Actualités :: Affaire Hermann Yaméogo : "Le pouvoir a disjoncté"

On le sait, entre deux maux, les étudiants ne choisissent pas le moindre. Cette déclaration, émanant de la section UNDD de l’université n’est pas tendre ni pour Blaise Compaoré qu’ils appellent affectueusement "El hadj Chat", ni pour Djibril Bassolet que les occupants du campus somment de faire machine arrière.

Ils trouveront curieux que le ministre de la Sécurité qui n’arrive pas à dire qui a tué Norbert Zongo et qui est incapable de faire baisser la courbe ascendante de l’insécurité dispose de "radars puissants pour détecter ce que les opposants disent et font à l’étranger".

La section UNDD de l’université de Ouagadougou remercie les partis du R16, les responsables, militants et sympathisants de l’UNDD, toutes les bonnes volontés qui ont fait du meeting du 17 octobre dernier, un immense succès. Elle estime le moment opportun pour livrer le message suivant à la jeunesse burkinabè.

Lorsque le 15 octobre 1987, Compaoré Blaise, arme au poing, trimbalant le corps de Sankara, son frère d’arme et prétendu meilleur ami, arrivait, comme dans un film western de mauvais goût, à la présidence, nous étions tous à l’époque des gamins incapables de faire des analyses profondes mais nous avons tous pleuré, regretté et souhaité tous les maux possibles à ce fratricide et à sa « bande ».

Plusieurs années se sont écoulées, et notre homme a tenté une mutation. Sous la pression nationale et internationale, le maître du Conseil va porter le manteau de la démocratie à l’envers dans les années 90 et depuis, il confirme.

Faisant leur, l’adage qui dit que quand vous avez votre doigt dans la gueule d’un lion, il faut l’amadouer pour le retirer, les démocrates de ce pays (jonché alors de cadavres), ont accompagné l’élan et mieux, ils ont apporté tout ce qu’ils pouvaient pour que triomphe la démocratie.

Hermann le sauveteur

Des hommes politiques ont même hypothéqué leur popularité pour éviter que notre patrie bien aimée ne tombe dans la dérive. Nous nous rappelons ces célèbres propos du président Hermann Yaméogo aux temps forts des luttes quand nous lui demandions de nous laisser aller à l’affrontement, il nous reprenait sagement mais d’une manière convaincante :

« Si c’est sur des cadavres que je dois diriger ce pays, que cela ne soit jamais ! Si vous tous ici présents êtes tués, si les quartiers et les villes sont divisés en pro X et en pro Y, quel sera le sens de ma présidence ? »

Et il achevait toujours comme s’il tenait une Bible ou un Coran : « Ne laissez jamais la haine gagner vos cœur, ce ne sont que des frères égarés qu’il faut tenter de ramener à la raison. Rappelez-vous, ce sont vos frères ».

Ainsi a-t-il pu, en s’interposant en son temps entre Blaise Compaoré et Kaboré Boukary dit « Le lion », empêcher la guerre civile, ainsi a-t-il évité sous la CFD que le tissu national ne se déchire ; ainsi, sous le Collectif, évitera-t-il également la guerre civile.

Trois sauvetages de Blaise Compaoré sur lesquels on ne crachait pas, pour lesquels on ne parlait pas d’apatride mais de qualités d’homme d’Etat, de visionnaire « Hermann Yaméogo, Ernest Nongma Ouédraogo, Valère D. Somé... ont fait la preuve de leur bonne vision politique qui conçoivent la politique comme le terrain du possible et des compromis pour l’essentiel.

