Actualités :: Lutte contre l’insécurité : 10 suggestions à Djibril Bassolet

Dans la lettre ouverte dont teneur suit, "des citoyens inquiets à qui il reste encore quelque espoir" font au ministre Djibril Bassolet de la Sécurité, avec ampliation au ministre de la Défense nationale, 10 suggestions. Ils entendent ainsi contribuer à la lutte contre le grand banditisme.

Monsieur le ministre,

Tout d’abord nous sollicitons votre indulgence quant à cette voie que nous empruntons pour vous transmettre la présente lettre. Nous voulons simplement partager avec vous quelques-unes de nos préoccupations cruciales qui relèvent de votre compétence, ainsi que des idées et suggestions que nous formulons quant à leur résolution, tout en évitant de vous importuner outre mesure dans l’accomplissement de votre haute et lourde tâche, notamment celle de penser, d’organiser et d’assurer la sécurité des citoyens sur l’ensemble du territoire national.

Aussi, nous demandons par avance votre compréhension. Un adage de chez nous ne dit-il pas si bien que : « Le malade qui souhaite réellement guérir ne doit jamais se fatiguer de vendre sa maladie. Il finira certainement un jour par trouver son médicament quelque part avec quelque guérisseur ».

C’est l’esprit de cette sagesse séculaire qui fonde notre témérité citoyenne et notre insistance à revenir auprès de votre bienveillante autorité pour reposer encore une fois, après tant d’autres concitoyens de ce pays, la question de l’insécurité grandissante que nous vivons depuis un certain temps. Monsieur le ministre, nous sommes conscients que nous ne vous apprenons certainement pas grand-chose de nouveau sur le sujet.

Mais il ne nous coûte pas de le redire, en assortissant le constat d’un certain nombre de propositions. Réellement, depuis ces derniers mois, sinon ces dernières années, partout dans nos quartiers, nos communes, nos villes, nos villages, nos hameaux à travers le territoire, nous subissons les assauts, plusieurs fois par jour, des malfaiteurs. De jour comme de nuit, ces individus sans foi ni loi nous dépouillent des maigres fruits de nos durs (et rares par ces temps qui courent !) labeurs.

Nos maisons sont fouillées de fond en comble, parfois même sous la menace, nos sacs et sacoches arrachés en pleine rue, nos moyens de déplacement (vélos, cyclomoteurs et motos notamment) volés ou carrément retirés ; nombre de cars de transport en commun ont été braqués et les passagers violentés et dépouillés, le peu d’argent que nous trimons à collecter pour subvenir à nos besoins vitaux est extorqué, nos récoltes et nos animaux sont volés, bref... en tant que citoyens ou simples habitants de ce pays, nous sommes en passe de ne même plus nous souvenir de ce qui s’appelle « quiétude », « paix ».

Pourtant, il est bien connu que pour obtenir le plein rendement (développement économique, intellectuel, social...) de l’Homme, il faut lui aménager un environnement de sécurité physique et de quiétude psychologique, qui le libèrent de l’anxiété et de toute autre préoccupation de survie. Monsieur le ministre, notre désarroi est total et immense face à cette situation qui semble empirer chaque jour davantage.

Nous vous lançons donc ce cri de détresse, cet appel du fond du cœur, pour vous demander, vous supplier de nous délivrer d’un tel calvaire, car il y a véritablement péril en la demeure. Nous n’ignorons pas, en tant que citoyens de notre cher Faso et dans une démocratie aussi vivante que la nôtre (qui est bien sûr perfectible comme toute œuvre humaine), que l’Autorité ne peut pas permettre que les victimes se rendent elles-mêmes justice ou s’érigent en structures pour s’identifier à elle.

Mais nous pouvons vous assurer, monsieur le ministre, qu’à l’heure où nous traçons ces lignes, un peu partout dans nos quartiers, nos cités et résidences, nos villes, nos villages, sur nos routes, la tendance forte qui se développe progressivement est que, las d’attendre le secours et la protection, les uns et les autres en arrivent à accepter le risque de se constituer en groupes d’autodéfense ou en milices de protection et de sécurisation des quartiers, des villages, des routes (les plus nantis s’attachent les services de brigades de vigiles).

