Actualités :: Situation nationale : Déclaration de l’ADF/RDA

Le Burkina Faso connaît depuis de longues semaines, une situation particulière marquée par des événements aussi complexes qu’importants et dont la conjonction a pour conséquence une mise à l’épreuve de notre processus démocratique et un regain de tension au sein de la classe politique et sociale.

La complexité de la situation est liée à plusieurs facteurs :

- la nature même des problèmes économique, sociale ou politique.

- le domaine concerné : politique intérieure, politique extérieure.

- le caractère exceptionnel ou non des événements appelant une réponse connue ou pas...

- etc...

Quant à l’importance des événements, ceux-ci sont généralement ressentis en termes d’impacts probables sur la vie quotidienne de nos populations, de nos institutions et de notre pays.

Tels des oiseaux de proie, cette conjonction d’événements laisse planer une menace inadmissible sur nos populations, sur notre pays et sur notre processus démocratique en faisant redouter les conséquences multiples d’une gestion politique inadéquate de la présente situation nationale dans sa globalité.

L’ADF/RDA, fidèle à sa tradition de démocratie paisible et dans son rôle de veille politique, souhaite partager ici sa lecture de la situation nationale actuelle.

La situation agricole 2003-2004

Cette année, contrairement à l’année dernière, notre pays n’a pas connu une pluviométrie à même d’atteindre une production à la hauteur des espérances de nos populations. En effet, malgré les efforts consentis en milliards de FCFA pour mettre en œuvre le projet Saaga, des zones de sécheresse sont apparues sur l’ensemble du territoire national, hypothéquant du même coup, les prévisions de productions agricoles. A cette situation générale, sont venus s’ajouter deux autres périls pour nos braves producteurs. : le péril acridien et le péril de la mal gouvernance des filières agricoles.

Concernant les criquets pèlerins, en dépit de l’alerte donnée par la communauté internationale depuis 2003 et malgré l’invasion de ces mêmes criquets dans certains pays voisins aux mois de juillet-août 2004, les récoltes qu’on était en
droit d’attendre dans les régions du Sahel et du Centre-Nord sont entièrement compromises parce que les criquets ont tout emporté. Les moyens de lutte déployés l’ont été tardivement et sont largement insuffisants. Les risques d’invasion de criquets sont donc encore à redouter les années à venir si un plan de lutte global et impliquant les populations n’est pas élaboré et d’ores et déjà pris en compte dans le projet de budget de l’Etat exercice 2005. Il faut donc regretter l’attitude passive du gouvernement face au péril et surtout face à ses conséquences que sont la famine, la hausse des prix des céréales, la chute des cours des animaux dont la vente est le seul recours des populations sinistrées.

C’est au Président du Faso et à son gouvernement, qu’il incombe de prendre des mesures pour d’une part, élaborer et mettre en œuvre un dispositif de veille et de lutte anti-acridien permanent et en collaboration avec les pays voisins, et d’autre part de prendre des mesures d’urgence pour stabiliser les prix des céréales, et mettre à disposition des points d’eau et des aliments de bétail dans les régions sinistrées.

Concernant la désorganisation des filières agricoles, il faut noter le rôle hautement négatif de la SOPROFA dans les campagnes agricoles. Les députés de l’ADF/RDA s’en étaient d’ailleurs fortement inquiétés et continuent d’exprimer leur surprise de voir le gouvernement travailler à contre-courant du vent de libéralisme qui est devenu subitement son idéologie d’emprunt. Le monopole et le libéralisme économique ne font pas bon ménage et c’est pourquoi l’ADF/RDA pense qu’il faut faire jouer la concurrence dans le secteur de la commercialisation agricole en recourant aux bonnes vieilles méthodes des crédits de campagnes au profit des acteurs professionnels de l’exportation et de la transformation.

En dehors de telles mesures d’urgence et de correction, il est vain d’espérer une croissance économique cette année et les trois prochaines années.

Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et montrer qu’il travaille pour l’intérêt des populations et non pour des intérêts particuliers.

Du rapatriement de nos compatriotes de Côte d’Ivoire et de la Libye

Nos compatriotes vivent dans la précarité, la peur et l’insécurité dans certains pays et particulièrement en Côte d’Ivoire, depuis la crise que connaît ce pays. A ceux-Ià s’ajoutent ceux vivant en Libye ; ce dernier pays ayant entrepris depuis un certain temps des opérations de rapatriement d’étrangers vivant sur son territoire. Près de 300 Burkinabè ont été rapatriés de Libye, selon les affirmations du ministre délégué chargé de la Coopération régionale. L’ADF/RDA rappelle que ces rapatriements doivent se faire dans les conditions de dignité humaine Il rappelle au gouvernement qu’il a le devoir de mettre en œuvre des politiques d’insertions économiques et professionnelles, toutes choses qui favorisent le maintien des Burkinabè dans leur pays et engendre une émigration de qualité.

Face au nombre sans cesse grandissant de nos compatriotes rapatriés et à l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire, l’ADF/RDA demande également la mise en place dans les meilleurs délais d’une structure formelle et autonome chargée de l’accueil et de la réinstallation de ceux qui désirent regagner définitivement le bercail.

Dans le même ordre d’idée, il y a lieu de constater une politique de santé inefficace du gouvernement si l’on en juge par les récents cas de décès à l’hôpital de Ouahigouya, par manque de réactifs ; on peut imaginer que des cas similaires se produisent dans la plupart de nos formations sanitaires

Comme autre préoccupation des populations, nous notons l’augmentation du coût de la vie avec son corollaire qu’est l’érosion du pouvoir d’achat à travers les hausses des prix de l’électricité par la SONABEL et du carburant par la
SONABHY. Comment comprendre que de nos jours, le taux de couverture nationale de l’électricité au Burkina Faso soit encore à 13% du territoire. Ces dernières hausses risquent de se traduire en termes d’inflation et de chômage pour l’ensemble de notre économie ;encore que ces augmentations sans explications convaincantes ne devraient pas être systématiquement supportées par le seul consommateur. L’ADF/RDA rappelle que lors du vote du budget 2004, son groupe parlementaire avait recommandé la nécessité d’augmenter les salaires des travailleurs .

Notre parti n’a jamais failli à sa mission en assumant au mieux son rôle de premier parti de l’opposition et en dénonçant dans des cadres républicains les travers du parti au pouvoir. Cela s’est illustré notamment lors du vote du budget 2004 et de la révision du code électoral. Sur ce dernier point, l’ADF/RDA n’est pas surprise de constater avec l’opinion publique nationale que la quasi totalité des instabilités dans les collectivités locales sont le fait de la majorité CDP et que l’argument invoqué par cette dernière pour modifier le mode de scrutin aux élections locales est donc caduc. Une large majorité dans les conseils locaux ne garantit pas pour autant une stabilité ! L’ADF/RDA avait suggéré de pratiquer la proportionnelle au plus fort reste car la majorité relative correspondrait peut être mieux aux réalités locales. Faut-il alors rappeler à la majorité qu’elle n’a nullement le droit de travailler contre les populations en instituant des crises et des délégations spéciales au sein des communes. A l’orée des élections locales, l’ADF/RDA espère que les électeurs sauront distinguer ceux qui travaillent pour leur bonheur et ceux qui travaillent contre leur bonheur.

Des accusations portées contre le Burkina Faso par les autorités mauritaniennes

Le 27 août 2004 par voie de presse, le peuple burkinabè a été informé des accusations de tentatives de déstabilisation portées contre le Burkina Faso par les autorités mauritaniennes. Selon ces dernières, notre pays, de connivence avec
d’autres puissances étrangères, serait impliqué dans les menées subversives et déstabilisatrices perpétrées en juin et août 2004 contre le régime en place à Nouakchott. Le Burkina Faso, par la voix de son ministre chargé de la Sécurité,
y porta un démenti formel et catégorique. Ces accusations sont dénuées de tout fondement, a t-il dit.

