Actualités :: UNDD/Koudougou : On a marché contre un paravent

La section communale de l’UNDD (Union nationale pour la démocratie et le développement) de Koudougou a battu le rappel de ses militants le samedi 30 octobre passé pour une marche suivi de meeting en présence de la crème de "l’opposition vraie". Ce qui fut notable, c’est que le cataclysme que beaucoup redoutaient n’a pas eu lieu.

En ce samedi 30 octobre 2004, il y avait de la peur et de l’incertitude dans l’air, car à Koudougou on sait comment les manifestations de rue se terminent souvent.

Et pour ne pas arranger les choses, les rumeurs les plus folles circulaient sur ce qui se tramerait en bas derrière cette manif. Et comme pour confirmer ces bruits, il était dit qu’en face, les responsables du CDP à Koudougou avaient pris eux aussi leurs précautions afin de ne plus payer des pots qu’ils n’auraient pas cassés.

C’est pourquoi très tôt le matin, nous avons fait un tour rapide de la ville pour voir si effectivement il y avait de quoi paniquer. Mais fort heureusement, il n’y avait ni de chars ni de troupes postées dans quelques angles et pas davantage de gourdins visibles.

Tout semblait normal et la population vaquait tranquillement à ses occupations. Sauf autour du palais de feu Maurice Yaméogo où il y avait de l’effervescence, l’ambiance était celle des jours ordinaires. Cet état de fait allait se confirmer tout au long de la journée et à 14 heures quand le meeting prit fin et que la foule se fut dispersée, il fallut se rendre à l’évidence : le cataclysme n’eut pas lieu.

Eviter les infiltrations

Cette marche-meeting, les organisateurs la voulaient grandiose, mais pacifique et elle l’a été. Du palais, les manifestants ont fait une courte marche (Palais-Carrefour de la Poste-ONATEL-mur du nouveau gouvernorat-nouveau haut-commissariat) avant de regagner le Palais, chaleur et jeûne obligent, pour le meeting en question.

Les marcheurs n’ont pas dévié de l’itinéraire, eux qui étaient bien canalisés par un fort cordon de sécurité pour éviter "les infiltrations et la provocation", dixit M. Marcellin Noraogo Yaméogo, secrétaire régional de l’UNDD et maire de Koudougou, qui avait prévenu : "Gare à celui qui tentera de saboter notre travail".

Ces deux actes (marche et meeting) ont eu lieu en présence des responsables et députés de l’UNDD, dont le président national, Me Hermann Yaméogo, et le député Marlène Zébango, des responsables de partis d’opposition membres du R16, dont messieurs Issa Tiendrébéogo du GDP, Norbert Tiendrébéogo des FFS, Alain Zoubga et Etienne Traoré du PDP/PS, Christian Koné du PNR-JV, Marcel Ouédraogo du MDR, Kader Nacro du PFID, Claire Bambara et Adrien Kadré du PAI...

La marche a conduit les manifestants au haut-commissariat, où une déclaration a été lue et remise au préfet de Koudougou, représentant le haut-commissaire, en présence des patrons de la gendarmerie, de la police et des pompiers. La déclaration retrace les conditions dans lesquelles Hermann Yaméogo et Noël Yaméogo ont été arrêtés à l’aéroport de Ouaga de retour d’un voyage à l’étranger, le dernier étant retenu à la Sûreté nationale depuis plus d’un mois.

Elle estime que cette affaire n’est qu’un paravent que le pouvoir utilise pour tenter de cacher ses responsabilités dans les crises régionales. Il y est également question de l’alternance en 2005 dans un pays où la démocratie et la justice sont dévoyées, les militants de l’opposition, terrorisés, et leurs leaders, criminalisés. Dans la déclaration, il est exigé la libération immédiate de Noël Yaméogo.