Cependant, combien de Burkinabè « moyens » comme nous peuvent se le permettre, sachant que le coût minimum de cette option est d’environ 50 000 à 75 000 FCFA/vigile/mois ?). Vous conviendrez avec nous que, lorsqu’une République en arrive à ce point, c’est la survie de l’Etat lui-même qui est en jeu ! C’est le terreau de prédilection de l’anarchie, puis de tous les dérapages insoupçonnés, dont les conséquences sont incalculables.

Traquer l’insécurité partout

Aussi, voulons-nous après le rappel ci-dessus, faire humblement quelques suggestions à l’autorité que vous incarnez. Leur examen minutieux par les compétences dont vous disposez certainement au niveau du ministère permettra sans aucun doute de voir d’abord leur pertinence puis leurs exigences et leur faisabilité technique et pratique, pour une plus grande efficacité dans la lutte contre ce fléau. Il s’agit de :

1- Rendre systématiques les patrouilles des forces de sécurité et de défense durant la nuit dans tous les quartiers des villes et les villages selon des rythmes et des circuits de rotations connus des seuls concepteurs des plans de lutte (cela se faisait dans le temps, pour notre plus grand bonheur) ;

2- mettre en place des équipes conjointes pour ces patrouilles ; elles pourraient être composées des éléments de tous les corps militaires et paramilitaires disponibles : armée classique, police nationale, police municipale, gendarmerie, CRS, autres corps habillés et armés...) ;

3- intensifier la sensibilisation des populations dans les quartiers des villes et villages afin que chaque citoyen soit bien imprégné des exigences des systèmes de patrouilles et prenne les dispositions légalement requises (CIB, reçus de matériels et moyens de déplacement en mouvement, surtout la nuit...) ;

4- rassurer les populations (comportements, faits et pratiques à l’appui) afin qu’elles se convainquent que leur indispensable coopération à tout moment avec les forces de Défense et de Sécurité ne leur vaudra pas en retour les représailles des malfaiteurs qui sont aussitôt libérés ;

5- envisager, en collaboration avec les opérateurs du domaine du transport des voyageurs, de mettre en place un système qui rend obligatoire pour toutes les sociétés la prévision de deux places gratuites pour des personnels de sécurité de votre ministère ;

6- examiner dans la même optique les alternatives les plus appropriées pour protéger et sécuriser également les biens matériels (marchandises) et les animaux des commerçants qui voyagent de ville en ville ou de village en village, parfois d’un pays à l’autre dans la sous-région pour vendre leurs produits.

Il est possible de vivre heureux

7- renforcer sérieusement (doubler, voire tripler) les effectifs des forces de défense et de sécurité, car tout le monde est aujourd’hui unanime et bien convaincu que leur nombre est très en deçà des besoins du pays ;

8- améliorer (quantité et qualité) l’équipement des forces de défense et de sécurité pour la protection civile (armes, moyens de déplacement - privilégier les motos - mais aussi outils de communication performants) ;

9- dans les villes et villages qui sont alimentés à l’énergie électrique, argumenter avec les autres ministères ou les municipalités pour que soient installés ou étoffés les systèmes d’éclairage des rues et places publiques, en rapport avec la Société distributrice d’énergie. C’est assurément une composante majeure de la lutte conte l’insécurité urbaine ;

10- rendre les numéros verts plus faciles à composer (4 chiffres maximum) pour tous les points de Défense et de Sécurité.

Ce pays est certes réputé aride, difficile, pauvre en ressources naturelles, etc., mais nous sommes convaincus que par une réelle volonté politique, une mise en commun de nos intelligences et idées, notre travail ardu, notre volonté de vaincre l’adversité de la nature, il est tout à fait possible pour nous de vivre heureux et de nous développer décemment sur cette portion de terre africaine qui est la nôtre. Cela exige simplement que nous ayions au minimum la paix, la liberté, la sécurité (pas seulement alimentaire, mais également physique, existentielle) et une protection efficace.

Voilà, monsieur le ministre, quelques-unes des idées et suggestions que nous avions à cœur de partager avec vous, en guise de notre modeste contribution à l’édification d’un Faso mieux protégé et plus sûr, où il fera bon vivre pour tous. Veuillez recevoir, monsieur le ministre, l’expression de notre haute et respectueuse considération.

Des citoyens inquiets à qui il reste encore quelque espoir

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