Actualités :: Frédéric Guirma : " Je n’ai pas fui, j’ai pris du champ !"
Frédéric Guirma

Frédéric Guirma, ancien leader du Front de Refus RDA vit en France depuis un certain temps. A Paris, nous l’avons rencontré mardi 2 novembre à la recherche d’un " laissez-passer " à l’ambassade du Burkina pour se rendre au Burkina. " Excellence ", avec le verbe qu’on lui connaît, nous parle de sa vision de la politique, de la présidentielle 98 où il était candidat et de l’échéance 2005.

Sidwaya (S). : Quel est le programme journalier de M. Frédéric Guirma à Paris ?

Frédéric Guirma (F.G). : Je me réveille tous les jours à 4 h du matin. Je reste sur mon ordinateur à écrire, je déjeune à 7 h. J’y reste toute la journée. Je sors rarement de mon appartement ; j’écris.

S. : Cela veut dire que vous n’avez pas d’activités politiques ?

F.G. : Quelles activités politiques à Paris ?

S. : Des contacts avec votre base à Ouagadougou au Burkina.

F. G. : Oh ! Vous savez, j’ai remarqué une chose avec les gens du Burkina que vous dites, à savoir que , une fois que vous êtes dehors, vous ne pouvez avoir aucune nouvelle. L’autocensure est telle que personne n’ose dire un mot, ni au téléphone, ni par écrit, de peur de se compromettre.

S. : Y compris de votre part ?

F.G. : Non, pas de ma part. Les gens n’osent pas dire à l’extérieur ce qui se passe. Si bien que finalement, on a les nouvelles par d’autres sources. En ce moment, on les garde pour soi.

S. : Vous avez fait une sortie remarquable à la présidentielle de 1998, serez-vous encore sur le terrain en 2005 ?

F.G. : Nous ne sommes pas encore en 2005. Attendez au moins en janvier. Pour le moment je viens à Ouagadougou pour renouveler mon passeport qui a expiré. Je profiterai naturellement pour flairer ce qui se passe.

S. : Dans quelle intention, M. Guirma ?

F.G. : En flairant, c’est là qu’on prend les informations, en voyant vivre les gens .....

S. : Comment se porte le Front de Refus RDA, votre parti ?

F. G. : Ecoutez ! Toute la presse avait fait du tam-tam pour dire que l’arrêté du ministre Yéro Boly était valide. Le ministre a pris un arrêté qui reconnaît des gens qui n’avaient pas pris la précaution de payer leur carte d’adhésion au parti et de payer leurs cotisations.

S. : A qui vous faîtes allusion ?

F.G. : Vous savez bien à qui je fais allusion. Je n’ai pas besoin de nommer des gens ...

Il a reconnu ces gens comme étant un parti. Si au Burkina, le parti politique se construit ainsi, j’ai pris du large.

S. : Est-ce une raison suffisante pour s’exiler à Paris ?

F.G. : Je ne me suis exilé. J’ai pris du champ. Je suis parti parce que les journalistes, les autres partis politiques n’ont pas voulu voir que le ministre avait fait un " coup d’état " en violant la légalité constitutionnelle ...

S. : Avez-vous fait un recours ?

F.G. : Allez voir chez le procureur de l’époque. J’ai déposé bel et bien un recours. Vous m’obligez à évoquer un exemple. Les journaux ont repris sans prendre le soin de mener une enquête que j’ai donné le siège de mon parti. La maison a été louée juste pour la campagne électorale et après avoir liquidé le solde, nous l’avons libérée . Toute la presse a publiée que j’ai donné gratuitement ce que le parti ne possédait pas et ce que je ne possède pas. N’est-ce pas là de la diffamation ? J’ai signalé cela, mais aucun journal n’a voulu publié ce que j’ai écrit.

S. : M. Guirma, pour un homme politique comme vous, pourquoi reculer devant peu ?

F.G. : Ce n’est pas de la reculade. Un homme politique de ma trempe sil rencontre des hommes qui ne veulent pas faire de la politique et qui veulent piétiner dans la boue, on les laisse faire et on verra.

S. : Avez-vous l’intention de créer un nouveau parti pour 2005 ?

F.G. : Je ne parle pas encore de candidature en 2005 pour la simple raison que nous sommes en 2004......

