26 novembre 2003 à Bobo-Dioulasso reste à tout point de vue historique pour les deux chefs d’Etat qui ont passé environ 3 heures dans le salon douillet du pied-à-terre présidientiel de Lafiabougou.

Difficile pour l’instant de savoir ce qu’ils se sont dit d’homme à homme surtout qu’aux accusations ivoiriennes quant à la collusion supposée du Burkina avec les insurgés du 19-Septembre ont répondu récemment en écho celles de Ouaga qui a vu l’ombre d’Abidjan et de Lomé derrière la tentative présumée de putsch révélée début octobre.

Assurer la sécurité des biens et des personnes

En attendant, on retiendra que du communiqué conjoint lu par le ministre Youssouf Ouédraogo, il ressort que les entretiens en tête-à-tête entre les deux chefs d’Etat, ensuite élargis aux délégations des deux pays, ont porté sur les relations bilatérales, les questions sous-régionales et internationales d’intérêt commun. Concernant les relations bilatérales, le communiqué conjoint relève notamment que le président du Faso a renouvelé sa disponibilité à œuvrer de concert avec les autres pays de la CEDEAO pour le retour de la paix et de la concorde en République de Côte d’Ivoire "conformément à l’Accord de Linas-Marcoussis signé le 24 janvier 2003". Les deux chefs d’Etat insistent sur la nécessité d’un retour des Forces nouvelles au sein du gouvernement de réconciliation nationale "dans les meilleurs délais".

Ils réaffirment également la nécessité d’étendre l’autorité de l’Etat ivoirien sur l’ensemble du territoire national conformément aux dispositions de l’Accord de Linas-Marcoussis. Ils ont aussi convenu de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité des personnes et des biens des communautés étrangères notamment burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, et se félicitent de la réouverture le 10 septembre 2003 de la frontière entre les deux pays ; avant d’engager leurs gouvernements respectifs à entreprendre toutes actions susceptibles d’accélérer la reprise des activités économiques entre les deux pays...

A l’issue de la lecture du communiqué final, Blaise et son hôte se sont prêtés à quelques questions des journalistes. Ainsi, à celle de savoir si cette visite constitue une décrispation des relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, Laurent Gbagbo a répondu en substance : "En tout cas, j’ai déjeuné avec mon ami et frère Blaise Compaoré". Vu l’état où en sont leurs relations depuis un an, ce n’est certainement pas banal.

Jonas Apollinaire Kaboré
L’Observateur Paalga

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