Actualités :: <I>Il était une fois le Faso</I> : Tiens ! Ki-Zerbo n’a jamais fait la (...)

Depuis que Gérard Kango a rendu le tablier, même si d’aucuns pensent qu’il en tire encore les ficelles, Ki-Zerbo reste le dernier dinosaure de la scène politique burkinabé (Mine de rien, Philippe Ouédraogo et Soumane Touré ne sont pas non plus de la dernière cuvée si on tient compte de la période de clandestinité).

Mais malgré sa grande notoriété, qui va bien au-delà des frontières de son pays et même de l’Afrique, il y a un grand vide dans le parcours de notre Ki-Zerbo national : il n’a pas connu la prison politique.

Ni avant l’indépendance, ni après. Pas de geôle politique à l’instar d’un Kwamé N’Krumah, d’un Houphouët-Boigny, d’un Julius Nyerere, d’un Ben Bella, d’un Abdoulaye Wade, à l’instar d’un Bourguiba, d’un Lumumba et d’autres hommes de la même stature que lui ici ou ailleurs : Ho Chi Minh, Nehru....

Et même que, près de nous, notre ami Gbagbo peut se prévaloir des honneurs de la prison politique. Disons le tout net, Ki-Zerbo est trop illustre pour avoir un curriculum vitae aussi vierge. Ni Pô, ni Dédougou. Ni le Conseil, ni le camp de l’Unité.

Pas même la gendarmerie de Paspanga ou le sous-sol de la Direction générale de la police, que même Halidou Ouédraogo connaît assez bien. Il est vrai qu’Halidou n’est pas un politicien, je veux dire un vrai politicien.

Bien sûr il y a l’épisode rocambolesque de l’exfiltration suivie du long exil au Sénégal, mais elle n’a pas autant de noblesse qu’un enfermement au camp de Gounghin. Mais comparaison n’est pas raison : ceux qui ont été privés de liberté dans leur propre pays, eux non plus ne savent pas tout de la douleur de l’exil.

Le Professeur s’est même fait damer le pion par des politiciens de la nouvelle vague tels que Basile Guissou et Valère Somé, qui gardent un souvenir amer du camp de Paspanga.

Toutefois la palme revient à Hermann Yaméogo (et Moustapha Thiombiano ?) qui détient le record national du plus jeune prisonnier politique du Volta - Faso, avec comme chef d’inculpation une tentative de coup d’Etat. Qui a dit que pour être putschiste il faut d’abord être capitaine ou colonel d’armée ?

Rasage de crâne au sous-sol

Au classement des CV des hommes politiques, Etienne Traoré, le philosophe rebelle, pourrait faire valoir son séjour de quelques jours en prison, 3 Rue des Clochers à Paris.

Une prison à Paris pour activisme estudiantin, c’est toujours mieux qu’un CV sans tâche, mais dans la balance, c’est tout de même moins lourd qu’une détention au sous-terrain de la Direction générale de la police à Ouaga, dans lequel Halidou Ouédraogo fut soumis au rasage de crâne. Et puis, dans une prison parisienne au moins, on mange des frites et peut-être même du steak.

Des célèbres prisonniers politiques du Volta - Faso, je pourrais citer beaucoup de noms. D’illustres papys et d’illustres arrière - papys réduits aujourd’hui à inaugurer les chrysanthèmes.

Mais pour l’heure, et par respect des convenances, il vaut mieux laisser certains pans de l’Histoire au placard. Avec la Journée du Pardon, on pourrait m’accuser de remuer le couteau dans la plaie.

En fait depuis le 5 août 60, chaque République, chaque régime militaire a eu ses prisonniers politiques, ses résidents surveillés et même ses pénitenciers. Ainsi, si je parle de Gorom - Gorom et du légendaire Jo Weder, Passek Taalé sait de quoi je veux parler.

De même, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, Ki-Zerbo n’est pas le premier homme politique à être frappé d’exil. Avant lui, le grand Nazi Boni fut contraint de vivre à Dakar plusieurs années durant.

Avec la fougue qui était sienne, Frédéric GUIRMA ne pouvait pas ne pas s’ offiir sa prison politique. Ce fut précisément au pénitencier de Gorom-Gorom, inspiré de Kidal situé aux portes du désert malien.

Mais je ne sais plus si c’était avant... ou après son élévation à la dignité « d’Excellence ». La député Aïssata Sidibé sait - elle toutes ces choses ? Et je pense soudain à Laurent Bado.

Comment a-t-il pu traverser le régime des CDR sans avoir été mis aux arrêts, lui qui ne s’était jamais départi de sa liberté de parole même au plus fort du « génie créateur libéré » ?

Pendant que nous y sommes je vais vous avouer une chose : je souhaite parfois que Djibril Bassolet embastille Laurent Bado juste pour 2 ou 3 semaines à la Direction générale de la police ou à Paspanga. Rien que pour m’offrir le plaisir de l’entendre gueuler à sa libération.

Alors, la prison, un passage obligé et un bonus pour l’homme politique au point que celui qui n’en a pas connu paraît comme une mauviette ou un collabo du régime en place ? Comment comprendre donc qu’au moment d’être alpagués, certains hommes politiques aient préféré prendre la poudre d’escampette ?

Est de ceux-là Soumane Touré, qui fut porté disparu pendant plusieurs mois. Les sbires du CMRPN ratissèrent toute la Bougouriba, mais rien n’y fit. Il y a aussi cet intrépide capitaine qui se livra à un rallye en solitaire à travers les champs du Bazèga et de la Sissili pour regagner le Nahouri.

Lui aussi avait les pandores d’un colonel à ses trousses et ne perdit pas le temps pour prendre son matériel de toilette. Ainsi va le Faso. Les historiens du Burkina ont du pain sur la planche.

Mais demain, quand les élèves des élèves du professeur Ki-Zerbo écriront les riches pages du Volta - Faso, moi je ne serai pas là pour m’en délecter. Pauvre Toégui, qui n’aura même pas les honneurs et les délices de la prison politique.

NB : Contrairement à ce que pourraient penser les esprits retors, le verbe « gueuler », selon le Larousse, ne veut rien dire d’autre que « parler, chanter très fort ».

Ce mot n’a rien à voir avec le nom commun « gueule », qui, d’après toujours le dictionnaire, est la « bouche de certains animaux ». Avis aux esprits retors qui voudraient me mettre en conflit avec Monsieur Laurent Bado.

Charles Guibo
L’Observateur Paalga

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