A l’origine de tous ces faits, la Mauritanie reproche au Burkina Faso d’abriter des opposants irréductibles au régime du président Ould Taya. Ces opposants, officiers mauritaniens pour la plupart, avec l’appui du Burkina Faso selon les autorités mauritaniennes, seraient les cerveaux et les auteurs présumés
des tentatives répétées de putsch et de coup de force perpétrés en juin et août derniers en Mauritanie. Selon les autorités mauritaniennes, le Burkina Faso abrite et protège illégalement et en connaissance de cause des officiers ayant porté de graves atteintes à la sûreté de l’Etat mauritanien ; par conséquent, elles réclament leur extradition immédiate.

Le Burkina Faso réfute toutes ces allégations et soutient du reste que certains de ces opposants auraient été conduits en janvier dernier à la frontière malienne parce que justement détenteurs de passeports maliens.

La situation est, on ne peut plus complexe. Une chose est sûre : notre pays, encore une fois, est sur la sellette.

En relation avec cette affaire, il a été porté à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que le président de l’UNDD et son cousin, un autre responsable de son parti, auraient séjourné en République de Côte d’lvoire, en Mauritanie et en Guinée pour livrer de fausses informations aux autorités de ces pays, contribuant ainsi à exacerber la tension déjà vive entre le Burkina Faso et ces pays. La suite nous la connaissons. A leur arrivée à l’Aéroport de Ouagadougou, ils sont interpellés par les hommes de sécurité ; l’un a été mis aux arrêts et est présentement entre les mains de la Justice. L’autre, député de son état, après cette interpellation, attend une éventuelle levée de son immunité parlementaire pour connaître son sort.

Cette affaire qui, à l’évidence, met en cause les plus hautes autorités des Etats concernés et certains de nos compatriotes, a incontestablement des implications graves qui menacent non seulement la paix et la sécurité de notre pays, mais aussi la sécurité et l’intégrité physique de nos concitoyens vivant à l’étranger.

Notre parti l’ADF/RDA, défenseur intrépide d’un Etat de droit démocratique et républicain, à jamais respectueux des principes et valeurs qui y sont rattachés, a toujours refusé et condamné toute velléité visant à déstabiliser un Etat. Il ne saurait porter la moindre caution à toute forme d’initiative visant à prendre le pouvoir par les armes ou à déstabiliser un pouvoir acquis par la voie des urnes ici ou ailleurs.

Par conséquent et face à la gravité des faits, l’ADF/RDA, parti de paix, demande avec insistance ce qui suit :

1. La mise en place d’une Commission d’enquête internationale indépendante placée sous l’autorité de l’Union Africaine, afin de situer toutes les responsabilités liées à cette affaire.

2. Que le gouvernement, en tant que premier responsable de la sécurité de nos concitoyens vivant à l’étranger et de leurs biens, prenne urgemment les dispositions idoines nécessaires, afin que nos compatriotes vivant dans ces pays ne payent encore une fois les plus lourds tributs dans cette affaire.

3. L’ADF/RDA rappelle aux autorités de police et de gendarmerie de notre pays que l’interpellation d’un élu du peuple est assujetti à des règles ; ces règles doivent être appliquées avec rigueur et sans distinction.

4. L’ADF/RDA rappelle aux autorités de notre pays que les conditions de séjour et d’accueil de ressortissants étrangers, réfugiés politiques ou non, sur le territoire de notre pays est également soumis à des règles édictées au niveau national et international et acceptées par le Burkina Faso ; par conséquent, l’Etat Burkinabè se doit de les appliquer avec rigueur et clairvoyance et toujours dans l’intérêt bien compris de notre vaillant peuple.