S’il fallait citer des démocrates au sein de l’opposition burkinabè, qui par leur clairvoyance et leur sens de l’anticipation ont su apporter une pierre à la construction de la démocratie burkinabè, ils ne seraient pas les derniers », in l’Hebdomadaire n° 128 du 24 au 30 août 2001 ! !), mais chaque sauvetage sera suivi d’une trahison car malheureusement, El hadj Chat ne peut pas s’empêcher de vouloir manger la souris. M

algré donc le retour à une vie constitutionnelle normale, le pays va continuer dans le fond à offrir le spectacle nauséabond des régimes d’exception. Au niveau interne, le constat est amer : élimination physique continuelle d’opposants politiques et civils, attentats, détentions, emprisonnements, confiscation des libertés (de presse, de réunion, de manifestation). Rappelons-nous Clément Oumarou Ouédraogo, Dabo Boukary, Norbert Zongo, Michel Congo...

Les allégations de Bassolet sont dénuées de tout fondement

Sur le plan international, le régime Compaoré a souillé avec application le nom du pays en s’impliquant dans de nombreux conflits (Liberia, Sierra Leone, Angola, Mali, Côte d’Ivoire..), dans des coups d’Etat ou tentatives de coups d’Etat dans de nombreux pays : Togo, Mauritanie.

Depuis quelques années, Blaise Compaoré et son gouvernement sont acculés par les Etats et peuples victimes, par les institutions internationales qui reçoivent sans cesse des rapports accablants.

Voici pourquoi, ne sachant plus à quel Saint se vouer, les ministres « chercheurs » de renseignements, en manque de renseignements à fournir, se rabattent sur leurs frères, leurs compatriotes pour se faire une bonne image auprès de leur chef.

Avant-hier, c’était Halidou Ouédraogo, qui avait reçu 100 millions pour renverser le pouvoir, qui était le traître, l’apatride, puis vint le tour d’Ahmed Newton Barry, puis de Norbert Tiendrébéogo accusé de vouloir être calife à la place du calife.

Bien avant tout ça d’ailleurs, Henri Zongo et Lingani sont morts du coup d’Etat « imaginaire » qu’ils préparaient contre M. Blaise et compagnons.

Quelles preuves avez-vous données au peuple pour toutes ces accusations ? Quelles excuses avez-vous adressées à ces citoyens dont l’image a été salie dans les médias par votre simple faute ?

Les assertions du ministre Bassolet par rapport à ce fameux fax de notre président envoyé un peu partout et notamment à Reporters sans frontières, sur les « prétendus camps d’entraînement au Burkina Faso qui avaient pour mission de déstabiliser la Côte d’Ivoire et la Mauritanie », seraient prises au sérieux si elles n’étaient pour salir l’image d’un homme politique qui, depuis 30 ans, se bat pour la démocratie dans ce pays et auquel on veut barrer la route à la présidence.

RSF, par la plume de Robert Menard lui-même, a fait un démenti cinglant, en ces termes : « M. le ministre de la Sécurité du Burkina Faso affirme que ces informations auraient été transmises aux autorités ivoiriennes, guinéennes, mauritaniennes et à Reporters sans frontières.

Reporters sans frontières dément catégoriquement ces informations. Notre organisation n’a jamais reçu ni de M. Hermann Yaméogo, ni de quiconque, des informations telles que celles citées par M. le ministre de la Sécurité du Burkina Faso » !

La présidence de la République ivoirienne, par son porte-parole Désiré Tagro, loin de « jeter l’opposant espion après l’avoir utilisé » comme a pu en substance cracher un récent Sidwaya, a opposé « un démenti formel à ce faux grossier et dénoncé l’irresponsabilité de son auteur... » ; la présidence ivoirienne a souligné que si Laurent Gbagbo a accordé une audience le 6 septembre à Me Hermann Yaméogo « la rencontre du président de la République avec le chef de l’opposition burkinabé est donc loin d’être une réunion secrète de conspiration ».

Pour leur part, les autorités guinéennes, devant les déclarations farfelues du ministre Bassolet, en panne de preuves, ont répondu du tac au tac ce 20 octobre sur la radio mondiale : « Les allégations du ministre de la Sécurité du Burkina Faso sont dénuées de tout fondement ; il n’y a pas eu de réunion à Conakry regroupant des Guinéens, des Mauritaniens et des Ivoiriens...

