Actualités :: « Pouvoir » et « opposition » : "Même chose, pareille"

« Pouvoir » et « opposition », ce sont là des concepts qui, de l’avis du signataire de l’article ci-après, expliqueraient "en partie le fait qu’en Afrique la plupart des conflits opposent les fils d’un même pays". ll invite nos hommes politiques à du fair-play politique à l’image de leurs camarades d’Amérique et de France.

S’il y a des termes dans le jargon politique, qui méritent réflexion et explication, ce sont « pouvoir » et « opposition ». Ces termes, nés en même temps que démocratie et multipartisme, ont pris de l’ampleur ces dernières années surtout en Afrique.

Il y a encore quelques décennies, personne n’osait se bomber le torse et se réclamer opposant et aller dormir tranquillement chez lui. Certains dirigeants, qualifiés de dictateurs d’ailleurs, ne cachaient pas leur haine pour ce terme et pour tous ceux qui se reconnaissaient en lui.

Mobutu, « le Roi du Zaïre », lui, préférait la juxtaposition à l’opposition. Les concepts de démocratie et assimilés, en tout cas sous la forme actuelle, ont été importés des pays dits « civilisés ». Cependant, en Europe, on parle de Droite et de Gauche, de Conservateurs et de Libéraux... avec souvent des petits partis qui gravitent autour sans trop d’influence dans le jeu politique.

En Amérique, on parle de Démocrates et de Républicains. Et chez nous en Afrique, on dit Pouvoir et Opposition. Là, tous les ingrédients sont réunis pour une bataille rangée. Les hommes politiques se comportent en fonction du groupe auquel ils appartiennent :

1- Les hommes du pouvoir

Arrivés au pouvoir par la force des armes ou par des élections (souvent contestées à tort ou à raison), ils ont la charge de la gestion du pouvoir d’Etat. Ils disposent de ce fait des moyens de l’Etat (matériels, financiers, force publique)... Ils se réclament les bâtisseurs, les sauveurs, à la limite les représentants de Bon Dieu sur terre.

Ils mettent généralement dans leur compteur tout ce que le pays a de bien depuis son existence. Même ce que la nature a donné est considéré comme leur œuvre. Ce sont vraiment des hommes du pouvoir.

Sachant qu’ils ont en face d’eux des hommes en quête de ce même pouvoir, toujours prêts à leur rendre la vie impossible, c’est donc par instinct de survie, qu’ils développent des initiatives pour rester éternellement au pouvoir ou à défaut s’enrichir au maximum, car on ne sait pas de quoi demain sera fait.

Ainsi, c’est la politique de « celui qui n’est pas avec moi est contre moi » ; ils sont naturellement arrogants envers tous ceux qui ne sont pas de leur bord politique et qui rôdent autour : les opposants.

2- Les hommes de l’opposition

Opposants qu’ils se réclament et qu’ils se reconnaissent, ils répondent généralement à leur nom : aigris, impulsifs, agitateurs, contestataires, ils s’opposent à tout, si bien qu’on doute parfois de leur bonne foi.

Ils sont toujours prêts à dire non à leurs adversaires même si ces derniers leur promettent la pluie en pleine sécheresse. Cela me fait croire encore que le nom a une influence sur le comportement des hommes.

Cette situation prédispose à la discorde, à la confrontation, à la guerre. N’est-ce pas ce qui explique en partie le fait qu’en Afrique la plupart des conflits opposent les fils d’un même pays ? Les uns décident, les autres s’opposent.

Prenons les bons exemples

D’abord en Amérique : avant la fin du dépouillement des bulletins de vote en Amérique en début novembre, M. Kerry, dès qu’il s’est rendu compte de l’imminence de la victoire de son adversaire, a jeté l’éponge et l’a appelé pour le féliciter.

Le vainqueur, dans sa première intervention, s’est particulièrement adressé à ceux qui n’ont pas voté pour lui, pour les rassurer de la fin des divergences de la période de campagne : ce qui compte désormais ce sont les intérêts des Américains. Beaucoup de fair-play agrémente la démocratie et valorise les hommes qui l’animent.

Ensuite, en France avec l’évolution de la situation de la crise en Côte d’Ivoire ces derniers jours, on a vu le Parti socialiste français, allié de longue date du Front populaire ivoirien, se démarquer des agissements du président Gbagbo pour soutenir l’action du président Chirac, tout simplement parce que les intérêts français sont menacés.

La mort de neuf Français a suffi pour qu’on voie les Français de Droite et ceux de Gauche parler d’une même voix. Combien de Burkinabè y ont laissé leurs biens et leur vie sans que cela crée l’unanimité au sein de tous les hommes politiques au Pays des hommes intègres ?

Rarement, de telles situations arrivent en Afrique. Même dans les Parlements, quand on se rend compte de la pertinence d’une loi, on préfère s’abstenir pour ne pas avoir la même position que l’autre. Une façon de s’opposer. Décidément !

Messieurs les hommes politiques, si c’est pour le bonheur du peuple que vous êtes des ennemis, arrêtez ! Le bonheur du peuple passe d’abord par l’union de ses fils autour d’un même idéal.

Le Zoung Tél : 76 60 23 49/ tasszoungrana@yahoo.fr

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