Actualités :: Commune de Ouahigouya : "Des preuves qui accablent le maire"

La révocation du maire de Ouahigouya, abordée en question d’actualité, a littéralement dominé le 21e point de presse du gouvernement, du 29 octobre 2004. Du coup, des points non moins importants ont été relégués au second plan : il s’agit de la création de l’Agence nationale de la promotion de l’emploi ; des conditions de garde à vue au Burkina et de l’organisation de la Semaine nationale de la citoyenneté.

Comme on le sait déjà, le conseil des ministres du 27 octobre 2004 a révoqué le maire de Ouahigouya avec en sus des poursuites judiciaires. Ce faisant, ceux qui nous gouvernent viennent ainsi de mettre fin à la guerre entre le maire Issa Joseph Diallo et une frange des conseillers municipaux.

S’expliquant sur cet acte du gouvernement, Moumouni Fabré, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, a soutenu que « Le maire a commis des dérapages financiers, des fautes graves de gestion » qui ne pardonnent pas surtout au moment où « On prône la bonne gestion des affaires publiques et la bonne gouvernance ».

Selon le ministre, c’est suite à la correspondance que les conseillers dissidents lui ont adressée (1) qu’il a envoyé des inspecteurs à Ouahigouya pour des enquêtes. De leurs investigations, il ressort qu’administrativement, « Il n’y a pas de dysfonctionnement ». Par contre, du côté de la gestion des finances, « Il y a des dérapages ».

Le rapport d’enquête, qui est en fait un procès-verbal dressé par un huissier, compte 19 pages dont 16 sont exclusivement réservées « aux malversations opérées par le maire ».

"On devait relever le maire"

Levant un coin du voile sur ce procès-verbal, le ministre Fabré a relevé les éléments suivants :
Le maire confond son patrimoine à celui de la commune. Ainsi, de janvier à mai 2004, les réparations effectuées sur son propre véhicule ont coûté plus de 3 millions FCFA à la commune ;

cinq pneus et un cric ont été achetés pour ce même véhicule ;

les procédures de passation des marchés sont irrégulières. Des chèques sont émis, mais on ne sait à qui ils sont destinés ;

des mobiliers scolaires commandés à plus de 4 millions. Les factures sont sans date. La T.V.A. est payée, or les fournisseurs ne sont pas enregistrés à cet effet auprès des services compétents ;

la mairie a ouvert des comptes dans des banques de la place alors que la loi l’interdit ;

des missions effectuées et payées sans ordre de mission. Alors qu’il était entièrement pris en charge pour une réunion à Yaoundé, le maire a cependant débloqué l’argent de la commune pour payer ce voyage. Au vu de tout cela, Moumouni Fabré a déclaré qu’« On devait donc relever le maire ».

Le bourgmestre de Ouahigouya, a dit le ministre, est libre de ses mouvements même si « Les résultats de cette enquête administrative l’accablent ».

A présent, la commune de Ouahigouya a un mois pour se trouver un nouveau maire sinon « On va dissoudre le conseil municipal et ériger une délégation spéciale ».

Dans cette affaire de la mairie de Ouahigouya, le ministre Fabré a soutenu que le gouvernement n’a joué le jeu d’aucun courant politique fort. Pour lui « C’est sur la base des faits qu’on a pris notre décision ».

A propos des autres communes à problèmes, Moumouni Fabré a déclaré que la justice, dans bien des cas, est saisie, ce qui rend caduque toute intervention du ministère de tutelle. Mais au-delà de tout, le ministre a estimé que tout n’est pas noir dans les municipalités. En effet, « Des communes sont bien gérées, car tous les maires n’ont pas cet appétit de puiser dans les caisses de la mairie ».

Adieu l’ONPE

L’Agence nationale pour la promotion de l’emploi (ANPE) est la nouvelle structure qui va remplacer l’Office national pour la promotion de l’emploi (ONPE), qui n’a pas réussi la mission qu’on lui avait assignée. La mise en place de l’ANPE coûtera 28 milliards FCFA en terme d’investissement. Cette nouvelle structure devrait accroître l’offre d’emplois, renforcer l’appui conseil des jeunes et créer des milliers d’opportunités de stages pour les jeunes.

L’ANPE, selon le porte-parole du gouvernement, le ministre Adama Fofana, disposera d’un conseil d’administration, d’un secrétariat général, d’une direction des ressources humaines, des directions régionales, des centres provinciaux de formation professionnelle.

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Jeunesse, Alain Ludovic Tou, a rassuré que le personnel de la défunte ONPE sera redéployé et mieux formé.

Il a ajouté qu’une partie des milliards à investir provient des fonds PPTE (Pays pauvres très endettés). Sur les 13 centres régionaux de l’ANPE, 10 sont déjà créés, et les trois derniers ne sauraient tarder, à en croire Alain Ludovic Tou.

Abordant le point sur les conditions de garde à vue, Adama Fofana a reconnu qu’« elles sont éprouvantes et les délais ne sont pas toujours respectés ».

Selon le ministre Monique Ilboudo de la Promotion des droits humains, « On a sillonné les milieux carcéraux du pays. On s’est rendu compte que les conditions de travail des forces de l’ordre rejaillissent sur les conditions des gardés à vue ». C’est pour cela qu’un comité interministériel de réflexion a été institué pour faire des propositions allant dans le sens de l’amélioration des droits des gardés à vue et des droits de l’homme de façon générale.

Quant à la semaine nationale de la citoyenneté, elle s’inscrit dans la commémoration de la déclaration universelle des droits de l’homme, célébrée le 10 décembre de chaque année. Cette semaine nationale de la citoyenneté s’étendra du 3 au 10 décembre 2004.

A cette occasion, des activités de sensibilisation en vue d’engager le peuple à la citoyenneté seront menées. L’accent, a dit Monique, sera mis sur les devoirs du citoyen, car on a trop souvent insisté sur les droits. Pour elle, la citoyenneté est une médaille : côté pile, ce sont les droits ; côté face, les devoirs.

San Evariste Barro
L’Observateur

(1) Cf "24 conseillers municipaux demandent la tête du maire" in L’Observateur paalga n°6233 du jeudi 23 septembre 2004

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