Il n’y a pas eu et il n’y aura jamais de réunion à Conakry pour déstabiliser qui que ce soit ; par contre, nous avons été des victimes et nous savons aussi que nous avons été des victimes courageuses ». Comprenez par là les agissements nuisibles de Blaise Compaoré.

"M. le ministre, vous avez dépassé les bornes"

Le montage est démonté. Alors on lance, comme sous le régime stalinien, les mercenaires de service comme ces fameuses structures CDP de service pour vomir des bêtises à faire rougir de honte un vieux singe.

Les coordinations du parti-Etat, qui rappellent à l’opinion leur existence anti-démocratique (structures largement dénoncées par le professeur Ki-Zerbo il y a quelques mois !) feraient mieux de s’occuper à régler les problèmes internes de leur parti au lieu de chercher des poux sur un crâne rasé.

Elles feraient mieux de lire sur les visages fâchés des victimes de toutes ces ingérences, le reflet de l’apatridie de leurs donneurs d’ordre au lieu de chercher à donner des leçons. La rengaine de la trahison, on connaît, elle n’a pas passé au Sénégal où malgré sa virulence, Me Wade a réalisé l’alternance, elle ne passera pas chez nous malgré les tentatives de diviser l’opposition en voulant la ramener à ses amours d’antan :

les querelles subjectives qui lui ont tant porté préjudice ! Quant à ces presses aux ordres qui, parce qu’elles savent que le régime Compaoré joue gros ou parce qu’elles ne peuvent faire autrement que de le soutenir, et qui ont décidé de forger de fausses preuves pour leur mentor, elles ne font qu’enfoncer maladroitement nos gouvernants car le peuple a déjà refusé de boire à la calebasse des mensonges du pouvoir. Noël Yaméogo croupit plus que jamais en prison pour rien !

Djibril Bassolet, qui est resté après une demi-décennie, incapable de dire aux citoyens qui sont allés tuer et brûler Norbert Zongo en plein jour à Sapouy et incapable de faire baisser la courbe ascendante de l’insécurité, dispose de radars puissants pour détecter ce que les opposants disent et font à l’étranger. Hé Allah !

La jeunesse burkinabè est une jeunesse clairvoyante. Elle sait distinguer le bon grain de l’ivraie. Monsieur le Ministre, vous avez dépassé les bornes ; il faut faire marche arrière, demandez pardon si tant est qu’on peut pardonner ce que vous avez fait : salir le nom du pays, des hommes intègres en débitant des contre-vérités, en couvrant des faux...

Vous parlez de lever l’immunité parlementaire pour vous faire une bonne conscience. Un député, déjà soumis à un interrogatoire, un député dont le passeport a été confisqué, que vous avez plusieurs fois embastillé, bénéficie-t-il d’une immunité ?

Vos histoires nous renvoient aux épisodes racontés dans le livre noir du Camp Boiro où Sékou Touré réveillait des opposants et leur faisaient signer sous la torture des documents d’insurrections qu’ils auraient préparées. Ces documents sont vite publiés dans la presse et bien sûr, nos opposants fusillés.

Jeunesse du Burkina, militantes et militants de l’UNDD, levons-nous, barrons la route à ceux qui pensent que le pays est leur patrimoine. Mobilisons-nous derrière le président Hermann et l’opposition à Blaise Compaoré pour que triomphent la démocratie, la liberté et que vienne enfin l’alternance !

Mobilisons-nous pour exiger la libération immédiate de Noël Yaméogo qui est abusivement détenu à la Sûreté nationale, sans aucun droit de visite, pour RIEN ! Quoi qu’il arrive, nous sommes avec Hermann, quoi qu’il arrive !

Vive l’UNDD : www.undd.org

Ouagadougou, le 21 octobre 2004

la Section UNDD de l’université de Ouagadougou

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