Actualités :: Affaire Hermann Yaméogo : L’heure de la décantation
Salvador Yaméogo

La démission de Salvador Yaméogo de l’UNDD est un signal fort par rapport à l’état d’esprit au sein du parti. L’heure de la décantation.

Salvador Yaméogo vient lui aussi de claquer la porte. Pour la énième fois, un des ténors des multiples partis créés et dirigés par Hermann Yaméogo lui a tourné le dos. Cela aurait pu être considéré telle une banale affaire, l’habitude de ses départs spectaculaires aidant.

Mais cette fois, le démissionnaire n’est pas n’importe qui. Il s’agit d’un frère de sang. Un départ qui met à mal la capacité de l’homme du "tékré" à fédérer autour de sa personne. Ses choix, son leadership ont toujours été sujets à caution et ce coup qu’il reçoit pose la question de sa stature objective et de sa capacité à devenir ce qu’il rêve de devenir depuis un certain 3 janvier 1966.

Oui, malgré ce qui a pu être dit sur la décision de Salvador Yaméogo, il est un fait constant et incontestable. Il a su prendre ses responsabilités à un moment crucial de l’histoire de notre jeune démocratie.

Certains politiques, pour ne pas le dire une certaine opposition a voulu traiter cette affaire Hermann Yaméogo telles ces querelles byzantines dont est coutumière notre classe politique. On s’oppose sur tout, pour peu que l’actualité en offre l’occasion.

Il semble que cette fois-ci, l’opposition soit à côté de la plaque, car il ne s’agit pas d’une affaire "des pour le pouvoir et des contres". En effet, c’est bel et bien une agression ou projet d’agression contre notre pays, organisée, planifiée et mise en exécution par trois régimes décadents, ceux de Côte d’Ivoire, de Mauritanie et de Guinée.

Alors, légitimement, on était fondé à attendre autre chose que ces analyses simplistes, voulant que le Burkina qui est souvent cité dans les crises intérieures aux Etats africains - et Dieu sait qu’elles sont légion - soit coupable. Salvador Yaméogo vient d’administrer la preuve que la responsabilité et l’honneur existent encore dans le vocabulaire de certains hommes politiques. Une belle leçon que d’autres feraient bien d’apprendre au lieu de se laisser guider par leur stratégie oppositionnelle qui les aveugle et décrédibilise leur action politique.

Comportement suicidaire

L’heure de la décantation a bel et bien sonné avec cette prise de position sans équivoque. Salvador refuse au nom de la conquête du pouvoir d’Etat de faire n’importe quoi et surtout de vendre son âme au diable. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Tout le monde sait ce que la Côte d’Ivoire a fait endurer à nos compatriotes vivant là-bas et surtout depuis l’arrivée à la tête de ce pays de Laurent Gbagbo et de son FPI. Ce monsieur que le Burkina a accueilli et adopté comme un des siens est aujourd’hui le plus grand tortionnaire - bourreau des ressortissants burkinabè en Eburnie.

Qu’un Burkinabè choisisse ce dernier comme allié relève ni plus ni moins du suicide, tant une telle attitude frise la folie. Il n’y a pas d’autre terme pour la qualifier.

Les divergences sont la réalité même du monde politique aussi bien dans l’analyse, les actes que les comportements. Mais dans une démocratie, un Etat de droit, il est des questions sur lesquelles, la sécurité et la défense nationale, l’intégrité du territoire et subséquemment les affaires étrangères où le consensus, à tout le moins, la réserve, la prudence doivent être de mise. Et on est loin ici de voir les choses en idéalistes. S’acoquiner avec Laurent Gbagbo aujourd’hui est une vraie trahison.

Mille raisons…

Salvador a ouvert la voie. De son point de vue, son sacrifice est une opération de salut pour l’UNDD qui est sur une pente dangereusement glissante. Il tire sur la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard parce qu’il a perçu aux travers de la constitution de cet axe anti-Burkina Faso, une menace grave pour la paix sociale.

Son geste est d’autant plus incontestable qu’il a derrière lui quinze ans de vie en Côte d’Ivoire. Il y a durant ce temps côtoyé les sphères du pouvoir ivoirien et surtout c’est là que la conscience de citoyen et d’homme s’intéressant à la vie de la cité est née et a grandi. Il sait donc de quoi il parle quand il faut analyser les rapports que ce pays a toujours entretenus avec le Burkina Faso. Il avait donc toutes les raisons de prendre la position qui est la sienne dans ces instants où le Burkina essaie de se construire un sentiment national, cette faculté qu’ont les habitants d’un pays de savoir distinguer le principal de l’accessoire, et parler d’une même voix. Aussi, comment ne pas stigmatiser cette détestable manie que nous avons de jeter l’opprobre sur des citoyens honnêtes au prétexte puéril qu’il se serait rangé sur les positions où les airs du pouvoir. Véritablement ces accusations à peine voilées de corruption, de vendu ou d’acheté - chacun voudra faire son choix de mot - ressemblent plutôt au comportement de ceux qui ont pour habitude d’y tremper leur moustache. Notre démocrate sur ce seul point s’apparente à du terrorisme intellectuel. Celui de vouloir voir derrière chaque engagement une histoire d’argent. Comme l’a dit le concerné, c’est parce que nous sommes trop pauvres pour penser autrement que par le prisme de l’argent. Le plus difficile n’est donc pas de se prononcer, mais c’est d’avoir à lire les analyses de tous ses connaisseurs. A lieu d’élever le niveau du débat, ils font croire au citoyen lambda, forcément influençable que tous ceux qui se prononcent mangent dans l’un ou l’autre camp. Cette simplicité vulgaire de la lecture de la scène politique peut être l’apanage des hommes de ce milieu, pas de ceux qui sont censés être au-dessus de la mêlée et qui doivent éclairer l’opinion.

Souleymane KONE
L’hebdo

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