5. L’ADF/RDA rappelle à toute la classe politique qu’elle doit œuvrer à l’émergence d’un climat de paix et de cohésion nationale, personne n’ayant intérêt à une éventuelle escalade de quelque nature que se soit à notre pays.

De la situation en Côte d’Ivoire

La crise sans précédent que traverse la Côte d’Ivoire a mobilisé la communauté internationale pour une recherche de solutions. Il eut à cet effet les accords de Linas-Marcoussis et ceux d’Accra III, principaux cadres de référence.

Cependant, force est de reconnaître que la situation ne s’améliore guère. Au contraire, les derniers événements (l’échec du désarmement, le durcissement des positions. ..) dans ce pays ne sont pas de bonne augure et l’on ne peut guère être optimiste.

L’ADF/RDA demeure convaincue que la seule voie pour ramener la paix et la stabilité dans ce pays est l’application stricte des Accords de Marcoussis et d’Accra III. C’est pourquoi, l’ADF/RDA invite instamment les protagonistes de
la crise ivoirienne à faire un dépassement de soi pour l’intérêt supérieur de la nation

La situation politique

Après le congrès extraordinaire des 28 et 29 juin 2003 et comme l’a montré le bilan d’un an de fonctionnement, l’ADF/RDA a renoué avec la démocratie interne, amorcé sa restructuration, redonné espoir à ses militants et sympathisants et regagné la confiance de la classe politique tant au plan national qu’international. C’est donc un parti remis de ses errements de 1998 à 2003 qu’on retrouve et qui contribue ainsi à une meilleure visibilité du jeu politique et de ses actions. En alternant meetings politiques régionaux (Bobo-Dioulasso, Ouahigouya, Dori, Gaoua, Banfora), tenue régulière de ses instances, missions du parti à l’extérieur du pays (rencontre de l’Internationale libérale à Dakar,
Congrès constitutif et ordinaire de l’UMP à Paris, rencontre des Partis libéraux d’Asie à Taipeh, rencontre des jeunesses libérales à Bamako) et déclarations politiques lors des événements importants pour la nation, l’ADF/RDA travaille pour une alternance véritable et démocratique au Burkina Faso.

En ce qui nous concerne, nous estimons que tous ceux qui partagent notre idéal et qui sont partis, peuvent à tout instant regagner la maison commune. Nous lançons un message de fraternité à tous ceux qui partagent notre vision politique afin qu’au Burkina Faso il n’y ait plus de prise de pouvoir par la force. La tenue prochaine des instances souveraines de l’ADF/RDA donnera l’occasion aux militants de se prononcer sur toutes les grandes questions politiques, sociales et économiques qui assaillent notre pays et d’accueillir à bras ouverts tout ceux qui souhaitent cheminer avec notre formation politique.

Pour la 4e fois, nous avons la chance historique de posséder des institutions républicaines pour encadrer et conduire notre processus démocratique. Mais ces institutions ne sont pas encore considérées par l’ensemble de la classe politique comme une donnée perfectible et, de ce fait, exposées à être remises en cause.

Tout doit être fait pour les maintenir. Ici apparaît la responsabilité historique qui incombe à tous les patriotes sincères de notre pays : Celle de rendre irréversible l’option fondamentale du peuple burkinabé en faveur d’une conception pluraliste de la démocratie, faite de tolérance et d’ouverture, respectant la séparation des pouvoirs et le droit à la différence.

C’est à cette condition que le combat politique dans notre pays sera l’action d’hommes et de femmes participant ensemble et, tour à tour, à l’œuvre commune d’édification d’un Burkina Faso digne des générations futures.

A tous ceux qui partagent cette noble vision pour notre pays, l’ADF/RDA lance un appel pressant pour qu’ensemble nous relevions les défis que le destin nous a fixés en ce début de siècle.

Pour le Secrétariat Exécutif Permanent
Par délégation du Président du parti
Le Secrétaire Général National
Maître Fahiri Jean Frédéric SOMDA

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