S. : Vos militants vous attendent sur le terrain ?

F.G. : Eh bien ! Qu’ils se manifestent et on verra. Pour le moment j’ai d’autres activités qu’il faut que je mène à bout ... Quand ça pourrira, vous sentirez.

S. : Dans certains milieux, on affirme que vous êtes parti avec le reliquat de la campagne, qu’en dites-vous ?

F.G. : J’ai enlevé 12 millions pour la caisse du candidat. Le reste a été partagé à égalité suivant le nombre de provinces. Chacun des responsables de province ou de groupe de province a reçu son paquet. Pendant ce temps c’est chez moi que chacun revenait pour prendre les compléments.

S. : Vous vous êtes taillé la part du lion !

F.G. : La loi dit que la part ne revient pas au parti mais au candidat. J’aurais pu faire comme d’autres, gérer par devers moi un point un trait. Je n’avais de compte qu’à rendre qu’à l’Etat, si vous avez bien vu la loi. J’ai été honnête, les 12 millions, mais vous croyez que les véhicules marchaient avec de l’eau, les frais de sortie, la nourriture etc. et les militants qui venaient prendre des raccordements ... c’étaient pas des cailloux ? Aucun militant ne m’a rendu compte de ce qu’il a fait.

S. : Est-ce que vous avez demandé des comptes ?

F.G. : J’ai demandé.

S. : Donc il n’y a pas eu de bilan de campagne ?

F.G. : Le problème n’est pas là. Aucun candidat n’a fait le bilan de sa campagne.

S. : Un mot sur le vôtre.

F.G. : J’ai fait le bilan. Il y a des gens qui doivent des comptes et c’est parce que ces gens devaient des comptes, ils se sont précipités pour dire qu’ils sont ceci ou cela.

S. : Quelle lecture faites-vous d’une éventuelle candidature du président Blaise Compaoré en 2005 ?

F.G. : Ce que je veux n’est pas simple. Nous avons connu la révolution qui a déblatéré sur la féodalité à tel point aujourd’hui que les chefs traditionnels sont laminés ... du moment qu’il ne s’agit pas de féodalité, ni donc de " naam " de papa, 21 ans, ça suffit ....

S. : Et si on va sur le terrain juridique ?

F.G. : D’il y a la constitution .... une constitution à géométrie variable. Si vous êtes prêts à accepter cela, c’est votre affaire.

S. : C’est votre opinion qui nous intéresse

F.G. : J’ai dit mon opinion .... 21 ans ça suffit

S. : Mais pourquoi ne pas affronter Blaise Compaoré sur le terrain ?

F.G. : Le problème n’est pas là ..Le principe reste ce qu’il est... Je voudrais la résolution de faire de la politique et non pas de politicailler. SI je regarde tout ce qui se passe depuis la présidentielle jusqu’aux législatives, c’est minable pour notre pays.

S. : Ils politicaillent tous, sauf vous ?

F. G. : Pourquoi sauf moi ?

S. : Vous avez fui le terrain politique.

F.G. : Pourquoi fui ? Est-ce que partir c’est fuir Je n’ai pas fui comme je l’ai dit, j’ai pris du champ.

S. : Vous avez l’intention de renouveler votre passeport et rentrer au pays, c’est pour y rester ?

F.G. : Pourquoi je vais rester à Ouagadougou ? C’est mon pays mais je ne suis pas encore prêt à revenir..

S. : Vous serez prêt quand ?

F.G. : Qui vivra verra !

S. : On ne va plus vous voir sur le terrain politique ?

F. G. : Je n’ai pas dit cela

S. : Quel commentaire faites-vous sur les accusations de la Mauritanie et de la Côte d’Ivoire sur le Burkina et l’affaire Hermann Yaméogo ?

F.G. : Hermann seul sait ce qu’il a fait, je n’en sais rien du tout et la même chose pour son cousin. Mais en ce qui concerne les accusations sur le Burkina, pour moi en faites, la Mauritanie et la Côte d’Ivoire ne devraient pas accuser le Burkina Faso en tant que pays. S’ils ont quelqu’un à accuser, ils n’ont qu’à nommer la personne.

Propos recueillis à Paris par Marceline Ilboudo
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