L’alternance se fera en 2005

Le meeting qui a suivi a vu se succéder sur la tribune les représentants de la jeunesse, Salif Kiemdé, des femmes, Jeannette Yaméogo, des vieux, Boureima Kaboré, du R16, Issa Tiendrébéogo, et d’autres leaders de l’opposition à l’image de Norbert Tiendrébéogo et d’Alain Zoubga.

Le maire de Koudougou et le président national de l’UNDD ont clos cette ronde des interventions, qui ont dénoncé la politique extérieure du régime de Blaise Compaoré, faite, selon eux, d’ingérence, de déstabilisation et de trafics illégaux, et sa politique intérieure, faite d’intimidation, de crime impunis, d’exclusion, de corruption et de paupérisation du peuple.

Tous les intervenants ont dénoncé la cabale montée hier contre Norbert Tiendrébéogo et aujourd’hui contre Hermann Yaméogo, cela dans le but de diviser et fragiliser l’opposition afin d’empêcher l’alternance en 2005 et d’instaurer un règne monarchique. "Ceci n’est qu’une fuite en avant, car l’alternance se fera en 2005", ont-ils dit en clamant que le fruit du Tékré était mûr.

L’élargissement de Noël Yaméogo était sur toutes les lèvres, et les femmes ont même menacé de marcher bientôt sur la capitale si d’ici là Noël n’était pas libéré.

M. Issa Tiendrébéogo du GDP a exigé qu’on laisse tranquille Hermann Yaméogo, car il n’est coupable de rien. Au total, aucun des intervenants n’a été tendre envers Blaise Compaoré et son ministre de la Sécurité, Djibril Y. Bassolé.

Cyrille Zoma


Les à-côté de la manifestation

Panique à bord

Les rumeurs les plus folles et les plus invraisemblables circulaient à quelques jours, la veille et même le jour de la manifestation : Koudougou va revivre les folles heures qu’elle a connues au paroxysme de la crise de Sapouy ; des "brigades dites de vigilance" ont été mobilisées pour poser des actes de vandalisme ; les domiciles des responsables du CDP seront saccagés et incendiés comme au... mauvais vieux temps ; les vieux s’apprêtent à bannir le député Salvador Yaméogo, qui venait de lâcher son frère Hermann ; son domicile sera mis à sac...

Mais de tout ça, rien n’a été, malgré les craintes de ceux d’en face (suivez mon regard) ; c’est une marche pacifique qu’Hermann Yaméogo et ses fidèles ont organisée, ce qui n’a pas manqué de susciter l’admiration du préfet de Koudougou et des autorités militaires venus recevoir le message des manifestants dans l’enceinte du haut-commissariat.

Norbert Tiendrébéogo n’a pas marché

Le président du FFS n’a pas participé à la marche. Après l’accueil et la présentation du programme et de l’itinéraire au Palais de feu Maurice Yaméogo, Norbert Tiendrébéogo a préféré rester sur place et attendre le retour des manifestants. Les raisons ? sûrement des ennuis de santé, car nous avons appris qu’il n’est pas au mieux de sa forme, et d’ailleurs, au cours des interventions qui ont suivi le retour des marcheurs, on a remarqué qu’il claudiquait un peu. Ses ennuis de santé seraient liés à son long séjour à la gendarmerie pendant cette histoire de coup d’Etat manqué.

"Même maire, je vais parler"

L’une des grandes vedettes de cette manifestation aura été le maire de Koudougou, M. Marcellin N. Yaméogo, qui a ôté sa casquette de bourgmestre pour coiffer celle de secrétaire régional de l’UNDD. Du haut de la tribune, il a fustigé ceux qui lui enjoignaient de ne pas parler, car étant maire de Koudougou. "Ne pas parler, ne pas parler, pourquoi ne parlerais-je pas ? Qui est-ce qui m’a fait maire ? Les gens vont m’élire et je vais m’accroupir ici que je suis maire et que je ne parlerais pas ? Ça, jamais ! l’heure de parler est arrivée et je vais parler !", parole de maire... plutôt de secrétaire régional.

"Salvador Yaméogo s’est fait honte lui-même"

Si les autres intervenants ont évité de parler de la récente démission de M. Salvador Yaméogo de son poste de coordonnateur national de l’UNDD, Marcellin Yaméogo, lui, ne s’en est pas privé. Fort d’un proverbe qui dit que : "l’essentiel n’est pas d’être fils de chef, la vraie difficulté est d’incarner les vertus d’un fils de chef", M. Marcellin Yaméogo a condamné l’acte du frère cadet d’Hermann Yaméogo, qui est une pure trahison selon lui. "Il s’est fait honte lui-même et son acte n’a affecté ni Hermann, ni l’UNDD, ni Koudougou encore moins l’opposition", a-t-il soutenu.

A-t-on envoyé du renfort ?

Nous n’avons pas pu vérifier si de grands renforts sécuritaires ont été envoyés depuis Ouaga à Koudougou. En tout cas, certains y ont cru dur comme fer. Allant jusqu’à affirmer que ces renforts ont été positionnés à des endroits critiques de la ville. Vrai ou faux ? Ce qui est sûr, le cataclysme n’a pas eu lieu et aucun incident encore moins des troubles n’ont été observés durant la manifestation.

Près de trois heures au soleil

Qu’est ce qui rend les militants de l’UNDD si fidèles au point de se farcir près de trois heures sous un soleil de plomb, criant des slogans et applaudissant à tout rompre ? Sûrement l’esprit militant et l’amour pour leur parti, comme l’a du reste relevé quelqu’un.

Car les six ou sept tentes installées n’ont pas suffi à caser tout le monde et le gros de la troupe a suivi le meeting sous la canicule, certains même assis à terre, à même les plaques de dalles chauffées par le soleil. Qu’il est beau le dévouement !

La p’tite devinette d’Hermann Yaméogo

Un sou non dévalué à quiconque pourra décoder cette histoire que le président de l’UNDD, du haut de la tribune, a racontée : "Un indiscret et curieux petit enfant qui a vu le caleçon de sa maman se mit à pleurer en se plaignant que le sien est tout petit. Mais nous, à l’opposition, nous ne nous en plaindrons pas, car nous sommes convaincus que le notre deviendra bientôt grand". A vos décodeurs.

"Ces belles phrases" du meeting

Comme il fallait s’y attendre, les "discoureurs", ainsi que l’a relevé un de nos voisins, n’ont pas brossé leur bouche avec "close up" avant de monter sur la tribune, une façon de dire que les mots n’ont pas été doux pour Blaise Compaoré et son clan. Tenez, voici quelques "belles phrases" de ce qu’ils ont dit, tous intervenants confondus : "le pouvoir a peur, il est en fin de règne et il ne tient qu’à nous de les aider à partir" ;

"au plan international, en 17 ans de règne, Blaise Compaoré a souillé l’honneur de notre patrie, insécurisé le pays et la sous-région, se faisant mercenaire et terroriste pour des guerres de rapine" ;

"au plan national, il a enlisé notre peuple dans une misère effroyable caractérisée par une fracture sociale béante, une banalisation des secteurs vitaux, une flambée des prix de l’électricité, des carburants, des transports..." ;

"arrêtez les intimidations et les allégations mensongères à l’adresse des responsables de l’opposition" ;

"évitez qu’après Norbert Zongo, ce ne soit quelqu’un d’autre" ; "Je vais vous faire une confidence : à Ouaga il y a un tract qui circule et qui est distribué par le ministre de la Sécurité lui-même" ; "Djibril Bassolé lui-même a dit qu’il n’y a pas d’élément pour envoyer Hermann Yaméogo en justice" ; "si l’alternance doit passer par Koudougou, alors il y aura alternance en 2005".

Rassemblés par Cyrille Zoma

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